Corps serpentiforme, taille moyenne 2 m
Couleur grise à noire, ventre blanc
Caché le jour dans les failles ou les épaves, ne montre que la tête
Grande bouche aux lèvres épaisses
Nageoires caudale, anale et dorsale soudées et bordées de noir
Pas de nageoires pelviennes
Anguille de mer
Conger eel (GB), Gemeiner Meeral (D), Congrio (E), Congro (P), Grongo (I)
Mer du Nord à Atlantique, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]On l'observe de la mer du Nord à l'Atlantique central (Maroc, Canaries), en Méditerranée.
Espèce d'eau de mer, en bordure de côte, on le rencontre dans les rochers, les failles et les épaves, là ou le milieu présente des cavités dans lesquelles il peut se cacher le jour. Il affectionne aussi les fonds meubles et dégagés, en profondeur. Le plus souvent on ne voit que sa tête, mais curieux, il peut volontiers abandonner son abri pour venir voir le plongeur.
C'est une espèce relativement commune, voire abondante dans certaines régions où la sédimentation est importante.
L'aspect général est serpentiforme, le corps est plutôt rond, se comprimant latéralement à partir de l'anus. La longueur est couramment voisine de deux mètres, mais des exemplaires dépassant 3 mètres ne sont pas exceptionnels.
La tête est aplatie sur le dessus, la bouche, grande, aux lèvres épaisses s'étire en arrière de l'œil. La mâchoire supérieure est légèrement en avant de la mâchoire inférieure et sa puissante dentition est composée d'incisives longues et fines, suivies de dents coniques acérées, puis des molaires. Les yeux sont assez globuleux et ceux des jeunes proportionnellement plus grands que ceux des adultes.
La peau du congre est de couleur grise à noirâtre, le ventre étant plus clair, voire blanc, elle ne porte pas d'écailles, mais elle est épaisse et recouverte d'un mucus visqueux. Des exemplaires totalement blancs sont parfois capturés. La peau est souvent marquée de griffures blanches et de traces diverses, signes probants de son activité de chasse.
Les nageoires dorsale, anale et caudale sont réunies, formant une seule nageoire continue, bordée de noir, démarrant au niveau de l'extrémité des pectorales. Celles-ci sont bien visibles et assez larges. Le congre est dépourvu de nageoires pelviennes. La ligne latérale est bien visible tout le long du corps.
La famille des Congridés comprend plusieurs espèces de congres :
- le congre à bec fin ou à queue noire (Gnatophis mystas) et le congre de Trewavas (Rhynchoconger trawavasae) vivent au-delà de 50 mètres.
- le congre des Baléares Ariosoma balearicum n'est présent qu'en Méditerranée et en Atlantique Sud, à partir du Portugal ; il est d'une taille plus petite (40 à 50 cm) avec la peau grise à dorée. Il reste difficile à observer car il vit enfoui le jour dans le sable et chasse la nuit.
Le congre commun peut être confondu avec l'anguille Anguilla anguilla. Celle-ci vit dans la même zone géographique que lui. On les différencie principalement grâce à la nageoire dorsale qui, chez l'anguille, part très en arrière des pectorales, sa mâchoire supérieure est un peu plus courte que sa mâchoire inférieure, sa taille est inférieure (1 m à 1,50 m maximum) et elle vit à faible profondeur de la surface à 5 m, parfois 15 m.
Ce grand prédateur carnivore sort de son trou la nuit pour chasser poissons, mollusques (seiches, poulpes) et crustacés (crabes).
Le congre saisit sa proie avec ses puissantes mâchoires qui lui permettent de briser les carapaces des crabes ou d'arracher les tentacules des poulpes en tournant sur lui-même comme une toupie.
En raison de son activité nocturne, il n'est pas très fréquent de le voir nager en pleine eau le jour.
Ses prédateurs connus sont l'homme et le phoque gris Halichoerus grypus (observations de plongeurs en mer d'Iroise).
Sa reproduction est encore mal connue. On sait qu'elle a lieu durant l'été.
Le congre effectuerait une migration longue et unique pour se reproduire dans des zones établies et situées au large, en grande profondeur (entre 1000 m et 4000 m). Il subirait de profondes modifications morphologiques et physionomiques. Ses ressources énergétiques sont vouées au développement important des gonades au détriment d'autres organes. Ses dents tombent, l'intestin dégénère et s'atrophie, ses os se décalcifient. Cette transformation n'a été observée jusqu'à présent qu'en aquarium. Le congre n'effectue qu'une seule reproduction dans sa vie et meurt à l'issue de celle-ci.
La femelle peut pondre jusqu'à 8 millions d'œufs. Une fois fertilisé, l'œuf se transforme en une larve* appelée leptocéphale. La forme de cette larve est caractéristique (tête mince et en forme de feuille) et commune à tous les poissons anguilliformes. Les larves dériveraient dans le plancton* durant 1 à 2 ans grâce aux courants et se métamorphoseraient en alevins à l'approche de la côte.
Les congres vivent dans les eaux côtières jusqu'à leur maturité sexuelle estimée vers 5 ans. Les congres que nous observons en plongée ne se sont donc pas encore reproduits.
Sa croissance est rapide puisqu'il peut atteindre 40 kg en 5 ans selon les observations effectuées par l'Ifremer. Des individus dépassant les 60 kg ont parfois été capturés.
Le congre est un animal solitaire, mais il n'est pas rare de le voir partager son abri avec d'autres congres, surtout dans les épaves. Il peut aussi cohabiter avec des crustacés tels que des tourteaux, homards ou crevettes.
L'association congre-crevettes est la même qu'avec les murènes. Les crevettes nettoient les dents et la peau du congre, éliminant ainsi les déchets qui risqueraient de favoriser des infections. En contre-partie, les crevettes se nourrissent des restes du congre.
Pour l'association avec le homard ou le tourteau, il semblerait que celle-ci soit de courte durée et pas vraiment à bénéfice réciproque... Le crustacé se nourrit des restes du congre et sert ensuite, tôt ou tard, de repas à celui-ci, généralement au moment de la mue.
A l'âge adulte, l'homme est un de ses prédateurs. Ce poisson est comestible et assez fréquent sur les étalages du poissonnier. La pêche au congre ne fait pas l'objet d'une règlementation particulière.
Cependant, il existe une taille légale de capture et la pêche ne s'exerce que sur des jeunes individus, ceci à cause de (ou grâce à) son cycle de reproduction particulier. Ce poisson a la chair un peu grasse et la partie postérieure à l'anus n'est généralement pas consommée du fait d'un grand nombre d'arêtes.
A noter que les jeunes individus (appelés fouets ou congrettes) sont capables de passer la marée basse partiellement émergés, cachés dans des zones humides ou des mares sous les pierres. Des adultes sont aussi souvent capturés par les pêcheurs à pieds dans des "caves", grottes ou failles partiellement immergées où ils peuvent attendre la marée montante à l'abri de la chaleur et de la lumière.
Le congre est une espèce commune et appréciée des plongeurs, car il est facile à observer. Cependant, si le congre n'est pas un animal agressif, il n'en reste pas moins un prédateur.
Lorsqu'il est nourri, il peut se montrer familier, parfois agressif et dans ce cas-là, mordre. Sa morsure ne présente pas de danger grave, mais une infection peut être provoquée par les souillures alimentaires interdentaires en putréfaction. La plaie doit alors être méticuleusement nettoyée et des antalgiques peuvent parfois être nécessaires. L'autre danger réside tout simplement dans la panique du plongeur face à un congre qui le mord parce qu'il se sent agressé, engendrant un accident de plongée.
En conclusion, ne nourrissez pas ces animaux, ni aucun autre, car cela modifie leur comportement naturel. Ne les tirez pas non plus par la queue pour les faire sortir de leur trou !
A priori, congre est le nom qui a été donné à ce poisson par les romains !
Conger signifie "Anguille de mer" en latin.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Elopomorpha | Elopomorphes | La larve leptocéphale* se métamorphose en un individu morphologiquement très différent. |
Ordre | Anguilliformes | Anguilliformes | Corps allongé, serpentiforme, nageoires anale et dorsale en continuité avec la caudale, pas de nageoires pelviennes. |
Sous-ordre | Congroidei | Congroïdes | |
Famille | Congridae | Congridés | |
Genre | Conger | ||
Espèce | conger |
Gros yeux et lèvres épaisses
Les gros yeux et les lèvres épaisses sont des critères d'identification fiables.
Crau de Nao, rade de Villefranche-sur-er (06) Méditerranée, 38 m
04/07/2004
Deux congres dans une épave
La tête est aplatie sur le dessus, la bouche, grande, aux lèvres épaisses s'étire en arrière de l'œil. La mâchoire supérieure est légèrement en avant de la mâchoire inférieure. Les yeux sont assez globuleux.
La peau du congre est de couleur grise à noirâtre, le ventre étant plus clair, voire blanc, elle ne porte pas d'écailles, mais elle est épaisse et recouverte d'un mucus visqueux.
Epave Walter Darré, Saint-Malo (35), 30 m
17/07/2005
Corps serpentiforme
Cet individu est un juvénile, il mesurait environ 50 cm. L'aspect général est serpentiforme, le corps est plutôt rond, se comprimant latéralement à partir de l'anus. La longueur est couramment voisine de deux mètres, mais des exemplaires dépassant 3 mètres ne sont pas exceptionnels.
La ligne latérale est bien visible tout le long du corps.
Plage du Nid, Sausset Les Pins (13), de nuit, 7 m
22/06/2007
En pleine eau
Cette épave est réputée pour le nombre important de congres y habitant.
Epave La Barge aux congres, Port-Cros (83), 48m
01/09/1989
Chasse
Ce grand prédateur carnivore sort de son trou la nuit pour chasser poissons, mollusques (seiches, poulpes) et crustacés (crabes). Ici, il a capturé un sar. En raison de son activité nocturne, il n'est pas très fréquent de le voir nager en pleine eau le jour.
Lido, St-Jean Cap Ferrat (06), de nuit, 30 m
30/12/2008
Chasse
Le congre saisit sa proie avec ses puissantes mâchoires qui lui permettent de briser les carapaces des crabes ou d'arracher les tentacules des poulpes en tournant sur lui-même comme une toupie. Ici, par rapport à la photo précédente, le sar a changé de position dans la gueule du congre et est prêt à être avalé.
Lido, St-Jean Cap Ferrat (06), de nuit, 30 m
30/12/2008
Prédation d'une vieille
Un congre nageant avec une vieille dans la gueule dont ne dépasse que le bout de la queue.
Beuzec Cap-Sizun, Finistère (29), 5 m
27/05/2014
Congres en communauté
Le congre est un animal solitaire, mais il n’est pas rare de le voir partager son abri avec d’autres congres, surtout dans les épaves. Ici, 8 congres partagent le même trou (on n'en voit que 7).
Epave du Heinrich Hey, Saint Malo (35), 35 m
10/09/2005
Cohabitation dangereuse...
Le congre peut cohabiter avec des crustacés tels que des tourteaux, homards ou crevettes.
Pour l’association avec le homard ou le tourteau, il semblerait que celle-ci soit de courte durée et pas vraiment à bénéfice réciproque... Le crustacé se nourrit des restes du congre et sert ensuite, tôt ou tard, de repas à celui-ci, généralement au moment de la mue.
Ile de Groix (56), 14 m
15/07/2000
Le congre et le tourteau
Quelle est la nature de cette cohabitation? Celà reste encore un mystère.
Colline aux chevaux, Noirmoutier (85), 16 m
08/2005
Perte d'un œil
Difficile de dire comment ce congre a pu perdre son œil. La peau est souvent marquée de griffures blanches et de traces diverses, signes probants de son activité de chasse.
Epave Walter Darré, St-Malo (35), 30 m
17/07/2005
Très jeune congre
Le juvénile du congre se caractérise par un corps filiforme terminé en pointe à l'extrémité caudale. A ce stade, il peut faire penser au poisson thermomètre ou aurin (Carapus acus). Individu d'environ 10 cm.
Grotte du Sémaphore, rade de Villefranche-sur-mer (06), 10 m, de nuit
14/07/2006
Rédacteur principal : Sandra SOHIER
Vérificateur : Patrice PETIT DE VOIZE
Responsable historique : Patrice PETIT DE VOIZE
Responsable régional : Samuel JEGLOT
La page sur Conger conger sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase