Grande taille, habituellement 20 cm, et jusqu'à 40 cm
Tentacules aux extrémités renflées et colorées
Teinte générale claire
Colonne rougeâtre à jaune-orangé, souvent masquée
Giant caribbean anemone, Haïtian anemone, condy, pink or purple tipped anemone (GB)
Anthea gigantea Weinland, 1860
Condylactis passiflora Duchassaing de Fombressin & Michelotti, 1864
Bunodes passiflora Andres, 1883
Ilyanthopsis longifilis Hertwig, 1888
Atlantique Ouest tropical
Zones DORIS : ● CaraïbesTout l'arc caraïbe, du sud de la Floride aux Antilles, y compris les Bermudes et les Bahamas.
Elle est présente au Brésil, du sud de l'embouchure de l'Amazone au sud de Sao Paulo.
Cette anémone fréquente aussi bien les récifs exposés, les zones lagunaires que les herbiers. Elle nécessite un point d'ancrage solide. Elle affectionne les milieux brassés par les courants ou le ressac, entre 5 et 30 mètres de profondeur. Elle vit habituellement en solitaire ou en groupes disséminés, mais jamais en colonies.
Condylactis gigantea est une grosse anémone de 20 centimètres de large et 15 centimètres de haut, environ ; au maximum, elle atteint 40 centimètres de diamètre. C'est la plus grande anémone de l'arc caraïbe.
Le disque oral, d'une dizaine de centimètres au maximum, est entouré d'une centaine, ou plus, de tentacules* dépassant les dix centimètres de longueur et huit millimètres de diamètre. Ils sont ornés sur toute leur longueur de motifs clairs dessinant des stries serrées et irrégulières. La couleur générale des tentacules est blanche, jaunâtre, beige ou vert pâle. Leur extrémité est souvent plus large et colorée en rose, bleu lavande, jaune, violet ou vert.
Les tentacules des anémones les plus jeunes portent des renflements sur toute leur longueur, comme des nodosités. Ce sont ces renflements qui donnent son nom au genre Condylactis.
Les nématocystes* se concentrent aux extrémités. Les tentacules se rétractent dans la cavité gastrique si l'anémone est dérangée.
La colonne rougeâtre ou jaune-orangé est recouverte habituellement par les tentacules et ancrée dans une anfractuosité. Elle n'est pas spontanément visible.
Il n'y a aucune confusion possible aux Caraïbes.
Condylactis aurantiaca lui ressemble mais se trouve en Méditerranée.
Condylactis gigantea est principalement un prédateur opportuniste, carnivore. Elle est capable de manger (en tout cas de capturer) des proies assez grosses, poissons, crevettes, moules et même un oursin diadème (observation en aquarium), en fait tout ce qui passe à sa portée.
Au contact des tentacules, les proies sont paralysées par la toxine des nématocystes*. Elles sont ensuite dirigées vers la bouche, qui s'ouvre activement, puis dans la cavité gastrique.
La digestion permet d'assimiler plus de 50 % les nutriments de la proie, sous forme d'acides aminés.
Cette anémone tire aussi de l'énergie des zooxanthelles* qu'elle héberge à la surface de ses tentacules. Ces zooxanthelles lui donnent sa couleur et produisent par photosynthèse* des sucres qui la nourrissent. C'est pourquoi on la trouve toujours dans des zones éclairées et à faible profondeur.
L'anémone géante est habituellement un organisme gonochorique*, à sexes séparés, mais qui peut aussi être hermaphrodite*.
La reproduction sexuée a lieu principalement au printemps, mais continue avec moins d'intensité toute l'année.
Cette anémone est ovipare* à fécondation interne. Les mâles libèrent dans le courant les spermatozoïdes qui vont féconder une femelle. La taille des ovules varie de 110 à 1000 µm. Les larves planulas* vont alors se développer à l'intérieur de la cavité gastrique, vivant sur leur vitellus*. Elles ont une forme sphérique et ciliée, sans tentacules.
Elles sont ensuite expulsées et nagent librement. Enfin, elles se fixent sur le substrat et développent d'abord un disque pédieux, puis leurs tentacules.
Il est peu probable que cette anémone se multiplie également de façon asexuée par bourgeonnement*. En effet, elle est assez agressive envers ses congénères et ne forme jamais de colonies.
Elle est capable de servir d'hôte pour de nombreuses espèces de poissons comme les blennies Malacoctenus macropus, M. boehlkei, M. gilli, et M. triangulatus, plusieurs espèces d'apogons juvéniles Apogon quadrisquamatus et A. aurolineatus, des juvéniles de Thalassoma bifasciatum, Labrisomus kalisherae et des juvéniles de Haemulon flavolineatum.
On trouve aussi fréquemment des crustacés tels que le crabe-araignée d'anémone, Mithraculus cinctimanus, le crabe-flèche Stenorhynchus seticornis, la crevette de Thor, Thor dicaprio, la crevette du Yucatan, Periclimenes yucatanicus, la crevette de Pederson Ancylomenes pedersoni.
La tolérance entre l'anémone-hôte et ses "habitants" nécessite plusieurs heures d'acclimatation, avant que C. gigantea ne reconnaisse plus son visiteur ni comme proie ni comme prédateur. Une étude réalisée aux Bermudes sur Periclimenes anthophilus (Palaémonidés) a montré qu'il lui faut environ trois heures pour prélever du mucus sur l'anémone avec ses chélipèdes* et s'en enduire le tégument. La crevette revêt le même aspect de surface que l'anémone elle-même, qui ne déclenche plus les nématocystes* à son contact.
Une corrélation a été trouvée entre la couleur des tentacules et le biotope : les anémones qui vivent à faible profondeur ont le bout des tentacules incolore ou verdâtre, celles qui vivent vers 15-30 m ont en majorité le bout des tentacules rose.
En aquarium, cette anémone se déplace de façon active et volontaire. Elle rampe par contraction des muscles de sa colonne. Il est fréquent de la voir se déplacer d'un bout à l'autre de la vitre.
Il arrive de rencontrer C. gigantea en pleine eau, à la dérive dans le courant. Il est difficile de savoir si l'anémone s'est détachée toute seule et volontairement du substrat, ou si elle a été décrochée par une ancre, par exemple ; ceci semble plus probable. Cependant, elle peut parcourir ainsi une assez grande distance avant de se fixer à nouveau.
Pour se défendre, C. gigantea est capable de rétracter, complètement ou partiellement, ses tentacules à l'intérieur de la cavité gastrique. Elle utilise également les nématocystes de ses tentacules, mais ne possède pas d'acrorhages*.
Les toxines de C. gigantea sont étudiées dans la conception de nouveaux médicaments. Elles ont une affinité pour les canaux sodiques voltage-dépendants des cellules excitables et trouveraient une application en cardiologie.
Condylactis gigantea est très peu urticante pour l'homme ; ses tentacules ne "collent" pas ou très peu à la peau.
Cette anémone est vendue couramment pour l'aquariophilie.
Au Brésil, elle fait l'objet, avec d'autres invertébrés, mollusques, coraux, crustacés, et poissons, d'une pêche semi-artisanale à destination de l'aquariophilie. Un cas d'extinction locale a été signalé suite à des prélèvements abusifs : dans la région de Rio de Janeiro (Arraial do Cabo) où elle était très abondante avant 1990, de 1 à 2 individus pour 10 à 15 m², l'espèce est aujourd'hui considérée comme disparue suite à la surexploitation : jusqu'à 600 individus collectés par semaine. Son taux de reproduction (sex ratio 1:1, larves lécitotrophes* à courte vie planctonique) est trop faible pour compenser ces prélèvements.
Cette espèce n'est pas particulièrement protégée, mais sa collecte est interdite aux Bermudes, au même titre que tous les autres organismes marins de cette zone.
Anémone géante des Caraïbes : ce nom indique bien que c'est la plus grande anémone de cette région !
Condylactis : des mots grecs [condylos] = articulation, et [actis] = rayon de soleil. Les anémones du genre Condylactis sont donc des anémones de mer dont les rayons (tentacules) présentent des renflements comme les articulations des doigts.
gigantea : en latin = géante.
Numéro d'entrée WoRMS : 283419
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Actiniaria | Actiniaires | Polypes solitaires souvent colorés, en général fixés à un substrat dur par un large disque pédieux. Organismes parfois mobiles. |
Famille | Actiniidae | Actiniidés | |
Genre | Condylactis | ||
Espèce | gigantea |
Tentacules violets
Ce spécimen à tentacules violets doit sa couleur aux zooxanthelles* symbiotiques.
Bonaire
21/04/1999
Spécimen bleuté
Les variations de couleurs peuvent induire en erreur sur l'identification de cette espèce ; d'autant plus que les conditions d'éclairage (avec ou sans flash) modifient beaucoup notre perception.
La colonne est insérée dans une anfractuosité rocheuse.
Réserve Cousteau, Guadeloupe (971), 15 m
15/02/2007
Couleur rouge
Là aussi, la couleur des tentacules est due aux zooxanthelles.
L'Œil, Guadeloupe (971), 12 m
08/02/2008
Dans le courant
Les tentacules déployés dans le courant captent les proies au passage.
Guadeloupe (971), 15 m
20/07/2006
Tentacules striés
Stries irrégulières caractéristiques sur les tentacules et compagnie d'une Periclimenes yucatanicus.
Grand Morne, Guadeloupe (971)
24/05/2011
Tentacules pointés de violet
L'extrémité des tentacules est souvent colorée en violet par la présence de zooxanthelles*.
Fond Boucher, Martinique, 6 m
02/11/2008
Tentacules noueux
Les spécimens juvéniles ont parfois des renflements sur les tentacules, comme l'anémone ici à droite. C'est ce qui leur a valu le nom de Condylactis (à rayons articulés).
Sainte Anne, Martinique (972), 11 m
15/03/2010
Les dessous du jupon
Cachée entre deux éponges, on voit ici exceptionnellement toute la hauteur de la colonne, lisse et pointillée de rose.
Pointe Burgos, Martinique sud, 12 m
08/12/2011
Déplacement en pleine eau
Anémone décollée accidentellement de son support.
Le pied jaune vif est visible, ce qui est assez rare. Dès qu'il rencontrera un support solide, il se fixera à nouveau. A moins qu'un prédateur affamé n'intervienne...
Pointe des Nègres, Martinique (972), 10 m
21/08/2007
Nodosités multiples
Cette jeune anémone montre une combinaison de tentacules noueux et pointés de rose : l'aspect est bien différent du type "standard" à tentacules lisses et unicolores !
La Cathédrale, Guadeloupe, 25 m
07/09/2009
Juvénile
Cette toute jeune anémone nous laisse voir son pied, de couleur jaune-orange, et ses petits tentacules striés transversalement. Il y a déjà une crevette candidate à la cohabitation (probablement une crevette de Pederson dont les antennes sont visibles à droite).
Pointe de Nègres, Martinique, 7 m
05/02/2008
Avec un apogon
Ce jeune apogon évolue parmi les tentacules, sans se piquer.
Martinique (972) 9 m
10/12/2007
Avec une crevette du Yucatan
Une Periclimenes yucatanicus se fait héberger par Condylactis gigantea.
Martinique (972), 6 m
13/05/2008
Avec la crevette de Thor
Anémone géante en compagnie de crevettes Thor dicaprio.
Lézarde, Martinique (972)
10/12/2010
Avec une blennie Malacoctenus
Les blennies du genre Malacoctenus sont aux anémones géantes ce que sont les poissons-clowns aux anémones de l’Indo-Pacifique, mais avec beaucoup plus de discrétion dans leur livrée et leur comportement. Très peu de plongeurs ont su les voir !
Grotte Amédien, Guadeloupe, 10 m
21/06/2010
Rédacteur principal : Jérôme MIRAMON
Rédacteur : Michel BARRABES
Vérificateur : Anne PROUZET
Responsable historique : Michel BARRABES
Responsable régional : Laurent FEY
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La page de Condylactis gigantea dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN