Anémone géante des Antilles

Condylactis gigantea | (Weinland, 1860)

N° 1206

Atlantique Ouest tropical

Clé d'identification

Grande taille, habituellement 20 cm, et jusqu'à 40 cm
Tentacules aux extrémités renflées et colorées
Teinte générale claire
Colonne rougeâtre à jaune-orangé, souvent masquée

Noms

Noms communs internationaux

Giant caribbean anemone, Haïtian anemone, condy, pink or purple tipped anemone (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Anthea gigantea Weinland, 1860
Condylactis passiflora Duchassaing de Fombressin & Michelotti, 1864
Bunodes passiflora Andres, 1883
Ilyanthopsis longifilis Hertwig, 1888

Distribution géographique

Atlantique Ouest tropical

Zones DORIS : ● Caraïbes

Tout l'arc caraïbe, du sud de la Floride aux Antilles, y compris les Bermudes et les Bahamas.
Elle est présente au Brésil, du sud de l'embouchure de l'Amazone au sud de Sao Paulo.

Biotope

Cette anémone fréquente aussi bien les récifs exposés, les zones lagunaires que les herbiers. Elle nécessite un point d'ancrage solide. Elle affectionne les milieux brassés par les courants ou le ressac, entre 5 et 30 mètres de profondeur. Elle vit habituellement en solitaire ou en groupes disséminés, mais jamais en colonies.

Description

Condylactis gigantea est une grosse anémone de 20 centimètres de large et 15 centimètres de haut, environ ; au maximum, elle atteint 40 centimètres de diamètre. C'est la plus grande anémone de l'arc caraïbe.
Le disque oral, d'une dizaine de centimètres au maximum, est entouré d'une centaine, ou plus, de tentacules* dépassant les dix centimètres de longueur et huit millimètres de diamètre. Ils sont ornés sur toute leur longueur de motifs clairs dessinant des stries serrées et irrégulières. La couleur générale des tentacules est blanche, jaunâtre, beige ou vert pâle. Leur extrémité est souvent plus large et colorée en rose, bleu lavande, jaune, violet ou vert.
Les tentacules des anémones les plus jeunes portent des renflements sur toute leur longueur, comme des nodosités. Ce sont ces renflements qui donnent son nom au genre Condylactis.
Les nématocystes* se concentrent aux extrémités. Les tentacules se rétractent dans la cavité gastrique si l'anémone est dérangée.
La colonne rougeâtre ou jaune-orangé est recouverte habituellement par les tentacules et ancrée dans une anfractuosité. Elle n'est pas spontanément visible.

Espèces ressemblantes

Il n'y a aucune confusion possible aux Caraïbes.
Condylactis aurantiaca
lui ressemble mais se trouve en Méditerranée.

Alimentation

Condylactis gigantea est principalement un prédateur opportuniste, carnivore. Elle est capable de manger (en tout cas de capturer) des proies assez grosses, poissons, crevettes, moules et même un oursin diadème (observation en aquarium), en fait tout ce qui passe à sa portée.
Au contact des tentacules, les proies sont paralysées par la toxine des nématocystes*. Elles sont ensuite dirigées vers la bouche, qui s'ouvre activement, puis dans la cavité gastrique.
La digestion permet d'assimiler plus de 50 % les nutriments de la proie, sous forme d'acides aminés.
Cette anémone tire aussi de l'énergie des zooxanthelles* qu'elle héberge à la surface de ses tentacules. Ces zooxanthelles lui donnent sa couleur et produisent par photosynthèse* des sucres qui la nourrissent. C'est pourquoi on la trouve toujours dans des zones éclairées et à faible profondeur.

Reproduction - Multiplication

L'anémone géante est habituellement un organisme gonochorique*, à sexes séparés, mais qui peut aussi être hermaphrodite*.
La reproduction sexuée a lieu principalement au printemps, mais continue avec moins d'intensité toute l'année.
Cette anémone est ovipare* à fécondation interne. Les mâles libèrent dans le courant les spermatozoïdes qui vont féconder une femelle. La taille des ovules varie de 110 à 1000 µm. Les larves planulas* vont alors se développer à l'intérieur de la cavité gastrique, vivant sur leur vitellus*. Elles ont une forme sphérique et ciliée, sans tentacules.
Elles sont ensuite expulsées et nagent librement. Enfin, elles se fixent sur le substrat et développent d'abord un disque pédieux, puis leurs tentacules.
Il est peu probable que cette anémone se multiplie également de façon asexuée par bourgeonnement*. En effet, elle est assez agressive envers ses congénères et ne forme jamais de colonies.

Vie associée

Elle est capable de servir d'hôte pour de nombreuses espèces de poissons comme les blennies Malacoctenus macropus, M. boehlkei, M. gilli, et M. triangulatus, plusieurs espèces d'apogons juvéniles Apogon quadrisquamatus et A. aurolineatus, des juvéniles de Thalassoma bifasciatum, Labrisomus kalisherae et des juvéniles de Haemulon flavolineatum.
On trouve aussi fréquemment des crustacés tels que le crabe-araignée d'anémone, Mithraculus cinctimanus, le crabe-flèche Stenorhynchus seticornis, la crevette de Thor, Thor dicaprio, la crevette du Yucatan, Periclimenes yucatanicus, la crevette de Pederson Ancylomenes pedersoni.

La tolérance entre l'anémone-hôte et ses "habitants" nécessite plusieurs heures d'acclimatation, avant que C. gigantea ne reconnaisse plus son visiteur ni comme proie ni comme prédateur. Une étude réalisée aux Bermudes sur Periclimenes anthophilus (Palaémonidés) a montré qu'il lui faut environ trois heures pour prélever du mucus sur l'anémone avec ses chélipèdes* et s'en enduire le tégument. La crevette revêt le même aspect de surface que l'anémone elle-même, qui ne déclenche plus les nématocystes* à son contact.

Divers biologie

Une corrélation a été trouvée entre la couleur des tentacules et le biotope : les anémones qui vivent à faible profondeur ont le bout des tentacules incolore ou verdâtre, celles qui vivent vers 15-30 m ont en majorité le bout des tentacules rose.

En aquarium, cette anémone se déplace de façon active et volontaire. Elle rampe par contraction des muscles de sa colonne. Il est fréquent de la voir se déplacer d'un bout à l'autre de la vitre.

Il arrive de rencontrer C. gigantea en pleine eau, à la dérive dans le courant. Il est difficile de savoir si l'anémone s'est détachée toute seule et volontairement du substrat, ou si elle a été décrochée par une ancre, par exemple ; ceci semble plus probable. Cependant, elle peut parcourir ainsi une assez grande distance avant de se fixer à nouveau.

Pour se défendre, C. gigantea est capable de rétracter, complètement ou partiellement, ses tentacules à l'intérieur de la cavité gastrique. Elle utilise également les nématocystes de ses tentacules, mais ne possède pas d'acrorhages*.

Les toxines de C. gigantea sont étudiées dans la conception de nouveaux médicaments. Elles ont une affinité pour les canaux sodiques voltage-dépendants des cellules excitables et trouveraient une application en cardiologie.

Informations complémentaires

Condylactis gigantea est très peu urticante pour l'homme ; ses tentacules ne "collent" pas ou très peu à la peau.

Cette anémone est vendue couramment pour l'aquariophilie.
Au Brésil, elle fait l'objet, avec d'autres invertébrés, mollusques, coraux, crustacés, et poissons, d'une pêche semi-artisanale à destination de l'aquariophilie. Un cas d'extinction locale a été signalé suite à des prélèvements abusifs : dans la région de Rio de Janeiro (Arraial do Cabo) où elle était très abondante avant 1990, de 1 à 2 individus pour 10 à 15 m², l'espèce est aujourd'hui considérée comme disparue suite à la surexploitation : jusqu'à 600 individus collectés par semaine. Son taux de reproduction (sex ratio 1:1, larves lécitotrophes* à courte vie planctonique) est trop faible pour compenser ces prélèvements.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Cette espèce n'est pas particulièrement protégée, mais sa collecte est interdite aux Bermudes, au même titre que tous les autres organismes marins de cette zone.

Origine des noms

Origine du nom français

Anémone géante des Caraïbes : ce nom indique bien que c'est la plus grande anémone de cette région !

Origine du nom scientifique

Condylactis : des mots grecs [condylos] = articulation, et [actis] = rayon de soleil. Les anémones du genre Condylactis sont donc des anémones de mer dont les rayons (tentacules) présentent des renflements comme les articulations des doigts.

gigantea : en latin = géante.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 283419

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Anthozoa Anthozoaires Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie).
Sous-classe Hexacorallia / Zoantharia Hexacoralliaires / Zoanthaires Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6.
Ordre Actiniaria Actiniaires Polypes solitaires souvent colorés, en général fixés à un substrat dur par un large disque pédieux. Organismes parfois mobiles.
Famille Actiniidae Actiniidés
Genre Condylactis
Espèce gigantea

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