Coquille de 3 à 5 cm
Axe de la coquille courbe
Brun clair à brun foncé
Varices axiales larges
Petits nodules en spirale
Canal siphonal rejeté dorsalement
Callosité columellaire blanche et pustuleuse
Bord externe de l'ouverture denticulé
Twisted dwarf triton (GB)
Triton distortum, Schubert & Wagner, 1829 (non Lamarck, 1816)
Colubraria distorta, Schubert & Wagner, 1829
Colubraria strepta, Cossmann, 1895
Indo-Pacifique, mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]On rencontre Colubraria tortuosa en mer Rouge, dans l'océan Indo-Pacifique Ouest et sur les côtes australiennes.
Colubraria tortuosa vit sous les blocs coralliens et dans les anfractuosités. Il a été vu jusqu'à 25 m de profondeur.
La coquille de Colubraria tortuosa est élancée et mesure 3 à 5 cm de longueur. La spire* est tortueuse : son axe change de courbure entre le haut et le bas de la spire. Cette particularité donne un aspect "tordu" à Colubraria tortuosa.
La coquille est parsemée de taches brunes constituant des bandes transversales sur un fond de couleur blanchâtre. Elle possède de larges varices* axiales situées dans le prolongement les unes des autres. Les tours sont ornés de petits nodules en spirale. Le canal siphonal, court et sinueux, est rejeté dorsalement. L'ouverture est munie d'une callosité columellaire* large et blanche, pustuleuse dans sa moitié inférieure. Le bord extrême de l'ouverture est denticulé, les dents étant de plus en plus fortes de la partie inférieure vers la partie supérieure.
Colubraria nitidula est une espèce plus petite, plus fine et plus allongée, présentant une spire moins déformée. On la trouve dans la région Indo-Pacifique.
Colubraria maculosa a une coquille plus grande (5 à 7 cm) et la spire n'est pas déformée. On le rencontre à Madagascar et autour de l'île Maurice.
Colubraria castanea est une espèce d'Indonésie, qui mesure environ 7 cm. La spire n'est pas déformée.
Ce petit gastéropode hématophage suce les tissus vivants des proies dont il se nourrit. Il chasse la nuit, repérant les poissons qui restent immobiles pendant un certain temps, comme par exemple, les mérous endormis dans leur grotte, ou les poissons perroquets dans leur cocon de mucus. Il déploie sa trompe, appelée proboscis*, qui peut atteindre trois fois la longueur de la coquille, et pénètre dans une partie molle des tissus de l'hôte comme les branchies, l'anus, une écaille perdue, la bouche. Le mollusque entame sans peine les tissus du poisson et suce son sang.
Comme chez tous les caenogastropodes, les sexes sont séparés : les mâles possèdent un pénis et les femelles pondent des capsules ovigères*.
Colubraria tortuosa parasite les poissons lorsque ceux-ci restent immobiles un certain temps. Plusieurs mollusques peuvent se nourrir sur le même poisson qui ne semble pas souffrir de ce parasitisme. Ces petits "vampires" ne peuvent sucer suffisamment de sang en une nuit pour mettre en danger le poisson.
Au moins six espèces du genre Colubraria semblent se nourrir du sang de poissons appartenant essentiellement à la famille des Scaridés. Il est possible que le mollusque utilise un anti-coagulant lui permettant ainsi de se nourrir aussi longtemps que nécessaire. Certaines observations expérimentales sur différentes espèces de Colubraria montrent que ces mollusques sécréteraient des composants anesthésiques. Cette anesthésie est réversible et le poisson retrouve habituellement son entière mobilité quelques minutes après l'interruption du contact avec Colubraria.
La radula de Colubraria est très similaire à celle que l'on trouve chez les Buccinidés et les Fasciolariidés : c'est un ruban très petit, 0,5 mm pour un individu de 2,5 cm, composé d'une dent centrale et de deux dents latérales et portant de nombreux denticules.
La classification du genre Colubraria et des genres qui lui sont reliés (Cumia et Iredalula), diffère d'un ouvrage ou d'un site internet à l'autre. En fait, cette classification n'est pas stable. Ces genres ont été placés sous la famille des Cymatiidés (aujourd'hui Ranellidés), des Fasciolariidés et sous la famille des Buccinidés, puis ont constitué une famille à eux seuls, les Colubrariidés. Aujourd'hui encore, ces classifications différentes coexistent, et la question n'est pas réglée. Toutefois, il est admis que les Colubrariidés appartiennent à la super famille des Buccinoidés.
Triton tordu, en référence à l'aspect tordu de la coquille de l'animal. On réserve en général le nom générique "triton" au genre Charonia. Mais initialement (voir l'ouvrage de Lamarck, 1816) Colubraria tortuosa a été identifié sous le nom de Triton distortum, avec pour nom vernaculaire, triton tordu.
Colubraria : du latin [coluber] = couleuvre. Selon Pomponius Mela, géographe romain (43 ap J.-C.), l'île de Colubraria (aujourd'hui les îles Columbretes) située en face d'Ebusos (pour Ibiza) est "remplie de toutes sortes de serpents dangereux qui la rendent inhabitable". Pline l'Ancien, écrivain et naturaliste romain (23/79 ap. J.-C.), ajoute : "La terre d'Ebusus chasse les serpents, celle de Colubraria les engendre". Schumacher en 1817 a donné le nom de genre Colubraria parce que la personne qui lui avait donné un exemplaire de Colubraria granulata lui avait dit que cette espèce s'appelait « couleuvre ». Le long proboscis* (ou trompe) de l'animal pourrait faire penser, lorsqu'il est déployé, à une couleuvre.
tortuosa : du latin [tortuosa] = tortueuse, à cause de la spire qui est tortueuse.
Numéro d'entrée WoRMS : 527519
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Colubrariidae | Colubrariidés | Coquille petite, turriculée, élancée, à fortes varices; sculpture spiralée (petits tubercules). canal siphonal court, sinueux. ouverture munie d'une callosité columellaire large, plissée à la base. Lindner 1976:62. |
Genre | Colubraria | ||
Espèce | tortuosa |
Coquille tordue, parsemée de taches brunes
L'axe de la coquille change de courbure entre le haut et le bas de la spire. Cette particularité donne un aspect "tordu" à Colubraria tortuosa.
Puerto Gallera, Philippines, 2 m
04/2007
Festin
Trois Colubraria se nourrissent sur un mérou installé pour la nuit dans sa grotte. Le proboscis est bien visible.
Hurghada, de nuit, 12 m
10/04/1986
Points-clés de la description en image
"Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique"
N/A
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Vues sur la coquille
La coquille est parsemée de taches brunes constituant des bandes transversales sur un fond de couleur blanchâtre.
"Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique"
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Rédacteur principal : Nadine SABOURIN
Rédacteur : Sylvie HUET
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Sylvie HUET
Bouchet P. et Perrine D., 1996, More gastopods feeding at night on parrotfishes, Bulletin of Marine Science, 59, 224-228.
Oliverio M. et Modica M.V., 2010, Relationships of the haematophagous marine snail Colubraria (Rachiglossa: Colubrariidae), within the neogastropod phylogenetic framework, Zoological Journal of the Linnean Society, 158, 779–800.
La page de Colubraria tortuosa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN