Oursin irrégulier aplati, discoïde ou ovalaire
Taille moyenne 10 cm
Face dorsale légèrement bombée, face ventrale faiblement concave
Piquants courts et homogènes
Couleur brune
5 zones ambulacraires pétaloïdes sur face dorsale
Bouche au centre de la face ventrale
Pensée des mers, monnaie des sables, monnaie des Caraïbes, dollar des Caraïbes, monnaie des sirènes. Attention ces noms génériques sont donnés à tous les oursins irréguliers très plats sans distinction d’espèces.
Flat sea biscuit, sand dollar, cake urchin (GB)
Echinanthus subdepressus Gray, 1825
Clypeaster (Stolonoclypus) subdepressus (Gray, 1825)
Stolonoclypus subdepressus (Gray, 1825)
Atlantique occidental, de la Caroline du Nord au Brésil
Zones DORIS : ● Caraïbes, ○ [Guyane française]Clypeaster subdepressus est présent en Atlantique Nord-Ouest des côtes sud de la Caroline du Nord à la Floride (Etats-Unis), dans le golfe du Mexique et dans toutes les Caraïbes. On peut le rencontrer également, mais plus sporadiquement, en Atlantique Sud-Ouest des côtes atlantiques du Venezuela à la province de Rio de Janeiro au Brésil .
Cet oursin irrégulier habite les zones sableuses près des récifs peu profonds, plus rarement les fonds d’herbiers clairsemés d’herbe à tortue Thalassia testudinum entre 5 à 50 m de profondeur. On peut le rencontrer épisodiquement jusqu’à 210 m.
Il s’enfouit dans le sable durant le jour et sort la nuit afin de se nourrir.
Clypeaster subdepressus est un oursin irrégulier, discoïde ou ovalaire, pouvant atteindre 7,5 à 10 cm de longueur avec un maximum de 20 cm. Relativement plat, sa hauteur est d’environ 2,5 cm. Sa face dorsale est légèrement bombée et sa face ventrale (face sur laquelle est située la bouche) faiblement concave.
Il est densément recouvert d'une fourrure de piquants courts et homogènes, les radioles*. Sa couleur est le plus souvent brune mais des individus jaunâtres ou rougeâtres sont parfois rencontrés.
Au niveau des pétales*, les podia* sont modifiés en papules* respiratoires (podia dépourvus de ventouses).
Des contreforts internes, généralement bien développés à la périphérie, ont des partitions circonférentielles et de fins piliers centraux. Les pores* et les tubercules*, qui supportent les radioles, ne forment pas des lignes, mais sont éparpillés de manière irrégulière.
Sur la face supérieure (face aborale*) du test* :
Cinq pétales, ou zones ambulacraires* pétaloïdes, sont soulignées par une double série de perforations. Ils sont larges, arrondis, fermés et isométriques*. Ils occupent approximativement la moitié de la surface du test.
Au sommet du test, à la jonction des pétales, se trouve le système apical* formé de la plaque madréporique* et de 5 pores* génitaux, les gonopores*.
La plaque madréporique est un organe filtreur composé de très fines perforations. Elle permet l'absorption de l'eau de mer pour pouvoir faire fonctionner le système aquifère.
Les pores génitaux servent à l’expulsion des gamètes* lors de la reproduction.
Sur la face inférieure (face orale) du test :
On observe qu’elle est aplatie, avec une concavité seulement à proximité de la bouche et le long des ambulacres. On y trouve la bouche, de forme ronde, située au centre. Elle est entourée de 5 sillons nourriciers, simples et droits, disposés en étoile.
L'anus a migré et est allé se placer à la périphérie, sous le bord postérieur du test (photo 7).
De nombreux oursins irréguliers dont le test*, presque circulaire et très aplati, sont appelés communément dollar des sables (ou dollar de sable). Ce nom vernaculaire peut donc être utilisé pour des espèces se ressemblant mais de genre et/ou d’espèce différents.
Cependant Clypeaster subdepressus est le plus gros Clypeaster des Caraïbes, ce qui constitue déjà un bon critère d’identification au-delà de 20 cm.
Clypeaster chesheri Serafy 1970 : le test est aplati, de silhouette ovale avec des indentations au niveau des interambulacres*. Les pétales sont plus courts et plus fins. Ces oursins vivent de 20 à plus de 100 m de profondeur.
Clypeaster luetkeni Mortensen, 1948 : la face aborale du test est plus plate, voire légèrement concave et sa taille nettement plus petite puisqu’elle se situe aux alentours d’une dizaine de mm.
Clypeaster prostratus Ravenel, 1848 : sa forme est plus pentagonale avec une face ventrale parfaitement plate. Il est également plus petit, maximum 12 cm, et vit plutôt profond (au-delà de 50 m).
Clypeaster ravenelii (A. Agassiz 1869) : cette espèce, plus petite (13 cm max), pentagonale et anguleuse, est caractérisée par une marge en relief marqué. Elle vit au-delà de 50 m de profondeur.
Clypeaster rosaceus (Linnaeus, 1758) : son test est distinctement renflé, avec souvent des reliefs marqués au niveau des pétales ; sa hauteur varie entre 4,5 et 5,5 cm, soit le double de Clypeaster subdepressus.
Mellita quinquiesperforata (Leske, 1778) : le test est plus circulaire, plus plat et perforé de 5 ouvertures de forme allongée, les lunules*. La famille des Mellitidae compte d’autres espèces discoïdes perforées par des lunules dans la région, facilement reconnaissables à ce trait.
Le dollar des sables aplati se nourrit de diatomées*, de micro-organismes et de particules de matières organiques (débris d'algues, petits gastropodes, vers et autres formes de vie) présents dans le sable. Il filtre le sédiment à l'aide de ses radioles* puis de ses podia* buccaux. Un courant de cils mobiles va entraîner ces particules vers le bord du corps, puis au-dessous vers les sillons ventraux et enfin vers la bouche.
C'est une espèce gonochorique* : il y a des oursins mâles et des oursins femelles. La fécondation se produit dans l'eau de mer. Les voies de sortie des gamètes*, les gonopores*, au nombre de 5, sont situées au centre de la partie aborale* du dollar des sables.
Les œufs puis les larves* (pluteus*) évolueront parmi le plancton* pendant quelques semaines avant de se fixer sur le fond pour entamer leur métamorphose* en oursin juvénile.
De minuscules crabes symbiotiques*, Heterocrypta granulata (Gibbes, 1850), Dissodactylus latus Griffith, 1987 et Clypeasterophilus stebbingi (Rathbun, 1918), ce dernier exclusif de Clypeaster subdepressus, de la famille des Pinnotheridae (crabes petits pois) vivent dans la couche dense des fins radioles* de la face orale du dollar de sable aplati.
Le test des oursins irréguliers est composé de carbonate de calcium (CaCO₃) renforcé par une armature en cristaux de calcite. Ces deux ingrédients donnent au corps des oursins une certaine solidité, assurée par des piliers internes, et un poids modéré. Ce squelette extrêmement minéralisé explique leur excellente fossilisation.
La fécondation chez les échinides est sensible aux effets de la toxicité des métaux lourds. Cet oursin plat (entre autres) est maintenant utilisé couramment comme organisme type dans les essais toxicologiques en laboratoire.
Le dollar de sable aplati qui vit sur les côtes brésiliennes est la sous-espèce Clypeaster subdepressus lobulatus Bernasconi, 1956.
De nombreuses légendes courent sur les dollars des sables : certains pensaient que le dollar des sables était la monnaie perdue de l'Atlantide, la cité engloutie, d’autres que briser cette coquille libérerait cinq mouettes envoyées par Poséidon pour veiller sur les mers.
Le centre de cette coquille mythique représentant l'histoire de Poséidon, le dieu de la mer, et de l'amphitrite, déesse de la mer évoque l'Étoile polaire. Le dos de la coquille est orné d'un contour d'étoile de mer, symbolisant toutes les créatures marines aimées de manière égale par le dieu et la déesse.
Dans la religion chrétienne, on attribue à cette coquille de renfermer la vie et la mort du Christ : sur la face orale, l’étoile qui guida les Rois mages vers la crèche, sur la face aborale* le dessin des pétales* de la poinsettia (Euphorbia pulcherrimas), plante originaire du centre de l'Amérique tropicale, qui ne fleurit qu’à Noël. Lorsqu’on casse le dollar comme une hostie, il libère cinq petits éléments calcaires qui ressemblent étrangement à des oiseaux blancs aux ailes déployées, les colombes du Saint Esprit qui évoquent la Résurrection.
Le dollar des sables aplati tient son nom de sa ressemblance avec une vieille pièce de monnaie gisant dans des épaves anciennes sur les fonds marins. Sa surface, bien que légèrement bombée, est plus aplatie que celle de l’autre espèce commune C. rosaceus.
En fait les dollars des sables stricto sensu sont plutôt les Scutelliformes (comme les Mellitidae). Les Clypeasteroida sont le plus souvent appelés «oursins-biscuits», et leur forme comme leur taille ne font pas vraiment penser à une pièce…
Clypeaster = du grec [aspis] puis [clypeas] = bouclier et [aster] = étoile. En rapport avec sa forme qui peut faire penser à un bouclier et ses 5 zones ambulacraires* pétaloïdes disposées en étoile.
subdepressus : du préfixe latin [sub-] = sous et du subtantif latin [depressus] = abaissé.
Cette espèce a été décrite scientifiquement pour la première fois en 1825 par le zoologiste britannique John Edward Gray, sous le nom Clypeaster (Stolonoclypus) subdepressus.
Numéro d'entrée WoRMS : 422499
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Echinoidea | Echinides | Ce sont les oursins. Forme globuleuse ou hémisphérique, squelette qui porte des piquants mobiles, des pédicellaires et des pieds ambulacraires. Pouvoir de régénération limité. |
Sous-classe | Euechinoidea | Euéchinides | Oursins plus ou moins sphériques, dits "oursins réguliers". Plaques ambulacraires composées. Bouche ventrale et anus dorsal. |
Ordre | Clypeasteroida | Clypéastéroïdes | Symétrie bilatérale, ambulacres disposés en pétales. Aplatissement du test, bouche et anus sur la même face. |
Sous-ordre | Clypeasterina | Clypéastérines | |
Famille | Clypeasteridae | Clypéastéridés | |
Genre | Clypeaster | ||
Espèce | subdepressus |
Duvet de piquants très courts et serrés
Cet oursin irrégulier est recouvert d'un duvet dense de piquants très courts et serrés.
Trou à l'Orage, Port-Louis, Guadeloupe (971), Antilles françaises, 5 m
18/03/2007
5 pétales sur la face aborale
On distingue parfaitement sur cette photo les 5 zones ambulacraires qui dessinent 5 pétales soulignés par une double série de perforations.
Grande Anse d'Arlet, Martinique (972), Antilles françaises, 5 m.
08/05/2015
Enfouissement diurne
Cet oursin irrégulier habite les zones sableuses près des récifs peu profonds où il vit enfoui durant le jour.
Grande Anse d'Arlet, Martinique (972), Antilles françaises, 5 m.
08/05/2015
Pores génitaux
Sur ce test de Clypeaster subdepressus mort, on distingue au centre les 5 pores génitaux.
Martinique (972), Antilles françaises, 12 m
14/06/2013
Test en épave
Il n’est pas rare de trouver sur les fonds marins des tests d’oursins morts en parfait état.
Martinique (972), Antilles françaises, 7 m
06/12/2016
Morphologie de la face dorsale
Détails des caractères généraux de la face aborale de cet échantillon de 131 x 109 mm.
Note : les collections de coquilles (mollusques, oursins…) que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Guadeloupe (971), Antilles françaises, 20 m sur fond de sable.
03/1989
Morphologie de la face ventrale
Détails des caractères généraux de la face orale de cet échantillon de 131 x 109 mm.
Note : les collections de coquilles (mollusques, oursins…) que DORIS
reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Guadeloupe (971), Antilles françaises, 20 m sur fond de sable.
03/1989
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Frédéric DUCARME
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Clark H.L., 1933, A handbook of the littoral echinoderms of Porto Rico and the other West Indian Island, Scientific Survey of Porto Rico and the Virgin Islands, New York Academy of Sciences, 16, 1, 147p.
Fransisco V., Pauls S.M., 2008, Especies del Orden Clypeasteroida (Echinodermata: Echinoidea) de las costas de Venezuela, Revista de Biologia Tropical, Universidad de Costa Rica, 56, 3, 215-228.
Jamal F., Paulay G., Kowalewski M., 2017, Assemblage of Pea Crabs Associated with Encope michelini, Mellita tenuis and Clypeaster subdepressus (Echinodermata, Echinoidea), Eastern Gulf of Mexico, Florida Museum, University of Florida.
Jamal F., Kowalewski M., Paulay G., 2019, Pinnotherid crabs and their sand dollar hosts, Eastern Gulf of Mexico, Florida Museum, University of Florida.
Mihaljević M., Jerjen I., Smith A.B., 2011, The test architecture of Clypeaster (Echinoidea, Clypeasteroida) and its phylogenetic significance, Zootaxa, 2983, 21–38.
Serafy D.K., 1979, Memoirs of the Hourglass Cruises, Echinoids (Echinodermata: Echinoidea), Florida Department of Natural Resources, Marine Research Laboratory, Florida, 5, 3, 1-120.
Smith M.S., Zigler K.S., Raff R.A., 2007, Evolution of direct-developing larvae: selection vs loss, BioEssays, John Wiley & Sons, U.S.A., 29, 6, 566-571.
Vellutini B.C., Migotto A.E., 2010, Embryonic, Larval, and Juvenile Development of the Sea Biscuit Clypeaster subdepressus (Echinodermata: Clypeasteroida), Public Library of Science (PLOS One), Etats-Unis, 5, 3, 1-15.
La page de Clypeaster subdepressus sur le site de référence de DORIS pour les échinodermes : WoRMS
La page de Clypeaster subdepressus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN