Éponge perforante de couleur rouge vif
Oscules cylindriques aux bords relevés
Ostioles regroupés sur des sortes de tamis aplatis et ajourés
Red boring sponge (GB), Cliona di Rodi (I), Esponja perforante roja (E), Roter Bohrschwamm (D), Rode boorspons (NL)
Cliona viridis var. carteri (Ridley), d'après Topsent, 1900.
Voir le § "Informations complémentaires" pour les confusions avec Cliona carteri.
Endémique de Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Sa distribution est limitée à la Méditerranée (espèce endémique*). Elle est référencée en Méditerranée occidentale, en mer Adriatique, en mer Égée et au sud sur les côtes tunisiennes.
La clione écarlate est présente dans les substrats calcaires, qu'elle contribue à détruire, et dans lesquels elle forme un réseau de galeries. On la trouve dès les premiers mètres jusqu'à au moins 40 mètres de profondeur, perforant les algues rhodophycées calcaires et les bryozoaires encroûtants. Elle n'a pas été observée sur des coquilles mortes ou de petites pierres. En mer Égée (Rhodes) elle est abondante de la surface jusqu'à 3 m de profondeur et commune jusqu'à 9 m. Sur le littoral nord occidental où elle semble moins fréquente, elle a été principalement observée entre 8 et 15 m.
Cliona rhodensis est une éponge perforante aux papilles de couleur rouge vif (écarlate) à rouge orangé vif. Les papilles ne fusionnent entre elles que très exceptionnellement. On ne voit jamais l'intégralité de cette éponge, dont seuls les oscules* (ouvertures exhalantes) et les verrues portant les ostioles* (pores inhalants) sont visibles. La "colonie" cachée dans le substrat* calcaire mesure de 10 à 55 cm de diamètre.
Les oscules circulaires font quelques mm de diamètre (2 à 4,8 mm) et ont les bords légèrement relevés. Les ostioles sont regroupés sur des verrues qui ont la forme de tamis aplatis et ajourés de 0,5 à 3 mm.
Trois autres espèces de clionaïdés rouges sont connues de Méditerranée :
Cliona schmidtii : les oscules et les pores inhalants sont de couleur violette.
Pione vastifica : les oscules et les pores inhalants sont de taille plus réduite et de couleur jaune orangé à orange.
Cliona vermifera : une très petite espèce difficilement observable en plongée, est de couleur vermillon.
Les éponges sont des animaux filtreurs* qui se nourrissent de microparticules : bactéries, algues unicellulaires, débris organiques, ne dépassant en général pas 3 microns. Le courant d'eau nécessaire est créé par le mouvement de cellules ciliées spécifiques des éponges : les choanocytes*.
Chez la plupart des éponges, la reproduction peut être sexuée ou asexuée.
Cliona rhodensis, comme toutes les éponges perforantes, dissout le calcaire par voie chimique. Elle creuse des chambres de 10 x 10 mm à 12 x 20 mm de section reliées entres elles par de nombreux et fins canaux de 0,5 mm de diamètre.
La couleur rouge vif, dite écarlate, est due à un pigment brillant.
Description microscopique :
Les mégasclères* sont des tylostyles* courts et trapus (365 x 10 μm en moyenne) à tête globuleuse et pointe brève.
Les microsclères* sont de deux types et de deux tailles : des spirasters* et des amphiasters*. Type I (spirasters et amphiasters) de 11,4 x 4,7 μm, type II (spirasters) de 43,4 x 5,7 μm.
Les papilles portent sur les couches supérieures une accumulation de petits spirasters* peu sinueux et uniformément couverts d'épines, les plus grands ne sont présents que dans le choanosome*.
Pendant longtemps Cliona carteri (Ridley, 1881) a été confondue avec Cliona rhodensis dans le bassin méditerranéen. Plusieurs observations anciennes de Cliona rhodensis en Méditerranée se retrouvent dans les publications sous le nom de Cliona carteri (Ridley, 1881) ou le synonyme non valide de Vioa carteri Ridley, 1881. Il s'avère que Cliona carteri est une espèce des côtes d'Atlantique Sud-Ouest (sud Brésil) absente en Méditerranée.
Topsent, en 1900, a observé cette clione rouge vif à Banyuls et l'a nommée Cliona viridis var. carteri (Ridley).
Clione écarlate est une proposition des auteurs du site DORIS. L'écarlate est un rouge vif.
Cliona : de Clio, nom d'une Néréide, nymphe de la mer dans la mythologie grecque.
rhodensis : de l'île de Rhodes en Grèce d'où a été décrite cette éponge.
Numéro d'entrée WoRMS : 134136
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Sous-classe | Heteroscleromorpha | Hétéroscléromorphes | |
Ordre | Clionaida | Clionaides | |
Famille | Clionaidae | Clionaïdés | Eponges perforantes, avec des papilles inhalantes à la surface du substrat. Les spicules caractéristiques sont des tylostyles et des spirasters. |
Genre | Cliona | ||
Espèce | rhodensis |
Papilles rouge vif émergeant de la roche calcaire
Cliona rhodensis est de couleur rouge vif. Cette éponge perforante est installée ici sur et sous le bryozoaire encroûtant noir Reptadeonella violacea.
Tasco Gros, Estartit, Costa Brava (Espagne), 12 m
13/09/2013
Perforant un bryozoaire noir
Cette association entre l'éponge perforante rouge Cliona rhodensis et le bryozoaire encroûtant noir Reptadeonella violacea est assez fréquente en Méditerranée, elle est du plus bel effet. En bas à droite, la masse gélatineuse pourpre est une ascidie coloniale Cystodytes dellechiajei.
Montgo, Escala, Costa Brava (Espagne), 12 m
13/07/2007
Détail des verrues inhalantes
Les ostioles* (les pores inhalants) sont regroupés sur des verrues qui ont la forme de tamis aplatis.
Cala Montgo, l'Escala, Girona, Catalogne (Espagne), 16 m
13/07/2007
Oscules et papilles inhalantes
La clione écarlate perfore les plaques d'algues calcifiées sur les pierres par petits fonds.
Callelongue, Marseille (13), 8 m, de nuit
30/12/2015
Deux types de papilles
L'identification de l'espèce n'est pas aisée sur cette photo où on voit la fusion de deux verrues inhalantes, observation décrite comme très rare chez Cliona rhodensis.
Figuerolles, La Ciotat (13), 15 m
05/12/2015
Petite espèce discrète
La taille réduite des papilles émergentes rend l'observation de la clione écarlate difficile sur des fonds encroûtés de divers organismes.
Les Fourmigues de Giens (83), 20 m
04/08/2007
Plus facile à observer la nuit
L'éclairage artificiel (phare de plongée) met en valeur les couleurs rouges. Sans éclairage les papilles semblent noires même de jour au-delà des 7-8 m de fond.
Aragnon, Côte Bleue (13), 9 m, de nuit
07/08/2009
Dessins anciens des spicules
Légende (spécimen de Banyuls, Cliona viridis var. carteri (Ridley), d'après Topsent, 1900) :
a, tylostyles : principales variations de leurs bases
b, huit spirasters
Émile TOPSENT, planche III, figure 4
Reproduction de documents anciens
1900
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Rédacteur : Stéphane LE GRANCHÉ
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Correcteur : Gérard BRETON
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Rützler K., Bromley R.G., 1981, Cliona rhodensis, new species (Porifera: Hadromerida) from the Mediterranean, Proc. Biol. Soc. Wash., 94(4), 1219-1225.
Topsent E., 1900, Étude monographique des spongiaires de France. III.Monaxonida (Hadromerina), Archives de Zoologie expérimentale et générale, 8(3), 1-331, pls I-VIII.
La page sur Cliona rhodensis sur le site de référence de DORIS pour les éponges : World Porifera Database