Colonie en boule vaporeuse
Tunique translucide mouchetée de très petits points blancs
Discrets cercles blancs discontinus autour des siphons
Taille des colonies : 10 à 20 cm, des individus : 1 à 3 cm
Claveline mouchetée
Speckled sea-squirt (GB), Clavelina flegrea, clavelina screziata (I), clavelina moteada (E)
Chondrostachys oblonga (Herdman, 1880)
Stereoclavella oblonga (Herdman, 1880)
Steroclavella oblongus (Herdman, 1880)
Clavelina phlegraea Salfi, 1929 (n'est plus valide depuis 2016)
Atlantique tropical Ouest, Açores, Méditerranée
Zones DORIS : ● Caraïbes, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Clavelina oblonga est originaire du sud-est des Etats-Unis et des Caraïbes. Elle est actuellement présente des Bermudes au Brésil en Atlantique Ouest. Elle s'est aussi installée depuis des dizaines d'années aux Açores, au Cap Vert, au Sénégal et dans quelques lagunes et étangs littoraux en Méditerranée occidentale (Sud Italie, Corse, Occitanie, delta de l'Èbre). La propagation de cette claveline est sans doute liée au trafic maritime (eaux des ballasts des navires) et à la conchyliculture (transport de naissains d'huîtres).
La claveline vaporeuse affectionne les substrats* durs naturels ou artificiels. Elle ne se trouve qu'à faible profondeur (entre 1 et 10 m) et de préférence dans les mangroves, zones portuaires, lagons, étangs littoraux et fonds de baie ; en bref tout milieu "chargé" en sédiments. Les colonies poussent sur les racines de palétuviers, cordages, épaves, rocs, n'importe quelle structure solide disponible.
Clavelina oblonga est une ascidie coloniale fixée qui ressemble à une grappe de clochettes translucides. Les individus (zoïdes*) mesurent de 1 à 3 cm de long et sont regroupés en bouquets souvent bien sphériques de 10 à 20 cm de diamètre. Chaque bouquet est constitué de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de zoïdes.
Les individus sont réunis par une base commune appelée stolon*.
Chaque zoïde, en forme de massue à long manche, est gélatineux, translucide et légèrement laiteux,
rendant difficile l'observation des organes internes. Ceux-ci comprennent notamment une structure branchiale visible mouchetée de blanc formant des côtes. Le thorax* occupe à peu près la moitié du corps et est longé par une gouttière ciliée tachetée de blanc, menant à l'œsophage.
Au sommet se trouve le siphon* buccal (entrée de l'eau) alors que le siphon cloacal* (sortie de l'eau) est latéral et légèrement moins haut. Tous les deux voient leur bordure mouchetée de blanc.
La consistance est cartilagineuse et glaireuse au toucher. Hors de l'eau les colonies prennent l'aspect d'un amas serré de petites billes cartilagineuses presque transparentes.
Le sac branchial comprend au moins 15 rangées de fentes branchiales (stigmates*).
Clavelina lepadiformis (Müller, 1776), la grande claveline est plus transparente et présente 3 anneaux blancs et 2 lignes blanches. Cette espèce est présente en Méditerranée et Atlantique proche.
Clavelina dellavallei (Zirpolo, 1825), la claveline bleutée de Méditerranée est souvent solitaire. Sa tunique est transparente, le sac branchial est strié de jaune clair et l'endostyle* forme une ligne bleu violacé ventrale. Cette espèce est présente en Méditerranée et Atlantique proche.
Diazona violacea Savigny, 1816, la diazone peut être confondue avec Clavelina oblonga ou C. lepadiformis. Les individus de forme plus cylindrique sont de même taille, les colonies sont plus denses et de couleur vert pâle ou jaune. Les lignes et cercles blancs ressemblent à ceux des deux Clavelina, mais le siphon cloacal montre souvent 6 lobes et la tunique est légèrement laiteuse. Tous les zoïdes sont réunis sur une base commune gélatineuse. Cette espèce est présente sur les côtes européennes.
Clavelina picta (Verrill, 1900), présente en Atlantique Ouest central est colorée de mauve.
La claveline vaporeuse est un filtreur* actif interne. L'eau est aspirée par le siphon* inhalant ou siphon buccal. Elle est filtrée dans un pharynx* branchial* criblé de petites fentes et passe par une vaste cavité péribranchiale appelée atrium* avant de ressortir par le siphon exhalant ou siphon cloacal*. Sur la face médio-ventrale du pharynx* on trouve une gouttière ciliée et glandulaire, l'endostyle*, tandis que la face médio-dorsale porte une rangée saillante de languettes ciliées, le raphé*. Les sécrétions muqueuses de l'endostyle engluent les particules alimentaires que l'eau amène dans le pharynx. Ces dernières s'accumulent dans le raphé dorsal et sont entraînées par les battements ciliaires jusqu'à l'estomac. Les déchets sont évacués par l'anus situé dans le siphon cloacal.
Elle se nourrit de phytoplancton*, de bactéries et de matière organique en suspension.
Clavelina oblonga a un cycle annuel de croissance commençant au printemps, période à laquelle les nouveaux zoïdes se développent à partir des larves* s'étant formées en hiver. La production larvaire s'effectue de juin à septembre, et est suivie d'une disparition des zoïdes.
L'animal se développe aussi par multiplication asexuée. Les zoïdes sont reliés entre eux par un stolon*. A la fin de l'été, les zoïdes disparaissent progressivement dans le stolon* basal nourricier. Au printemps certains individus se développent par strobilation* ou bourgeonnement. Lorsque le zoïde atteint sa taille adulte la reproduction sexuée entre en jeu.
Certaines études tendent à prouver que l'autofécondation est possible chez cette espèce.
Dans les étangs et lagunes de Méditerranée la claveline vaporeuse présente un développement explosif du début de l'été au début de l'automne avant de disparaitre visuellement pendant tout l'hiver. Cette espèce envahissante peut gêner fortement la culture des huîtres et des moules pendant les mois chauds.
Pendant plus de 80 ans les représentants méditerranéens de cette claveline vaporeuse ont été considérés à tort comme appartenant à une espèce endémique* différente de C. oblonga, sous le nom de Clavelina phlegraea Salfi, 1929. Une étude de 2016 (Ordóñez & col.) basée sur la morphologie et la génétique montre sans ambiguïté qu'il s'agit de la même espèce. Clavelina oblonga, originaire des Caraïbes, est donc installée en Méditerranée depuis près d'un siècle.
Claveline vaporeuse par rapport à l'aspect des colonies sous l'eau où les individus semblent noyés dans une masse floue (proposition des auteurs du site DORIS).
Clavelina : du latin [clava] = clou, massue, qui a la forme de massue
oblonga : du latin [oblongus] = allongé, oblong.
Numéro d'entrée WoRMS : 103554
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Clavelinidae | Clavelinidés | Ascidies pédonculées en forme de petites massues. 4 genres : Clavelina, Euclavella, Nephtheis, Pycnoclavella (rq: la famille des Pycnoclavellidae n'est plus valide). |
Genre | Clavelina | ||
Espèce | oblonga |
Colonie en boule dense à Thau
Le plus souvent Clavelina oblonga forme des colonies organisées en boule bien régulière et accrochées sur divers supports durs, de préférence artificiels.
Thau, Sète (34), 4 m
20/05/2015
Lagune en Corse
Clavelina oblonga a envahi, le temps de l'été, des pieux en bois dans une lagune de la côte est de la Corse où cette espèce est présente depuis des dizaines d'années.
Lagune d'Urbino, Corse, 1 m
26/08/2007
Anneaux mouchetés autour des siphons
L'aspect moucheté des fins anneaux blancs entourant les siphons inhalants et exhalants est caractéristique de Clavelina oblonga.
Port des Pauvres, étang d'Ingril, Frontignan (34), 0,3 m
03/10/2016
En Martinique
Clavelina oblonga est originaire des Caraïbes où elle affectionne les petits fonds avec des supports verticaux comme les racines de palétuviers, les cordages, les épaves ou les piliers de ponton comme sur cette photo.
Anse Mitan, Martinique (972), 1 m
16/12/2016
Mélangé avec diverses autres ascidies
Clavelina oblonga, translucide et moucheté, se trouve au centre gauche de ce bouquet d'ascidies composé principalement de l'ascidie de mangrove jaunâtre Ecteinascidia turbinata. La tache orange en bas à gauche montre Botrylloides nigrum.
Anse Mitan, Martinique (972), 0,5 m
16/12/2016
Aux Açores
L'endostyle* tacheté de blanc correspond aux gros traits clairs visibles sur cette colonie d'Atlantique Est. Clavelina oblonga est présente aux Açores depuis des dizaines d'années.
Ilheus da Madalema, Pico, Açores, 10 m
06/07/2016
Détails des zoïdes
La tunique translucide légèrement laiteuse ne laisse transparaître que le long sac branchial avec ces nombreuses (15 ou plus) rangées de fentes branchiales. L'abdomen et le post-abdomen ne sont pas bien visibles.
Le Ponton, bassin de Thau (34), 4 m
16/10/2016
Développement saisonnier
Visuellement absente pendant l'hiver, Clavelina oblonga se développe de façon explosive au printemps. Notez la taille très variable des individus de cette jeune colonie.
Les Tables, bassin de Thau (34), 3 m
20/05/2017
Vieil amas à l'automne
La claveline vaporeuse régresse rapidement après l'été dans les étangs littoraux en Méditerranée. Les pédoncules portant les thorax correspondent à l'abdomen et au post-abdomen. Ils sont bien visibles sur cette colonie en mauvais état.
Le Ponton, bassin de Thau, 5 m
24/09/2016
Dessin anatomique ancien
lv : larve* en incubation dans la cavité cloacale,
em : embryon,
sd : spermiducte*,
st : estomac,
in : intestin,
od : oviducte.
Van Name W.G., 1945, THE NORTH AND SOUTH AMERICAN ASCIDIANS
Reproduction de documents anciens
1945
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Lyerla T.A., Lyerla J.H., 1978, A preliminary study of electrophoretic variation of enzymes in the tunicates Clavelina picta and Clavelina oblonga, Comparative Biochemistry, 59(2), 111-116.
Ordóñez V., Pascual M., Fernández-Tejedor M., Turon X., 2016, When invasion biology meets taxonomy: Clavelina oblonga (Ascidiacea) is an old invader in the Mediterranean Sea, Biological Invasions 18(4), 1203-1215.
Rocha R. M., Kremer L., Fehlauer-Ale K., 2012, Lack of COI variation for Clavelina oblonga (Tunicata, Ascidiacea) in Brazil: Evidence for its human-mediated transportation?, Aquatic Invasions, 7(3), 419-424.
Salfi M.,1929, Sulla blastogenesi in Clavelina e su una nuova specie del genere, Pubblicazioni della Stazione Zoologica di Napoli, 9, 195-201.
La page de Clavelina oblonga dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN