Éponge revêtante épaisse
Orange foncé à marron
Ponctuations blanches caractéristiques soulignant les canaux aquifères
Espèce des petits fonds durs semi-éclairés
Clathria de Jolicoeur
Clathria jolicoeuri (Topsent, 1892), alternative valide
Rhaphidophlus jolicoeuri Topsent, 1892
Tenacia jolicoeuri (Topsent, 1892)
Clathria (Microciona) jolicoeuri (Topsent, 1892)
Thalysias jolicoeuri (Topsent, 1892)
Méditerranée, côtes occidentales de l'Afrique centrale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette espèce est présente avec certitude en Méditerranée depuis les côtes catalanes espagnoles jusqu'au sud de l'Italie ainsi qu'en mer Égée. On peut la rencontrer également sur les côtes occidentales de l'Afrique, de la Mauritanie au golfe de Guinée.
Cette éponge vit sur des substrats* durs dans des biotopes* semi-ombragés de l'infralittoral* entre 2 et 15 m de profondeur. On la trouve sur les parois verticales ou sous les surplombs de la roche, sur les algues du genre Cystoseira, ou encore sur les coquilles de mollusques vivants comme les arches de Noé. De rares observations l'ont signalée jusqu'à 100 m de profondeur (mer Égée).
Clathria (Thalysias) jolicoeuri est une éponge revêtante (c'est-à-dire couvrant largement les supports autour d'elle), de couleur orange foncé à marron, tendant parfois vers le rouge orangé. Elle est parsemée de nombreux points blancs soulignant un réseau aquifère* convergeant vers des oscules* ronds et légèrement surélevés. Elle forme des plaques épaisses de plusieurs cm². Elle peut prendre parfois une forme massive avec de nombreux lobes disparates et atteignant chacun 3 à 10 mm de diamètre. Sa consistance est molle.
Spirastrella cunctatrix : de couleur orange terne, elle encroûte de larges surfaces sous les surplombs à l'abri d'un éclairement direct. Sa surface est plus rugueuse au toucher que Clathria jolicoeuri et ne présente pas de points blancs.
Crambe crambe : de couleur plus rouge-orangé vif, elle encroûte également les petits fonds éclairés. Elle peut aussi se présenter sous une forme lobée et recouvrir certaines coquilles de mollusques vivants (arches de Noé, spondyles…). Elle ne présente pas de points blancs.
Il est aussi possible de confondre cette éponge avec une ascidie coloniale, confusion facilitée par les points blancs qui simulent l'emplacement des zoïdes*.
Comme tous les spongiaires, Clathria (Thalysias) jolicoeuri est un animal filtreur* microphage* : les cils des choanocytes* créent des mouvements d'eau dans la cavité gastrique. L'eau entre par les nombreux petits trous (pores inhalants) et sort par les grands trous ou oscules (pores exhalants). Puis les cellules ciliées* captent et digèrent les particules organiques microscopiques et les produits de la digestion sont distribués aux autres cellules de l'organisme.
La reproduction peut être sexuée ou asexuée (bourgeonnement), sans plus de détails pour cette espèce peu étudiée.
Cette éponge, comme Crambe crambe, peut recouvrir certaines coquilles de bivalves présents sur la roche et vivants (arches de Noé,…).
Clathria (Thalysias) jolicoeuri comme plusieurs autres éponges molles utilise parfois les scyphopolypes de Nausithoe punctata, un scyphozoaire, comme substitut aux fibres squelettiques, réduisant vraisemblablement ses dépenses métaboliques associées à la construction squelettique.
Description microscopique :
Les spicules* mégasclères* sont des styles* lisses et robustes de 315-330 x 13-15 µm, des subtylostyles* droits et lisses de 335-360 x 4 µm disposés en touffes compactes dans l'ectoderme et, en petit nombre, de minuscules acanthostyles* épineux de 45 x 0,003 µm. Les microsclères* sont des toxes* de toutes tailles (30 à 330 µm) particulièrement nombreux.
Clathria veinée à points blancs est une proposition des auteurs de DORIS.
Clathria : du latin [clathri-] lui-même venant du grec [clathr-] = grillage, treillis, grille, à l'image du squelette de fibres de spongine* et de spicules mégasclères* formant un réseau.
jolicoeuri : en l'honneur du Docteur Henri Jolicoeur (1839-1895), collègue très apprécié d'Émile Topsent, biologiste marin spécialiste des éponges.
Numéro d'entrée WoRMS : 167744
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Poecilosclerida | Poécilosclérides | « Eponges à spicules variés ». Charpente de spicules siliceux (styles ou acanthostyles) renforcée de spongine. Plusieurs types de mégasclères et de microsclères (chèles, sigmas...). |
Famille | Microcionidae | Microcionidés | |
Genre | Clathria (Thalysias) | ||
Espèce | jolicoeuri |
Forme claire sur une arche de Noé
On peut confondre Clathria jolicoeuri avec l'éponge orange Crambe crambe qui affectionne aussi les coquilles de l'arche de Noé, mais les pointillés blancs feront la différence.
Arcs del Dui, Estartit, Costa Brava (Espagne), 15 m
18/09/2015
Forme marron et forte ponctuation blanche
L'aspect typique de Clathria jolicoeuri est celui-ci. Les points blancs ne sont pas toujours aussi marqués. Ici ils soulignent particulièrement bien le réseau de canaux aquifères convergeant vers un bel oscule.
Côte Vermeille, Catalogne française
1999
Largement étalée sur la roche
Cette éponge encroûtante peut couvrir une surface de 10 à 20 cm de longueur.
Tamaris, Côte Bleue (13), 4 m, de nuit
29/09/2006
Croûte au contour très irrégulier
La couleur de Clathria jolicoeuri peut être orange assez vif comme ici où elle se montre sous sa forme encroûtante au contour irrégulier. Les masses ovoïdes violettes à gauche appartiennent à l'ascidie coloniale Cystodytes dellechiajei.
Arcs del Dui, Estartit, Catalogne espagnole, 15 m
18/09/2015
Forme lobée sur une arche de Noé
Clathria jolicoeuri fait partie des éponges qui recouvrent les arches de Noé. Elle se présente ici sous sa forme ramifiée avec quelques longs lobes érigés.
Figuerolles, La Ciotat (13), 12 m
01/07/2013
Eponge orange foncé tachetée de blanc
En compagnie d'une algue rouge Peyssonnelia sp., Clathria jolicoeuri est caractérisée par les nombreux petits points blancs qui recouvrent sa surface. Ses oscules sont de belle taille.
Jardin de Sausset-les-pins (13), 10 m
15/08/2005
Sur une pierre
Nous sommes encore ici dans une zone relativement éclairée où les algues calcaires encroûtantes sont régulièrement nettoyées par les oursins.
La Ciotat (13), 12 m
01/04/2013
En compagnie des algues
Cette éponge est typiquement observée sur les parois verticales des pierres par petits fonds en compagnie des algues de l'infralittoral.
Port d'Alon, St Cyr-sur-Mer (83), 10 m
18/01/2014
Forme massive et lobée
Vue en apnée, cette éponge épaisse est couverte de protubérances de tailles diverses et souvent terminées par un oscule.
Marseille (13), 4 m
18/08/2012
Clathria jolicoeuri et Nausithoe punctata
Le petit polype de la méduse cosmopolite Nausithoe punctata est systématiquement enchâssé dans différentes espèces d'éponges molles dont Clathria jolicoeuri en Méditerranée. Au centre de la photo il s'agit d'un oscule, les polypes sont visibles, avec leurs tentacules à droite. L'éponge jaune à bulles est Prosuberites longispinus.
Arcs del Dui, Estartit, Catalogne espagnole, 13 m
18/09/2015
En Corse
Les pointillés blancs de cette éponge encroûtante aide à reconnaitre Clathria (Thalysias) jolicoeuri.
Golfe d'Ajaccio, Corse (2A), 20 m
01/07/2019
Dessins des spicules
Voir le § "Divers biologie" pour plus de détails.
Emile Topsent, page 659, figure 14.
Reproduction de documents anciens
1925
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Rédacteur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Topsent E., 1892, Diagnoses d'éponges nouvelles de la Méditerranée et plus particulièrement de Banyuls, Archives de Zoologie expérimentale et générale, (2), 10, 17-28.
Topsent E., 1925, Étude des spongiaires du golfe de Naples, Archives de Zoologie expérimentale et générale, 63, 623-725.
La page de Clathria (Thalysias) jolicoeuri sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires : World Porifera Database
La page de Clathria (Thalysias) jolicoeuri dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN