Coquille petite, globuleuse et solide, à 5 à 6 tours convexes
Cordons granuleux constitués de petits tubercules arrondis
Ombilic ouvert, plutôt étroit, profond et crénelé au bord
Ouverture ovale et froncée en présence des dents et nombreux plis intérieurs
Columelle concave avec une petite dent ronde à la base et une deuxième, grande et bifide
Couleur typique rouge corail avec parfois des ponctuations ou taches blanches rayonnantes
Troque corallin, troque de Couture, otavie coralline, le Fujet
Red topshell, strawberry topshell (GB), Trottola (I), Erdbeer Mittelmeerschnecke, Kreiselschnecke (D), Tolhoren (NL), Kotouč korálový (Tchéquie), Koraljni zvrk (Croatie)
Zones DORIS : Méditerranée française.
Zones DORIS : ○ [Méditerranée française]Les troques-corail, endémiques* de Méditerranée, sont présentes dans les deux bassins : côtes françaises, italiennes, dalmates, albanaises, en mer Égée pour le bassin occidental, à Malte, sur les côtes syriennes et libanaises, dans le détroit des Dardanelles et dans la mer de Marmara pour le bassin oriental où cette espèce est considérée comme fréquente. Elles semblent être un peu plus rares, voire absentes, dans certaines régions où les conditions du substrat* ne leur conviennent pas : côtes sud et occidentale de l’Espagne, côte Vermeille (Port-Vendres, Collioure, Cerbère…). Leur présence dans le secteur extrême nord-est de la Méditerranée, à savoir dans le détroit du Bosphore et en mer Noire semble être également exclue.
Dans la partie sud de la Méditerranée, elles sont repérées le long des côtes rocheuses tunisiennes et en Egypte.
L’espèce est par ailleurs complétement absente à l’ouest de Gibraltar ainsi que sur les côtes marocaines à proximité.
Quant à la localité type au Sénégal (les îles de la Madeleine au large de Dakar), indiquée par Adanson en 1757 pour son espèce nommé « Fujet », les différents auteurs malacologues partagent aujourd’hui la conclusion qu’il s’agirait d’une localité erronée et que l’exemplaire archivé dans le cadre de la collection sénégalaise d’Adanson serait un intrus, provenant d’un voyage différent.
Les troques-corail vivent à proximité des côtes rocheuses et sous les pierres, dans les zones immergées et peu profondes. Leur présence est souvent associée aux fonds coralligènes*, en présence d’algues rouges encroûtantes et d’éponges.
Elles vivent depuis 2 m de profondeur jusqu’à normalement 20 m, mais il n’est pas rare de les rencontrer jusqu’à 60 m. Exceptionnellement, elles ont été observées jusqu’à la profondeur de 230 m, ce qui est bien plus que toutes les autres troques présentes en Méditerranée.
Les recherches espagnoles et italiennes confirment la présence des troques-corail également dans les grottes sous-marines, en l’absence de lumière (en zone obscure). Il s’agit des conditions que les troques-corail semblent apprécier beaucoup plus que les autres espèces méditerranéennes du genre Clanculus.
Les troques-corail possèdent une petite coquille solide, globuleuse plus ou moins conique, un peu plus large que haute. La coquille compte 5 à 6 tours de spire* qui sont convexes, le dernier est bien arrondi. La hauteur atteint généralement 7 à 9 mm, le diamètre 9 à 11 mm.
Les tours de la coquille sont séparés par une ligne de suture* fine et bien marquée, sans pourtant être très profonde. Les tours portent des cordons formés par des tubercules* granuleux et luisants. Les différentes sources indiquent le nombre de 6 cordons dans les tours supérieurs (ou sur l’avant-dernier tour), 13 à 15 dans le dernier, venant entourer la cavité ombilicale*. Les cordons sont généralement d’épaisseur pratiquement égale, mais les rangs supérieurs peuvent présenter des granulations un peu plus grosses que celles des rangs inférieurs. En réalité, les tubercules en forme de perles sont différents en nombre et en taille selon les spécimens et, chez un même spécimen, selon le cordon.
La surface de la coquille est entièrement perlée et cela même à sa base où les derniers cordons concentriques restent également plus ou moins granuleux. Les intervalles des cordons sont finement striés, notamment sur le dernier tour de spire où les cordons sont un peu plus espacés.
Vue de dessous, l’ombilic* est ouvert, plutôt étroit, profond et crénelé au bord avec plusieurs petites dents. La cavité ombilicale est blanche et lisse à l’intérieur.
L’ouverture de la coquille est blanche, nacrée. Le rapport entre la hauteur de l’ouverture et la hauteur totale est d’environ 0,57. Le labre* (lèvre droite de l’ouverture) paraît relativement épais et fortement plissé avec 6 à 9 plis intérieurs dont le dernier pli est plus important que les autres, pouvant être assimilable à une dent (dent anale). La columelle* est insérée profondément dans l'ombilic. Elle est bidentée avec une petite dent ronde au bord de l’ombilic (dent columellaire* supérieure) et une deuxième grande dent caractéristique à son extrémité. Cette deuxième dent (dent columellaire inférieure), typique pour l’espèce, atteint environ 1 mm de largeur et 1 mm de hauteur. Elle est quadrangulaire et traversée par un sillon médian qui s’arrête, façonnant la dent en cuillère, ou qui la traverse sur toute sa hauteur, rendant la dent bifide*. Parfois cette division est moins visible. Le sommet de cette dent est légèrement incliné vers l’intérieur de l’ouverture. En présence des dents et des plis, le bord de l’ouverture paraît irrégulier et froncé ; il est parfois comparé à un trapèze ou une tétragone. L’opercule* est circulaire, il est mince, corné et multispiré*. Attaché au pied de l’animal, il permet à l’animal de refermer l’entrée de la coquille.
La couleur typique de la coquille est d’un rouge corail (rouge vif) ou rose, parfois rouge sang. Mais elle peut être d’un rouge-brun, rouge foncé, brune ou brun-ocre, homogène ou parsemée de petites ponctuations blanches peu visibles sur les tours. Ces ponctuations correspondent à des tubercules (perles) de couleur plus claire que les autres. Elles sont généralement plus apparentes immédiatement sous la suture. D’autres petites taches claires sont présentes à la base, près de l’ombilic, où elles peuvent donner un léger aspect tesselé* comme c’est le cas chez les autres espèces congénères. Parfois la coquille est ornée de taches plus grandes ou de bandes radiales larges et blanches.
Les parties molles de l’animal présentent une couleur plutôt claire, crème ou jaunâtre avec quelques zones en brun clair au niveau de la tête, des tentacules* et sur les parties latérales du pied*.
C. corallinus présente les caractéristiques qui sont communes à toutes les espèces du genre, et notamment un corps mou qui dépasse que de très peu l’emprise de la coquille lors du déplacement normal de l’animal. Le pied est court et les parties que l’on peut observer comptent essentiellement la partie avant de la tête avec ses tentacules et ses petits yeux noirs. Les yeux sont situés à l’extrémité de pédoncules* courts positionnés à la base des tentacules céphaliques*. Quatre tentacules épipodiaux*, plus fins et plus courts, sont situés de chaque côté du pied. Les appendices intertentaculaires (organes sensoriels épipodiaux) sont petits et simples. La radula* de ce mollusque est garnie d’une dent centrale en forme de losange et large à la base, dite rhomboïde, de dents latérales rudimentaires et de dents marginales disposées en rangées très obliques.
Contrairement aux autres Clanculus méditerranéens, l’espèce est peu variable en couleur et morphologiquement. Citons notamment var. atra ou brunnea de couleur brune, voire très foncée, var. punctata avec des taches blanches ou des variétés morphologiques comme var. depressa, minor ou var. turriculata qui est une variété fossile.
En Méditerranée, la troque-corail ne peut être confondue avec aucune autre espèce ; les cordons granuleux constitués de petites perles arrondies et la forme typique de son ouverture dentée la font aisément distinguer des espèces ressemblantes.
- Clanculus cruciatus est une espèce méditerranéenne qui peut être confondue avec des spécimens bruns de C. corallinus. Elle présente une forme très semblable à celle de C. corallinus, mais un individu adulte de la troque-corail est généralement un peu plus grand, même si ce caractère peut être considéré comme facilement négligeable. Les deux espèces possèdent les cordons granuleux, mais ces derniers deviennent lisses à la base de la coquille de C. cruciatus alors qu’ils restent plus ou moins granuleux chez C. corallinus. En revanche, la forme des dents de ces deux troques est très différente. La columelle* est détachée et plus droite (seulement très légèrement arquée) chez C. cruciatus et elle ne présente qu’une denticulation très simple sous forme de deux petites dents pointues, au droit de la cavité ombilicale* et à son extrémité. La columelle de la troque-corail est plus tordue, fortement concave et la deuxième dent, à l’extrémité de la columelle, est large et généralement dédoublée (divisée en deux).
- Clanculus pseudocorallinus (Gofas, 1984) est une espèce de l’océan Atlantique éloignée de C. corallinus de plusieurs milliers de kilomètres. Elle est considérée présente le long des côtes africaines de l’ouest, notamment dans la région de l'Angola. Les observations enregistrées au São Tomé-et-Príncipe ou en Namibie restent à confirmer. La coquille de C. pseudocorallinus est un peu plus petite, atteignant 6 mm de hauteur et 8 mm de plus grand diamètre. Cette troque diffère de la troque-corail par la dent inférieure de la columelle qui devient aussi grande mais non bifide et par les cordons de la base qui sont nombreux et fins, alors qu’ils sont moitié moins nombreux, gros et espacés chez C. corallinus. Les études disponibles signalent la profondeur où C. pseudocorallinus est observé entre 1 m et 10 m, alors que la troque-corail est fréquemment présente dans les profondeurs beaucoup plus importantes (jusqu’à 60 m, voire plus).
Quelques autres espèces de l’ordre Trochida peuvent présenter une coloration similaire de la coquille à celle des troques-corail. En Méditerranée, c’est le cas des espèces suivantes :
- Homalopoma sanguineum (Linnaeus, 1758), un petit gastéropode de la famille des Colloniidae aussi appelé turbo-corail. Cette espèce se rencontre en Méditerranée et en mer Rouge et elle peut être d’un rouge aussi vif que C. corallinus. Elle possède une plus petite coquille de 4 à 7 millimètres de couleur rose ou rougeâtre, mais qui est dotée de stries au relief prononcé qui s'étirent sur la longueur de l'enroulement. Contrairement à la troque-corail, son ombilic est tout petit et rond, sans détachement de la columelle. L’ouverture est ronde et lisse, sans denticulation. Un autre critère sûr pour la distinction de ces deux espèces est l’absence de cordons granuleux chez le turbo.
- Gibbula turbinoides (Deshayes, 1835) et notamment la variété rubra en l’absence des taches plus claires. Cette espèce présente une petite coquille arrondie, légèrement plus petite (8 mm) que la troque-corail. La coquille est plus haute que large, contrairement à la troque-corail qui a la spire plus courte. Les tours sont finement striés, mais les cordons sont lisses, sans présenter une granulation quelconque. L’ombilic est également plus petit, rond et lisse. La columelle n’est pas détachée et l’ouverture arrondie ne présente ni dents, ni plis. Le corps visible de l’animal est de couleur orangée, clair avec les tentacules sensoriels plutôt jaunes. Cette gibbule est présente dans toute la Méditerranée, y compris sur la côte andalouse où la troque-corail est absente.
Comme toutes les espèces de la famille des troques, la troque-corail est exclusivement herbivore et détritivore. Elle se nourrit de détritus végétaux et d’algues microscopiques qui se développent sur les substrats* durs. En se déplaçant, la troque utilise sa radula* pour râper cette couche fine par des mouvements de va-et-vient et pour pouvoir ensuite avaler les particules détachées.
Les données sur la reproduction des troques-corail ou des espèces congénères, sans aucune importance commerciale ou écologique ne sont pas disponibles, à l’exception de Clanculus berthelotii (d'Orbigny, 1840), observé aux îles Canaries ou à Madère. Cependant, dans ce cas précis, il s’agit d’une exception dont le comportement reproductif est considéré par plusieurs comme atypique par rapport aux habitudes des autres espèces de la famille des Trochidae de la sous-famille des trochinae.
De manière générale, les sexes sont séparés chez les troques (espèce gonochorique*), mais aucun dimorphisme* dans la morphologie de la coquille n’a été observé. Certaines sources décrivent la fécondation extérieure, d’autres non, mais dans tous les cas l’évolution de la progéniture semble très rapide. Selon certains auteurs, le développement peut être direct sans passage par un stade larvaire* planctonique*. D’autres sources suggèrent un stade larvaire planctonique de durée variable selon que les conditions du milieu sont plus ou moins favorables. Les embryons* se métamorphosent* en larves trochophores* puis véligères* avant de se poser sur le fond et devenir de petites troques. D’une manière générale, le développement des larves est lecithotrophique*, c’est-à-dire que la larve se nourrit des réserves nutritives contenues dans l'œuf dont elle provient.
Il n’existe aucune donnée sur la durée de vie des troques-corail.
Cette espèce est souvent trouvée en Méditerranée au même endroit que les troques perlées Clanculus cruciatus. Elle est très généralement observée sur des substrats* durs en présence des éponges et des algues encroûtantes.
L’espèce est assez commune dans toute la Méditerranée, mais moins fréquente que les autres Clanculus méditerranéens. Les observations semblent régulières pendant toute l’année, notamment dans les premiers 20 mètres de profondeur.
La troque-corail est rencontrée également à l’état de fossile et subfossile. Les origines de la troque-corail remontent dans l’Eocène parisien (époque géologique s'étendant d’il y a 56 à 34 millions d’années avant le présent) qui connait, dans les sables moyens d’Auvers, une forme ancestrale fossile nommée Clanculus Ozennei (Crosse, 1862). Selon Bucquoy, Dautzenberg et Dollfus, 1882-1886, l’espèce elle-même se trouve dans le Miocène (il y a 23 à 5,3 millions d'années avant le présent) de Touraine, du Bordelais en France ou de Modène en Italie, le Pliocène (il y a 5,3 à 2,6 millions d'années avant le présent) du Rhône, des Alpes-Maritimes, d’Italie où elle est considérée comme fréquente, voire très fréquente et le Pléistocène (époque s'étendant de 2,5 millions d'années à 11 700 ans avant le présent) d’Italie, de Sicile et de Rhodes. Il est à noter que dans le calcaire méditerranéen, les coquilles fossilisées de Clanculus corallinus conservent plus ou moins leur coloration rouge typique. Quant aux autres types de roches où les coquilles fossilisées peuvent être rencontrées, Philippi, 1844 signale les observations de cette espèce dans des tufs volcaniques de Palerme (Sicile, Italie). Dans ce cas il s’agissait de fossiles de l'ère tertiaire. Pour mémoire, un tuf volcanique est une roche généralement tendre, résultant de la consolidation de débris volcaniques, généralement de taille inférieure à 4 millimètres, sous l'action de l'eau et formant un conglomérat.
Il est intéressant de rappeler que les fossiles datés du Miocène sont généralement légèrement plus grands que celles des périodes ultérieures (Pliocène, Pléistocène) et leurs plis dentaires sont plus développés. Ce phénomène est naturellement lié à l’évolution climatique dans l’histoire. Durant sa première moitié, le Miocène connait en fait une période de réchauffement, puis d'optimum climatique. La végétation tropicale remonte vers le nord, favorisant l'expansion des faunes africaines. À partir de 14,5 millions d'années, le climat connait une tendance au refroidissement et à l'assèchement, qui se poursuivra avec des fluctuations pendant le Pliocène, jusqu'à parvenir aux cycles glaciaires du Pléistocène. En conséquence, la croissance des différentes espèces marines se réduit.
Le nom de la troque-corail rappelle la couleur rouge vif des coraux. Il est intéressant de noter que les spécimens rouges de Clanculus corallinus présentent une fluorescence notable sous la lumière de Wood, parfois appelée « lumière noire ». Il s’agit d’une source émettant une lumière ultraviolette utilisée dans l'étude des surfaces picturales ou des surfaces vernies, mais également dans les diagnostics médicaux (en dermatologie). Cette fluorescence de la coquille se produit également chez son congénère C. cruciatus mais se limite uniquement aux zones de couleur claire.
En ce qui concerne la coloration naturelle des coquilles de C. corallinus, les études italiennes dédiées aux espèces présentes dans les grottes sous-marines ont mis en évidence l’influence de la lumière (ou plutôt de l’absence de cette dernière) comme facteur sur la coloration de certaines espèces de mollusques. A ce facteur peut être liée la présence de plusieurs espèces dépigmentées. Ce phénomène ne semble pas toucher C. corallinus dont les coquilles rencontrées en profondeur des grottes peuvent présenter une couleur plutôt verdâtre, différente de la couleur rouge vif typique pour les spécimens « extérieurs » aux grottes.
Les preuves d'utilisation des coraux rouges et des coquillages dont la coloration est intéressante de point de vue décorative remontent à la préhistoire avec des restes retrouvés dans des sépultures étudiées. Les espèces concernées font donc partie des éléments de l'histoire et de la culture méditerranéenne. La belle couleur rouge, le relief fin granulé et la forme arrondie des coquilles de la troque-corail sont bien des caractéristiques appréciées par nos ancêtres déjà 40 000 ans avant notre ère, comme le prouvent les recherches archéologiques menées dans la région de Menton en France ou dans les Préalpes de Vénétie (Italie).
Les petites coquilles arrondies étaient employées comme objets de parure et leur assemblage nécessitait la réalisation des perçages afin de pouvoir les enfiler.Le nom troque est une adaptation française du nom scientifique [Trochus], en latin, basé sur le mot grec ancien [trokhós] qui signifie roue, disque ou cerceau et, à l'origine, « celle qui roule ». La première mention de ce nom daterait de 1558 (édition posthume en français, sinon 1554), elle est attribuée au naturaliste français Guillaume Rondelet (1507-1556) qui s’en est servi pour nommer diverses espèces de coquillages dans son œuvre « L’histoire entière des poissons », parue à cette date.
La deuxième partie du nom de la troque-corail correspond également à la traduction directe du nom scientifique, faisant référence à la coloration typique de l’espèce.
Clanculus : du latin [clanculum] = secret, caché. Le nom de genre a été créé en 1810 par le naturaliste malacologue Denys de Montfort (1766-1820). Denys de Montfort l’a créé pour le superbe Clanculus pharaonius en Mer rouge et le comparait à un « bouton caché sous une mouche ». Il est à noter qu’il existe des appellations équivalentes qui viennent en synonymie, comme Otavia de Risso utilisée en 1826 ou Fragella de Swainson de 1840. Ces dernières apparaissent dans les descriptions historiques de l’espèce ou de ses congénères.
corallinus : adjectif dérivé des mots latins [corallum] ou [corallium] = corail, provenant lui-même d’un mot plus ancien en grec [korállion] et faisant référence à la couleur rouge du squelette arborescent du corail rouge Corallium rubrum.
Par curiosité, nous ajoutons que le nom scientifique d’origine de la troque-corail Trochus corallinus utilisé par Gmelin, 1791 a été réutilisé dans l’histoire pour désigner une autre espèce. Il s’agit d’un gastéropode de la famille des Colloniidae, décrit initialement comme Trochus (Gibbula) corallinus par E. A. Smith, 1875 et portant aujourd’hui le nom scientifique de Gigahomalopoma amussitatum (Gould, 1861). Cette espèce, présente en Corée, au Japon et le long des côtes sud-orientales russes, possède également une coquille arrondie d’un rouge vif ou marron.
Numéro d'entrée WoRMS : 141771
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Vetigastropoda | Vétigastropodes | Coquille de forme très variable, la plupart des espèces possèdent un opercule. La tête possède une seule paire de tentacules céphaliques et le mufle porte la bouche. Des tentacules épipodiaux* (à rôle sensoriel) sont présents sur les côtés du corps. |
Ordre | Trochida | Trochida | |
Famille | Trochidae | Trochidés | Coquille de 3 à 130 mm, très variable, colorée ou avec des bandes sombres, quelques tours seulement. intérieur de la coquille nacré. Opercule corné, circulaire multispiré. 3 ou plus paires de tentacules épipodiaux le long du pied. d'après Wikipédia. |
Genre | Clanculus | ||
Espèce | corallinus |
Un gastéropode de petite taille
La coquille, en forme de toupie, est dite turbinée
Cap d’Antibes (06)
21/10/2018
Coquille perlée
La surface de la coquille est entièrement perlée et cela même à sa base où les derniers cordons concentriques restent également plus ou moins granuleux.
Cap d’Antibes (06)
16/09/2018
Taches blanches
La coquille rouge peut être ornée de petits points blancs plus ou moins réguliers ou parfois de taches blanches plus grandes, rayonnantes du sommet.
Golfe d’Ajaccio, Corse (2A), 15 m
25/09/2021
Ouverture plissée
Le dernier tour de spire présente une forme arrondie, mais à cause de la présence de nombreux plis et dents sur le bord de l’ombilic, sur la columelle et sur le côté intérieur du labre l’ouverture paraît de forme irrégulière et plissée.
Tombant du Lido, Villefranche-sur-Mer (06)
27/07/2013
Tentacules
La tête de l’animal dépasse à peine de l’ouverture de la coquille. On distingue deux longs tentacules céphaliques marron clair et quatre tentacules épipodiaux plus fins et plus courts.
Port de Stareso, pointe de La Revellata, Corse (2B), 10 m, de nuit
23/10/2021
Tête
La tête de l’animal dépasse à peine de l’ouverture de la coquille. Deux petits yeux noirs sont situés à l’extrémité de courts pédoncules positionnés à la base des tentacules céphaliques.
Cap d'Antibes (06)
23/09/2018
Un abri bien venu
Les coquilles de troques-corail abandonnées peuvent servir d’abri aux petits bernard-l'ermite, ici Cestopagurus timidus très certainement.
Sausset-les-Pins (13), 10 m, de nuit
16/08/12011
Cordons perlés
Les tours de la coquille sont sculptés par des cordons quasi réguliers et granuleux, constitués de petits tubercules arrondis faisant penser à des cordons de perles. Ces cordons sont typiques pour l’espèce.
Note : les collections de coquillages que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Plage du Bain des Dames et Plage du Cap Croisette, Marseille (13), en laisse de mer
12/2024
Coloration typique
La couleur rouge ou rose foncé est typique pour l’espèce. Sur la photographie de droite, les coquilles roses plus petites appartiennent au turbo-corail, Homalopoma sanguineum (Linnaeus, 1758). Contrairement à la troque-corail, son ombilic est tout petit et rond, sans détachement de la columelle et l’ouverture est ronde et lisse, sans denticulation.
Note : les collections de coquillages que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Plages de Marseille (13) et Hyères (83), en laisse de mer
2024
Comparaison de la denticulation
La columelle de Clanculus corallinus est insérée profondément dans l'ombilic. Elle est détachée et présente une petite dent ronde au bord de l’ombilic et une deuxième grande dent caractéristique à son extrémité.
Note : les collections de coquillages que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Hyères (83), Presqu'île de Giens, laisse de mer, en épaves
05/2024
Comparaison avec Clanculus cruciatus
Parmi les espèces du genre Clanculus rencontrées en Méditerranée, seules la troque-corail (C. corallinus), à gauche sur la photo, et la troque perlée (C. cruciatus), à droite, possèdent les cordons granuleux. La spire de la troque perlée est plus élevée, les tours de spire de la troque-corail sont plus larges. La columelle de la troque-corail est tordue et présente deux dents bien visibles, relativement rapprochées. Une troisième dent se situe en face, sur le labre.
Note : les collections de coquillages que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Plage le Bain des Dames, Marseille (13), en épaves
19/01/2025
Clefs d’identification
Principales clefs d’identification de Clanculus corallinus.
Note : Les collections de coquillages que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Plages de Marseille (13), en laisse de mer (en épaves)
12/2024
Rouge corail
Vue de Trochus corallinus (syn.) de profil et de dessous. L’auteur précise : « Coquille globuleuse avec courbures arrondies, finement granulée avec environ 6 cordons dans les tours supérieurs et 14 dans le dernier, généralement rouge avec ombilic crénelé. La columelle présente une grande dent bifide, le labre avec des plis épais. »
Fig. 12, planche 14 dans « Die Kreiselschnecken oder Trochoideen » par R. A. Philippi.
Reproduction de documents anciens
1846
Otavie coralline
Sous le nom synonymique d’Otavia corallina (otavie coralline), ce dessin, côté ouverture, montre les cordons perlés à la base de la coquille, l’ombilic crénelé, les plis sur le labre et les dents columellaires, typiques de l’espèce.
Fig.54, planche IV dans le Tome 4 de « Histoire naturelle des principales productions de l'Europe méridionale et principalement de celle des environs de Nice et des Alpes maritimes » par A. Risso.
Reproduction de documents anciens
1826
Dessin ancien
Dessin (sous le nom synonymique de Troque (Monodonte) de Couture) : vue de profil sur l’ouverture, identique pour les différentes variétés de couleur. En fig. 5 var. atra (brunnea), fig. 6 var. rose, un peu plus petite en taille.
Fig. 5 & 6, planche 10B dans "Faune française ou histoire naturelle, générale et particulière des animaux qui se trouvent en France" Malacozoaires ou animaux mollusques par H.M.D. de Blainville.
Reproduction de documents anciens
1828
Clanculus corallinus var. multigranus
Vues de profil et de dessous des Clanculus corallinus et C. corallinus var. multigranus. On remarque la différence entre les cordons à proximité de l’ombilic, plus fins et plus nombreux chez la var. multigranus.
Fig.1 et 2 planche 10 et fig. 14 et 15 planche 19 dans l’ouvrage "Manual of conchology, structural and systematic : with illustrations of the species - vol. xi - trochidae, stomatiidae, pleurotomariidae, haliotidae” par J.W. Tryon Jr. et H.A. Pilsbry.
Reproduction de documents anciens
1889
Coquilles fossiles
Dessin de coquilles fossiles : 21a et 21b de profil et 21c vue en dessous et grossie. Les petits tubercules arrondis couvrent l’ensemble de la coquille. Ils sont présents même sur les derniers cordons à proximité de l’ombilic.
Fig. 21a, 21b, 21c de la planche XI dans l'ouvrage "Les invertébrés du bassin tertiaire du sud-est de la France. Les Mollusques pliocènes de la vallée du Rhône et du Roussillon" par F. Fontanes, T. premier, Gastéropodes.
Reproduction de documents anciens
1879-1882
Bijoux préhistoriques
Cette photographie montre les traces de modifications anthropiques des coquilles de Clanculus corallinus datant de l’ère paléolithique (perforation, traces de chauffe). L’emploi des coquilles comme objets de parure est un fait admis grâce aux sépultures découvertes.
N.B. : Avec l’aimable autorisation des auteurs.
N° 6 et 7 de la fig. 5 dans « Les coquilles de mollusques des fouilles Émile Rivière aux Balzi Rossi (Vintimille, Italie) : apport des collections Goury (Musée Lorrain, Nancy, France) et Moll (Laténium, Hauterive, Suisse) » par C. Peschaux, F.-X. Chauvière, D. Henry-Gambier.
12/2022
Timbres de Malte
Timbres polychromes de la république de Malte, de 7 cents maltais. Fait partie d'une feuille de 16 timbres sur les gastéropodes marins des eaux maltaises.
N/A
Reproduction de documents anciens
2003
Rédacteur principal : Miroslava MATEJCEKOVA
Rédacteur : Philippe LE GRANCHÉ
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Adanson M., 1757, Histoire naturelle du Sénégal - Coquillages, J. B. Bauche, Paris, 567p., 19pl., 1 carte.
Brusina S., 1866, Contribuzione pella fauna dei molluschi dalmati, Verhandlungen der Kaiserlich-königlichen Zoologisch-botanischen Gesellschaft, Wien, 16 (complément), 1-134, pl 1.
Cattaneo-Vietti R., Russo G.F., 1987, Molluscs from submarine caves of the Sorrentine Peninsula (southern Tyrrhenian sea), Stygologia, Italie, 3, 2, 138-148.
Crosse H., 1862, Description d'un Clanculus nouveau des sables d'Auvers, Journal de Conchyliologie, 10, 182–185, pl 8.
Dautzenberg P., 1883, Liste de coquilles du Golfe de Gabès, Journal de Conchyliologie, 31, 289-330.
Fischer-Piette E., Fischer P., Germain L., Pallary P., 1942, Les mollusques d’Adanson, Journal de Conchyliologie, 85, 2-4, 101-366, pl 16.
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La page de Clanculus corallinus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN