Epervier de corail

Cirrhitus pinnulatus | (Forster, 1801)

N° 3779

Indo-Pacifique (mer Rouge exclue)

Clé d'identification

Corps trapu à dos élevé et tête massive, taille maximale 30 cm
Large bouche oblique aux lèvres épaisses, yeux globuleux en position dorsale
Couleur dominante généralement brune, avec trois rangées longitudinales de cinq à six taches blanches
Toupet de cirres sur chaque rayon dur de la dorsale
Rayons inférieurs des pectorales plus longs et plus robustes que les autres
Caudale arrondie

Noms

Autres noms communs français

Empervier de corail, domingue

Noms communs internationaux

Stocky hawkfish, marbled hawkfish, spotted hawkfish, white-spotted hawkfish, hard-headed hawk fish (GB), Solosolo robusto (E), Solosolo, erotra lovofihotsoka, fiantislavamay (Madagascar), Marmer-valkvis (Afrique du Sud)

Synonymes du nom scientifique actuel

Labrus pinnulatus Forster, 1801
Labrus marmoratus Lacepède, 1801
Cirrhites pinnulatus (Forster, 1801)
Cirrhitus maculatus Lacepède, 1803
Cirrhites maculosus Bennett, 1828
Cirrhitus alternatus Gill, 1862

Distribution géographique

Indo-Pacifique (mer Rouge exclue)

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

On peut rencontrer cette espèce dans les zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et des parties ouest et centre du Pacifique.
Dans l’océan Indien, elle est documentée des côtes d’Afrique de l’Est au sud de l’Afrique du Sud, ainsi qu’aux Maldives, aux Seychelles, dans l’archipel des Chagos, à Madagascar, aux Comores et dans les Mascareignes*.
Dans l'océan Pacifique, sa distribution vers l’est s’étend jusqu’à Hawaï et aux îles Pitcairn. Du nord au sud, on peut la trouver du sud du Japon aux îles Kermadec et à l’île de Pâques, en passant par Taïwan, la mer de Chine, les Philippines, la Papouasie-Nouvelle Guinée, l’Australie, la Nouvelle-Calédonie, Guam, les îles Marshall et la Polynésie Française.

Cirrhitus pinnulatus est « remplacé » en mer Rouge et dans le golfe d’Oman par Cirrhitus spilotoceps.

Biotope

Contrairement à ce que son nom commun suggère, Cirrhitus pinnulatus n’est pas associé aux coraux et préfère les fonds durs sur lesquels sa livrée le camoufle, y compris en milieu corallien. Il fréquente les fronts récifaux et les littoraux rocheux.
On le rencontre généralement jusqu’à 10 m de profondeur mais il a été documenté jusqu’à 23 m. Il privilégie les zones à hydrodynamisme soutenu.

Description

Description succincte : ce poisson-épervier a un corps trapu à dos élevé. La tête est massive, les yeux globuleux sont en position dorsale et les lèvres sont particulièrement épaisses. La couleur dominante du corps est généralement un brun plus ou moins foncé orné de trois rangées longitudinales de cinq à six grandes taches blanches. Des taches brunes à orange plus petites se superposent à ce patron. La tête est décorée de traits sinueux de couleur variable. Les nageoires impaires portent des taches brunes sur fond clair ou translucide.

Description détaillée :
Le corps est trapu avec un dos élevé et une tête massive, l’ensemble donnant une impression de robustesse. Sa hauteur (calculée à l’aplomb du cinquième rayon dur de la dorsale) entre de 2,6 à 3,1 fois dans la longueur standard (longueur sans la queue). Ce poisson-épervier est grand pour sa famille : la taille maximale documentée est de 30 cm, la taille communément rencontrée étant de 23 cm.

La couleur dominante du corps est un brun plus ou moins foncé qui peut devenir gris à vert olive par endroits. Elle peut être très claire chez certains individus. La partie ventrale du thorax et de l’abdomen* est blanche. Trois rangées longitudinales de cinq à six grandes taches blanches plus ou moins bien alignées et de forme et taille variables marquent les flancs. La première rangée longe le profil dorsal, la deuxième l’axe médian du corps et la troisième sa partie ventrale. On peut parfois compter quatre rangées de ces taches. Certains individus présentent cinq barres brunes alternées avec cinq barres blanches dans la moitié supérieure du corps ainsi que le même motif, décalé par rapport au premier, dans sa moitié inférieure, les barres brunes se rejoignant sur le pédoncule* caudal. De nombreuses taches brunes plus petites, qui peuvent tendre vers l’orange, voire le rouge, se superposent à ce patron. Ces taches sont elles aussi de taille et de forme variables

La tête, puissante, mesure environ un tiers de la longueur standard. Le museau est court et arrondi à son extrémité avec une large bouche oblique aux lèvres particulièrement épaisses. La lèvre inférieure est légèrement bilobée. La commissure des lèvres est située à l’aplomb ou légèrement derrière la verticale du milieu de l’œil. Les yeux, placés en position dorsale, sont globuleux, avec un iris* doré et une pupille piriforme* dont la pointe arrondie est dirigée vers l’avant. Les narines sont haut placées, la paire supérieure se trouvant sur la base des globes charnus qui portent les yeux, dans l’axe de la pupille. Les narines antérieures sont coiffées par un petit tube surmonté postérieurement par une touffe de cirres* longs et fins.

La tête est ornée de taches au dessin très irrégulier dont beaucoup forment par coalescence un motif vermiculé. Ces taches et ces motifs vermiculés peuvent être bruns, orange à rouges, parfois jaunâtres, et on peut observer plusieurs de ces couleurs se mêler chez le même individu. Un motif en Y marque souvent l’espace interorbitaire et le front, les branches du Y s’arrondissant pour rejoindre la partie postérieure des globes qui portent les yeux. Les taches du museau se prolongent sur la lèvre supérieure ; la lèvre inférieure porte des marques brunes à grises qui se prolongent sur la gorge. La partie latérale du globe enchâssant les yeux brun rosé à rougeâtre ; sa partie supérieure porte des taches identiques à celles qui marquent le reste de la tête. Une petite tache blanche marque le bord de la partie supérieure de l’opercule* au niveau de sa jonction avec la tête.

La nageoire dorsale est continue. Sa partie épineuse dessine un arc de cercle et est fortement échancrée. Tous les rayons durs arborent un toupet de cirres derrière leur pointe. Les premiers rayons de la partie molle sont nettement plus hauts que les derniers rayons durs. La dorsale a un profil régulier, la taille des rayons déclinant régulièrement de l’avant vers l’arrière.
L’anale est courte, elle commence à l’aplomb du 2e ou 3e rayon mou de la dorsale.
Les nageoires pectorales sont très particulières : les 7 rayons supérieurs sont branchus et pourvus de membranes, et les 7 rayons inférieurs, plus longs et plus robustes, ne sont ni branchus ni reliés par des membranes. Ces rayons ne servent pas à la nage, mais aux prises d’appui et à la progression sur substrat dur.
La caudale est légèrement arrondie.

La dorsale épineuse est jaunâtre avec deux ou trois taches brunes alignées verticalement sur les membranes avant un liseré brun foncé. Les toupets de cirres sont jaunes. La base de la dorsale molle est jaunâtre avec une à deux taches brunes sur chaque membrane, dont certaines chevauchent les rayons ; le reste est translucide mais de petites taches brunes peuvent se succéder sur les rayons.
L’anale présente le même motif jaunâtre à taches brunes sur toute sa surface, ses rayons durs ont une pointe jaunâtre.
Les rayons de la partie supérieure des pectorales sont brun clair et les membranes sont translucides ; ceux de la partie inférieure ont une base blanche avec une ou deux taches brunes, le reste étant d’un brun rouge plus ou moins clair. Les pelviennes sont translucides avec des rayons brun clair à rosés.
Les membranes de la caudale sont translucides, mais les rayons portent une succession de taches brun rouge cerclées de brun foncé. Les rayons extérieurs sont jaunâtres.

Espèces ressemblantes

Une seule des cinq espèces du genre Cirrhitus (C. albopunctatus) se trouve dans la distribution de C. pinnulatus. Sa couleur de fond est brun rouge et elle présente de nombreuses petites taches blanches disséminées sur la tête, le corps et les nageoires, celles qui ornent le corps étant distribuées en douze rangées longitudinales. Ces rangées traversent quatre rangées de taches claires plus grosses (de la taille de l’œil). Il n’est donc pas possible de confondre cette espèce avec l’épervier de corail.

En revanche, Cristacirrhitus punctatus (ex-Cirrhitus punctatus), peut prêter à confusion du fait de sa couleur brune et des zones d’un blanc jaunâtre qui parsèment sa livrée. Toutefois, sa tête est couverte de nombreuses petites taches blanches, ce qui suffit à le différencier de C. pinnulatus. Cette espèce se rencontre dans l’ouest de l’océan Indien (Mozambique, Afrique du Sud, Madagascar, La Réunion et Maurice).

Alimentation

L’espèce est carnivore et se nourrit essentiellement de crustacés divers (principalement de crabes), mais on trouve aussi dans ses contenus stomacaux de petits poissons, des poulpes, des étoiles de mer, des ophiures et des oursins.

Reproduction - Multiplication

Cirrhitus pinnulatus est hermaphrodite* probablement protogyne* mais ce dernier point n’est pas encore prouvé (la différence de taille entre les plus grands mâles et les plus grandes femelles le suggère cependant). Il est territorial, son organisation sociale est de type harémique*. Chaque territoire regroupe un mâle et plusieurs femelles, dont chacune a son propre territoire à l’intérieur de celui du mâle. Les accouplements ont lieu peu avant le coucher du soleil et se prolongent peu après. Après une cour orchestrée par le mâle, le couple fait une ascension rapide dans la colonne d’eau, à l’apex* de laquelle les gamètes* sont émis. Les larves* sont pélagiques*.

La durée de vie larvaire semble longue chez les Cirrhitidés : elle est de 62 à 73 jours chez Oxycirrhites typus, et d’une cinquantaine de jours chez Neocirrhites armatus. Les larves des espèces dont la distribution est vaste possèdent une vessie* natatoire qui disparaît à l’installation*. Il est probable que ce soit aussi le cas chez les autres espèces, mais la documentation manque.

Vie associée

L’espèce peut être parasitée par le ver nématode Camallanus sodwanaensis.

Divers biologie

L’espèce est benthique* et ne possède pas de vessie* natatoire, ce qui ne lui permet pas de nager dans la colonne d’eau. En revanche, comme tous les éperviers, Cirrhitus pinnulatus est bien arrimé à son poste d’affût grâce aux 7 robustes rayons inférieurs de ses pectorales, qui lui permettent aussi de se déplacer en « marchant » sur le fond. Une particularité étudiée chez cette espèce, probablement partagée par les autres poissons-éperviers, facilite leur nage d’un poste à un autre. En effet, une étude de Phleger (1975) montre que la flottabilité négative de C. pinnulatus est partiellement compensée par la présence dans son crâne d’une quantité d’huile supérieure à celle qu’on trouve dans d’autres familles de poissons. Cette forte présence lipidique explique par exemple pourquoi un spécimen congelé jeté à l’eau restera sur le fond en position verticale, seule la caudale touchant le substrat*.

L’épervier de corail est discret et méfiant. Il se cache dans les anfractuosités rocheuses pour surprendre ses proies et pour éviter les mauvaises rencontres. Il est actif de jour comme de nuit. Les individus sont solitaires.

La nageoire dorsale comprend 10 rayons durs et 11 rayons mous, l’anale 3 rayons durs et 6 rayons mous. Les nageoires pectorales ont 14 rayons, les 7 rayons inférieurs étant non branchus et plus forts que les autres.
La ligne* latérale comprend de 39 à 42 écailles.

Informations complémentaires

Gaither et Randall (2013) considèrent que l’espèce est divisée en deux sous-espèces, C. pinnulatus maculosus, cantonné à Hawaï et à l'atoll Johnston, et C. pinnulatus pinnulatus, qui occuperait le reste du domaine indo-Pacifique (mer Rouge et golfe d’Oman, occupés par C. spilotoceps, exclus). Cette position taxonomique n’a pas été retenue par la communauté scientifique. Selon les mêmes auteurs, il existerait une troisième population du genre Cirrhitus dans l’océan Indien et le Pacifique, qui serait génétiquement proche de C. spilotoceps, mais cette hypothèse demande à être confirmée.

Cirrhitus pinnulatus est pêché à la ligne depuis le rivage dans un cadre de pêche de subsistance.

L’épervier de corail est le plus grand représentant de la famille des Cirrhitidés dans le domaine indo-Pacifique. Le plus grand poisson-épervier du monde, Cirrhitus rivulatus, peut mesurer jusqu’à 60 cm et peser 4,2 kg. On le trouve dans l’est du Pacifique, entre le golfe de Californie et le nord de la Colombie, ainsi qu’aux îles Galápagos.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Son statut pour l'UICN* est LC (Least Concerned, traduit par « Préoccupation mineure »), ce qui signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, notamment dans les trois qui alertent sur une menace (CR : en danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : vulnérable). En fonction de quoi Cirrhitus pinnulatus n’est pas actuellement concerné par des mesures de protection.

Origine des noms

Origine du nom français

Épervier : les poissons-éperviers (ou poissons-faucons) sont ainsi appelés du fait de leur technique de chasse à l’affût. Perchés sur un massif de corail en appui sur les rayons inférieurs de leurs pectorales, ils surveillent les alentours et fondent sur leur proie à la manière des rapaces auxquels ils sont comparés.

de corail : cette précision est supposée décrire le type d’habitat de l’espèce, mais elle est malvenue puisque son habitat se trouve sur les fonds durs des récifs et les littoraux rocheux. Ce nom commun est cependant avalisé par la FAO*.

Origine du nom scientifique

Cirrhitus : ce nom vient du mot grec [kirrhos], donnant le latin [cirrus], qui signifie « frange, boucle de cheveux ou de crins, aigrette ».
Le genre est créé en 1803 par le zoologiste français Bernard-Germain de Lacépède (1756-1825) dans le tome 5 de l’Histoire naturelle des poissons (p. XIX et 3-4). Lacépède insiste dans sa description du genre comme dans celle de l’espèce-type* (Cirrhitus maculatus, actuellement Cirrhitus pinnulatus) sur la présence de « barbillons réunis par une membrane, et placés auprès de la pectorale, de manière à représenter une nageoire semblable à cette dernière ». Il ajoute dans la description de l’espèce-type que cette particularité, qu’il prenait pour une pectorale supplémentaire, donne à l’animal « un organe singulier » déterminant sa place dans la classification. C’est donc ce groupe de rayons différents des autres dans la partie inférieure des pectorales, qui évoque une frange de cheveux quand les rayons sont plaqués sur le corps, qui motive le nom du genre Cirrhitus et par extension les noms de genre qui y font référence.
N.B. : ni Macleay, le descripteur de la famille des Cirrhitidae en 1841, ni Lacépède dans sa description du genre Cirrhitus ne mentionnent la présence de cirres sur les narines et les rayons de la dorsale épineuse. Contrairement à une opinion répandue, ce ne sont donc pas ces caractéristiques qui expliquent le nom des genres dérivés du genre Cirrhitus.
Le genre contient actuellement cinq espèces acceptées.

pinnulatus : le mot vient du nom latin [pinnula], qui signifie « petite plume » et a donné le mot français pinnule. L’épithète spécifique signifie « doté de petites plumes ».
La description de l’espèce est basée sur celle de Johann Reinhold Forster (1729-1798), naturaliste allemand ayant participé à la seconde expédition de Cook (1772-1775). Elle est présentée en 1801 par Bloch et Schneider dans Systema Ichthyologiae Iconibus cx Ilustratum. Post obitum auctoris opus inchoatum absolvit, correxit, interpolavit Jo. Gottlob Schneider (p. 264), sous le nom de Labrus pinnulatus, donné par Forster. Les auteurs ne justifient pas l’épithète spécifique, mais le seul usage du mot « pinnula » dans la description (rédigée en latin) renvoie aux cirres présents sur la partie postérieure des narines antérieures. C’est donc cette particularité qui motive le nom de l’espèce.
La localité du type n’est pas précisée.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 218862

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopteri
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Ordre Centrarchiformes Centrarchiformes
Famille Cirrhitidae Cirrhitidés
Genre Cirrhitus
Espèce pinnulatus

Nos partenaires