Cione jaune de Edwards

Ciona edwardsi | Roule, 1884

N° 957

Méditerranée

Clé d'identification

Aspect d'un tube gélatineux de grande taille (10 cm) à deux ouvertures
Siphon inhalant comportant 8 lobes
Siphon exhalant comportant 6 lobes
Couleur jaune
Marge jaune prononcée autour des siphons
Forte contractilité
Plus profond que Ciona intestinalis et solitaire

Noms

Autres noms communs français

Ascidie jaune

Noms communs internationaux

Ciona, yellow sea-squirt (GB), Ascidia giallla (I), Budell, ascidia amarilla (E), Gelbe Seescheide (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Pleurociona edwardsi

Distribution géographique

Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Cette espèce est endémique de Méditerranée où elle est décrite comme relativement rare.

Biotope

Ascidie de couleur nettement jaune que l'on rencontre très occasionnellement sur des roches exposées aux courants dans la zone infralittorale, et en particulier enchâssée dans de petites failles de la roche ou du coralligène au-delà des 5 m et jusqu'à 500 m de fond.

Description

La cione jaune est une ascidie solitaire de grande taille, néanmoins elle peut également être observée en très petit groupe. A la fin de son stade larvaire, elle se fixe à un substrat, perd sa chorde, sa queue et son tube neural et prend l'aspect d'un sac à deux ouvertures qui peut atteindre une dizaine de centimètres de hauteur (taille maximale : 20 cm). Elle est de section presque cylindrique. Son corps lisse et gélatineux est fortement contractile. La couleur est jaune plus ou moins translucide.

Le siphon inhalant situé au sommet comporte 8 lobes, alors que le siphon exhalant, proche, latéral et plus court, n'a que 6 lobes. Chaque siphon est bordé par une marge jaune et est orné d'un point jaune ou rougeâtre. De courts rhizoïdes* (filaments de type crampon) fixent cette ascidie au substrat. L'anse intestinale est parfois aperçue par transparence.

Toutefois, il semble très difficile de différencier Ciona robusta (= Ciona intestinalis type B) de Ciona edwardsi et seule une dissection de l'animal peut garantir une bonne identification.

Comme toutes les ascidies, Ciona edwardsi présente une tunique gélatineuse ou cartilagineuse, composée de tunicine, une variété de cellulose, et de matière organique, qui recouvre le corps. L'intérieur de l'ascidie est appelé la chambre péripharyngienne. Le pharynx est pourvu de nombreuses fentes branchiales. Le système nerveux de l'adulte se limite à un ganglion cérébral. Un cœur en forme de tube est l'organe propulseur de l'appareil circulatoire. Il envoie le sang dans des sinus creusés dans le tissu conjonctif. Le flux change de sens toutes les 2 à 3 minutes. Le sang des ascidies est constitué de plusieurs sortes de globules. Le système digestif est composé d'un estomac et un intestin débouchant par un rectum et un anus.

Espèces ressemblantes

Ciona intestinalis (Linnaeus, 1767), la cione intestinale : n'est présente que en mer du Nord, Manche et océan Atlantique (pour l'Europe). De forme et taille identique, sa couleur est blanchâtre à jaune verdâtre plus ou moins translucide. La marge bordant les siphons est également jaune. Contrairement à C. edwardsi, C. intestinalis présente après dissection et sous microscope des cellules folliculaires allongées.

Ciona robusta Hoshino & Tokioka, 1967, la cione robuste ressemble à la cione intestinale avec des tubercules sur la tunique et une couleur plus nacrée.

Ciona roulei Lahille, 1887 : endémique de Méditerranée et décrite uniquement sur cinq sites en France et en Espagne, cette ascidie présente une tunique rougeâtre et claire avec des siphons bordés par une marge rouge sombre et ornés de points rouges. Contrairement à C. edwardsi, C. roulei présente après dissection et sous microscope des cellules folliculaires allongées.

Ciona savignyi Herdman, 1882 : présente dans la mer du Japon et rapportée sur la côte californienne et dans la région de Banyuls (correspond à Ciona intestinalis type C, non décrit) (66, France).

Alimentation

La cione jaune est un filtreur actif interne. L'eau est aspirée par le siphon inhalant ou siphon buccal. Elle est filtrée dans un pharynx branchial criblé de petites fentes et passe par une vaste cavité péribranchiale appelée atrium avant de ressortir par le siphon exhalant ou siphon cloacal. Sur la face médio-ventrale du pharynx on trouve une gouttière ciliée et glandulaire, l'endostyle, tandis que la face médio-dorsale porte une rangée saillante de languettes ciliées, le raphé. Les sécrétions muqueuses de l'endostyle engluent les particules alimentaires que l'eau amène dans le pharynx. Elles s'accumulent dans le raphé dorsal et sont entraînées par les battements ciliaires jusqu'à l'estomac. Les déchets sont évacués par l'anus situé dans le siphon cloacal.

Reproduction - Multiplication

La cione jaune est un hermaphrodite ovipare.

La reproduction peut avoir lieu toute l'année. La fécondation est externe et a lieu dans la colonne d'eau. Ovaires et testicules débouchent dans le cloaque. La reproduction sexuée de cette espèce ovipare produit un stade larvaire libre appelé têtard qui comprend une région antérieure élargie ou corps à laquelle fait suite une longue queue aplatie transversalement. Elle est entourée par une tunique dépourvue d'éléments cellulaires et constituée de cellulose. La queue est soutenue par une corde dorsale. Le tube nerveux caudal se prolonge dans le corps et s'y dilate en une vésicule cérébrale.

La vie libre de la larve est de courte durée. Quelques heures après son éclosion, la larve tombe sur un support auquel elle se fixe par des papilles adhésives de son extrémité antérieure. Elle subit alors une métamorphose régressive au cours de laquelle la queue et la vésicule cérébrale disparaissent.

Vie associée

Toute une biocénose peut vivre autour des ascidies. Des foraminifères s'incrustent sur la tunique, des algues peuvent s'y fixer. Des lamellibranches peuvent habiter au niveau des branchies. Des parasites et des symbiotes peuvent aussi exploiter divers organes de l'ascidie.

Cependant, Ciona edwardsi présente une tunique très propre, signe de ses fortes propriétés antifouling* ("antisalissures"). Cette caractéristique pourrait être due à la présence d'une bactérie du genre Pseudoalteromonas. Cette bactérie, également présente dans Ciona intestinalis, Ulva lactuca et Ulvaria fusca, présente en effet la capacité de produire des composants inhibant la croissance et la colonisation de ces organismes marins.

Informations complémentaires

Il semble très difficile de différencier Ciona intestinalis de Ciona edwardsi.

En 1890, Fernand Lahille écrivait que les modes de fixation sur les roches semblaient différer entre ces 2 espèces : Ciona intestinalis se fixant préférentiellement par de courtes villosités postérieures, Ciona edwardsi se fixant par tout le côté gauche. Mais en fait, cette caractéristique était plus fonction des grands courants qui existent, un individu en effet presque entièrement libre pouvant très facilement être arraché de son support.

Ces 2 ciones ne présentant aucune différence anatomique, ne pourraient donc, selon lui, constituer une espèce nouvelle et à plus forte raison un sous-genre nouveau. Il convenait de classer Ciona edwardsi comme une simple variété (Lahille, 1890).

Cependant, en 1981, Copello a montré que C. edwardsi était une espèce distincte de C. intestinalis.

Origine des noms

Origine du nom français

Cione jaune de Edwards est une proposition du site Doris.

Origine du nom scientifique

Ciona : du latin [cion-] = cire, et donc en forme de bougie de cire.

Edwardsi : en l'honneur de Henri Milne Edwards (1800 – 1885), disciple de Cuvier et de Audouin, entre autre, professeur au muséum national d'histoire naturelle de Paris.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Urochordata / Tunicata Urochordés / Tuniciers Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires).
Classe Ascidiacea Ascidies / Ascidiacés Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde.
Ordre Phlebobranchia Phlébobranches Le sac branchial* a des sinus longitudinaux qui portent ou non des papilles internes mais qui ne sont jamais plissés. Ascidies essentiellement solitaires. Gonades* situées sur l’anse du tube digestif ou à proximité.
Famille Cionidae Cionidés

Manteau gélatineux et fin. Cœur en forme de « V ». Un seul genre (Ciona) et 5 espèces en Europe.

Genre Ciona
Espèce edwardsi

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