Bryozoaire formant une croûte mince, translucide et brillante
Souvent ponctué de rose-rouge : présence d'embryons
Individus convexes, lisses, non perforés et fripés par des stries transversales
Individus (zoïdes) séparés entre eux par une zone perforée à l’aspect de mosaïque
Flustre de Brongniart (nom utilisé par Audoin)
Flustra brongniarti(i) Audouin, 1826
Cellepora brongniartii Audouin, 1826
Lepradia brongniarti(i) Waters, 1879
Rq : brongniartii est souvent trouvé avec un seul "i".
Cosmopolite des eaux chaudes et tempérées
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest, ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● CaraïbesChorizopora brongniartii est quasiment cosmopolite, excepté les mers polaires où elle semble absente. Les nombreuses observations dans diverses localités (océans Indien, Pacifique Est et Ouest, Atlantique, Méditerranée etc.) semblent bien correspondre à l'espèce, mais aucune étude approfondie n'a été menée à ce jour.
Ce bryozoaire encroûtant est surtout répandu dans l'Atlantique Ouest et en Méditerranée.
Des espèces du genre Chorizopora sont aussi retrouvées à l'état fossile en Europe (Miocène, Pliocène, Postpliocène).
Chorizopora brongniartii vit sur divers substrats* comme les algues (Flabellia petiolata, Halimeda tuna, Fucus spp., etc.), les feuilles de posidonies, les coquilles, les coraux, les pierres, les substrats nouvellement disponibles et sur tous les types de fonds, ceci dans les 150 premiers mètres sous la surface de la mer.
En Méditerranée où cette espèce est très abondante, le plongeur observera ce petit bryozoaire en priorité sur les feuilles caduques et vertes de l'herbier à posidonie.
Chorizopora brongniartii est un bryozoaire encroûtant, formant des croûtes minces, rarement de grande étendue, de couleur translucide à blanchâtre et d'aspect brillant. Les colonies propres, sans épibionte*, sont difficiles à apercevoir sous l'eau tellement leur translucidité est grande, et ce n'est qu'une fois sorties de l'eau qu'elles sont parfois découvertes.
La présence d'embryons dans les ovicelles* ponctue souvent la colonie de rose-rouge.
Les bords de la colonie sont arrondis et lobés. Leur taille habituelle est réduite, de l'ordre du centimètre, mais parfois bien plus grandes. Les individus (zoïdes*) lisses et bombés sont séparés les uns des autres par une zone perforée à l'aspect de mosaïque caractéristique.
Voir la description microscopique dans la rubrique "Divers biologie".
Du point de vue microscopique, Haplopoma spp. ou Trypostega spp. peuvent êtres confondues avec certaines colonies de Chorizopora brongniartii où le réseau interzoïdal ajouré est particulièrement réduit.
Comme chez tous les bryozoaires, la nutrition est assurée par la capture de particules alimentaires (phytoplancton*, en particulier) par les tentacules* du lophophore*, dont la sortie est assurée par une augmentation de la pression du liquide interne, phénomène obtenu grâce à la compression musculaire.
Une fois la gaine du lophophore* dévaginée, un mouvement pendulaire et circulaire des tentacules ciliés composant le panache de ce lophophore va permettre le brassage de l’eau environnante et favoriser ainsi la capture des micro-organismes composant le régime alimentaire de la colonie.
Ces animaux sont dits filtreurs actifs c’est-à-dire, des filtreurs suspensivores* microphages*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et les bactéries sont la base de l'alimentation de ce type de bryozoaire.
La croissance de la colonie se fait par bourgeonnement* périphérique de nouvelles zoécies* (= zoïdes*). La reproduction est sexuée et la colonie est hermaphrodite*. Les œufs fécondés produits par un zoïde femelle sont incubés dans les ovicelles* suboraux.
Après maturation, il va y avoir émission de larves* ciliées, qui vont être dispersées par les courants. Après une courte vie dans la colonne d’eau, la larve va se fixer sur un substrat adéquat et se métamorphoser en un zoïde primaire ou ancestrule*. Celui-ci bourgeonnera deux à trois zoïdes, qui bourgeonneront eux-mêmes.
Chez Chorizopora brongniartii les ovicelles*, les embryons de couleur rouge et les larves sont observés toute l'année en Méditerranée, les ancestrules d'avril à août dans la même mer.
Description microscopique :
Les zoïdes* sont de forme elliptique à ovale allongé, convexe, relativement peu calcifiés et la face frontale porte très souvent de fines stries transversales donnant un aspect fripé aux zoïdes, le plus souvent, lisses et non perforés.
L'ouverture est semi-circulaire à bord bas (proximal) droit.
Il n'y a pas d'ascopore*. Un umbo* suboral est parfois présent.
Un réseau interzoïdal caractéristique, perforé de quelques pores, relie les zoïdes entre eux. Il est formé de sortes de petits tubules (kénozoïdes*).
Les aviculaires* sont très petits, placés entre et au-dessus (en distal) des zoïdes ; leurs mandibules triangulaires sont orientées vers le haut (en direction distale).
Les ovicelles* allongées, lisses, non perforées et de forme arrondie, sont placées au dessus des zoïdes. Elles portent un aviculaire terminal apical et sont closes par l'opercule* de l'ouverture.
La taille approximative d'un zoïde est de 0,50 x 0,35 mm.
Les lophophores sont très clairs et portent 12 à 13 tentacules.
Chorizopora brongniartii est l’espèce-type* du genre Chorizopora Hincks (1879).
Chorizopore de Brongniart est une traduction du nom scientifique actuel.
Chorizopora : du grec [chorizo] = séparer et du grec [pora] = pore, orifice. Donc individus (zoïdes) séparés par une série de pores.
brongniartii : en l'honneur de Alexandre Brongniart (1770-1847), naturaliste français, collaborateur de Cuvier et contemporain d'Audouin au début du XVIIIe siècle.
Numéro d'entrée WoRMS : 111304
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Chorizoporidae | Chorizoporidés | Colonies encroûtantes. Ouverture semicirculaire. Parois frontale fne, non perforée. Aviculaires petits, indépendants. Ovicelles suboraux, proéminents, clos par l'opercule de l'ouverture. Communication interzoïdale par des extensions tubulaires ajourées, présence de petits kénozoïdes. |
Genre | Chorizopora | ||
Espèce | brongniartii |
Bryozoaire encroûtant communément les feuilles de posidonie
Ces deux petites colonies ovicellées* (présence de chambres incubatrices renfermant des embryons) sont ponctuées de rose-rouge.
A gauche, notez la petite ascidie coloniale blanchâtre de la famille des Didemnidés.
Collioure, Cerbère, Côte Vermeille (66)
N/A
Colonie ovicellée
La présence d'embryons dans les ovicelles* colore de rose-orangé et donne du relief à cette petite colonie. Elle est installée sur son support favori, une feuille verte de posidonie en compagnie d'un autre bryozoaire Electra posidoniae et d'une petite algue calcaire violacée. Ces trois espèces sont inféodées aux feuilles de posidonie.
Port-Cros (83), 15 m
19/05/2013
Colonies propres, très translucides
Sur une feuille verte de posidonie, trois petites colonies récentes de Chorizopora brongnartii sont à peine visibles compte-tenu de leur forte transparence. Notez que les lophophores* sont bien déployés ici.
Ile du Frioul, Marseille (13), 30 m
06/2003
Colonie propre, transparente
Ces colonies se sont développées sur une bouteille en verre, Chorizopora brongiartii fait partie des espèces pionnières occupant les nouveaux supports disponibles.
Un jeune "chapeau chinois" est présent au centre Calyptraea chinensis.
L'Elvine, Côte Bleue (13), 15 m
26/05/2013
Lophophores discrets
Les lophophores*, ici déployés, sont très clairs, presque transparents.
A droite, la masse charnue et orangée appartient à une éponge.
Entre les plaques fines formées par les colonies de Chorizopora brongniartii, les zones violacées sont des algues également encroûtantes.
Pain de Sucre, île du Levant (83), 15 m
30/05/2009
Grandes colonies sur une bouteille en verre
Sur une bouteille en verre jetée à la mer, de grandes colonies de Chorizopora brongniartii se sont rapidement installées. Elles sont déjà en fin de vie et commencent à être envahies par des algues encroûtantes calcaires de couleur mauve.
Pain de Sucre, île du Levant (83), 15 m (prélèvement)
30/05/2009
Nombreux petits aviculaires interzoïdaux chez la forme méditerranéenne
La coloration mauve est due à la présence d'algues encroûtantes calcaires recouvrant progressivement cette colonie (voir photo précédente).
Les flèches jaunes indiquent les petits aviculaires* ou les petits kénozoïdes* présents au niveau du large espace interzoïdal ajouré et à l'aspect de mosaïque, caractéristique de l'espèce.
Pain de Sucre, île du Levant (83), 15 m (prélèvement)
30/05/2009
Fine croûte translucide aux individus bien séparés
Sur cette macrophotographie, chaque individu (zoïde*) de la colonie est bien visible. Il est séparé des autres individus par une zone perforée caractéristique.
(Petite colonie de quelques millimètres de diamètre prélevée sur une feuille de posidonie et observée à la loupe binoculaire)
STARESO, Calvi (2B), prélèvement
10/2008
Détail de l'anatomie d'une colonie
- Ouverture semi-circulaire au bord bas (proximal) plat [flèches rouges],
- Face frontale des zoïdes* lisse, non perforée et fripée par de petites stries transversales [flèches bleues],
- Larges espaces interzoïdaux en forme de mosaïque ajourée par de larges pores [flèches mauves].
STARESO, Calvi (2B), prélèvement
22/10/2008
Colonie mince, translucide et petit umbo inconstant
Les individus (zoïdes*) portent parfois une petite excroissance médiane nommée umbo* et matérialisée ici par les petites bosses blanchâtres, sur cette photo.
La toute petite colonie bien calcifiée en bas appartient à une toute autre espèce de bryozoaire de l'ordre des Cyclostomes (Patinella radiata ?).
STARESO, Calvi (2B), prélèvement
23/10/2008
Face frontale des zoïdes striée transversalement
La face frontale des zoïdes* n'est pas perforée, elle est lisse et le plus souvent finement striée transversalement.
île du Levant (83), (prélèvement)
01/06/2009
Dessins originaux de l'auteur
Sous le nom de Flustra brongniartii.
- 6.1 : colonies (A, B) "grandeur nature" sur une algue,
- 6.2 : dessin stylisé d'une colonie, les umbos* et les ovicelles (K) sont représentés, mais pas les petits aviculaires,
- 6.3 : zoïde vu de côté avec un umbo* bien développé et son ovicelle (K).
Audouin J. V., 1826, Explication sommaire des planches de polypes de l’Égypte et de la Syrie, publiées par Savigny J.C., 4e partie, 225-244 p., in : Description de l’Égypte, ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de sa majesté l'empereur Napoléon le Grand, Histoire naturelle, Tome premier, Imprimerie Impériale, Paris.
Audouin in Savigny
Reproduction de documents anciens
1826
Dessins de Hincks
1 : colonie ovicellée avec un aviculaire terminal caractéristique,
2 : idem avec de larges espaces interzoïdaux ajourés,
1a : une colonie à l’échelle,
4 : zoïdes séparés, montrant les connexions tubulaires en périphérie.
Hincks Th., in British Marine polyzoa, vol. 2
Reproduction de documents anciens
1880
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Sylvie DIDIERLAURENT
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Audouin J. V., 1826, Explication sommaire des planches de polypes de l’Égypte et de la Syrie, publiées par Savigny J.C., 4e partie, 225-244 p., in : Description de l’Égypte, ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de sa majesté l'empereur Napoléon le Grand, Histoire naturelle, Tome premier, Imprimerie Impériale, Paris.
Hayward P.J., McKinney F.F., 2002, Northern Adriatic bryozoa from the vicinity of Rovinj, Croatia, Bulletin of the American Museum of Natural History, 270(1), 1-139.