Comores, Madagascar et îles Mascareignes (océan Indien)
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueOn trouve cette espèce dans le sud-ouest de l’océan Indien. Elle est endémique* de Madagascar et des Comores (dont Mayotte), ainsi que de certaines des îles Mascareignes : La Réunion, Maurice et Rodrigues.
Acanthurus polyzona se rencontre dans les lagons et sur les pentes externes, sur fonds sableux, détritiques, rocheux ou coralliens, jusqu’à 15 mètres de profondeur.
Le corps dessine approximativement la forme d’une amande, montrant un dos élevé et un arc ventral prononcé; il est comprimé latéralement. Sa longueur pourrait atteindre 20 cm.
La livrée d'Acanthurus polyzona est jaune très pâle, plus ou moins grisé ou olivâtre en face dorsale, et blanc argenté en face ventrale. Elle porte 9 barres verticales noires assez épaisses dont la largeur diminue en face ventrale. La première barre traverse les yeux et les deux dernières délimitent le pédoncule* caudal ; la seconde couvre le premier rayon de la dorsale et s’arrête sur la base des pectorales. Certaines de ces barres peuvent être interrompues avec un point dans leur alignement en face ventrale. Leur largeur diminue sur la moitié postérieure du corps en même temps que leur prolongement sur la nageoire dorsale s’estompe.
Les écailles sont petites et invisibles in situ. La ligne latérale*, qui comprend environ 120 écailles, est par contre nettement visible et suit le profil du dos jusqu’à la fin du pédoncule caudal.
Une épine (ou scalpel) de petite taille et très discrète, de la même teinte que le corps et sans tache de couleur pour la manifester, est présente de part et d’autre du pédoncule.
La tête fait environ 1/5ème de la longueur totale du corps (longueur incluant la queue). Cette tête est pointue et s’achève par une petite bouche terminale aux lèvres épaisses. Les yeux sont assez grands, leur diamètre entre environ 3,5 fois dans la profondeur orbitaire*. Les deux paires de narines, très rapprochées, se situent juste devant le bord supérieur des yeux. Le front parait bombé, la zone interorbitale donnant un renflement convexe au profil.
En dehors de la première barre verticale qui traverse les yeux, la tête porte de nombreuses marques noires formées de lignes épaisses dont le tracé varie d’un individu à l’autre, mais on peut trouver un accent circonflexe plus ou moins régulier sur la zone interorbitale et le même motif inversé au-dessus de la lèvre supérieure.
Derrière l’aplomb de l’œil, le profil rectiligne du préopercule* est d'autant plus visible qu'il est souligné par une des marques noires de l'opercule* qu'il recouvre. Le début de la partie ventrale est orné de gros points et/ou de courtes lignes épaisses noires. Ces motifs sont susceptibles de pâlir ou foncer en fonction de l’humeur des individus.
Les nageoires dorsale et anale sont de la même teinte que le corps. La dorsale comprend 9 rayons durs et 23 à 25 rayons mous, l’anale 3 rayons durs et 21 à 23 rayons mous. Les rayons mous sont ramifiés. Les nageoires pectorales sont translucides, avec 2 rayons durs et 14 rayons mous. Les pelviennes sont blanches avec 1 rayon dur et 5 rayons mous. La caudale est tronquée.
Acanthurus triostegus (Linnaeus, 1758) : la livrée du chirurgien-bagnard porte 6 barres verticales noires (contre 9 chez A. polyzona), et ces barres sont plus fines. Le seul motif présent sur sa tête est une barre plus ou moins grise sur l’arête du museau. Sa couleur tend davantage vers le jaune. Sa distribution s’étend à tout le domaine indo-pacifique et il est plus fréquent qu’A. polyzona dans la zone d’endémisme de ce dernier.
Acanthurus polyzona est un brouteur d’algues, notamment filamenteuses.
Il n’y a, à la date de rédaction de cette fiche, pas de travaux scientifiques concernant cette espèce, notamment dans le domaine de la reproduction.
Le corps du juvénile est plus allongé que celui de l’adulte, mais le patron de couleur et les motifs sont identiques. Le rédacteur, observateur de l'espèce, peut témoigner que le juvénile recherche la proximité des juvéniles d’Acanthurus triostegus, comme le font les adultes entre eux. Il fréquente les zones peu profondes des lagons. Sa croissance initiale semble rapide.
Acathurus polyzona se mêle souvent aux bancs de chirurgiens bagnards Acanthurus triostegus, profitant ainsi de la protection liée à l’effet de masse du banc.
La mâchoire supérieure porte 16 à 18 petites dents en forme de spatules, l’inférieure en porte 18 à 20 ; vues de face ces dents présentent un tranchant composé d’une juxtaposition de crêtes arrondies.
Ses scalpels sont tranchants, ils sortent de leur sillon quand le poisson dirige sa queue sur le côté. Ils peuvent infliger des coupures douloureuses à l'homme si le poisson vivant est manipulé. Ce sont des armes offensives (rivaux) et défensives (prédateurs).
Ce poisson est diurne. Il n’est pas très farouche et s’habitue vite à l’observateur.
Il arrive que les barres noires deviennent gris foncé avec deux bordures noires, ce qui manifeste probablement une situation de stress.
Il vit en bancs ou se mêle aux bancs des chirurgiens bagnards. Les adultes apprécient les zones à hydrodynamisme fort.
J. E. Randall, ichthyologiste à l'Université de Hawaï, spécialiste du groupe, pense probable une proximité génétique entre cette espèce et Acanthurus triostegus.
Sa capacité de résilience* est forte : le temps minimum requis pour le doublement d’une population est estimé inférieur à 15 mois. Sa vulnérabilité est faible.
L’espèce est décrite par [Bleeker 1868] sous le nom de Rhombotides polyzona. Les localités du type (individus ayant servi à la description) sont Mayotte, les Comores et La Réunion. Dans sa description, Bleeker isole les « huit bandes du corps » et les « quatre bandes de la tête » : il considère comme des « barres » à la fois celle qui traverse l’œil et les motifs présents sur le museau.
Sa commercialisation est interdite à La Réunion depuis 2006 du fait du risque de ciguatera* que sa consommation d’algues fait courir (Arrêté nº 06-2412/SG/DRCTCV).
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Acanthuroidei | Acanthuroïdes | Poissons-chirurgiens. |
Famille | Acanthuridae | Acanthuridés | |
Genre | Acanthurus | ||
Espèce | polyzona |
Costume rayé
La livrée à rayures verticales noires qui a valu son nom vernaculaire au chirurgien bagnard est augmentée chez Acanthurus polyzona de trois bandes supplémentaires, qui, ajoutées aux motifs faciaux, permettent de l’en distinguer.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
17/12/2011
Tête
La tête est pointue et s’achève par une bouche aux lèvres épaisses. On peut distinguer ici les nombreuses petites dents en forme de spatules qui arment la bouche d’Acanthurus polyzona, et observer que les deux paires de narines sont très proches des yeux.
Notez, parmi les motifs faciaux, la tache partiellement cachée par le préopercule.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
16/01/2012
Motifs faciaux
Toute l’arête du museau est décorée de motifs gris à noirs, selon l’humeur de l’animal. Ces motifs peuvent varier d’un individu à l’autre.
Celui-ci présente deux motifs courbes enchâssant des lignes courtes et épaisses aux formes irrégulières.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
17/12/2011
Ligne latérale
Si le scalpel est très discret, la ligne latérale est bien visible in situ. Elle accompagne le profil du dos jusqu’au bout du pédoncule caudal et comporte environ 120 écailles.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
17/12/2011
Patron aberrant
L’antépénultième et l’avant-dernière ligne verticale du patron de cet individu se rejoignent sous la ligne latérale au lieu de rester parallèles et de rejoindre le bas du corps.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
07/12/2013
Scalpel
Chez la plupart des poissons-chirurgiens, l’épine présente sur le pédoncule caudal se trouve au centre d’une tache de couleur vive destinée à attirer l’attention d’éventuels agresseurs sur l’arme qu’elle constitue. Chez A. polyzona ce « scalpel » est très discret et aucune tache de couleur ne l’entoure.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
16/01/2012
Post larve
Cet individu de moins de 3 cm a encore le haut du museau et l’arrière du corps translucides ainsi que des motifs faciaux réduits à de vagues traces grisâtres : il s’agit d’une post-larve très récemment installée* qui achève de prendre la livrée de l’espèce, identique pour les juvéniles et les adultes.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
07/12/2013
Juvénile
Le corps du juvénile est proportionnellement plus long que celui de l’adulte, mais les livrées sont identiques. Cet individu fait environ 3 cm.
On distingue derrière lui un petit juvénile d’Acanthurus triostegus qui a encore le front bombé de la post-larve. Les deux espèces se fréquentent jusqu’à l’âge adulte.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
21/11/2011
Grand juvénile
Ce grand juvénile montre un corps plus proche des proportions de celui de l’adulte.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
25/01/2012
Génèse des motifs faciaux
Les motifs faciaux commencent par des traces diffuses puis ils s’organisent, comme on le voit sur le museau de ce petit juvénile, en restant grisâtres. Ils deviendront d’un noir soutenu peu de temps après. Les taches présentes sur la gorge et la partie abdominale viendront plus tard...
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
07/12/2013
Stress
Le stress se caractérise par un pâlissement du centre des barres verticales, qui arborent alors une bordure noire.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
17/12/2011
Parasité
La nageoire caudale de ce juvénile porte un parasite qui n’a pas pu être identifié. Il se place fréquemment sur les nageoires, mais on peut aussi le trouver sur n’importe quel endroit du corps de nombreuses espèces.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
07/12/2013
Beach-rock
Cet individu a été observé depuis son installation* dans la partie orientée vers la plage d’un beach-rock (grès de plage*), autrement dit dans 10 à 30 cm d’eau. Il est ici accompagné par deux juvéniles d’Abudefduf sordidus, qui ont suivi le même parcours.
Le beach-rock en question est un site d’installation pour de nombreuses espèces, dont Acanthurus triostegus, aux groupes duquel A. polyzona se mêle dès l’origine.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
17/12/2011
Banc mixte
A. polyzona et Acanthurus triostegus sont de très proches cousins, qui se fréquentent depuis l’installation* des post-larves dans un lagon jusqu'à l’âge adulte.
On voit ici un juvénile A. polyzona dans un petit banc de juvéniles A. triostegus. Un juvénile de Parupeneus ciliatus les accompagne.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
07/12/2013
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER