Tête couverte de grosses écailles qui s'arrêtent au niveau des narines
Lèvre supérieure mince
Tache jaune d'or caractéristique située sur la partie haute et postérieure des opercules
Tache jaune plus diffuse en arrière de l'œil
Absence de tache noire à la base des pectorales
Muge doré, daurin, tache jaune, aurin, mulet à tête fine
Golden mullet, golden grey mullet, long-finned grey mullet (GB), Cefalo dorato (I), Galupe, lisa dorada (E), Goldmeeräshe (D), Cipal zlatac (Croatie), Veshari (Albanie), Goldmulte (Danemark), Guldmulte (Suède), Myxinari (Grèce), Mugil zlotoglowy (Pologne), Tainha (P), Chefal (Roumanie), Altiinbas kefal (Turquie), Singil (Ukraine), Goudharder (Hollande), Gullmulte (Norvège), Kafal talaee (Iran)
Mugil auratus Risso, 1810
Liza auratus (Risso, 1810)
Liza aurata (Risso, 1810)
Mugil breviceps Valenciennes, 1836
Mugil cryptocheilos Valenciennes, 1836
Mugil cryptochilus Valenciennes, 1836
Mugil maderensis Lowe, 1839
Mugil octoradiatus Gunther, 1861
Méditerranée, Atlantique Nord-Est, Manche, mer du Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Chelon auratus peut être rencontré en mer du Nord à partir du sud de la Norvège et de la Suède, en Manche, en Atlantique Nord-Est des îles Britanniques au Sénégal, en Méditerranée et en mer Noire. Rare au-delà du golfe de Gascogne, ce mulet est commun en Méditerranée.
Le muge doré se tient dans la zone océanique (au-delà du plateau continental) durant la saison froide. Du printemps à l'automne, il regagne les eaux littorales en formant de grands rassemblements : côtes rocheuses, fonds sablonneux et vaseux. Il affectionne particulièrement les zones portuaires et les estuaires (eaux saumâtres) sans toutefois remonter dans les eaux douces.
Le mulet doré Chelon auratus montre un corps de section ovale, comprimé latéralement. Il mesure jusqu'à 50 cm de long et communément 30 à 40 cm. Son corps est large, gris argenté et paré de 8 à 9 lignes longitudinales gris sombre à gris brun. Le dos est sombre avec des reflets bleutés. Une tache jaune d'or caractéristique se situe sur la partie haute et postérieure des opercules. L'absence de tache noire à la base des pectorales différencie Chelon auratus de l'espèce très proche Chelon ramada.
Le mulet doré peut présenter une autre tache jaune plus diffuse en arrière de l'œil.
Sa tête est légèrement aplatie et couverte de grosses écailles qui s'arrêtent au niveau des narines. Ses yeux, proches du museau, sont partiellement protégés par une paupière adipeuse rudimentaire. Sa bouche est petite et terminale. Sa lèvre supérieure est fine par rapport aux autres espèces de mulets.
Sa première nageoire dorsale est située au milieu du corps, elle est composée de 4 rayons épineux. Sa seconde nageoire dorsale comprend 1 rayon épineux et 7 à 8 rayons mous, elle est pratiquement symétrique avec l'anale qui débute par 2 épines suivies de 7 à 8 rayons souples. Ses pectorales, relativement petites, sont haut placées. Sa caudale est large et échancrée.
Ses écailles sont cycloïdes* (lisses). La ligne latérale* est absente.
Il y a, sur les côtes européennes, 5 autres espèces de muges :
Le muge lippu (Chelon labrosus) dont la lèvre supérieure est épaisse et pourvue de 3 à 5 rangées de papilles.
Le muge capiton ou mulet porc (Chelon ramada) caractérisé par ses petites écailles et une tache noire à la base des pectorales.
Le muge sauteur (Chelon saliens) dont la lèvre supérieure est très fine et le corps est plus élancé que celui des autres muges.
Le muge cabot ou mulet à grosse tête (Mugil cephalus) a une grosse tête au museau arrondi et des paupières adipeuses particulièrement épaisses.
Le muge labeon (Oedalechilus labeo) reconnaissable à sa lèvre supérieure épaisse, lisse et surélevée.
La confusion est possible aussi avec le loup ou bar (Dicentrarchus labrax), mais la forme du corps ainsi que l'allure et la position de la bouche sont très différentes. Autre critère de distinction pratique : chez le bar, la nageoire latérale est en dessous de la pointe de l'opercule branchial alors que chez le mulet, elle est au-dessus.
Les mulets ont un régime alimentaire très particulier, ils consomment des algues unicellulaires dont des diatomées, ceci explique la très grande longueur de l'intestin des Mugilidés, qui est une caractéristique de cette famille.
Durant la période où le muge doré est sur le littoral (du printemps au début de l'automne), il se nourrit essentiellement en «broutant» la végétation ou la vase pour en retenir les matières organiques dont les diatomées benthiques constituent la majeure partie. Mais les muges sont aussi de redoutables chasseurs, leur puissante caudale leur permet de bonnes accélérations pour capturer aisément athérines et autres petits poissons. Lorsque le muge doré regagne le large, il n'a que le plancton pélagique* pour nourriture, toujours riche en phytoplancton en période hivernale. Pendant la reproduction, il cesse de se nourrir.
Espèce gonochorique* (sexes séparés). La reproduction a lieu de septembre à novembre, lorsque les muges repartent vers le large en grands rassemblements. Il est alors possible de les observer près de la surface. Les œufs (150 000 à 2 000 000 !) sont pélagiques*.
Dans les bancs de muges, il n'est pas rare de voir quelques loups de taille sensiblement égale, toutefois assez faciles à distinguer malgré une silhouette proche.
Les muges ont la particularité de posséder un gésier, fait assez rare chez les poissons. Le gésier est une extension de l'estomac dont le rôle est de broyer des fragments d'aliments de consistance dure. Le muge a une dentition réduite et assez reculée dans la gorge, elle est dite «pharyngienne». C'est une caractéristique des animaux herbivores ou détritivores, sachant que les muges ingèrent beaucoup de vase, mais peuvent aussi happer quelques petits poissons, d'où l'importance du gésier.
Les mulets sont des poissons méfiants et relativement difficiles à approcher en plongée.
La famille des Mugilidés, au niveau de l'ensemble des mers, est riche de 17 genres avec une centaine d'espèces. Des représentants fossiles sont identifiés depuis le Priabonien, période qui appartient à l'Eocène et qui remonte à -35 millions d'années.
Du point de vue culinaire, les mulets ont souvent, à tort, mauvaise réputation. Tous les mulets sont pêchés et commercialisés, le mulet doré est le plus apprécié, sa chair est fine. L'élevage de cette espèce est également pratiqué (Mugiliculture).
La poutargue (ou boutargue) :
Appelée aussi « caviar de Méditerranée », c'est la double poche d'œufs de la femelle muge que l'on nomme ici le "poutarguier", qui subit une préparation particulière. Dès les poissons pêchés, les poches (ovaires entiers) sont extraites, les veines enlevées, les œufs vidés de leur sang puis les poches sont placées dans du gros sel pendant 6 à 8 heures avant d'être rincées et mises à sécher entre deux planches au soleil durant 2 à 3 jours. Ces planches sont lestées par des poids afin d'aplatir légèrement les deux poches d'œufs. Elles sont tournées toutes les douze heures jusqu'à ce qu'elles soient bien sèches. Elles sont ensuite pendues quelques jours avant d'être consommées, soit protégées par une couche de cire ou mises sous vide pour être commercialisées.
A l'origine, spécialité de la communauté juive, la poutargue, ou plutôt «boutargue» (de Batarkha en arabe, nom qui a été déformé à l'endroit même où c'en est la spécialité, à Martigues), est devenue un produit transformé et commercialisé sur tout le pourtour méditerranéen, notamment en Provence (Martigues), en Corse (Bastia), en Italie (sous le nom de "botargua"), en Tunisie... Actuellement il en est fabriqué en grandes quantités sur les côtes ouest africaines, en particulier en Mauritanie.
Les principaux marchés de revente sont la France, l'Italie mais aussi les Etats-Unis. En Mauritanie, les œufs transformés sont achetés 15 € le kilo aux pêcheurs, 25 € aux grossistes et finissent à plus de 100 € sur les étals (ordre de grandeur en 2004).
A Martigues, capitale provençale du "caviar de Méditerranée", la saison de pêche commence fin mai et se termine en août. Les mulets sont pêchés dans le canal de Caronte entre l'étang de Berre et la mer à l'aide du "calen", un simple filet droit qui barre le canal et qui est remonté à intervalles réguliers (voir photo). En Corse et notamment à Bastia, on réalise aussi la poutargue à partir des œufs de mulets et c'est une des spécialités bastiaises (mulets pêchés au filet dans l'étang de Biguglia).
Qui sont les poutarguiers ? Plusieurs espèces de muges sont concernées selon les régions (Afrique du Nord, Mauritanie…) et surtout leurs périodes de reproduction et de migrations. Parmi ces espèces, on retrouve entre autres Chelon auratus, Mugil cephalus, Mugil capurrii, Chelon labrosus. D'autres espèces sont également utilisées pour faire de la poutargue comme le loup (bar) par exemple.
Taille minimale autorisée pour la pêche : 20 cm (variable selon les régions).
Muge : vient de mugil et désigne un poisson de mer à tête obtuse et à deux petites nageoires sur le dos.
Mulet : du latin [mullus] qui dérive du grec [mullos] et qui désigne dans les deux cas un poisson de mer dont les rougets et les mulets ou muges font partie.
doré : en raison des taches jaune doré qui le caractérisent.
Chelon : Chelon a été créé par Petri Artedi et cité dans un ouvrage de Röse en 1793. Petri Artedi ou Petrus Arctaedius (1705-1735) était un naturaliste suédois qui connaissait bien Linné. Le "père" de l'ichtyologie selon certains !
Chelon fait penser à [chelone] qui signifie "tortue" en grec, mais c'est un piège ! En fait chellon ou chelon viendrait du grec et c'est justement le nom grec des mugils ou mulets !
Liza : Jordan & Swain ont créé ce nom de genre en 1884 aux Etats-Unis. Ils précisent, à l'époque, que les espèces américaines sont des Mugil et que celles de l'ancien monde sont des Liza. Ce nom de "Liza" a été choisi car il était communément utilisé dans le monde hispanique pour désigner les différents mulets.
auratus vient du provençal et signifie « doré », ceci en rapport avec la tache jaune operculaire. On retrouve ce nom chez d'autres animaux présentant une marque ou une coloration dorée : Sparus aurata, Gobius auratus, ...
Numéro d'entrée WoRMS : 1044127
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Mugiliformes | Mugiliformes | |
Famille | Mugilidae | Mugilidés | 17 genres, environ 80 espèces. Écailles cycloïdes*, corps puissant, tête large, deux dorsales dont la 1ère épineuse. Intestin extrêmement long, de 24 à 26 vertèbres. |
Genre | Chelon | ||
Espèce | auratus |
Habitat variable
On peut rencontrer le muge doré le long des côtes rocheuses, dans les ports, mais également le long des plages sablonneuses… en résumé, un peu partout !
Corse, 0,5 m
06/06/2006
La tache jaune
Caractéristique de l’espèce, cette tache jaune peut être trompeuse car plusieurs espèces de Mugilidae peuvent présenter des taches jaunes sur les opercules.
Port de la Lave, Marseille (13), pêché à 3 m
04/01/2002
Parmi les posidonies
Photo prise en apnée.
Les Oursinières, Le Pradet (83), 2 m
28/07/2009
Petits individus côtiers
Taille : 20 cm environ.
Sardaigne, Villasimius (Italie), 1 m
17/07/2010
Petit groupe sur les roches littorales
Les muges dorés ne sont normalement jamais solitaires, formant des groupes de quelques individus à des bancs de plusieurs centaines d’individus lors des migrations saisonnières.
Ténérife, Les Canaries (E), 1 m
13/08/2007
Tache operculaire jaune
Seule la tache jaune sur l'opercule visible sur l'individu du centre de la photo peut nous faire penser à Chelon auratus.
Îles Chausey, Granville (50), en surface
12/05/2010
Banc serré en surface
L'identification des mulets est toujours difficile, ici il pourrait s'agir, sans certitude, d'un banc de mulets dorés.
Les mulets ont un comportement grégaire, ils forment souvent des bancs denses à la surface où ils filtrent, la bouche ouverte mi-eau mi-air, les débris organiques flottants.
Îles Chausey, Granville (50), en surface
12/05/2010
Juvénile piégé dans une flaque
Ce jeune mulet très nerveux a été photographié dans une mare médiolittorale, en compagnie d'une dizaine de ses congénères.
Taille : 4,5 cm.
Trébeurden, Bretagne, estran
25/01/2011
Juvénile, tête de mulet caractéristique
La bouche petite, fine et "cassée" au milieu, la positions des nageoires et les rayons épineux de la 1ère dorsale au nombre de quatre, la taille et la position des yeux et pour finir la grosseur des écailles indique un mulet juvénile et plus particulièrement Chelon auratus.
Taille : 4,5 cm.
Trébeurden, Bretagne, estran
25/01/2011
Pêche au filet
Les "Calen" (prononcer "câlin") sont des filets simples qui traversent une embouchure (ou un canal, comme celui de Caronte à Martigues), tenus par des câbles. Ils sont remontés mécaniquement à intervalles réguliers. On y attrape des dorades, des rougets, des loups et principalement des muges. Les prises sont ramassées à la main à l'aide d'une petite barque plate où le pêcheur se tient couché.
A Martigues, c'est cette technique de pêche qui est traditionnellement utilisée pour la pêche des muges destinés à la production du "caviar provençal". La saison commence fin mai et se termine en août.
Ici, dans l'embouchure de l'Orb, c'est pour la pêche des espèces nobles (loups, muges dont Chelon auratus,..) qu'est utilisé le "Calen", et non pour la poutargue.
Embouchure de l'Orb, Languedoc (11)
21/05/2010
Mulet-run !
Le photographe s'est trouvé face à plusieurs centaines de jeunes mulets dorés dans le port de Mèze (étang de Thau, Hérault). Cela arrive de temps en temps, les mulets se regroupent dans le fond du port où ils se sentent plus à l'abri des prédateurs.
Port de Mèze (34), 1 m
21/01/2015
Banc de mulets vu du dessus
Le dos est plus sombre, brun à verdâtre.
Port de Mèze (34), 1 m
21/01/2015
Identification de l'espèce
La tache jaune sur l'opercule est le critère le plus facile à observer pour identifier Chelon auratus.
Port de Mèze (34), 1 m
21/01/2015
Rédacteur principal : Christian COUDRE
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Ould Mohamed Vall M., 2004, Etude de la dynamique des systèmes d'exploitations et de l'écologie de la reproduction de trois Mugidés : Mugil cephalus (Linnaeus, 1758), Liza aurata (Perugia, 1892) et Mugil capurrii (Risso, 1810), analyse de leurs stratégies d'occupation des secteurs littoraux mauritaniens et de leurs possibilités d'amenagement, Thèse, Université de Nice - Sophia Antipolis - UFR Sciences
La page sur Chelon auratus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Chelon auratus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN