Corps fuselé comprimé latéralement, taille maximale 25 cm
Tête longue, bouche largement fendue, deux lignes horizontales jaune vif autour de l’œil
Dorsale épineuse et dorsale molle séparées, caudale échancrée
Couleur de fond blanche marquée par 8 à 9 bandes horizontales brun-rouge
Partie postérieure du pédoncule caudal blanche
Big-toothed cardinal, big-toothed cardinal-fish, big-toothed percelle, eight-lined cardinalfish, large toothed cardinalfish, Pacific tiger cardinalfish, tiger cardinal, tiger cardinalfish, Indian tiger cardinalfish (GB), Tiger-Kardinalbarsch (D), Ottestribet kardinalfisk (Danemark)
Cheilodipterus lineatus Lacepède, 1801
Apogon macrodon (Lacepède, 1802)
Centropomus macrodon Lacepède, 1802
Cheilodipterus heptazona Bleeker, 1849
Apogon melanurus Bleeker, 1860
N.B. : Cheilodipterus lineatus est une espèce valide selon Catalog of Fishes (02/2025).
Indo-Pacifique tropical et subtropical, mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Cheilodipterus macrodon est présent en mer Rouge et dans les zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et du Pacifique Ouest et centre.
Sur la bordure ouest de l’océan Indien on le trouve du golfe Persique à la province du KwaZulu Natal, en Afrique du Sud, avec une distribution vers l’est qui va jusqu’à la mer d’Andaman et à l’île Christmas en passant par les Comores, Madagascar, les Mascareignes* et les Seychelles.
Dans le Pacifique, on le rencontre du sud du Japon à la Grande Barrière de Corail (Australie), avec une distribution vers l’est qui s’étend jusqu’à la Polynésie Française en passant par la Nouvelle-Calédonie et la plupart des îles comprises dans ces limites.
L’apogon à grandes dents vit en milieu corallien, des lagons* aux pentes
externes.
Il apprécie les caves, les grottes et les surplombs ; les
juvéniles semblent leur préférer les champs d’algues.
On le trouve le plus
souvent entre 1 et 40 m, mais sa distribution verticale peut aller jusqu’à 100
m.
Description succincte : ce grand apogon (taille max. 25 cm) a un corps fuselé et une longue tête en forme d’ogive à pointe arrondie. La bouche est oblique et largement fendue, les yeux sont de grande taille. La dorsale épineuse et la dorsale molle sont séparées. La caudale est échancrée.
La couleur de fond est blanche et peut être jaunissante sur la tête. Elle est marquée par 8 à 9 bandes horizontales brunes qui vont de la pointe du museau à la première moitié du pédoncule* caudal, dont la deuxième moitié est blanche. Les membranes de la dorsale épineuse sont généralement blanches dans son tiers inférieur et noires dans les deux derniers, mais l’inverse est possible. Les membranes des autres nageoires sont translucides ; les rayons antérieurs de la dorsale molle et de l’anale, de même que les rayons extérieurs de la caudale, peuvent être brun foncé.
Description détaillée :
Morphologie
Le corps de ce grand apogon est fuselé. Sa hauteur (calculée à la verticale de l’origine des pelviennes) entre de 3,1 à 3,8 fois dans la longueur standard* (longueur sans la queue). Le pédoncule* caudal est long (il entre de 4 à 4,6 fois dans la longueur standard). Le corps est comprimé latéralement et couvert d’écailles cténoïdes* de grande taille.
La taille maximale documentée pour l’espèce est de 25 cm.
La tête est en forme d’ogive à pointe arrondie ; elle est longue (sa longueur entre de 2,4 à 2,7 fois dans la longueur standard). Son profil dorsal, à peu près plat avec une légère concavité dans l’espace interorbitaire*, s’arrondit au-dessus de la lèvre supérieure. La bouche aux lèvres épaisses est oblique, largement fendue et protractile* ; la commissure des lèvres se situe à l’aplomb de la partie postérieure de l’œil. Les longues dents antérieures de l’espèce sont souvent visibles. Les yeux, globuleux et placés en position dorsale, sont de grande taille : le diamètre horizontal du globe charnu qui les porte entre 3 à 3,5 fois dans la longueur de la tête. La partie supérieure du globe surplombe l’espace interorbitaire. La pupille est discrètement piriforme*. La marge du préopercule* est finement dentelée (cette caractéristique est discrète chez les plus grands individus). L’opercule* et le préopercule portent des écailles.
Les nageoires dorsales sont séparées. Elles sont courtes, hautes et orientées vers l’arrière.
Le premier rayon de la dorsale épineuse est le plus court, le deuxième fait presque 2 fois sa taille, le suivant est un peu plus long encore et la taille des autres décline régulièrement jusqu’au 6e rayon, la membrane suivante étant liée à un 7e rayon recouvert par le tégument du dos. Cette nageoire est rarement déployée contrairement à la dorsale molle, à l’anale et à la caudale, qui le sont presque continuellement.
La dorsale molle est nettement plus haute que la dorsale épineuse, sa morphologie est globalement la même que celle qui la précède, mais ses rayons sont plus nombreux et son dernier rayon l’isole du corps.
La nageoire anale est elle aussi haute, courte et orientée vers l’arrière, ses 2 rayons durs sont plus courts que les suivants.
Les pectorales sont en forme d’éventail étroit. Elles sont longues : quand elles sont plaquées sur le corps, la pointe de leurs rayons centraux peut atteindre la verticale de la première écaille située devant la dorsale molle.
Les pelviennes sont presque aussi longues que les pectorales.
La caudale est échancrée. Quand elle est déployée, la distance entre la pointe des deux lobes est supérieure à la hauteur du corps.
Couleurs
La couleur de fond est blanche à gris pâle. Elle est marquée par 8 à 9 bandes horizontales brunes à brun-rouge (la 9e bande, discrète, longe le profil ventral) généralement plus larges que les espaces qui les séparent. Le nombre de ces bandes varie selon les descriptions (8 ou 9 selon Lacépède, le descripteur de l’espèce, 7 à 10 selon Gon et Randall, 2003, 8 selon Allen et al., 2005) ; nous suivrons Lacépède (et Allen et al.) du fait que l’immense majorité des photos de l’espèce disponibles sur Internet en montre 8 ou 9). Ces bandes partent de la bouche à l’exception des deux plus hautes (celle qui longe le profil dorsal commence dans l’espace interorbitaire avant de se dédoubler devant la première dorsale, et la suivante derrière cet espace). Elles s’étendent jusqu’à la première moitié du pédoncule caudal. La partie postérieure de ce pédoncule est blanche avec un anneau noirâtre à gris précédant la caudale chez les jeunes individus, et entièrement blanche chez les grands adultes (au-dessus de 15 cm).
La couleur de fond de la tête (les espaces entre les bandes brunes) peut être jaunissante dans sa moitié supérieure, mais ce n’est plus le cas chez les grands adultes. Les bandes brunes peuvent fusionner au-dessus de la lèvre supérieure. L’extrémité de cette lèvre porte souvent deux taches brun foncé qui correspondent au point de départ de la 5e bande de chaque flanc. L'iris* est d’un brun souvent plus foncé que celui des bandes, sur lequel contrastent deux lignes horizontales jaune vif plus ou moins ondulées, la première au-dessus de la pupille et la seconde en dessous ; ces lignes sont parfois reliées derrière la pupille par une ligne verticale de même couleur.
Les membranes de la dorsale épineuse sont blanchâtres dans leur premier tiers et noires dans les deux derniers, mais on peut trouver la répartition inverse. Elle peut aussi être noirâtre dans les trois premières membranes et au sommet de la 4e puis blanche pour le reste. Les membranes des autres nageoires sont translucides à rosâtres. La dorsale molle et l’anale ont des rayons rougeâtres ou gris. Leurs premiers rayons peuvent être brun foncé. Les rayons de la caudale sont rose orangé à gris à l’exception des rayons extérieurs, qui sont d’un brun rouge plus ou moins foncé. Les pectorales et les pelviennes ont des rayons rose orangé (parfois dorés pour les pelviennes).
La livrée nocturne ne diffère pas de la livrée diurne.
La livrée des juvéniles est décrite dans la section consacrée à la reproduction.
Les espèces d’apogons rayés longitudinalement sont difficiles à distinguer quand le nombre de bandes et leur couleur sont identiques. Quelques espèces remplissent ces critères :
L’apogon à grandes dents est carnivore. Il se nourrit presque exclusivement de petits poissons (harengs, anchois, blennies, etc.). Il chasse surtout la nuit.
Cheilodipterus macrodon est une espèce gonochorique* (les sexes sont séparés dès l’origine et ne changeront pas au cours de l’existence des individus). L’accouplement se fait par paires. Les pontes se présentent sous la forme d’une grappe compacte contenant plusieurs milliers d’œufs liés ensemble.
Le mâle incube les œufs fertilisés dans sa cavité buccale. La durée de l’incubation ne semble pas documentée à la date de publication de cette fiche [02/2025]. A titre indicatif, chez Cheilodipterus quinquelineatus, génétiquement proche de Cheilodipterus macrodon, elle est de 4 à 5 jours. Les larves* sont expulsées à l’éclosion.
Fishelson (1970) a documenté les comportements de reproduction de l’espèce (sous le nom de Cheilodipterus lineatus, actuel synonyme de C. macrodon) à Eilat (mer Rouge) en 1968. Il a observé peu avant le coucher du soleil plusieurs groupes de 6 à 8 individus composés de femelles au ventre gonflé par leurs ovules, de mâles aux couleurs vives à la gorge distendue par les œufs récoltés, et d’autres mâles à la morphologie normale. Ces derniers nageaient parmi les femelles avec le corps formant un S et la première dorsale déployée. Quand un mâle était approché par une femelle, les bandes brunes de sa livrée s’estompaient et une bande verticale blanche de 3 à 4 cm apparaissait sur ses flancs. Un couple a été observé alors, décrivant des cercles et s’arrêtant de temps en temps, les abdomens* en contact. Puis le mâle est entré dans des massifs de coraux Millepora et a rejoint, le corps parcouru de tremblements, le sommet dégagé de l’un des massifs ; il était suivi par la femelle, qui a expulsé une grappe d’œufs agglutinés que le mâle, retrouvant ses couleurs normales, a immédiatement saisie dans sa bouche. Puis, il est revenu dans le groupe pour attirer d’autres femelles.
L’auteur suppose que le mâle avait expulsé ses propres gamètes* juste avant la ponte et qu’en prenant l’eau environnante avec celle-ci la fertilisation* continuait dans sa bouche. Il note aussi que ces comportements de reproduction ne ressemblent pas à ceux d’autres Apogonidés étudiés et qu’ils évoquent davantage ceux de certaines espèces de la famille des Cichlidés (poissons d'eau douce dont certains représentants pratiquent l'incubation buccale).
Les juvéniles : pendant la phase intermédiaire entre la post-larve* et le juvénile, le corps est translucide en dehors de la tête et des viscères*, qui sont argentés à noirâtres avec des traces jaunes et l’amorce de trois bandes longitudinales noires. Les yeux sont jaunes. Les flancs portent un segment de bande noire sous la ligne latérale*, suivi par une grosse tache noire sur le pédoncule caudal.
Puis la tête jaunit davantage et le corps devient argenté avec 4 bandes noires qui partent de la tête et s’arrêtent devant le pédoncule caudal, qui blanchit et dont la tache noire occupe toute la hauteur de la partie postérieure. La bande noire qui part de la pointe du museau traverse l’œil en son milieu. Les nageoires sont translucides.
En grandissant, des lignes grisâtres d’abord pointillées apparaissent entre les 4 bandes noires et une ligne identique longe l’abdomen, annonçant le patron de bandes des adultes ; ces lignes deviennent ensuite plus larges mais restent grises un certain temps. Le pédoncule caudal est alors blanc et la tache noire qu’il porte n’occupe plus que son centre.
La partie supérieure de la tête reste jaune un certain temps, puis cette couleur devient plus discrète, les bandes sont devenues brun rouge et la tache noire du pédoncule caudal pâlit et disparaît, ce qui signale que le stade adulte est atteint.
Le ver plathelminthe trématode Prosorhynchoides apogonis infeste les intestins de l’apogon à grandes dents. L’espèce souffre aussi d’ectoparasites, comme des crustacés isopodes de la famille des Gnathidés qui se nourrissent de son sang.
Comme presque tous les Apogonidés, Cheilodipterus macrodon pratique l’incubation buccale paternelle (les œufs sont incubés dans la bouche des mâles), une stratégie rare et complexe qu’on ne trouve que dans environ 2,4% des familles de poissons téléostéens et dans cinq familles de poissons marins, dont celle des Apogonidés. Les mâles ont à cet effet une cavité buccale plus profonde que celles des femelles de même taille. Cette stratégie protège les œufs, et parfois les larves, contre la prédation. Elle a un coût important pour le mâle, qui doit cesser de s’alimenter et peine à « respirer » pendant l’incubation.
Chez une espèce au moins, l’incubation buccale peut être pratiquée par les deux sexes. Selon FishBase, Paroncheilus affinis est le seul cas connu d’incubation buccale maternelle et paternelle chez les apogons. Chez certains d’entre eux, dont les œufs sont plus gros et moins nombreux, les larves restent protégées dans la cavité buccale des mâles après éclosion (par ex. chez Pterapogon kauderni).
Ces stratégies, coûteuses pour les individus concernés, s’accompagnent régulièrement de ce qu’on appelle le « cannibalisme filial ». Les individus dont l’état général se détériore du fait de la privation de nourriture peuvent en venir à consommer tout ou partie de la grappe d’œufs qu’ils protègent. Une étude faite sur Apogon doederleini (Okuda & Yanagisawa, 1995) montre que les mâles se reproduisent 4 à 7 fois dans la saison et passent 80% de leur temps à incuber, ce pourquoi le cannibalisme filial augmente en fin de saison, les organismes étant épuisés. Une autre raison est invoquée pour expliquer ce phénomène : certains mâles peuvent consommer une ponte en vue d’un accouplement avec d’autres femelles pour stocker de l’énergie en vue d’une incubation effective.
La dentition est composée d’un seul rang de dents pointues espacées sur chaque mâchoire. Ces dents sont de hauteurs inégales, fines et légèrement recourbées vers l’intérieur. Certaines sont particulièrement longues et caniniformes*, notamment à l’extrémité antérieure des mâchoires.
L’espèce est essentiellement nocturne. Les individus se réfugient, généralement en groupes, dans des grottes ou dans les caves formées par la base des massifs coralliens en journée.
La dorsale épineuse comprend 7 rayons durs (dont 6 sont visibles sur le terrain quand elle est déployée, voir la description), la dorsale molle comprend 9 rayons mous. La nageoire anale est composée de 2 rayons durs et 8 rayons mous, les pectorales ont 12 à 14 rayons (généralement 13). Les pelviennes ont 1 rayon dur et 5 rayons mous. La ligne latérale* comprend 27 à 29 écailles (généralement 28).
La famille des Apogonidés contient à l’heure actuelle 40 genres regroupant 381 espèces considérées comme valides, dont 17 ont été décrites dans les dix dernières années (données fournies par Catalog of Fishes en août 2024).
Elle est divisée selon WoRMS en deux sous-familles (Apogoninae et Pseudamiinae), auxquelles s’ajoute un genre isolé (Taeniama). Le genre Cheilodipterus appartient à la première sous-famille, celle des Apogoninae, qui comprend actuellement [01/2025] 33 genres valides.
Le genre Cheilodipterus se distingue des espèces du genre très proche Apogon entre autres par la présence de longues dents pointues sur les deux mâchoires (les espèces du genre Apogon ont des dents villiformes*). Ses espèces peuvent arborer de 2 à 16 bandes horizontales brunes.
Le mimétisme batésien* est pratiqué dans le genre Cheilodipterus. Trois de ses espèces imitent en effet la livrée de blennies à dents de sabre du genre Meiacanthus, qui sont évitées par les prédateurs pour une bonne raison : le venin que les « crocs » de leur mâchoire inférieure injectent fait chuter brutalement leur pression sanguine et les drogue.
Cheilodipterus nigrotaeniatus imite Meiacanthus grammistes, C. parazonatus imite M. vittatus et C. zonatus imite M. geminatus.
Cheilodipterus macrodon est la plus grande espèce de la famille des Apogonidés dans son état actuel. La plus petite est probablement Ostorhinchus neotes, qui ne dépasse pas 2,7 cm.
La majorité des espèces de la famille des Apogonidés mesure moins de 10 cm.
L’apogon à grandes dents est donc aussi la plus grande espèce de son genre, Cheilodipterus. La plus petite espèce du genre est C. pygmaios, qui peut atteindre environ 6 cm.
Les poissons de la famille des Apogonidés ont une durée de vie qui va de 3 à 5 ans.
L’espèce n’est pas évaluée par l’UICN*.
Apogon : reprise du nom d’un genre créé en 1801 par Lacépède, qui précise que le mot grec [apogon] signifie « imberbe, sans barbe, sans barbillons ». Ce nom vient du fait que les espèces concernées ne présentent pas de barbillons sous la mâchoire inférieure (elles étaient alors placées parmi les Mullidés, qui en portent). Il sera utilisé en 1859 pour créer la famille des Apogonidés, à laquelle le genre Cheilodipterus appartient. En tant que nom commun, il est susceptible d’être attribué à toutes les espèces de la famille.
à grandes dents : traduction de l’épithète spécifique (voir ci-dessous : Origine du nom scientifique).
Cheilodipterus : ce nom est formé des mots grecs [cheilos], qui désigne les lèvres, [dis], qui signifie « deux fois », et [ptero], qui vient de [pteron] et signifie « aile » et par extension « nageoire ». Le genre est décrit en 1802 par le naturaliste français Bernard Germain de Lacépède (1756-1825) dans le sixième tome de son Histoire Naturelle des Poissons (page 287). Sa courte description mentionne « la lèvre supérieure extensible » et « deux nageoires dorsales ». Lacépède précise (p. 290) que le nom du genre associe des deux caractéristiques.
NB : Cuvier (Histoire Naturelle des Poissons, 1828, tome 2, pp. 162-164) fait observer que le genre créé par Lacépède regroupe des espèces attribuables à des genres très différents et ne reconnaît comme valide parmi elles que Cheilodipterus octovittatus, qu’il assimile au Cheilodiptère rayé (Cheilodipterus lineatus, actuellement C. arabicus) et au Centropome macrodon (Centropomus macrodon, synonyme actuel de Cheilodipterus macrodon) de Lacépède. Le genre Centropomus regroupe actuellement les brochets de mer.
L’espèce-type* est Cheilodipterus lineatus, devenu un synonyme de C. arabicus selon WoRMS (mais pas selon Catalog of Fishes, qui en fait une espèce valide).
Le genre contient actuellement [01/2025] 17 espèces acceptées.
macrodon : du grec ancien [makros], qui signifie « grand, long », et [odous] qui désigne les dents. Le mot signifie donc « aux grande dents ».
L’espèce est décrite d’après des observations de Commerson sous le nom de Centropomus macrodon par Lacépède dans le même ouvrage (Tome 4, p. 252). Le descripteur ne motive pas le choix de l’épithète spécifique, mais la description développe longuement la dentition et mentionne notamment « un seul rang de dents longues, aiguës et séparées l’une de l’autre ». C’est donc probablement cette caractéristique qui justifie le nom d’espèce.
La localité du type* est l’île Maurice.
Numéro d'entrée WoRMS : 209373
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Teleostei | ||
Ordre | Kurtiformes | Kurtiformes | Seules deux familles composent l'ordre des Kurtiformes : les Apogonidae et les Kurtidae. La relation étroite entre ces deux familles repose désormais exclusivement sur des études de biologie moléculaire. |
Famille | Apogonidae | Apogonidés | Famille des apogons. |
Sous-famille | Apogoninae | ||
Genre | Cheilodipterus | ||
Espèce | macrodon |
De profil
Cet apogon a un corps fuselé, une tête longue et un pédoncule caudal qui l’est à peine moins. L’espèce est caractérisée par les 8 à 9 bandes horizontales brunes qui couvrent son corps du museau à la première moitié du pédoncule caudal.
Aliwal Shoal, Afrique du Sud, océan Indien, 25 m
15/07/2018
Neuf bandes
La neuvième bande, quand elle est caractérisée, reste difficile à voir. Cet individu la possède mais pour s’en convaincre il vaut mieux compter les bandes à partir de celle qui longe le profil ventral, derrière l’opercule.
Archipel des Bagka, Sulawesi Nord, Indonésie, océan Pacifique, 15 m
16/06/2015
Origine des deux premières bandes
Cette vue plongeante permet de constater que la première bande commence à la limite postérieure de l’espace interorbitaire pour se dédoubler devant la première dorsale, et que la deuxième commence derrière cet espace.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
31/05/2014
Œil
L’œil est particulièrement grand : le diamètre horizontal du globe charnu qui le porte entre 3 à 3,5 fois dans la longueur de la tête. Il est marqué par deux lignes horizontales jaunes liées en partie postérieure par une ligne verticale de même couleur (bien que chez ce sujet, elle soit blanchie).
Notez les dents pointues et séparées les unes des autres, et la gorge distendue par une grappe d’œufs qui signale un mâle incubateur.
Passe en S, Mayotte (976), océan Indien, 15 m
09/05/2012
De nuit
Cette photo prise de nuit montre que la livrée nocturne ne diffère pas de la livrée diurne.
Elle permet aussi d’observer les couleurs de la première dorsale, rarement déployée : blanche à la base et noire à l’extrémité. Chez certains individus c’est l’inverse, mais il s’agit d’exceptions.
Marsa Nakari, Egypte, mer Rouge, 8 m, de nuit
13/11/2018
Jeune adulte
Cet individu est un jeune adulte, comme le montre son pédoncule caudal pas encore entièrement blanc. Ce qui ne l’empêche pas de se reproduire : sa gorge est distendue par les œufs qu’il incube dans sa bouche.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
25/11/2020
Incubation
L’apogon à grandes dents pratique en effet l’incubation buccale paternelle : la grappe d’œufs est placée dans sa bouche par le géniteur dès qu’elle est expulsée par la femelle. Il les incubera ainsi jusqu’à leur éclosion. On peut imaginer que cette grappe est volumineuse au vu de la distension importante de la gorge de cet individu.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
25/11/2020
Evolution juvénile-adulte
1 : Ce juvénile porte encore des bandes grises entre les bandes brunes, la partie supérieure de sa tête est jaune et son pédoncule caudal porte une tache noire.
2 : Les bandes grises ont bruni, il y a moins de jaune sur la tête et la tache noire du pédoncule s’estompe au milieu d’un anneau grisé. Certaines bandes sont plus claires que les autres.
3 : Toutes les bandes sont d’un brun homogène, la tache noire a disparu mais l’anneau gris reste : il s’agit d’un jeune adulte. Chez les grands adultes (au-dessus de
1 : Passe en S, Mayotte (976), océan Indien, 15 m
2 & 3 : Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
Véronique LAMARE
Philippe BOURJON
1 : 12/05/2012 ; 2: 31/05/2014 & 3 : 12/04/2017
En Afrique du Sud
Cet individu a été photographié à Aliwal Shoal, un récif corallien situé à quelques kilomètres de la côte du KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud. Cette localisation est la plus méridionale de la distribution de l’espèce dans l’océan Indien.
Aliwal Shoal, Afrique du Sud, océan Indien, 25 m
15/07/2018
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
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La page de Cheilodipterus macrodon sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La fiche de Cheilodipterus macrodon dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN