Corps fusiforme
Cinq fentes branchiales qui encerclent pratiquement la tête
Deux nageoires dorsales sans épine
Une nageoire anale
Bouche en arrière des yeux
Museau conique, recourbé chez un sujet juvénile
Yeux sans membrane protectrice
Veau de mer
Basking shark, bone shark, elephant shark, hoe-mother, shark, sun-fish (GB), Squalo elefante (I), Colayo, peje vaca, pez elefante, tiburón canasta (E), Riesenhai (D)
Le premier nom fut Squalus maximus Gunnerus, 1765
Squalus isodus Macri 1819
Squalus rashleighanus Couch 1838
Cetorhinus blainvillei Capello 1870
Selachus pennantii Cornish 1885
Cetorhinus maximus infanuncula Deinse & Adriani 1953
Cetorhinus maximus normani Siccardi 1960
Atlantique Nord et Sud, Pacifique Nord et Sud, Méditerranée plutôt occidentale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestCe grand migrateur côtoie les eaux tempérées de l'Atlantique Nord (le plus souvent en été aux alentours de Terre-Neuve) et Sud ainsi que l'ensemble des zones du Pacifique. Pénétrant en Méditerranée, il séjourne plus fréquemment dans la zone occidentale.
L'espèce est très abondante dans les eaux continentales tempérées froides (8 à 14 °C), mais on peut aussi la trouver dans des eaux légèrement plus chaudes. Ce requin affectionne les hauts fonds mais peut aisément se trouver très loin des côtes, dans les zones de vagues déferlantes ou dans les baies fermées. C'est un côtier pélagique* qui effectue des migrations saisonnières importantes. Il est plutôt en surface en été et plus en profondeur (- 2 000 m) en hiver, en raison de la raréfaction du plancton*.
Ce requin possède un corps fusiforme avec une nageoire anale et cinq fentes branchiales qui encerclent pratiquement la tête.
Cette espèce est la deuxième, en ordre de taille, après le requin baleine Rhincodon typus. Elle peut atteindre 15 m, avec une taille moyenne de 9 m pour les mâles et 9,8 m pour les femelles, pour un poids allant jusqu'à 4 tonnes.
Cethorinus maximus possède deux nageoires dorsales sans épine. La bouche est en arrière des yeux. Ses yeux sont très petits en proportion et le museau est conique voire recourbé (celui d'un jeune sujet se révèle ainsi plus long et plus déformé que celui d'un adulte), muni d'une grande gueule avec une mâchoire faiblement protractile* remplie de petites dents. La face ventrale est plus claire et parsemée de taches blanches. La caudale hétérocerque* (asymétrique) présente une forme de croissant.
Le genre n'a qu'une espèce.
Cependant il existe un autre requin planctophage* : le requin baleine (Rhincodon typus) qui possède une taille beaucoup plus importante (12 à 18 m) et ne vit que dans les eaux tropicales.
Ce requin se nourrit de plancton*. Il est microphage* et piège de minuscules crustacés planctoniques comme les copépodes sur des denticules particuliers nommés branchiospines* (sur les arcs branchiaux). Néanmoins on retrouve dans l'estomac de certains spécimens de petits poissons grégaires comme les sardines, sprats, maquereaux et harengs. Sa mâchoire est garnie de minuscules dents coniques (jusqu'à 3 000) disposées sur plusieurs rangées de chaque côté de la bouche. Un adulte possède un estomac qui peut contenir 500 kg de plancton et peut filtrer 2 000 tonnes d'eau par heure à une vitesse de deux nœuds. Son foie gigantesque lui assure une bonne flottabilité et lui permet un hivernage quand le plancton est rare.
Cet animal a la capacité de trouver les zones de plancton les plus riches en s'adaptant aux variations climatiques suivant un mécanisme totalement inconnu.
Longtemps, les chercheurs ont pensé que le requin pèlerin descendait en profondeur pour hiberner, qu'il demeurait immobile et perdait ses branchiospines et, du même coup, toute capacité à s'alimenter. Une étude britannique récente prouve qu'il n'en est rien. Cette espèce demeure en bordure du plateau continental, en période hivernale. Des suivis réalisés à l'aide de balises satellitaires le prouvent, même si l'animal réalise ponctuellement des incursions vers la zone des 1 000 m pour y suivre sa nourriture.
L'espèce est ovovivipare* avec une gestation de trois ans et demi. La naissance d'un à deux jeunes de 1,5 à 2 m par mise bas est courante. Il a été constaté des portées jusqu'à six jeunes. La gestation, longue, combinée à une durée de vie de sept à seize ans, fait que cette espèce est très vulnérable à la pêche (d'où les mesures conservatoires dans certains pays et l'interdiction totale dans d'autres zones).
Le cannibalisme intra-utérin ou oophagie est fréquent.
La résilience* de l'espèce, liée entre autres au temps permettant à l'espèce de doubler le nombre d'individus, est estimée à une valeur supérieure à 14 ans.
Parasites
Des copépodes parasites ou des lamproies sont souvent attachés aux nageoires caudales et dorsales.
Ethologie
Cette espèce est très sociable et se déplace en banc de douze à quinze individus formant le plus souvent un long cortège aligné ou un cercle à la recherche de nourriture. Ce comportement grégaire a longtemps laissé planer chez les hommes le mythe d'un serpent de mer gigantesque.
Cette espèce est totalement inoffensive pour l'homme ; seule la peau abrasive (en raison des denticules cutanées) peut provoquer des éraflures.
Du fait de son mode de nutrition, ce requin possède un système de peignes filtrants associés aux branchies. Les peignes filtrants disparaissent en hiver et se régénèrent ensuite sur une période quatre à cinq mois.
Recensement
Aujourd'hui les observations de requin pèlerin sont devenues plus rares et c'est dans ce contexte que l'Association pour l'Etude et la Conservation des Sélaciens (A.P.E.C.S.) a débuté en 1998 un programme de recensement des observations fondé sur la collaboration des usagers de la mer.
Ainsi professionnels, plaisanciers, plongeurs, promeneurs ou autre sont invités à signaler les observations faites de ce poisson au moyen de fiches d'observations. Les données sont ainsi collectées de façon standard et peuvent être intégrées à une base de données informatique.
Chaque année, une campagne d'information visant à informer le public de l'existence de ce programme est réalisée. Des affiches sont diffusées de façon ciblée sur le littoral et des annonces sont faites dans les médias. Il est possible de consulter le site de l'APECS ou les contacter par courriel (asso@asso-apecs.org).
Depuis fin 2010, l'association "Corsica-Groupe de Recherche sur les Requins de Méditerranée" a engagé un programme d'étude avec collecte de témoignages pour les eaux insulaires de la Corse. Il est possible de les contacter par courriel corsica-msrg@sfr.fr.
Historique
Dans un passé récent, cette espèce a fait l'objet d'une pêche industrielle intensive (maximale en 1970) pour récupérer l'huile du foie de l'animal servant au tannage du cuir ou à l'industrie aéronautique et la chair pour la consommation humaine.
Médecine
Le squalène correspond à l'huile générée par le foie de certains requins comme Cetorhinus maximus. Cette substance permet à l'animal d'emmagasiner une quantité importante d'oxygène par dissolution en plus des échanges par l'hémoglobine. D'autre part, elle est un intermédiaire pour la synthèse du cholestérol.
Des chercheurs se sont penchés sur les facultés potentiellement anticancéreuses des requins. Celui-ci n'a pas échappé à cette préoccupation. Des études plus poussées montrent que l'animal ne produit aucune substance de cette nature et que, pas plus que ces congénères, il ne permet de traiter un cancer. Il peut même s'avérer dangereux d'user de telles médications. Il s'agit de tordre le cou à ces inepties qui ont la vie dure : les requins n'échappent pas à ces maladies non plus.
Espèce classée à l'annexe II de la convention internationale de Berne.
Règlement (CE) no 1782/2006 du conseil du 20 novembre 2006 interdit, par son article 13, aux navires de pays tiers de pêcher, de conserver à bord, de transborder et de débarquer les espèces suivantes dans toutes les eaux communautaires : requin pèlerin (Cetorhinus maximus), requin blanc (Carcharodon carcharias).
Le nom de requin pèlerin est lié aux longues migrations dont est capable cette espèce, comme peut-être aussi à la forme de sa tête qui semble présenter un "capuchon" de moine.
Cetorhinus : du grec [ketos] = un monstre marin, et [rhinos] = nez,
maximus : du latin [maximus] = le plus grand.
Numéro d'entrée WoRMS : 105837
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Sous-classe | Elasmobranchii | Elasmobranches | Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles. |
Super ordre | Euselachii | Sélaciens | Raies et requins. |
Ordre | Lamniformes | Lamniformes | Requins maquereau : 2 nageoires dorsales, une nageoire "anale", 5 branchies, des yeux sans membrane protectrice, bouche étendue derrière les yeux. |
Famille | Cetorhinidae | Cétorhinidés | Requins pèlerins : dents très petites et très nombreuses, en crochet et à bords non tranchants. Grandes fentes branchiales s’étendant sur la face supérieure de la tête. Branchiospines* présentes sauf après la mue. |
Genre | Cetorhinus | ||
Espèce | maximus |
Vue générale
L'animal évolue bouche ouverte pour capturer sa nourriture.
Atlantique nord
2002
De face
L'animal, bouche ouverte, nous permet d'admirer l'amplitude et la structure interne de sa gueule, ainsi que la forme conique de son museau.
Atlantique nord
2002
Vue des branchies
Les branchies apparaissent ici en rouge à travers certaines de ses 5 paires de fentes branchiales.
Atlantique nord
2002
Vue générale juvenile
Individu jeune perdu dans la baie de Saint Florent.
Corse, St Florent, 3 m
25/10/2005
Fentes
Détail des fentes branchiales du requin pèlerin.
Corse, Baie de St Florent, 3 m
25/10/2005
Détail
Détail de la tête avec la bouche et le nez. On notera la position de la bouche en arrière des yeux.
Corse, St Florent, 3 m
25/10/2005
Parasites
Détails des copépodes parasites sur ce requin.
Corse, St Florent, 3 m
25/10/2005
Vue générale arrière
Un jeune spécimen perdu dans la baie de St Florent. On notera la caudale en forme de croissant.
Corse St Florent, 3 m
25/10/2005
Observation sur la Côte Bleue (Bouches du Rhône)
Cette observation est exceptionnelle.
Date et heure : jeudi 17 Avril entre 10 h 10 et 13 h 40.
État de la mer : très agitée, vent du Sud-Ouest, fort.
L'animal mesurait entre 6 et 8 m (un deuxième pourrait avoir été sur zone)
Méjean, Côte Bleue (13), en surface à 50 m de la côte
17/04/2008
Bondissant
Photo soumise au spécialiste A. De Maddalena, dont voici la réponse :
"C'est une belle photo.
Le fait que le requin pèlerin puisse sauter a été rapporté il y a de nombreuses années mais, pendant longtemps, des chercheurs pensaient que cela n'était pas possible, en raison de son grand poids, de sa vitesse plutôt lente.
Récemment les sauts ont été rapportés encore par des spécialistes des requins pèlerins. La raison de ce comportement, pas très commun, peut être :
- communication
- jeux
- localisation de la direction d'un objet d'interêt (la côte, une masse de plancton...)
- tentative de se délivrer des parasites.
Personne n'a pu encore donner une réponse certaine."
Irlande
2008
Illustration du requin pèlerin
Illustration : Marion SARANO, voir son site en lien sur la page de Longitude 181.
France
22/03/2019
Rédacteur principal : Jacques DUMAS
Vérificateur : Denis ADER
Responsable historique : Denis ADER
Responsable régional : Sylvie HUET
Chenard M., Desbrosses P., Le Gall J., 1951, Le pèlerin et sa pêche. Revue des Travaux de l'Office, t XVI.
La page sur Cetorhinus maximus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Cetorhinus maximus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN