Vérétille naine

Cavernularia pusilla | (Philippi, 1835)

N° 4690

Méditerranée, Atlantique Nord-Est (hors France)

Clé d'identification

Colonie dressée de petite taille, de forme cylindrique, à consistance charnue
Coloration blanche, crème, grise ou jaune pâle, rarement marron-rouge
Polypes blanchâtres de grande taille, à 8 tentacules sur une même couronne

Surface du tronc ponctuée de petits orifices
Pied, sans polypes, enfoncé dans le substrat meuble
Vit sur des fonds meubles vaseux ou sablo-vaseux

Noms

Noms communs internationaux

Sea pen (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Veretillum pusillum Philippi, 1835
Cavernularia valenciennesii Herklots, 1858
Stylobelemnon pusillum Kölliker, 1872
Cavernularia subtilis Tixier-Durivault & Lafargue, 1968

Distribution géographique

Méditerranée, Atlantique Nord-Est (hors France)

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Cavernularia pusilla se rencontre en Méditerranée, des côtes espagnoles jusqu'à l'Egypte, en passant par la Turquie. Longtemps considérée comme endémique* de Méditerranée, cette espèce a également été observée localement en Atlantique Nord-Est, du golfe de Gascogne au Sénégal.

En France, elle n'est connue que sur la Côte d'Azur, sur les fonds sablo-vaseux entre Nice et Antibes.

Biotope

La vérétille naine est une espèce rare et localisée qui vit sur les fonds vaseux ou sablo-vaseux entre 7 et 200 m de profondeur, principalement entre 30 et 60 m. En Méditerranée, les observations en dessous de 130 mètres sont à considérer comme occasionnelles.
Elle n'a pas besoin, pour s'installer, de la présence d'un substrat* dur, même ponctuel.
Son observation en plongée est rare et a lieu la nuit. C'est une espèce nocturne, restant enfouie dans le sédiment pendant la journée.

Description

Cavernularia pusilla se présente, de nuit, sous la forme d'un cylindre, arrondi au sommet, et planté dans un substrat* meuble. Cette colonie est alors gonflée d'eau car elle possède un hydrosquelette. La vérétille naine peut être blanche, crème, grise ou jaune pâle, plus rarement marron-rouge. Elle mesure entre 1,5 et 3,7 cm de hauteur.

La partie visible, appelée tronc ou rachis, est recouverte de polypes* disposés régulièrement sur toute la surface. Deux types de polypes sont observables chez cette espèce : les autozoïdes* et les siphonozoïdes*.
Blanchâtres et plutôt longs (3 cm environ), une trentaine de polypes autozoïdes sont bien visibles. Ils sont composés de 8 tentacules* pourvus de pinnules* et alignés sur une même couronne, comme chez tous les octocoralliaires, et séparés par des cloisons gastriques. Ils peuvent être complètement rétractés à l'intérieur du cœnenchyme* ou partiellement (5 à 7 mm de long).
Entre les polypes autozoïdes, la surface du tronc est ponctuée uniformément de petits orifices. Ce sont des polypes siphonozoïdes, beaucoup plus simples dans leur structure que les autozoïdes. Le siphonozoïde n'a pas de tentacules ni muscle rétracteur et n'a pas d'organes reproducteurs. C'est une sorte de siphon spécialisé dans les échanges respiratoires de la colonie. Ils absorbent l'eau et la distribuent à toute la colonie.

L'autre partie de la vérétille naine est le pédoncule* ou pied, ancré dans le substrat. De forme pointue et recourbée à son extrémité, il ne porte pas de polypes (on le dit "stérile"). Il représente 60 % de la taille totale de la colonie.

Un axe calcaire interne occupe quasiment toute la longueur du tronc. Il n'atteint pas l'extrémité proximale* de la colonie.
Les sclérites* présentes au sein du cœnenchyme sont calcaires, elles contribuent à une forme de rigidité de l'hydrosquelette.

Espèces ressemblantes

Une autre vérétille partage la même aire de répartition : Veretillum cynomorium. Cette dernière est beaucoup plus grande que C. pusilla (jusqu'à 50 cm de haut), de couleur jaune orangé, et présente une surface de tronc marquée d'un relief en lignes parallèles.

Kophobelemnon stelliferum (Muller, 1776) est une autre vérétille, de grande taille (jusqu'à 75 cm) avec une large aire de distribution dans les océans Atlantique et Pacifique, vivant entre 25 et 2500 m de profondeur. En Méditerranée, il est possible qu'une autre espèce soit présente et endémique, Kophobelemnon leucharti Cecchini, 1917. Elle est plus petite que K. stelliferum (jusqu'à 25 cm de longueur). Ces deux espèces ont un aspect caractéristique avec un tronc de forme étroite et allongée, sur lequel sont disposés des polypes de grande taille, dépassant parfois 5 centimètres de longueur.

D'autre part, un alcyon, Alcyonium palmatum est caractérisé par un tronc portant des ramifications secondaires. Il se rencontre surtout sur des fonds vaseux, sableux ou détritiques*, accroché à des objets durs (cailloux ou un débris coquillier). Son tronc est translucide à la lumière et sa base blanchâtre est dépourvue de polypes.

Alimentation

La vérétille se nourrit de particules organiques présentes dans l'eau de mer et qui sont capturées par les polypes autozoïdes.

Reproduction - Multiplication

La reproduction de la vérétille naine est mal connue. Sur les 200 espèces de Pennatulaires décrites à ce jour (Williams & van der Land, 2001), seules quelques études ont été menées sur leur reproduction. Elles suggèrent que ce groupe d’octocoralliaires est gonochorique* au niveau de la colonie et se reproduit sexuellement par émission de gamètes*.
Sur une colonie de Cavernularia pusilla prélevée au mois de novembre sur la Côte d'Azur, des ovocytes* sphériques sont visibles à la base de la cavité gastro-vasculaire des autozoïdes. Gili & Pagès (1987) ont également observé des ovocytes sphériques de couleur rose sur une colonie récoltée sur le plateau catalan, mais au mois de juin. Il existe des preuves que les Pennatulaires peuvent avoir une ponte continue (non saisonnière) ou saisonnière, généralement pendant les mois d'été. Les travaux de Lopes et al (2012) ont montré que chez Veretillum cynomorium, la ponte est saisonnière avec une libération des gamètes en juillet, quand la température de l’eau est la plus chaude à Caldeira de Troia (estuaire du Sado, Portugal). Malgré cet évènement unique de ponte, V. cynomorium présente des ovocytes tout au long de l’année. Edwards & Moore (2008, 2009) ont également montré le maintien d’un stock de petits ovocytes tout au long de l’année chez Pennatula phosphorea et Funiculina quadrangularis. Aucune étude précise n’a encore été réalisée pour C. pusilla, mais la présence d’ovocytes aux mois de juin et novembre semble indiquer une situation similaire chez cette espèce.

De part leur morphologie très spécialisée, les pennatulaires se développent à partir d'un polype fondateur, ou oozoïde*, de grande taille, qui va s'enfoncer dans le sédiment meuble grâce à son pédoncule musculaire. Les polypes se multiplient alors de manière clonale à partir des extrémités, puis se spécialisent par différenciation, pour reformer une nouvelle colonie. Ainsi, tous les polypes d'une même colonie sont génétiquement identiques au polype fondateur. Un polype est considéré comme un individu.

Vie associée

Certaines limaces de mer, dont l'armine tachetée et le pleurobranche de Meckel, se nourrissent des polypes de la vérétille.

Divers biologie

Pour le taxon des Pennatulaires, la détermination au niveau espèce est principalement basée sur la description des sclérites présents au sein du cœnenchyme. Chez Cavernularia pusilla, les sclérites de surface du rachis ressemblent à des béquilles, à des tiges en forme d’os ou de fuseaux. Leur taille est inférieure à 0,40 mm de long. Les sclérites de l'intérieur du rachis ont des formes et tailles similaires à ceux de la surface. Les sclérites de surface du pédoncule sont ovales à fusiformes. Ils sont plus petits et mesurent moins de 0,22 mm de long. Leurs extrémités sont arrondies à pointues.

Sur la côte basque espagnole, au sud-est du golfe de Gascogne, une importante population de vérétilles naines a été découverte, avec des densités de 70 colonies par m2.

Sur des fonds meubles et dépourvus de relief, les pennatulaires représentent une biocénose* importante et complexe. Elles offrent des micro-habitats variés permettant aux autres espèces de se nourrir et pondre.

Informations complémentaires

Le genre Cavernularia compte 14 espèces, dont trois présentes en Atlantique Est ou Méditerranée, les onze autres en Indo-Pacifique. Pour le moment, seule Cavernularia pusilla (Philippi, 1835) a été observée sur les côtes françaises. Elle est considérée comme la seule espèce valide du genre présente en Méditerranée.

Origine des noms

Origine du nom français

Vérétille naine : Cette espèce ne possède pas de nom vernaculaire dans la littérature naturaliste. Cette proposition du site DORIS est une traduction du nom scientifique de l'espèce.

Origine du nom scientifique

Cavernularia : du latin [cavernula] = petite cavité, en référence aux nombreuses petites aspérités visibles à la surface de la vérétille (formées par les siphonozoïdes).

pusilla : du latin [pusillus] = nain, tout petit, très petit.

Veretillum : du latin [veretilla] = animal de mer, avec, d'après le Gaffiot (dictionnaire latin-français), un jeu de mots avec [veretrum] = parties sexuelles, verge.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Cnidaria Cnidaires

Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula.

Classe Anthozoa Anthozoaires Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie).
Sous-classe Octocorallia / Alcyonaria Octocoralliaires / Alcyonaires Anthozoaires coloniaux, parfois solitaires. Polypes de petite taille à symétrie radiaire d’ordre 8 (8 tentacules portant 2 rangées de pinnules). Exosquelette calcaire ou spicules calcaires ou fibres organiques.
Ordre Pennatulacea Pennatulaires

Octocoralliaires coloniaux non fixés, soit en forme de plume et à symétrie bilatérale, soit sans symétrie bilatérale et de forme cylindrique, ancrés dans le sédiment. Ce sont les pennatules (ou plumes de mer) et les vérétilles.

Sous-ordre Sessiliflorae Sessiliflores
Famille Veretillidae Vérétillidés
Genre Cavernularia
Espèce pusilla

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