Cuthona nue

Catriona gymnota | (Couthouy, 1838)

N° 1898

Atlantique Nord

Clé d'identification

Rhinophores lisses, blanc translucide ou orange pâle
Cérates digitiformes peu nombreux
Glande digestive rose saumon visible par transparence
Anneau blanc terminal
Dépendant habituellement des Tubularia

Noms

Noms communs internationaux

Orange-tipped eolis (GB), Gorgelpijp-knotsslak, zachtgedoornde zeenaaktslak (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Eolis gymnota Couthouy 1838
Cuthona gymnota (Couthouy 1838)
Eolis aurantia Alder & Hancock 1842
Trinchesia aurantia (Alder & Hancock 1842)
Aeolis bellula Lovén 1846 fide Alder & Hancock
Eolis aurantiaca Alder & Hancock 1851
Eolis sanguifera Dalyell 1853
Montagua gouldi Verrill 1874
Catriona aurantia Winckworth 1941

Distribution géographique

Atlantique Nord

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest

Elle est connue en Atlantique Nord-Est depuis la Norvège, tout autour des îles Britanniques, en mer du Nord, et Manche, jusqu'au sud du golfe de Gascogne. Plusieurs auteurs attestent sa présence en Méditerranée.
Elle habite aussi le long des côtes nord-est du Canada et des Etats-Unis, de l'Arctique canadien au New-Jersey. Sa première description a été faite sur un spécimen de la Charles River, Massachussetts, par Couthouy.

Biotope

Pour Catriona gymnota, biotope et nourriture ne font qu'un. Il lui faut des hydraires : des Tubularia indivisa ou des Ectopleura larynx (ex Tubularia larynx).
Donc, là où vivent les Tubularia, on trouve des Catriona gymnota. Ce sont des rochers, ou des épaves, même des cordages ou des coques de bateaux, dans des zones modérément agitées pour Tubularia indivisa, ou fortement agitées pour Ectopleura larynx.
Comme les Tubularia, elle vit de la zone infra-littorale* à une profondeur de 30 m environ.

Description

Catriona gymnota est un petit nudibranche éolidien de 22 mm au maximum, de couleur générale rouge, que l'on trouve au milieu et au pied des Tubularia.
Les cérates* sont organisés en une douzaine de rangées au maximum. Les 3 ou 4 rangées les plus antérieures laissent voir au milieu du dos un espace nu et chaque demi-rangée porte au plus sept cérates. Ils sont digitiformes ou légèrement renflés, à pointe conique, plutôt émoussée. La glande digestive rose saumon, rouge ou marron se voit par transparence ; la pointe porte un anneau pigmenté de blanc opaque.
Les rhinophores*, lisses, un peu plus longs que les tentacules labiaux, sont blanc translucide ou orange pâle ; les tentacules toujours blancs.
Le pied arrondi à l'avant ne porte pas de tentacules pédieux.
Le corps lui-même, blanc translucide, laisse voir les ramifications de la glande digestive.
La couleur générale de cette limace est donc donnée par la glande digestive, de rose à marron, variable selon la nourriture.

Espèces ressemblantes

Cuthona nana( Alder & Hancock), un peu plus grande, avec une vingtaine de rangées de cérates, lui ressemble beaucoup. Ses cérates sont moins renflés et elle vit sur Hydractinia echinata.

Bien des éolidiens vivent en dépendance des Tubularia ou à proximité.
Facelina auriculata(Forbes & Goodsir) lui ressemble d'assez loin, avec des cérates rouges et un corps blanc. Les reflets bleutés et les rhinophores annelés marquent la différence.
Facelina bostoniensis (Couthouy), est beaucoup plus grande, avec un corps rose saumon, et des cérates plus nombreux et sans organisation en rangées.
Facelina annulicornis (Chamisso & Eysenhardt) porte sur le corps et les cérates un semis de points blancs.
Flabellina lineata
(Lovén) porte des lignes blanches le long des tentacules labiaux, qui se rejoignent entre les rhinophores et continuent le long du dos.
Flabellina verrucosa (Sars) possède une ligne blanche le long du corps.
Flabellina salmonacea (Couthouy) juvénile se nourrit aussi sur les Tubularia, mais semble plus pâle.
Flabellina gracilis (Alder & Hancock) et Flabellina pellucida (Alder & Hancock) présentent grossièrement la même coloration, mais se nourrissent habituellement sur des hydraires du genre Eudendrium.
Beaucoup plus petits, les Doto présentent des rhinophores engainés à leur base et des cérates renflés.

Alimentation

Catriona gymnota se nourrit exclusivement sur les hydroïdes et préférentiellement Tubularia indivisa, et Ectopleura larynx dans les eaux européennes. En zone Nord-américaine, elle se nourrit de Tubularia crocea. Selon Thompson (1984), elle vit aussi aux dépens d'autres hydraires : Bougainvilla ramosa, Sarsia eximia, Garveia nutans et Obelia longissima.
On la trouve au niveau des stolons* ou sur les tiges elles-mêmes. Il semble qu'elle se nourrisse sur les tiges des tubulaires en forant un trou avec sa radula* et en aspirant le contenu, qui contient bien moins de nématocystes* matures que les polypes. Les polypes de Tubularia indivisa ne semblent pas être inscrits au menu de Catriona gymnota en raison de leur grande taille et leur fort pouvoir urticant.
Dès que les Tubularia reprennent leur forme libre (actinula), les Catriona sont privées de nourriture, la glande digestive devient marron pâle, et elles meurent de faim en quelques jours.
Bleakney (1996) a observé, sur les côtes américaines, que les Catriona passaient d'une espèce de Tubularia à une autre au fur et à mesure que celles-ci perdaient leurs polypes.

Reproduction - Multiplication

Comme tous les nudibranches, les Catriona gymnota sont hermaphrodites*. Leurs organes génitaux mâle et femelle débouchent à l'avant droit du pied, à hauteur de la deuxième rangée de papilles. Les limaces adoptent donc une position tête-bêche pour échanger leurs spermatozoïdes et se féconder réciproquement. En fait, les deux partenaires sont tellement entrelacés qu'il est difficile à l'observateur de s'y retrouver dans l'enchevêtrement de cérates.
Ensuite chacun va pondre un peu plus loin, à la base des tiges ou sur celles-ci. Le ruban d'œuf est replié transversalement, assez serré et forme une masse blanche assez compacte, entourée d'une enveloppe gélatineuse, globalement ovoïde ou réniforme.
Les larves pélagiques, mal connues, permettent la diffusion spatiale de l'espèce. Elles prendront la forme adulte dès que la nourriture sera à nouveau disponible, l'hiver suivant.
On a observé plusieurs générations la même année sur les côtes américaines.

Vie associée

L'association avec Tubularia indivisa comme habitat-nourriture est très étroite, au moins en France métropolitaine. Catriona gymnota y côtoie donc les éolidiens cités ci-dessus dans “Espèces semblables”, plus Cumanotus cuenoti, et les doridiens Crimora papillata et Polycera quadrilineata.

Divers biologie

La radula* des nudibranches est une sorte de râpe chitineuse qui leur sert à dilacérer leur nourriture. Elle permet aux biologistes, après étude au microscope, d'identifier les espèces. Celle de Catriona gymnota est unisériée* et assez étroite. Elle comporte une seule rangée de 50 à 82 dents. Chaque dent, grossièrement en forme de fer à cheval, comporte 3 ou 4 denticules de part et d'autre d'une forte cuspide*.
Cette forme de radula se rapproche de celle de Doto coronata ou Doto fragilis qui se nourrissent eux aussi en perforant les tiges des tubulaires.

L'anneau blanc opaque qui coiffe la pointe des cérates est constitué de petites glandes épidermiques.

Informations complémentaires

Dès que l'eau dépasse 14 °C, les Tubularia indivisa reprennent leur forme libre (actinula), les polypes disparaissent ; les limaces n'ont plus de nourriture et meurent en quelques jours.
Du fait de sa dépendance aux tubulaires, Catriona gymnota est une espèce saisonnière, d'hiver et de début de printemps, dans les eaux tempérées de métropole. Elle est certainement perannuelle dans des eaux plus fraîches.
Au bassin d'Arcachon, on ne la trouve que de décembre à début mai, selon la température de l'eau.
A Dunkerque, les Tubularia présentent plusieurs proliférations pendant l’année avec un creux en juillet. Il semble donc possible de trouver Catriona gymnota à peu près toute l'année.

Origine des noms

Origine du nom français

Simple traduction du nom scientifique, c'est une proposition pour le site DORIS.

Origine du nom scientifique

Catriona : Winckworth en 1941 n'a pas donné d'explication.
Cuthona : nom de genre créé par Alder & Hancock en 1855.
Dans les Poèmes d’Ossian, recueil de poèmes gaéliques du III° siècle, publiés en anglais par James Macpherson entre 1760 et 1763 et relatant une épopée irlandaise, une héroïne, Cuthona, est enlevée à son fiancé Conlath. Celui-ci meurt dans une bagarre avec Toscar, le ravisseur. Cuthona meurt de chagrin trois jours après.

gymnota : du grec [gymnos] = nu, sans armes. Couthouy semble lui avoir donné ce nom en raison de l'espace nu du dos que laissent voir les demi-rangées de cérates.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 141611

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Trinchesiidae Trinchésiidés
Genre Catriona
Espèce gymnota

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