Castor européen

Castor fiber | Linnaeus, 1758

N° 1464

Nord de l'Europe, Asie

Clé d'identification

Taille pouvant atteindre 1,20 m
Fourrure brun foncé à noire sur le dos
Orteils palmés
Queue aplatie, large et couverte d'écailles
4 incisives orangées, bien développées

Noms

Autres noms communs français

Castor d'Eurasie, castor, castor d'Europe, bièvre

Noms communs internationaux

Beaver, eurasian beaver, european beaver (GB), Castoro europeo (I), Castor europeo (E), Europäischer biber (D), Bever (NL)

Distribution géographique

Nord de l'Europe, Asie

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe

Il est présent dans le nord de l'Europe : France, Belgique, Scandinavie, Suisse et Russie et en Asie où il se maintient dans quelques régions de Sibérie et Mongolie.
Il a été réintroduit en Bavière, au Pays-Bas, en Ecosse et aussi dans plusieurs régions de France.

Biotope

Il vit au bord des eaux douces, courantes ou non à proximité de zones boisées. Il creuse des terriers dans les berges avec de multiples accès, dont un sous la surface de l'eau.
Avec les arbres qu'il abat, il peut construire des huttes qui complèteront son habitat. Avec ces matériaux qu'il coupe lui-même, il est capable de construire des barrages qui lui permettront de maintenir un niveau d'eau convenable. L'assemblage de branches sera complété avec un apport d'herbe, de terre. Si le niveau de l'eau devient trop important il pourra aussi aménager des canaux d'évacuation.
Il marque le territoire qu'il occupe avec une sécrétion musquée : le castoréum. Un groupe familial occupe ainsi une section de 1 à 3 km d'un cours d'eau selon les ressources disponibles.

Description

Le castor, au corps massif, est le plus grand des rongeurs européens avec une taille pouvant atteindre 1,20 m (dont 30 cm pour la queue) suivant les régions et un poids de 35 kg. L'adulte pèse en moyenne entre 16 et 28 kg.
Sa fourrure très fournie, de teinte blond roux clair à brun foncé voire noire sur le dos, est un peu plus claire ventralement. Elle est parfaitement étanche.
Les pattes sont courtes et les orteils palmés. Un des doigts de chaque patte antérieure est opposé aux quatre autres et permet la préhension. Les pattes postérieures sont palmées et leur deuxième orteil portent un ongle double utilisé comme peigne.
La queue, aplatie, large est couverte d'écailles. La largeur peut atteindre 16 cm pour une longueur de 35 cm. Elle lui sert de gouvernail pendant la nage.
Les narines se ferment pendant la plongée.
Il possède 4 incisives orangées, bien développées, taillées en biseau, à croissance continue.
Lorsqu'il nage, la presque totalité de son corps est immergée à l'exception de sa nuque et de la moitié supérieure de sa tête.

Espèces ressemblantes

Il peut être confondu avec le ragondin et le rat musqué, plus petits.
Le ragondin, Myocastor coypus, est un peu plus petit. Le corps mesure de 40 à 60 cm avec une queue de 30 à 45 cm. Il possède également 4 grandes incisives orange à rouges. Sa queue, peu poilue, a une section arrondie qui le fait ressembler à un rat.
Lorsqu'il nage toute sa tête et le haut du dos émergent.
Le rat musqué, Ondatra zibethicus, de la famille des muridés, beaucoup plus petit, a une taille de 30 à 40 cm de long avec une queue de 20 à 25 cm, écailleuse et comprimée latéralement.

Alimentation

Le castor est strictement herbivore, il se nourrit d'écorces, de feuilles, d'herbe, de pousses, de plantes aquatiques... Il accède aux feuilles des arbres en les abattant à l'aide de ses incisives puissantes. Il privilégie les branches et les troncs d'un diamètre compris entre 3 et 8 cm mais il peut s'attaquer à de très gros arbres en en rongeant le tour. Il fait des réserves de branches de saule, tremble, peuplier... qu'il entasse dans des garde-manger, places réservées, sous l'eau, pour l'hiver.
Il est caecotrophe* : ses crottes molles sont ravalées et digérées une deuxième fois.
Pour se nourrir, un adulte a besoin chaque jour de 2 kg de matière végétale ou 700 g d'écorces. Son régime varie selon la saison :
- en hiver : écorces tendres de saules, de peupliers, de bouleaux, de noisetiers, de frênes, d'érables, etc. ;
- au printemps : nouvelles pousses de plantes herbacées ;
- en été : graminées, herbes, feuilles, fruits et plantes aquatiques.

Reproduction - Multiplication

Le castor est monogame. Le taux de reproduction de cette espèce est faible avec un à cinq petits en une seule portée annuelle.
L'accouplement se déroule dans l'eau de janvier à mars. Les petits naissent entre la mi-mai et la mi-juin, couverts d'un fin duvet et les yeux ouverts.
Les jeunes sont allaités pendant deux à trois mois, puis sont nourris par tous les membres du groupe. Les castorins restent 2 ans dans la famille, avant de s'émanciper. La deuxième année, ils aident les parents à élever les jeunes de l'année.
La maturité sexuelle est atteinte à 2 ans pour la femelle et 3 ans pour le mâle.
L'espérance de vie est en moyenne de 10 à 15 ans.

Vie associée

Un certain nombre de parasites externes lui sont propres et notamment Platypsyllus castoris, un petit coléoptère de la famille des Leptinidae.
A l'heure actuelle, il n'a pratiquement plus de prédateurs car ceux-ci sont devenus rares : le loup, le lynx, l'ours.

Divers biologie

C'est un très bon nageur, il peut atteindre 7 km/h. Egalement très bon apnéiste, il plonge et peut rester jusqu'à 5 minutes sous l'eau.
Il vit en groupes familiaux logeant dans des huttes ou des terriers suivant la nature du milieu. Et même dans des "terriers-huttes" quelquefois !
Ces groupes rassemblent un couple, les enfants et les individus nés l'année précédente.

Leur mode de communication est bien développé avec cris, plaintes, murmures, sons divers... Il utilise également des claquements de queue et des postures particulières.

Le castor semble être assez résistant à la pollution.

Informations complémentaires

Très ingénieux, sa manière de modeler son environnement le distingue des autres mammifères. Il a une grande activité la nuit (principalement en début et en fin de nuit) et dort la journée. Le castor (réintroduit ou non) peut être considéré comme un "gestionnaire" des cours d'eau. Son activité est globalement positive pour l'environnement : en construisant des barrages et en se nourrissant des arbustes rivulaires, il régule les cours d'eau au niveau de son territoire et aux alentours, et limite l'effondrement éventuel des berges (les arbres et arbustes de la ripisylve*, en faisant des rejets, s'enracinent plus profondément et plus solidement).
Malheureusement, il arrive que le castor fasse des dégâts, notamment dans les arboricultures et certaines cultures. Des moyens de protection des troncs sont alors envisageables pour limiter les conséquences de ses activités de nourrissage.

Guerre du castor : sa fourrure a été très convoitée en particulier pour la fabrication de chapeaux. Ce rongeur a eu une grande importance à l'époque de la conquête de l'Ouest américain. Français et Anglais se sont battus pour conquérir les territoires où vivait le castor.
Le castor a également beaucoup été chassé :
- pour sa viande qui était autorisée par le clergé le vendredi saint et les jours de carême, car le castor était classé dans les poissons (ou en tout cas assimilé),
- pour son castoréum, riche en acide salicylique, utilisé pour la fabrication de l'aspirine.

Différence génétique : le castor européen possède 48 chromosomes, alors que le castor canadien n'en a que 40.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Communautaire :
Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe II
Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe IV
Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe V

International :
Convention de Berne : Annexe III

De portée nationale :
En France : Mammifères protégés : Article 2
En Belgique : intégralement protégé par le décret Natura 2000

Origine des noms

Origine du nom français

Castor : reprise du nom latin
européen : pour la répartition de cette espèce et le différencier du castor canadien.

Origine du nom scientifique

Castor du grec [kastor], était aussi le nom d'un des deux Gémeaux Castor et Pollux, fils de Léda et de Zeus (transformé pour l'occasion en cygne).
fiber du latin [fiber] = nom roman de l'animal, latinisation déjà ancienne du vieux germain (biber, bièvre en vieux français, weaver, viver...) tout un groupe sémantique désignant un animal aquatique, parfois sympathique parfois inquiétant, dont dérivent aussi la vouivre, la vipère...

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Mammalia Mammifères Vertébrés possédant des poils et des glandes mammaires produisant du lait.
Sous-classe Theria Thériens La paroi latérale du crâne est constituée de deux os particuliers: l'alisphénoïde et le squamosal.
Super ordre Eutheria Euthériens Présence d'une dentition lactéale et d’un développement embryonnaire effectué entièrement dans l'utérus (mammifères placentaires).
Ordre Rodentia Rongeurs
Sous-ordre Sciuromorpha Sciuromorphes
Famille Castoridae Castoridés
Genre Castor
Espèce fiber

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