Casque cornu

Cassis cornuta | (Linnaeus, 1758)

N° 4726

Indo-Pacifique occidental, mer Rouge

Clé d'identification

Coquille, en forme de casque, grande, solide, lourde de 15 à 22 cm de hauteur (voire plus)
Dernier tour avec 3 - 4 ou 5 - 7 tubercules plus ou moins proéminents
Base large et plate
Ouverture longue et étroite
Bord columellaire denté (plis columellaires)
Callosité columellaire recouvrant le début du dernier tour
Bord interne du labre avec 5 à 7 dents blanches
Canal siphonal étroit et recourbé
Base se prolongeant au-delà du sommet de la coquille

Noms

Autres noms communs français

Fer à repasser, casque tricoté, tête de bœuf

Noms communs internationaux

Giant Helmet, helmet shell, horned helmet shell, bonnet snail, giant Cassis cornuta, giant helmet, giant horned helmet conch, hawaiian helmet shell, helmet seashell (GB), Sturmhaube, große Sturmhaube, gehörnte Helmschnecke, gestrickte Sturmhaube, punktirte Sturmhaube, gekieperte Helm, Ochsenkopf (D)
et éventuellement
Budyong (Philippines), Bunu (iles Salomon), Onuu (Palau), Pu puhi (Hawaï), Pu tara (Polynésie française), bok bok (îles Marshall).

Synonymes du nom scientifique actuel

Buccinum cornutum Linnaeus, 1758
Cassis (Cassis) cornuta (Linnaeus, 1758)
Cassis caputequinum Röding, 1798
Cassis hamata Röding, 1798
Cassis labiata Dillwyn, 1817

Distribution géographique

Indo-Pacifique occidental, mer Rouge

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Cette espèce a une large distribution dans les eaux tropicales : mer Rouge, océan Indien de l'est de l'Afrique (Mayotte et La Réunion notamment), aux Philippines et océan Pacifique à l'est jusqu'en Polynésie et Hawaï, du Japon au nord à l’Australie et la Nouvelle-Calédonie au sud.

Biotope

Le casque cornu vit entre 1 m et 30 m de profondeur (voire 70 m) dans les régions de récifs coralliens. Il affectionne les fonds de sable et de débris de coraux. Il peut s’enfouir au moins partiellement.
Aux Philippines, ce casque a été observé dans la zone de balancement des marées au printemps.

Description

La coquille, en forme de casque, est grande, solide, et lourde ; elle mesure de 15 à 22 cm de hauteur (jusqu’à 39 voire 41 cm). C’est la plus grande coquille des Cassidés (casques). Le dernier tour porte 3 à 4 ou 5 à 7 tubercules plus ou moins proéminents. La surface des tours a l'apparence d’un fin treillis avec de très fines côtes axiales croisant de fins cordons spiralés.
La spire est basse avec les marques des anciens labres*. La base (c’est le côté de l’ouverture) est large et plate (d’où le nom commun de fer à repasser). L’ouverture est longue et étroite et la callosité columellaire* recouvre presque complètement le début du dernier tour. Le bord columellaire est denté (plis columellaires) et le bord interne du labre porte 5 à 7 dents blanches. Le canal siphonal* est étroit et recourbé. La base se prolonge au-delà du sommet de la coquille (c’est un caractère particulier à cette espèce).
L’opercule* corné, de couleur brune, est allongé et mesure le quart de la longueur de l’ouverture.

La coloration de la coquille est beige grisâtre avec des ponctuations brunes espacées en lignes spirales, plus marquées chez les juvéniles. Chez les adultes, cette coloration est visible à l’extérieur du bord du labre. La callosité columellaire est orange avec les ponctuations brunes de la coquille plus jeune.
Les coquilles présentent un dimorphisme* sexuel :
  • celles des mâles sont plus petites et les tubercules du dernier tour sont moins nombreux que chez la femelle ;
  • celles des femelles ont des tubercules plus nombreux et les intervalles entre eux sont treillissés.
La callosité columellaire des coquilles juvéniles n’est pas complètement formée, les tubercules sont plus petits et la coloration plus claire (blanc crème avec des taches en demi-lune brunes).

Ces animaux ont un grand manteau et un gros pied musclé jaune et brun. Ils possèdent un museau extensible (le proboscis*). Les yeux sont à la base de la seule paire de tentacules*.

Espèces ressemblantes

Le casque cornu peut être facilement distingué de toutes les autres espèces de casques par le rebord proéminent de la base se prolongeant au-delà du sommet de la coquille.

Cypraecassis rufa se distingue par ses tubercules courts et l'ouverture orange vif de la coquille. Elle mesure 9 à 16 cm de hauteur. Cette espèce est présente à l'ouest de l'océan Indien.

Cassis madagascariensis possède une callosité columellaire* rose, noire du côté de l'ouverture, les tubercules sont petits et plus nombreux. La coquille mesure de 15 à presque 40 cm de hauteur. Cette espèce est présente sur les côtes sud-est de l'Amérique du Nord, aux Bermudes et aux Antilles. Contrairement à son nom scientifique, elle est absente de l'océan Indien.

Cassis tesselata a une coquille mince, allongée aux tubercules très petits, disposés en 2 ou 3 séries spiralées et mesure de 7 à 30 cm de hauteur. Cette espèce vit sur les côtes de l'Afrique occidentale, du Sénégal à l'Angola.

Cassis tuberosa possède une grande callosité columellaire triangulaire fuligineuse (noirâtre comme de la suie). Cette espèce mesure 9 à 30 cm de hauteur et vit en Floride, aux Antilles, et au Brésil.

Alimentation

Les casques sont des prédateurs nocturnes. Ils se nourrissent d’échinodermes tels des oursins réguliers comme les oursins diadèmes (Diadema setosum) et plus particulièrement des oursins des sables (dollars des sables comme Clypeaster humilis ou Maretia planulata ) qui vivent plus ou moins enfouis dans le sable.
Le casque cornu se nourrit également de l'étoile de mer Acanthaster planci qui est prédatrice de scléractiniaires, accusée de la destruction des récifs coralliens.

Le proboscis* en pleine extension peut mesurer entre 1 fois et 1,5 fois la longueur de la coquille. La bouche et la radula* sont à l’extrémité du proboscis. La proie est agrippée par le pied musculeux et épais du casque. De grandes quantités de mucus sont produites pour permettre de grimper sur la proie. Dans le proboscis, des glandes sécrètent de l’acide sulfurique. Grâce à l’action de l’acide et de la radula, le test* de l’oursin est percé. Le casque peut également introduire son proboscis dans l’anus de sa proie.
Ensuite, le prédateur consomme les tissus de la proie pendant une à deux heures.

Certains scientifiques supposent que les casques sécrètent une toxine qui paralyse les piquants. Toutefois, des observations ont montré que la proie ne paraît pas anesthésiée pendant l’attaque. La capacité des casques à produire des toxines n’a pas encore été prouvée.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés. Les femelles pondent des œufs dans des capsules ovigères*. Ces capsules sont réunies en masses. Chaque capsule, allongée, peut contenir quelques centaines d’œufs. Une femelle peut pondre jusqu'à 40 000 œufs. Seuls quelques-uns se développent pour donner des larves* qui se métamorphoseront* en juvéniles.

Vie associée

Il est écrit que, par endroits, cette espèce vivrait en colonies.

Aux Philippines, ce casque est observé en même temps que les mollusques gastéropodes Oxymeris maculata (une térèbre) et Rochia nilotica (un troque).

La coquille peut servir de support à d’autres organismes (algues vertes, algues rouges encroûtantes, bryozoaires, hydraires, etc.). On parle de symphorisme*.

Divers biologie

Cette espèce peut s’enfouir partiellement ou complètement dans le sable. Seule la partie haute de la coquille peut alors dépasser du sédiment. Le casque cornu semble être plus actif la nuit.
Le casque cornu peut simplement avancer en rampant sur son pied ou en soulevant sa coquille puis en l’abaissant.

Informations complémentaires

Le pied et le muscle columellaire de cette grosse espèce sont consommés dans de nombreuses régions du monde, rôti dans sa coquille ou en bouillabaisse.
La coquille servait de récipient pour les liquides.
Cette coquille était traditionnellement utilisée autrefois pour fabriquer des outils (comme des herminettes) et actuellement en tant qu'objet décoratif. Elle est très appréciée par les collectionneurs de coquillages.
Quelques espèces de casques sont utilisées pour faire des camées (technique de gravure sur des matériaux présentant des couches de couleur différentes). La meilleure, pour ce travail, est Cypraeacassis rufa car cette espèce est plus colorée.
Des essais de production de casques cornus juvéniles ont été réalisés avec succès aux îles Marshall.

Une “perle” peut être, très rarement, trouvée dans la coquille. La plus grosse observée mesure 4 cm de diamètre. Il s’agit certainement d’un morceau de corail, de pierre ou de coquille emprisonné dans la région ombilicale.

Cette espèce est connue, aux îles Fidji, dans des sédiments du Miocène, soit un âge d’une vingtaine de millions d’années.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Cette espèce n’est pas inscrite à la CITES (La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), ni sur la liste rouge de l’UICN* (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

Cependant, plusieurs régions (comme l'Indonésie, le Queensland en Australie, les Philippines et les îles Fidji) ont mis cette espèce sous protection du fait de sa raréfaction et de son rôle comme consommateur (comme Charonia tritonis) de l'Acanthaster planci qui dévore les coraux. Cette espèce est également protégée à Mayotte par arrêté préfectoral du fait d'un braconnage intense.

En Polynésie française, cette espèce, du fait de sa récolte abusive, est devenue rare dans les lagons. Elle est aujourd’hui protégée et sa récolte est interdite mais apparemment pas son commerce.
En Nouvelle-Calédonie, un formulaire de demande de dérogation relative à la détention et au transport de coquillages protégés édité par la direction de l'environnement est nécessaire. Ce formulaire concerne : Cassis cornuta, Nautilus macromphalus, Charonia tritonis et toutes les espèces de Cymbiola.

Origine des noms

Origine du nom français

Casque cornu : simple traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Cassis : du latin [cassis] = casque (en métal), dès 1651, un prêtre jésuite italien, Filippo Bonanni (1638-1725), passionné de malacologie, a décrit ces coquillages comme ressemblant à un casque de soldat. Mais c’est en 1777 que le scientifique italien Giovanni Antonio Scopoli (1723-1788) a créé le genre Cassis.

cornuta : du latin [cornutus] = qui a des cornes, les tubercules proéminents de la coquille.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 208963

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Littorinimorpha Littorinimorphes
Famille Cassidae Cassidés

Coquille solide à sculpture axiale (souvent à varices tuberculées); ouverture relativement étroite, labre épaissi, canal siphonal court, oblique. callosité columellaire plus ou moins épaisse. Dimorphisme sexuel marqué. Lindner 2011:89.

Sous-famille Cassinae Cassinés
Genre Cassis
Espèce cornuta

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