Coquille, en forme de casque, grande, solide, lourde de 15 à 22 cm de hauteur (voire plus)
Dernier tour avec 3 - 4 ou 5 - 7 tubercules plus ou moins proéminents
Base large et plate
Ouverture longue et étroite
Bord columellaire denté (plis columellaires)
Callosité columellaire recouvrant le début du dernier tour
Bord interne du labre avec 5 à 7 dents blanches
Canal siphonal étroit et recourbé
Base se prolongeant au-delà du sommet de la coquille
Fer à repasser, casque tricoté, tête de bœuf
Giant Helmet, helmet shell, horned helmet shell, bonnet snail, giant Cassis cornuta, giant helmet, giant horned helmet conch, hawaiian helmet shell, helmet seashell (GB), Sturmhaube, große Sturmhaube, gehörnte Helmschnecke, gestrickte Sturmhaube, punktirte Sturmhaube, gekieperte Helm, Ochsenkopf (D)
et éventuellement
Budyong (Philippines), Bunu (iles Salomon), Onuu (Palau), Pu puhi (Hawaï), Pu tara (Polynésie française), bok bok (îles Marshall).
Buccinum cornutum Linnaeus, 1758
Cassis (Cassis) cornuta (Linnaeus, 1758)
Cassis caputequinum Röding, 1798
Cassis hamata Röding, 1798
Cassis labiata Dillwyn, 1817
Indo-Pacifique occidental, mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Cette espèce a une large distribution dans les eaux tropicales : mer Rouge, océan Indien de l'est de l'Afrique (Mayotte et La Réunion notamment), aux Philippines et océan Pacifique à l'est jusqu'en Polynésie et Hawaï, du Japon au nord à l’Australie et la Nouvelle-Calédonie au sud.
Le casque cornu vit
entre 1 m et 30 m de profondeur (voire 70 m) dans les régions de récifs
coralliens. Il affectionne les fonds de sable et de débris de coraux. Il peut s’enfouir au
moins partiellement.
Aux Philippines, ce
casque a été observé dans la zone de balancement des marées au printemps.
La coquille, en forme de casque, est grande, solide, et lourde ; elle mesure de 15 à 22 cm de hauteur (jusqu’à 39 voire 41 cm). C’est la plus grande coquille des Cassidés (casques). Le dernier tour porte 3 à 4 ou 5 à 7 tubercules plus ou moins proéminents. La surface des tours a l'apparence d’un fin treillis avec de très fines côtes axiales croisant de fins cordons spiralés.
La spire est basse avec les marques des anciens labres*. La base (c’est le côté de l’ouverture) est large et plate (d’où le nom commun de fer à repasser). L’ouverture est longue et étroite et la callosité columellaire* recouvre presque complètement le début du dernier tour. Le bord columellaire est denté (plis columellaires) et le bord interne du labre porte 5 à 7 dents blanches. Le canal siphonal* est étroit et recourbé. La base se prolonge au-delà du sommet de la coquille (c’est un caractère particulier à cette espèce).
L’opercule* corné, de couleur brune, est allongé et mesure le quart de la longueur de l’ouverture.
Ces animaux ont un grand manteau et un gros pied musclé jaune et brun. Ils possèdent un museau extensible (le proboscis*). Les yeux sont à la base de la seule paire de tentacules*.
Le casque cornu peut être facilement distingué de toutes les autres espèces de casques par le rebord proéminent de la base se prolongeant au-delà du sommet de la coquille.
Cypraecassis rufa se distingue par ses tubercules courts et l'ouverture orange vif de la coquille. Elle mesure 9 à 16 cm de hauteur. Cette espèce est présente à l'ouest de l'océan Indien.
Cassis madagascariensis possède une callosité columellaire* rose, noire du côté de l'ouverture, les tubercules sont petits et plus nombreux. La coquille mesure de 15 à presque 40 cm de hauteur. Cette espèce est présente sur les côtes sud-est de l'Amérique du Nord, aux Bermudes et aux Antilles. Contrairement à son nom scientifique, elle est absente de l'océan Indien.
Cassis tesselata a une coquille mince, allongée aux tubercules très petits, disposés en 2 ou 3 séries spiralées et mesure de 7 à 30 cm de hauteur. Cette espèce vit sur les côtes de l'Afrique occidentale, du Sénégal à l'Angola.
Cassis tuberosa possède une grande callosité columellaire triangulaire fuligineuse (noirâtre comme de la suie). Cette espèce mesure 9 à 30 cm de hauteur et vit en Floride, aux Antilles, et au Brésil.
Les casques sont des prédateurs nocturnes. Ils se nourrissent d’échinodermes tels des oursins réguliers comme les oursins diadèmes (Diadema setosum) et plus particulièrement des oursins des sables (dollars des sables comme Clypeaster humilis ou Maretia planulata ) qui vivent plus ou moins enfouis dans le sable.
Le casque cornu se nourrit également de l'étoile de mer Acanthaster planci qui est prédatrice de scléractiniaires, accusée de la destruction des récifs coralliens.
Le proboscis* en pleine extension peut mesurer entre 1 fois et 1,5 fois la longueur de la coquille. La bouche et la radula* sont à l’extrémité du proboscis. La proie est agrippée par le pied musculeux et épais du casque. De grandes quantités de mucus sont produites pour permettre de grimper sur la proie. Dans le proboscis, des glandes sécrètent de l’acide sulfurique. Grâce à l’action de l’acide et de la radula, le test* de l’oursin est percé. Le casque peut également introduire son proboscis dans l’anus de sa proie.
Ensuite, le prédateur consomme les tissus de la proie pendant une à deux heures.
Certains scientifiques supposent que les casques sécrètent une toxine qui paralyse les piquants. Toutefois, des observations ont montré que la proie ne paraît pas anesthésiée pendant l’attaque. La capacité des casques à produire des toxines n’a pas encore été prouvée.
Les sexes sont
séparés. Les femelles pondent des œufs dans des capsules ovigères*. Ces
capsules sont réunies en masses. Chaque capsule, allongée, peut contenir quelques
centaines d’œufs. Une femelle peut pondre jusqu'à 40 000 œufs. Seuls quelques-uns se développent pour donner des larves* qui se métamorphoseront* en juvéniles.
Il est écrit que, par endroits, cette espèce vivrait en colonies.
Aux Philippines, ce casque est observé en même temps que les mollusques gastéropodes Oxymeris maculata (une térèbre) et Rochia nilotica (un troque).
La coquille peut servir de support à d’autres organismes (algues vertes, algues rouges encroûtantes, bryozoaires, hydraires, etc.). On parle de symphorisme*.
Cette espèce peut s’enfouir partiellement ou complètement dans le sable. Seule la partie haute de la coquille peut alors dépasser du sédiment. Le casque cornu semble être plus actif la nuit.
Le casque cornu peut simplement avancer en rampant sur son pied ou en soulevant sa coquille puis en l’abaissant.
Le pied et le muscle columellaire de cette grosse espèce sont consommés dans de nombreuses régions du monde, rôti dans sa coquille ou en bouillabaisse.
La coquille servait de récipient pour les liquides.
Cette coquille était traditionnellement utilisée autrefois pour fabriquer des outils (comme des herminettes) et actuellement en tant qu'objet décoratif. Elle est très appréciée par les collectionneurs de coquillages.
Quelques espèces de casques sont utilisées pour faire des camées (technique de gravure sur des matériaux présentant des couches de couleur différentes). La meilleure, pour ce travail, est Cypraeacassis rufa car cette espèce est plus colorée.
Des essais de production de casques cornus juvéniles ont été réalisés avec succès aux îles Marshall.
Une “perle” peut être, très rarement, trouvée dans la coquille. La plus grosse observée mesure 4 cm de diamètre. Il s’agit certainement d’un morceau de corail, de pierre ou de coquille emprisonné dans la région ombilicale.
Cette espèce est connue, aux îles Fidji, dans des sédiments du Miocène, soit un âge d’une vingtaine de millions d’années.
Cette espèce n’est pas inscrite à la CITES (La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), ni sur la liste rouge de l’UICN* (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
Cependant, plusieurs régions (comme l'Indonésie, le Queensland en Australie, les Philippines et les îles Fidji) ont mis cette espèce sous protection du fait de sa raréfaction et de son rôle comme consommateur (comme Charonia tritonis) de l'Acanthaster planci qui dévore les coraux. Cette espèce est également protégée à Mayotte par arrêté préfectoral du fait d'un braconnage intense.En Polynésie française, cette espèce, du fait de sa récolte abusive, est devenue rare dans les lagons. Elle est aujourd’hui protégée et sa récolte est interdite mais apparemment pas son commerce.
En Nouvelle-Calédonie, un formulaire de demande de dérogation relative à la détention et au transport de coquillages protégés édité par la direction de l'environnement est nécessaire. Ce formulaire concerne : Cassis cornuta, Nautilus macromphalus, Charonia tritonis et toutes les espèces de Cymbiola.
Casque cornu : simple traduction du nom scientifique.
Cassis : du latin [cassis] = casque (en métal), dès 1651, un prêtre jésuite italien, Filippo Bonanni (1638-1725), passionné de malacologie, a décrit ces coquillages comme ressemblant à un casque de soldat. Mais c’est en 1777 que le scientifique italien Giovanni Antonio Scopoli (1723-1788) a créé le genre Cassis.
cornuta : du latin [cornutus] = qui a des cornes, les tubercules proéminents de la coquille.
Numéro d'entrée WoRMS : 208963
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Cassidae | Cassidés | Coquille solide à sculpture axiale (souvent à varices tuberculées); ouverture relativement étroite, labre épaissi, canal siphonal court, oblique. callosité columellaire plus ou moins épaisse. Dimorphisme sexuel marqué. Lindner 2011:89. |
Sous-famille | Cassinae | Cassinés | |
Genre | Cassis | ||
Espèce | cornuta |
Casque cornu
La coloration de la partie extérieure du labre est bien nette. La couleur verte est due à de petites algues.
Marsa Shagra, Egypte, mer Rouge, 3 m
07/05/2018
En mouvement
La coquille de ce casque cornu, un peu encroûté, montre le canal siphonal relevé. C'est une des caractéristiques de cette espèce.
Leyte, Philippines, 8 m, de nuit
2016
Gros plan sur l'avant
Le canal siphonal recourbé est caractéristique de cette espèce. L'orifice du siphon dépasse un peu du haut de ce canal.
En avant du pied jaune, un tentacule avec un œil à sa base est visible.
Ambo, Indonésie
11/2019
Vue de derrière
L'animal s'éloigne. L'arrière du pied portant l'opercule est visible. Le rebord de la base, ici recouvert de sédiment, dépasse la spire. Ce rebord est une des caractéristiques de cette espèce.
Leyte, Philippines, 8 m, de nuit
2016
Vue de côté
Cet individu a sa coquille recouverte par de nombreux petits organismes.
House reef, Dumaguete, île de Negros, Philippines, 22 m, de nuit
26/04/2006
Vue de côté
Les taches brunes de la partie externe du labre sont bien visibles. Comme seul le tubercule au sommet de la coquille est colonisé par des algues vertes et que le reste de la coquille est propre, on peut supposer que cet individu est régulièrement enfoui ne laissant dépasser que ce tubercule.
Mayotte, 1 m
15/12/2012
Coquille vide
La base de ce casque cornu est bien développée. Le labre est épais et la callosité columellaire recouvre largement le tour précédent. Cette coquille a appartenu à une femelle.
Fakarava, îlesTuamotu, Polynésie française, en surface
20 août 2019
La base
Cet animal retourné nous montre la base de la coquille. L'animal rétracté ne laisse voir que son opercule brun et un peu de son pied.
Mayotte, 1 m
15/12/2012
Vue de l'arrière
La spire peu proéminente et le rebord caractéristique de la base sont bien visibles.
Passe en S, Mayotte, 1 m
20/02/2010
Casque cornu sur un étal sur la plage
Cette vue par la base de ce casque montre son labre avec ses dents et la callosité columellaire peu développée. Le tour précédent est visible avec ses cordons spiraux, ses petits tubercules et ses taches brunes. Il s'agit d'un individu juvénile ou d'un mâle.
îIe d'Apo, près de l'île Negros, Philippines
28/04/2006
Dessin d'un spécimen juvénile
Ne trouvez-vous pas que cette représentation est bizarre ?
Le dessin, fait par le graveur sur la plaque est à l'endroit mais le tirage est à l'envers. L'artiste a dessiné le coquillage comme il l'a vu. Il aurait fallu qu'il dessine l'image donnée par un miroir.
Les tubercules sont petits, le labre est peu développé mais le canal siphonal est bien visible.
figure 155 extraite de Bonanni F, 1681, RICREATIONE DELL’OCCHIO E DELLA MENTE NELL’OFFERUATION’DELLE CHIOCCIOLE, Roma, 657p
Reproduction de documents anciens
1681
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Yves MÜLLER
Abbott R.T., 1968, The helmet shells of the world (Cassidae). Part 1. Indo-Pacific Mollusca, 2(9), 7-198.
Bonanni F., 1681, RICREATIONE DELL’OCCHIO E DELLA MENTE NELL’OFFERUATION’DELLE CHIOCCIOLE, Roma, 657p.
Dolorosa R.G., Conales S.F., Bundal N.A., 2013, Status of horned helmet Cassis cornuta in Tubbataha reefs natural park, and its trade in Puerto Princesa city, Philippines, Atoll Research Bulletin, 595, 1-17.
Hughes R.N., Hughes H.P.I., 1981, Morphological and Behavioural Aspects of Feeding in the Cassidae (Tonnacea, Mesogastropoda), Malacologia, 20(2), 385-402.
Nair M.R., 2005, Le programme de recherche aquacole Land Grant du collège des îles Marshall franchit une étape décisive dans la production de casques Cassis cornuta juvéniles, Le troca – Bulletin d’information de la C.P.S., 11, 11-12.
Poutiers J.M., 1998, GASTROPODS. In Carpenter, K. E. and V. H. Niem. 1998. FAO SPECIES IDENTIFICATION GUIDE FOR FISHERY PURPOSES. THE LIVING MARINE RESOURCES OF THE WESTERN CENTRAL PACIFIC. VOLUME 1. SEAWEEDS, CORALS, BIVALVES, AND GASTROPODS, Rome, pp. 363-648.
La page de Cassis cornuta dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Cassis cornuta sur le site de référence de DORIS pour les mollusques est ici : MolluscaBase