Méduse posée à l'envers, sur le fond
Ombrelle en forme de disque aplati légèrement concave
Couleur vert-brun
8 bras buccaux débordant très largement des bords de l’ombrelle
Vésicules allongées et aplaties en forme de feuilles ou de cuillères
Blue upside-down jellyfish, mangrove jellyfish (GB)
Cassiopea vanderhorsti Stiasny, 1922
Atlantique tropical Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesOn trouve cette méduse aux Caraïbes, dans le golfe du Mexique, et probablement dans toutes les eaux tropicales dont l'Indo-Pacifique (signalement bienvenu).
Cassiopea xamachana se plaît à proximité des mangroves et herbiers peu profonds, où la mer est peu agitée. On ne la trouve ni à grande profondeur ni en pleine mer. Son habitat préféré est une lagune peu profonde défendue par un cordon de mangrove, et reliée à la mer par un goulet.
Cassiopea xamachana est une "méduse à l'envers" dont l'ombrelle, qui peut mesurer jusqu’à 15 cm de diamètre, a une forme de disque très aplati, voire concave, c’est-à-dire qu’à part un léger bombement dans sa région centrale, les bords de l’ombrelle se recourbent vers l’extérieur à l’opposé des bras.
Cette ombrelle est d’une couleur vert-brun plus ou moins prononcée, avec une tache blanche annulaire. Six rhopalies* (organes sensoriels) sont visibles sur la périphérie de l’ombrelle.
Sur les méduses adultes on peut repérer par transparence les 4 gonades interradiales.
Comme toutes les Cassiopeidés, cette espèce ne possède ni tentacules marginaux ni ouverture buccale.
Les huit bras buccaux débordent très largement des bords de l’ombrelle, dont la taille ne représente qu’un demi à un tiers de leur longueur. Ils portent chacun une dizaine de ramifications alternées, elles-mêmes très fortement ramifiées jusqu’à former un fouillis de festons et de digitations secondaires. Parmi ces festons on observe de très nombreuses vésicules dures, blanchâtres, ainsi que quelques vésicules allongées et aplaties en forme de feuilles ou de cuillères à la base des ramifications principales.
Tous les tissus de la méduse sont colonisés par des zooxanthelles* qui lui donnent cette couleur brunâtre.
On la trouvera toujours posée à l’envers sur le fond, sa forme légèrement concave lui permettant de « faire ventouse » et de résister aux faibles mouvements d’eau d’une lagune (vaguelettes, petits courants de marée). Dérangée, elle se remet très vite dans cette position, à peine animée de quelques pulsations du bord de l’ombrelle pour renouveler l’eau de mer environnante.
Cassiopea xanthochana R.P. Bigelow, 1892, espèce très proche qu'on ne trouve qu'en Jamaïque.
Cassiopea frondosa (Pallas, 1774) a en principe des bras buccaux plus courts, en "chou-fleur", et pas de longs appendices en forme de feuille. Elle préfère les herbiers et fonds sableux, mais les 2 espèces peuvent coexister sur petits fonds.
Cassiopea andromeda (Forskal, 1775) très semblable, que l'on ne rencontrera qu'en mer Rouge et dans l'océan Indien.
Cette méduse s’alimente essentiellement des productions de ses zooxanthelles* symbiotiques qu’elle prend soin de bien exposer à la lumière.
Elle est également microphage* et absorbe les aliments par de nombreux pores percés dans ses bras buccaux. L'orientation de ses bras buccaux "vers le haut" lui permet de recueillir les particules qui tombent au fond.
Les vésicules présentes sur les bras buccaux ne sont que faiblement urticantes et ne semblent jouer qu’un rôle mineur dans la capture de petites proies. Les méduses adultes tirent leur nourriture essentiellement de la symbiose avec les zooxanthelles présentes dans leur tissus, les bras buccaux ne récoltant qu’une faible quantité de particules alimentaires : diatomées, organismes planctoniques*, débris organiques divers.
Les populations de C. xamachana peuvent être très denses localement, si des conditions de biotope favorables sont réunies, suite à un intense phénomène de multiplication asexuée de la phase polype*.
Bigelow décrit ainsi un marigot littoral à la Jamaïque, fréquenté par les crocodiles, et littéralement tapissé de méduses palpitantes, alors que toutes les brindilles, racines aériennes et branches immergées étaient rendues gluantes par une épaisse couche de scyphistomes* (stade polype fixé) à tous les stades de développement (en juin).
Les méduses sont probablement hermaphrodites* et passent d’abord par une phase femelle (protogynie), bien que cela ne soit pas confirmé.
Lorsqu’elles sont rassemblées ainsi en populations denses et tout juste recouvertes d’eau de mer, l’eau est saturée de gamètes* mâles, et la fécondation se fait directement dans l’ombrelle. Les méduses femelles libèrent des larves* mobiles en grand nombre à la périphérie de l’ombrelle. Ces larves ciliées se déplacent activement pendant 2 ou 3 jours, en s’abritant sous des feuilles ou des fragments d’écorce, puis prennent une forme allongée et forment 4 poches gastriques. Ce sont alors de vrais petits scyphistomes qui se fixent au substrat, développant de longs tentacules très fins et se nourrissant activement en capturant de petits crustacés. Chaque scyphistome à son tour peut produire jusqu’à 3 pseudo-larves simultanément par bourgeonnement de la paroi du corps. Ces pseudo-larves sont ciliées et ressemblent tout à fait à des planulas*.
Lorsque le scyphistome atteint une taille de 2 mm environ commence la strobilation* proprement dite : les longs tentacules régressent, des éphyrules* (peu nombreuses) se forment successivement par étranglement à l’extrémité du scyphistome et sont libérées dans l’eau de mer.
Les petites méduses nagent activement, dans le sens normal, puis développent leurs bras buccaux et, quand elles ont atteint une taille de 2 cm de diamètre, elles s’installent à l’envers sur le fond et vivent comme les méduses adultes.
Les tissus de la cassiopée adultes abritent des algues unicellulaires photosynthétiques*, les zooxanthelles*, qui leur confèrent des teintes jaunes, vertes ou brunes. Cette relation est symbiotique*.
Attention : malgré son apparence placide, cette méduse n'est pas sans défense ! Elle ne possède pas de tentacules urticants, mais est capable de décharger "en masse" ses cnidocytes* si elle est importunée.
Cassiopée est la traduction du nom latin, de mangrove car c'est dans les lagunes et les mangroves qu'on la trouve en abondance, et nulle part ailleurs.
Cassiopea est un nom tiré de la mythologie. Céphée et Cassiopée étaient roi et reine d'Ethiopie et les parents de la belle Andromède. Cassiopée commit l'imprudence de vanter la beauté de sa fille en la comparant aux Néréides, sacrilège ! Le dieu marin Poséidon envoya alors un monstre marin dévaster le pays. La seule façon de calmer sa colère fut de sacrifier Andromède en la livrant au monstre, attachée à un rocher. Le héros Persée (déjà meurtrier de Méduse, l'une des trois sœurs Gorgones), qui passait par là, tomba amoureux d'Andromède et la délivra en tuant le monstre. Zeus mit fin à cette série de désastres en envoyant tout le monde au ciel, Céphée et Cassiopée héritant de la position la plus polaire du ciel de l'hémisphère Nord : on voit donc toujours ces deux constellations à l'envers dans le ciel nocturne.
xamachana : dérive de [xamaycana], de Xamayca qui était le nom indien de l'île de la Jamaïque. C'est dans une lagune salée de cette île que Bigelow effectua ses observations sur la multiplication des cassiopées.
Numéro d'entrée WoRMS : 287172
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Sous-embranchement | Medusozoa | Médusozoaires | Cnidaires présentant une phase méduse acraspède (le plus souvent libre et pélagique) dans leur cycle de reproduction. Scyphoméduses, cuboméduses et stauroméduses. |
Classe | Scyphozoa | Scyphozoaires | Méduses vraies (ou acraspèdes). Phase polype réduite à absente. Le plus souvent strobilisation du polype (de petite taille) pour produire des méduses pouvant atteindre une grande taille. Cavité gastrale cloisonnée en quatre. |
Sous-classe | Discomedusae | Discoméduses | Scyphoméduses à ombrelle discoïde, non sillonée. |
Ordre | Rhizostomeae | Rhizostomes | Pas de tentacules. Manubrium complexe avec des bras oraux ramifiés et fusionnés. Planctonophages. Quelques espèces ont des zooxanthelles dans le manubrium et vivent retournées. |
Famille | Cassiopeidae | Cassiopéidés | |
Genre | Cassiopea | ||
Espèce | xamachana |
Une méduse à l'envers !
Posée à l'envers parmi les feuilles d'un petit herbier proche de la mangrove, cette méduse est reconnaissable à ses longs appendices foliacés.
Bocas del Toro, (Panama), entre 2 et 6 m
18/08/2007
Bras buccaux
Les bras débordent du bord de l'ombrelle et la masquent en grande partie.
Bocas del Toro, Panama, entre 2 et 6 m
19/08/2007
Chou-fleur
Vue du dessus, la cassiopée de mangrove évoque irrésistiblement un chou-fleur.
Bocas del Toro, Panama, entre 2 et 6 m
18/08/2007
Vésicules
Les longues vésicules sont implantées sur les principales ramifications des bras buccaux, alors que les petites vésicules blanches sont régulièrement dispersées sur les ramifications secondaires.
Bocas del Toro, Panama, entre 2 et 6 m
24/08/2007
Associés
Sur fond sableux, voici la méduse de mangrove avec un des petits apogons (Apogon aurolineatus) qui s'abritent fréquemment parmi les bras buccaux.
Port-Louis (Guadeloupe), 20 m
05/12/2009
La constellation de Cassiopée
Voici la représentation de Cassiopée sur la voûte céleste, selon l’Atlas Céleste de Flamsteed (1729).
Céphée et Cassiopée sont les deux constellations les plus au nord de l'hémisphère boréal ; pour les voir, il faut lever les yeux, lever la tête, cambrer le dos... et finalement se mettre quasiment la tête à l’envers !
N/A
Reproduction de documents anciens
1729
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Anne PROUZET
Bigelow, H.B., 1900, Anatomy and development of Cassiopea xamachana, Memoirs read before the Boston Society of Natural History, 5(6), 191-236.
La page de Cassiopea xamachana dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN