Méduse posée à l'envers sur le fond
Ombrelle jaune à brune, avec des taches et stries claires
Huit bras oraux plus courts que le rayon de l'ombrelle
Palpes labiaux comme des fanions colorés
Aspect en "chou-fleur"
Méduse Cassiopée ou simplement Cassiopée.
Upside-down jellyfish (GB)
Medusa andromeda Forsskål, 1775
Cassiopea forskalea Péron & Lesueur, 1809
Cassiopea medusa Light, 1914
Indo-Pacifique, mer Rouge, Méditerranée orientale
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]D’origine Indo-Pacifique, on la retrouve principalement de l’ouest de l’océan Indien à l’ouest de l’océan Pacifique.
Cassiopea andromeda a été introduite accidentellement dans l’archipel d’Hawaii depuis la dernière guerre.
Il existe également une population en mer Méditerranée orientale qui aurait migré depuis la mer Rouge par le canal de Suez.
C’est une espèce benthique* qui apprécie particulièrement les lagons peu profonds, les baies et les zones intertidales* sableuses et vaseuses protégées. Elle vit dans les eaux calmes et relativement chaudes. On peut la retrouver jusqu’à 30 m de profondeur mais elle préfère les petits fonds de moins de 10 m, les prairies de phanérogames* et les alentours des mangroves.
Cassiopea andromeda est une petite méduse que l’on trouve la plupart du temps posée à l'envers sur le fond, et qui se déplace avec l’ombrelle* côté sol et les tentacules* vers le haut. Le diamètre de l’ombrelle est en moyenne de 12 cm mais elle peut mesurer jusqu’à 30 cm.
Son ombrelle aplatie forme un disque d’apparence lisse et indivise. Sa couleur jaune à brune est due à la présence des zooxanthelles* ; elle présente des petites taches blanchâtres et quelques rayures claires.
De cette ombrelle partent 8 bras oraux, plus courts que le rayon de l'ombrelle, se divisant en rameaux très denses qui portent de nombreux filaments enchevêtrés et des vésicules aplaties ; ils lui donnent un aspect de « chou-fleur ». Chaque bras porte 4 à 6 palpes labiaux, expansions aplaties et allongées ressemblant à des fanions colorés en blanc, jaune, vert ou bleu. Les rhopalies*, en forme de massue, sont au nombre de 16 (de 12 à 18).
Selon Jacqueline GOY (Communication personnelle), la systématique des Cassiopées est assez difficile car les espèces se ressemblent et les auteurs ont privilégié le critère de la répartition géographique.
C. xamachana Bigelow, 1892 vit dans l'Atlantique Ouest et le golfe du Mexique, les palpes labiaux sont en ruban, les bras de la taille du rayon de l'ombrelle et 16 rhopalies* (de 11 à 23).
C. frondosa (Pallas, 1774) fréquente elle aussi les Caraïbes.
Parmi les Cassiopées d'Indo-Pacifique,
C. andromeda est la plus répandue, cosmopolite dans les eaux chaudes littorales.
C. mertensi Brandt, 1838 vit dans les îles Carolines en Micronésie, la sus-ombrelle* est concave, les palpes labiaux très larges, les bras oraux sont de la taille du rayon, 16 rhopalies.
C. ornata Haeckel, 1880 vit en Nouvelle Guinée, elle a des palpes très petits, les bras oraux de la taille du rayon et 16 rhopalies.
C. depressa vit dans le canal du Mozambique, les palpes sont très petits, les bras oraux sont plus petits que le rayon et 14 à 16 rhopalies.
Catostylus mosaïcus (Quoy et Gaimard) semble limitée au sud de l'Australie.
La distinction entre ces espèces étant très difficile sur photo, il se pourrait que certaines des photos illustrant cette fiche montrent en fait des représentantes d'une des autres espèces.
Une partie de son alimentation lui est apportée grâce à sa relation symbiotique avec des zooxanthelles*, qui produisent à l’intérieur de son manubrium* de la matière organique, en majorité des glucides.
La position à l'envers et la faible profondeur lui permettent d’avoir une quantité suffisante de lumière pour les zooxanthelles qu’elle abrite dans ses tissus.
Elle complète son alimentation par un régime carnivore microphage* : son ombrelle est animée de pulsations pour créer des mouvements d’eau et ainsi attraper sa nourriture via ses bras buccaux, récoltant ainsi de petits morceaux d’animaux et du zooplancton*. Elle paralyse ses proies grâce à un mucus contenant ses nématocystes*.
Il y a deux types de reproduction chez ces espèces : par voie sexuée et par voie végétative, à deux étapes différentes de son cycle de vie.
La reproduction sexuée se produit lorsque l’espèce est sous la forme méduse. Les femelles produisent des ovules* qu’elles gardent sur elles. Les mâles élaborent leurs spermatozoides* et les larguent dans le milieu marin. La femelle utilise alors ses tentacules pour récupérer les gamètes mâles et fertiliser ses ovules, ensuite relargués. Après la fécondation, il y aura formation d’une larve* de type planula* qui se fixe pour évoluer en polype*.
Celui-ci (quasiment non observable à l'œil nu) libère une larve de type ephyra ou éphyrule*, planctonique, qui se métamorphosera en forme méduse.
La reproduction asexuée se fait par bourgeonnement* de la forme polype.
Elle entretient une relation symbiotique étroite avec des dinoflagellés* photosynthétiques* (zooxanthelles) qui lui fournissent de la matière organique dont elle se nourrit, de glucides essentiellement. Ces zooxanthelles, qui ont donc besoin de lumière, sont logées dans les tissus de la surface ventrale et c’est pourquoi la méduse se présente retournée.
Il y a aussi une relation symbiotique avec des crustacés minuscules, Idiomysis tsurnamali (Communication personnelle d'Adrien Weckel), qui s’abritent entre les ramifications de ses bras et dans l’ombrelle pour se protéger, et, en échange, la débarrassent de parasites potentiels.
Un commensalisme moins étroit existe aussi avec d'autres crustacés : sur les photos on remarque un crabe décorateur, probablement du genre Ethusa sp., qui transporte la méduse en se camouflant dessous, et la crevette Ancylomenes (Periclimenes) magnificus (Bruce 1979), qui apprécie la protection des méduses et anémones.
Les formes qui se déplacent sont souvent des juvéniles de taille inférieure à 4 cm.
Cassiopea andromeda est considérée comme une espèce invasive dans l’archipel d’Hawaii. Elle y aurait été introduite accidentellement, soit au stade benthique* sur les coques de navires, soit par sa forme pélagique* dans les eaux de ballast.
Comme les autres méduses, elle possède des cellules urticantes dans l’épiderme et le gastroderme* pour sa protection et la capture des proies.
Les effets sur l’homme varient en fonction de la sensibilité : éruption cutanée, vomissements, douleurs musculo-squelettiques, sueurs, malaise.
Statut UICN (liste rouge des espèces menacées) : LC : peu concernée.
Méduse à l'envers est le nom générique des Cassiopéidés, qui vivent retournées contre le substrat*. La précision géographique "indo-pacifique", attribuée à Cassiopea andromeda rend compte de son aire de répartition vaste et la différencie des espèces caraïbes. Mais elle ne lève pas le risque de confusion avec les autres espèces de la zone, difficiles à identifier à l'œil nu.
Cassiopée est la simple transcription de son nom scientifique.
Cassiopea : Ce nom provient de la mythologie grecque. Cassiopée, mère d’Andromède, n’avait pas tenu sa promesse de donner à Poséidon la main de sa fille en échange de sa délivrance du monstre marin Cètos.
Poséidon la punit en l’envoyant au ciel dans un panier qui se retournait inlassablement.
En effet, les méduses du genre Cassiopea sont retournées, ombrelle sur le fond et tentacules vers le ciel.
andromeda : Andromède, fille de Cassiopée, était selon les dires de celle-ci, d’une beauté égale à celle des Néréides. Cela déplut à Poséidon qui provoqua une inondation et envoya la baleine Cètos pour détruire les hommes. Pour apaiser le dieu, Andromède fut livrée au monstre, ligotée nue à un rocher. Elle fut plus tard délivrée par Persée.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Sous-embranchement | Medusozoa | Médusozoaires | Cnidaires présentant une phase méduse acraspède (le plus souvent libre et pélagique) dans leur cycle de reproduction. Scyphoméduses, cuboméduses et stauroméduses. |
Classe | Scyphozoa | Scyphozoaires | Méduses vraies (ou acraspèdes). Phase polype réduite à absente. Le plus souvent strobilisation du polype (de petite taille) pour produire des méduses pouvant atteindre une grande taille. Cavité gastrale cloisonnée en quatre. |
Sous-classe | Discomedusae | Discoméduses | Scyphoméduses à ombrelle discoïde, non sillonée. |
Ordre | Rhizostomeae | Rhizostomes | Pas de tentacules. Manubrium complexe avec des bras oraux ramifiés et fusionnés. Planctonophages. Quelques espèces ont des zooxanthelles dans le manubrium et vivent retournées. |
Sous-ordre | Kolpophorae | Kolpophores | |
Famille | Cassiopeidae | Cassiopéidés | |
Genre | Cassiopea | ||
Espèce | andromeda |
En mer Rouge
Cette belle méduse posée sur le sable a fait l'objet d'un des premiers posts du Forum.
Hurghada (Egypte), 2 m
27/10/2005
Sur le sable
Dans les eaux de Mayotte, le doute est possible avec d'autres cassiopées, peut-être Cassiopea depressa.
Mayotte, 10 m
19/12/2009
Au fond
Posée sur un fond de sable, la cassiopée est dans sa situation habituelle.
Mayotte
13/12/2009
Ombrelle et bras
Sur cette vue en pleine eau, l'ombrelle, les bras, les ramifications filamenteuses et les fanions se détachent bien.
Détroit de Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 5 m
12/2009
En mer Rouge
Dans les herbes, celle-ci présente des "fanions" bleus de belle taille. Les zooxantelles* y sont au travail.
Abu-Dabab, Marsa Alam, Egypte, 5 m
13/08/2010
Aspect en chou-fleur
Les filaments enchevêtrés lui donnent une allure de chou-fleur.
Menjangan, Bali, Indonésie 5 m
21/04/2011
Gros plan des bras
Vue de près sur les filaments et les vésicules qui recouvrent les ramifications des bras. Chaque vésicule est capable de se rabattre comme un clapet sur les minuscules orifices des bras sous-jacents, après la capture d'une petite proie.
Dahab, Egypte, 10 m
30/04/2009
Déployée
Ainsi déployée et décollée du substrat*, la cassiopée montre son anatomie "à livre ouvert".
Sultanat d'Oman, 20 m
15/04/2011
En pleine eau
Ici encore en pleine eau, on ne voit pas les fanions des palpes labiaux ; peut-être un jeune spécimen ?
Mayotte, 5 m
13/12/2009
Tentacules à ciel ouvert
Vue imprenable sur les bras, leurs ramifications et les filaments enchevêtrés.
San Miguel-North, Dauin, Negros, Philippines, 19 m
01/12/2011
A l'abri des filaments urticants
Les petits crustacés Idiomysis tsurnamali entretiennent de bonnes ralations avec la Cassiopée : protection contre nettoyage. C'est ça le commensalisme*.
Dahab, Egypte, 10 m
30/04/2009
En promenade
Un crabe-décorateur, probablement du genre Ethusa, a accroché l'ombrelle de la cassiopée par ses pattes et s'en sert de camouflage et de protection armée. La méduse profite d'un transport gratuit, mais peut-être s'en passerait-elle, si elle avait le choix.
Bali, Indonésie, 15 m
26/03/2010
Voisinage rassurant
La crevette Ancylomenes (Periclimenes) magnificus profite souvent du voisinage protecteur d'animaux urticants : anémones, coraux, méduses.
Détroit de Lembeh, Indonésie, 15 m
23/01/2012
Rédacteur principal : Aline KECH
Vérificateur : Anne PROUZET
Correcteur : Jacqueline GOY
Responsable régional : Michel BARRABES
Eldredge L.G., Smith C. (eds.), 2001, Guidebook to the Introduced Marine Species in Hawaiian Waters, Bishop Museum Technical Report 21, Bishop Museum, Honolulu, A1-A54; B1-B60 p.
Goldsborough Mayer A., 1910, Medusae of the world - vol3 the Scyphomedusae, Carnegie institution of Washington, Publication no. 109, 499-735.
Özgür E., Öztürk B., 2008, A population of the alien jellyfish, Cassiopea andromeda (Forsskäl, 1775) [Cnidaria: Scyphozoa: Rhizostomea] in the Ölüdeniz Lagoon, Turkey, Aquatic Invasions, 3(4), 423-428.