Espèce solitaire mais souvent grégaire, des plafonds de grottes et surplombs rocheux
Squelette calcaire cylindrique, au calice circulaire
Côtes peu marquées
6 ou 12 septes blancs bien visibles
Tentacules longs translucides terminés par un bouton
Polype rétracté la journée
Petite dent de chien
Carnation coral (GB), Madrepora garofano (I), Madrepora clavel (E), Nelkenkoralle (D), Anjelierkoraal (NL)
Paracyathus inornatus Ducan, 1878
Coenocyathus giesbrechti Döderlein, 1913
Coenocyathus dohrni Döderlein, 1913
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Caryophyllia inornata est présent dans l'Atlantique depuis la Bretagne jusqu'aux Açores et les Canaries, et dans toute la Méditerranée. Il était également connu en Manche dans l'estuaire de la Rance mais semble avoir disparu depuis la création de l'usine marémotrice de la Rance. Cependant, l'espèce semble bien présente en Manche, mais serait souvent confondue avec C. smithii. Elle est cependant absente de la mer du Nord.
Le madrépore œillet est une espèce sciaphile* typique des plafonds des grottes et des surplombs, depuis la surface jusqu'à une centaine de mètres de profondeur.
Caryophyllia inornata est un petit madréporaire solitaire de forme cylindrique. Le squelette calcaire (ou polypiérite*) atteint en moyenne 15 - 20 mm de hauteur pour un diamètre de 10 -12 mm. Dans la région de Marseille, des individus "géants" ont été observés, mesurant 65 mm de haut et 20 mm de diamètre. Ce squelette est de couleur rougeâtre à verdâtre avec des côtes peu marquées. La base calcaire est large et la colonne de forme cylindre au diamètre à peu près régulier.
Le calice* circulaire, légèrement ovale chez les plus grands individus, présente jusqu'à 5 cycles de 6 septes* disposés régulièrement ne rejoignant pas le centre du polype. Les septes du premier cycle, et dans une moindre mesure ceux du deuxième cycle, sont les plus développés et de couleur plus claire. La columelle*, dépression au centre du calice, peut être bien marquée ou pratiquement inexistante.
Le polype* est translucide, de couleur allant du brun, jaunâtre, blanchâtre au rose. Les tentacules* peuvent atteindre 20 mm et sont translucides avec de petites verrues blanches et terminés par un petit bouton. Ils sont généralement rétractés la journée, laissant apparaître par transparence le polypiérite ainsi que les septes.
Caryophyllia smithii : se différencie principalement de C. inornata par la forme nettement ovale de son calice et plus grande (20 mm). Sa colonne est plus étroite vers sa base alors que celle de C. inornata est plus cylindrique, de diamètre constant et s'élargissant même à sa base. Cette espèce a été, et est toujours, très largement confondue avec C. inornata dans la littérature. Notamment par Rossi dans les années 50 dont les travaux en Méditerranée, qui ont été largement repris par les scientifiques, ne concernent pratiquement que C. inornata qu'il appelle à tort C. smithii. Ces deux espèces ne se rencontrent pas dans les mêmes biotopes. Alors que C. inornata se développe sous les surplombs et sur les plafonds des grottes, C. smithii se rencontre rarement sur les parois. Il préfère les fonds horizontaux ou peu pentus, légèrement envasés. Cette espèce vit en Méditerranée et dans l'Atlantique Nord-Est, de la Scandinavie au Congo.
Caryophyllia cyathus : espèce profonde, généralement rencontrée à plus de 70 m de profondeur. Les septes ont tous a peu près la même taille. Présent en Méditerranée, principalement dans le sud, et en Atlantique, du golfe de Gascogne au îles du Cap Vert.
Polycyathus muellerae : espèce coloniale, diamètre plus petit (6 mm), cavité sombre au centre du calice se rencontre également au plafond des grottes. C'est une espèce de Méditerranée et de l'Atlantique proche.
Phyllangia americana mouchezii : espèce coloniale bien ramifiée, milieu du calice occupé par une columelle claire conique, affectionne plutôt les parois verticales. Cette espèce vit en Méditerranée et dans l'Atlantique, du Portugal au Sénégal.
Balanophyllia europaea, la dent de cochon, est également un corail solitaire, mais de forme ovale, allant jusqu'à 40 mm de longueur, de couleur brunâtre. Il se rencontre sur des substrats durs, bien éclairés, uniquement en Méditerranée.
Balanophyllia regia : plus petit, couleur orange écarlate et extrémité des tentacules dépourvus de petits boutons. Lui aussi est un corail solitaire qui se développe dans les zones bien éclairées. On le rencontre en Méditerranée occidentale et dans l'Atlantique, depuis la Manche aux Canaries.
Hoplangia durotrix : diamètre plus petit (< 6 mm), espèce coloniale et non solitaire. Présente en Méditerranée et depuis la Manche aux Canaries.
C'est une espèce ahermatypique, c'est à dire qu'elle ne possède pas d'algues symbiotiques* pouvant lui fournir de la nourriture, contrairement aux espèces hermatypiques*. Le madrépore œillet se nourrit de petites proies apportées par le courant et qui sont capturées par les tentacules des polypes déployés essentiellement la nuit. Les proies sont paralysées par le venin des cnidocytes*, cellules urticantes présentes sur les tentacules.
La reproduction est uniquement sexuée. C'est une espèce vivipare* à fécondation interne. Les œufs, une fois fécondés, se développent à l'intérieur du corps des géniteurs jusqu'au stade planula*, puis ils sont expulsés. Les larves* planula se regroupent souvent au même endroit. Les individus qui se développent alors sont collés les uns au autres ou se chevauchent, donnant l'impression d'une colonie. Mais aucun polype n'est relié à un autre et ce sont bien des coraux solitaires.
Cette espèce, avec Leptopsammia pruvoti et Hoplangia durotrix, constitue le peuplement principal des plafonds des grottes et des surplombs.
Caryophyllia inornata peut être parasité par une petite balane, Boscia anglica.
La coloration des polypes est très variable. La raison de ce phénomène est inconnue, mais il a été montré qu'un individu ne produit que des larves qui donneront de nouveaux individus de la même couleur que lui. La couleur des polypes est donc déterminée de façon génétique et non liée à des algues symbiotiques contrairement à d'autres scléractiniaires.
Généralement, les polypes ne sont déployés que la nuit.
Il n'y a pas de reproduction asexuée, ce qui explique l'absence de colonie. Cependant, c'est une espèce grégaire à l'apparence coloniale ou solitaire, rencontrée le plus souvent par petit groupe de 2 à 10 individus relativement rapprochés. Par contre, cette espèce possède un fort pouvoir de régénération.
Dans les périodes de stress ou de privation de nourriture, le polype est capable de régresser, on parle alors de rejuvénescence, en attendant de meilleurs jours.
La forme et la taille de cette espèce peuvent varier avec son environnement. En effet, dans les zones où la circulation de l'eau est importante (surplombs peu profonds, entrée de grottes), le madrépore œillet a une taille plus importante, alors qu'elle diminue au fond des grottes, où les courants sont plus faibles.
Madrépore œillet : car sa forme rappelle vaguement cette fleur.
Caryophyllia : du grec [caryophyllon] = giroflier, pour sa ressemblance avec le clou de girofle.
inornata : du latin [inornata] = sans parure. Probablement en rapport avec la colonne du squelette qui apparaît assez lisse, les côtes étant peu marquées, contrairement à Caryophyllia smithii.
Numéro d'entrée WoRMS : 135141
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Scleractinia | Scléractiniaires / Madréporaires | Hexacoralliaires coloniaux (quelques espèces solitaires) produisant un exosquelette calcaire abritant de petits polypes. |
Famille | Caryophylliidae | Caryophylliidés | |
Genre | Caryophyllia | ||
Espèce | inornata |
Dans les grottes
Le madrépore œillet est un petit corail solitaire abondant dans les grottes et sous les surplombs. Plusieurs individus sont souvent rapprochés les uns des autres, mais ne forment pas de colonie.
Cap Caveau, Marseille (13), 20 m
13/08/2006
Forme circulaire
Sa forme est pratiquement circulaire. La colonne est le plus souvent enchâssée dans le substrat*, donc peu visible in situ.
Cala Gonones, Sardaigne, 10 m
18/07/2012
5 cycles de 6 septes
Les septes* du premier cycle, et dans une moindre mesure ceux du deuxième cycle, sont les plus développés et de couleur plus claire.
Iles de Lérins (06), 15 m
01/08/2010
Solitaire mais pas seul
Le squelette est de couleur rougeâtre à verdâtre, cylindrique et avec des côtes peu marquées. Plusieurs individus d'âges et donc de tailles différents sont visibles sur cette photo.
L'Estartit, Espagne, 12 m
15/09/2010
De jour
La journée, le polype* est rétracté. Le bout des tentacules* est quand même visible.
Tiboulen, Marseille (13), 12 m
23/04/2011
De nuit
Les tentacules* sont déployés seulement la nuit. Ils peuvent atteindre 20 mm et sont translucides avec de petites verrues blanches et terminés par un petit bouton.
Grotte à corail, Marseille (13), 8 m de nuit
20/07/2012
Anomalie ?
Chez le madrépore œillet la reproduction asexuée, par bourgeonnement n'existe pas. Seule la reproduction sexuée a lieu. Les larves* se regroupent souvent au même endroit. Les individus qui se développent alors sont collés les uns aux autres ou se chevauchent, donnant l'impression d'une colonie. Ce doit être probablement le cas ici, où une larve a dû se poser à la base de ce madrépore et former un nouvel individu.
Cap Ferrat (06), 35 m
08/10/2006
Biotope
Caryophyllia inornata fait partie des espèces les plus présentes dans les grottes et surplombs. Ici il est en compétition avec l'éponge encroûtante bleuâtre qui l'enserre de plus en plus. Notez aussi la présence du corail nain (à droite) de taille nettement inférieure.
L'Estartit, Espagne, 15 m
29/09/2010
Entre coraux
Le madrépore œillet partage souvent son habitat avec d'autres madrépores. Sur cette photo, il est possible de voir Caryophyllia inornata, de grande taille et de couleur orangée. Il cohabite avec le Hoplangia durotrix plus petit et de couleur crème.
Le madrépore œillet est un corail solitaire, mais ses larves* ont tendance à se regrouper, ce qui donne des individus très proches et collés, pouvant faire penser qu'il s'agit d'une colonie. Mais ce n'est pas le cas, et les polypes* ne sont jamais reliés entre eux.
Cap Caveau, Marseille (13), 15 m
23/07/2011
Association
Voici les 3 madréporaires que l'on retrouve le plus souvent associés, dans les grottes et les surplombs.
1 : Leptopsammia pruvoti
2 : Caryophyllia inornata
3 : Hoplangia durotrix
Tiboulen, Marseille (13), 25 m
27/11/2004
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Zibrowius H., 1976, Les scléractiniaires de la Méditerranée et de l'Atlantique nord-oriental, Thèse Univ. Aix-Marseille, 320 p, 106 planches.
La page de Caryophyllia inornata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN