Carapace lisse et bombée
Arquée sur l'avant et rétrécie sur l'arrière
4 lobes entre les yeux
Généralement 11 grosses taches rouges sur un fond beige
Enormes pinces dissymétriques
Largeur maximale : 17 cm
Crabe maculé, crabe à taches rouges, crabe de récif tacheté, crabe à points du récif, Tutua'au (Tahiti), Fosatandra, carangaise (créole)
Spotted reef crab, spotted rock crab, seven-eleven crab, dark-finger coral crab, large spotted crab, painted crab (GB), Granchio maculato, granchio dei coralli (I), Cangrejo de once manchas (E), Gepunktete Riff Krabbe (D)
La majorité des noms, étrangers ou français, donnés à ce crabe, fait allusion aux taches de la carapace.
Cancer maculatus Linnaeus, 1758
Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueOn le rencontre dans l'océan Indien et dans l'océan Pacifique tropical, depuis la mer Rouge jusqu'au Japon et Hawaï.
Il est présent à la Réunion, en Nouvelle-Calédonie, à Wallis et Futuna et en Polynésie française. Sa présence à Mayotte est probable.
Il vit en général caché dans les trous du récif, juste sous les plus basses eaux, depuis le bord jusqu'à 30 m de profondeur. Lorsqu'il est près de la surface, il est alors très exposé au ressac.
La carapace* fortement bombée de ce crabe, de taille moyenne à grande, est large et peut atteindre 17 cm, pour 11 cm de longueur. Elle est arquée sur l'avant et se rétrécit sur l'arrière. Elle est lisse, avec quelques minuscules granules sur la zone branchiale. Son contour dessine un front très large, avec 4 lobes entre les yeux. Le bord antéro-latéral est épais, convexe et plus long que le bord postéro-latéral, légèrement concave. La limite entre ces deux bords forme une saillie obtuse.
Ce crabe possède d'énormes pinces dissymétriques et à surface lisse, la droite étant souvent plus grosse que la gauche. Chacun des doigts de la pince la plus forte porte une dent tronquée sur la moitié proximale de la marge interne ; les doigts de la petite pince n'ont pas cette dent. Les pattes ambulatoires* sont longues, grêles et lisses.
L'abdomen du mâle se compose de 6 segments, les 3e et 4e sont soudés ; celui de la femelle est de forme oblongue et se compose de 7 segments ; le telson* est triangulaire et pointu.
La couleur de fond de la carapace et des pattes est brunâtre-rose ou beige clair à orangé jaunâtre. Sur la carapace il y a au moins onze grosses taches rouges sub-circulaires, de couleur carmin ou grenat foncé. Les taches près des orbites sont entourées d'un halo jaune pâle. La disposition de ces taches est la suivante, d'avant en arrière :
- Une rangée antérieure de quatre taches (deux de chaque côté juste derrière chaque œil), la tache la plus externe étant au moins deux fois plus grosse que l'interne.
- Une rangée médiane de trois plus grosses taches, la tache centrale étant un peu plus forte que les latérales.
- Une rangée postérieure de quatre taches en ligne juste en avant de l'arrière de la carapace.
A ces onze taches toujours présentes peuvent s'ajouter :
1- une rangée de deux taches de moindre importance entre la rangée antérieure et la rangée médiane (ces taches peuvent avoir une forme de "8") ;
2- une rangée de deux ou trois taches entre la rangée médiane et la rangée postérieure (par dédoublement de la rangée médiane ?) ;
3- sur certaines figures (par exemple Milne Edwards 1836-1844), deux faibles taches sont également représentées entre les deux yeux.
Il y aurait donc un maximum possible de 19 taches. On ne connait rien de la mise en place de cette livrée pigmentaire ni d'éventuelles variations en fonction du sexe ou de la zone géographique ; il ne semble pas que les petits individus aient moins de taches que les plus âgés et cette variation pourrait être d'origine génétique.
Une seule espèce du même genre existe dans la même zone biogéographique : Carpilius convexus (Forskål, 1775). Elle a le même habitat.
Dans l'Atlantique américain tropical, on trouve Carpilius corallinus (Herbst, 1783).
Aucun de ces deux crabes n'a de taches rouges sur la carapace.
Ce crabe se nourrit de coraux, de gastéropodes et de pagures dont il casse la coquille avec ses grosses pinces. Il consomme également d'autres petits animaux marins.
La phase larvaire* comporte plusieurs stades. La première zoé* éclot à un stade de développement relativement avancé avec cinq soies sur le basis* (article basal) du second maxillipède* (au lieu de quatre chez les autres espèces les plus proches) ; des épines latérales sont présentes sur la carapace ; le telson possède trois épines latérales. Il ne semble pas y avoir d'études sur les différents stades larvaires, les juvéniles et la physiologie de la reproduction. La longévité de l’espèce ne semble pas connue avec précision ; on peut supposer qu’elle est de plusieurs années.
L'espèce est associée aux récifs coralliens superficiels. Les parasites et les éventuelles pathologies sont mal connus. Les principaux prédateurs pourraient être les céphalopodes comme Octopus cyanea, certains poissons de fond et autres gros crustacés.
C'est un animal nocturne et plutôt lent. Le comportement et la physiologie de ce crabe sont mal connus. Pendant la journée, il se cache dans les anfractuosités ; il sortirait la nuit pour muer, s'accoupler et se nourrir.
En philatélie, cette espèce très esthétique a été représentée au moins huit fois sur des timbres poste : îles Cook, îles Gilbert & Ellice, Maldives, Nouvelle Guinée, Polynésie française (deux émissions différentes) et Seychelles.
Ce crabe est pêché la nuit par les indigènes en vue de sa consommation. Il existe des avis très divergents sur sa comestibilité. Une ancienne légende hawaïenne veut que le Dieu de la mer désirant se délecter de la chair de ce magnifique crabe, doux au toucher, se fit pincer les doigts en voulant le prendre. Les taches rouges que portent les descendants de ce crabe seraient les empreintes des doigts ensanglantés de la divinité. A Amboine (Indonésie), il était considéré comme suspect dans certains villages en raison de la présence des taches rouges sur la carapace et aussi de troubles après sa consommation, alors que dans d'autres villages, il était réputé comme très sapide en raison de l'abondance de sa chair. L'espèce serait considérée comme toxique à l'île Maurice, tandis qu'à Madagascar il s'agirait d'un fruit de mer très estimé. Il en est donc de ce crabe comme des huîtres ; son ingestion par certaines personnes dans certains endroits à certaines époques peut produire des troubles digestifs. Il est cependant très largement consommé et semble-il apprécié des gourmets dans tout l'Indo-Pacifique. Des analyses n'ont pas révélé de composés toxiques dans les chairs de ce crabe. Cependant, des cas d'intoxication graves sont connus, alors il faut quand même faire attention !
Crabe à onze taches : en raison du nombre de taches qui ornent généralement sa carapace.
Carpilius : du latin [carpo ] = détacher, couper et [ilius] : diminutif. Il est ainsi fait référence aux pinces de l'animal qui sont capables de découper ses proies.
maculatus : du latin [macula] = tache, en rapport avec les taches présentes sur sa carapace.
Numéro d'entrée WoRMS : 209151
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Brachyura | Brachyoures | Les brachyoures ont un abdomen réduit replié sous le céphalothorax. Ils sont représentés par les crabes et les araignées de mer. |
Famille | Carpiliidae | Carpiliidés | |
Genre | Carpilius | ||
Espèce | maculatus |
Maculé
La livrée du dos est caractéristique puisqu'elle comprend des gros pois rouge sombre sur une surface uniformément beige, parfois blanche ou orangée : 2 de part et d'autre des yeux, 3 gros cercles au milieu du dos (et 4 petits à l'arrière non visibles sur cette photo).
Una-Una, Archipel des Togian, Sulawesi, Indonésie, 6 m, de nuit
09/10/2004
De Nouvelle-Calédonie
Hienghène, Babou's House Reef, Nouvelle-Calédonie, 7 m, de nuit
29/11/2013
Devant son trou
Le contour de la carapace dessine un front très large, avec 4 lobes entre les yeux. Les bords antérieurs, sur les côtés, sont très épais et forment un angle avec le front.
La Réunion (974), 1,5 m
13/11/2011
Face avant
La couleur de fond de la carapace est beige, blanche ou orangée. Elle présente ici un peu toutes ces couleurs.
Una-Una, Archipel des Togian, Sulawesi, Indonésie, 6 m, de nuit
09/10/2004
Vue de dessus
La carapace fortement bombée de ce crabe est large et peut atteindre 17 cm, pour 11 cm de longueur. Elle est arquée sur l'avant et se rétrécit sur l'arrière. Elle est lisse.
La Réunion (974), 1,5 m
27/10/2010
Face arrière
Ce cliché permet de localiser les pois situés à l'arrière.
Dukabay, Philippines, 15 m, de nuit
23/05/2012
Profil
Il vit en général dans les trous du récif, juste sous les plus basses eaux, depuis le bord jusqu'à 30 m de profondeur.
Dukabay, Philippines, 15 m, de nuit
23/05/2012
Toutes pattes déployées
Ce crabe porte d'énormes pinces, la droite étant généralement plus grosse que la gauche. Les pattes ambulatoires sont longues et grêles. Elles sont toutes lisses.
Bunaken, Sulawesi, Indonésie, 10 m, de nuit
01/12/2010
Grosse pince
Les pinces de ce crabe sont énormes, particulièrement la pince droite.
La Réunion (974), 1,5 m
27/10/2010
Attaque
P. Bourjon : "la proie, Tonna perdix, est presque plus grosse que le prédateur, passablement goinfre en l’occurrence !"
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), 1,5 m, de nuit
03/02/2015
Crabe maculé (Cancer maculatus)
In "Le règne animal distribué d'après son organisation, pour servir de base à l'histoire naturelle des animaux, et d'introduction à l'anatomie comparée. Les crustacés" par Georges Cuvier ; M. Milne-Edwards, vol. 18, atlas, pl. 11.
N/A
Reproduction de documents anciens
1836-1844
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Forest J., Guinot D., 1961, Crustacés Décapodes Brachyoures de Tahiti et des Tuamotu. in Expédition française sur les récifs coralliens de la Nouvelle-Calédonie, Volume préliminaire, Paris, Editions de la Fondation Singer-Polignac, i-xi, 1-195, 1-178.
Fujita Y., Noho N., Shokita S., 2005, Variation in number of dorsal spots of the carapace in the spotted reef crab, Carpilius maculatus (Linnaeus, 1758), Cancer (Tokyo), 14, 9-12.
Guinot D., 1964, Les espèces comestibles de crabes dans l'océan indien occidental et la Mer Rouge, CSA specialist meeting on Crustaceans, Zanzibar 1964, Organisation of African Unity, Scientific technical and research commission, Bontemps impr. Limoges (France), publication n° 96, 353-394, Fig. 1-8.
Halstead B. W., Cox K. W., 1973, A fatal case of poisoning by the red-spotted crab Carpilius maculatus (Linnaeus) in Mauritius, Proceedings of the Royal Society of Arts and Science, Mauritius, 4(2), 27-30.
Juncker M., 2004, Peuples de la mer, Wallis & Futuna, Culture & Tradition, imprimerie EIP, Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 139pp.
Marine Species Identification Portal, 2013, Crabs of Japan. Seven-eleven crab (Carpilius maculatus) :
http://species-identification.org/species.php?spec...
Milne Edwards H., 1836-1844, Les Crustacés, G. Cuvier, Le règne animal distribué d'après son organisation, pour servir de base à l'histoire naturelle des animaux, et d'introduction à l'anatomie comparée, (ed. 4), 4e édition, Paris, 17, 1-278, 18, Pl. 1-80.
La page de Carpilius maculatus dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.