Escargot pélagique transparent de grande taille
Se déplace sur le dos à l'aide d'une nageoire ventrale ondulante
Coquille dorsale (mais en position inférieure lors de la nage) réduite, avec organes internes apparents
Radula cylindrique blanche et estomac coloré visible par transparence
Tête portant deux yeux noirs, précédés d'un tentacule chacun
Carinaria
Lamarck's Carinaria (GB), Carinaria (I)
Carinaria lamarcki Péron & Lesueur, 1810
Carinaria lamarckii Bory de Saint Vincent, 1823
Carinaria vitrea Childern, 1824
Carinaria mediterranea Blainville, 1825
Pterotrachea lophyra Delle Chiaje, 1828
Pterotrachea navigera Delle Chiaje, 1828
Carinaria australis Quoy & Gaimard, 1833
Carinaria punctata d'Orbigny, 1836
Carinaria grimaldii Vayssière, 1904
Carinaria mediterranea var. oceanica Vayssière, 1904
Tubiola vatovai Nordsieck, 1973
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Caraïbes, ● Indo-Pacifique, ● Atlantique Nord-OuestEspèce cosmopolite avec une large distribution entre 60°N et 45°S. Carinaria lamarckii est commune dans les échantillons pélagiques de campagnes océanographiques en Méditerranée, et dans une moindre mesure dans l'Atlantique Nord, jusque dans les Caraïbes, et encore plus rarement dans l'Atlantique Sud, jusqu'en Afrique du Sud.
Très peu de signalements, en revanche, dans la zone indo-pacifique, même si elle y est présente, où il existe des espèces proches : par exemple C. cristata et C. japonica dans le Pacifique ou C. galea dans l'océan Indien.
La carinaire de Lamarck vit en pleine eau jusqu'à 200 m de profondeur (habitat épipélagique*), généralement en haute mer.
Il s'agit d'un escargot pélagique* de grande taille, jusqu'à 22 cm de long, avec un corps presque entièrement transparent et une coquille au contenu opaque. Le corps ne peut pas rentrer dans la coquille qui est à peu près conique, en forme de carène. A noter que cette coquille est dorsale mais que l'animal se déplace "à l'envers". Quand l'animal est en position de nage, la coquille pend donc vers le bas à la manière d'une quille de bateau. L'animal avance ainsi à l'horizontale, la tête en avant, au moyen d'une nageoire ondulante en forme de crête dirigée vers le haut (alors qu'elle est ventrale et fixée sur le pied*).
Le corps, allongé et cylindrique, porte une légère pigmentation foncée autour du pédoncule* qui le joint à la coquille. Il est hérissé de nombreuses petites papilles coniques, notamment dans la zone antérieure.
Les organes internes sont bien visibles : radula* blanche au niveau de la tête, qui porte deux yeux noirs, et estomac jaune au milieu du corps.
De plus près, on distingue un tentacule* devant chaque œil. D'après certains auteurs, le tentacule de l'œil droit est plus long, ce qui ne semble pas être une généralité.
La coquille translucide en forme de bonnet contient la plupart des viscères, partie la plus opaque du corps. Les branchies* dépassent de la coquille vers l'extérieur. Fragile et prisée des collectionneurs, cette coquille présente à la base de son enroulement dextre* une petite spirale qui a servi d'abri à la forme juvénile de l'individu.
Outre Carinaria cristata (Linnaeus, 1767) et C. japonica Okutani, 1955 dans l'Indo-Pacifique ou C. galea Benson, 1835 dans l'océan Indien, il existe d'autres espèces de Carinaria, très semblables, ayant des distributions géographiques communes (comme C. pseudorugosa Vayssières, 1904, dans l'Atlantique).
Par ailleurs et parmi les autres espèces de mollusques pélagiques, Carinaria lamarckii ressemble à Cardiopoda placenta et Pterosoma planum, qui n'atteignent pas la même taille, ainsi qu'aux firoles (Pterotracheides), comme Firoloida desmarestia Lesueur, 1817 ou Pterotrachea coronata Forsskål in Niebuhr, 1775, qui n'ont pas de coquille.
Comme les autres héteropodes (mollusques pélagiques à coquille), la carinaire de Lamarck est probablement un "prédateur visuel", c'est-à-dire qu'il chasse à vue, des proies choisies. Aucune publication ne rend compte d'observation de scène de prédation en milieu naturel pour cette espèce.
Les premières observations en plongée, à la fin du XXe s., sur une espèce très proche (Carinaria cristata), témoignaient d'une activité de chasse principalement nocturne. Mais Seapy a montré en 1980, à partir de contenus stomacaux de cette même C. cristata, qu'elle se nourrissait de jour en ciblant des thaliacés (surtout des salpes), des chétognathes et des mollusques.
A l'opposé, les crustacés, en particuliers les copépodes, sont évités.
Toutes précisions sur le rythme alimentaire et le régime spécifique de C. lamarckii seront les bienvenues.
Les larves* d'héteropodes en général et de la carinaire de Lamarck en particulier, ont été étudiées, ainsi que le système reproducteur de cette dernière, par une chercheuse banyulencque dans les années 70 (Thiriot-Quievreux in [Lalli et Gilmer 1989]). Les sexes sont séparés. Les mâles présentent un pénis. On soupçonne la ventouse, située sur la nageoire ventrale, à l'opposé de la coquille, de jouer un rôle dans l'accouplement. Celui-ci n'a jamais été observé.
La larve véligère* de l'espèce mène une vie planctonique jusqu'à la métamorphose*. Cette dernière produit une forme miniature de l'escargot qui va dès lors croître rapidement. Le juvénile minuscule construit sa coquille autour de lui en s'y abritant quelque temps, avant de se développer.
De nombreux échantillons de Carinaria lamarckii présentent des parasites (protozoaires, plathelminthes et copépodes).
On trouve souvent la carinaire de Lamarck dans les contenus stomacaux des grands poissons migrateurs (thons, espadons…) et des tortues.
De par son milieu de vie pélagique, cette espèce est mal connue et peu observée par les plongeurs. A l'approche de ce dernier, l'animal fuit, généralement vers le bas, et peut atteindre une vitesse de 50 cm/s en donnant de grands coups de nageoire.
Carinaire : francisation du nom scientifique du genre, Carinaria.
Carinaria : du latin [carina] = carène, quille et ce, à cause de la forme et de la disposition de la coquille. En latin, [carina] signifie également bateau, un engin conçu pour la navigation. Ce qui peut également illustrer le nom de genre de ces espèces nageuses pélagiques.
lamarckii : dédiée à Jean-Baptiste de Lamarck. Biologiste français du XVIIIe siècle, Jean Baptiste Pierre Antoine de Monet (ou parfois de Drouet) de Lamarck, aussi nommé Chevalier de Lamarck, (1744-1828) est l'un des premiers biologistes à avoir employé le terme de "biologie" pour désigner la science qui étudie les êtres vivants. Il aformalisé une classification des animaux et est le premier, bien avant Darwin, à avoir élaboré une théorie (transformiste) tenant compte de l'évolution.
Numéro d'entrée WoRMS : 416623
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Carinariidae | Carinariidés | Coquille très fine et fragile. Spiralée uniquement au début, puis s'élargissant vite en capuchon, parfois comprimée latéralement. Elle est beaucoup plus petite que l'animal et ne couvre, plus ou moins entièrement, que le sac viscéral. pied à ventouse et parapodium en forme de nageoire, Pas d'opercule. Etiré, l'animal est extrêmement long (jusqu'à 500 mm). Lindner 2011:92. |
Genre | Carinaria | ||
Espèce | lamarckii |
En pleine nage
Quand l'animal est en position de nage, la coquille pend vers le bas à la manière d'une quille et l'animal avance à l'horizontale, la tête en avant (à gauche), au moyen d'une nageoire ondulante en forme de crête dirigée vers le haut et fixée sur le pied.
Au large de Nice (06), sous la surface
04/2009
Transparence
Il s'agit ici d'un individu retrouvé mort, ce qui explique l'absence de la nageoire en position supérieure. La carinaire nous laisse néanmoins apparaître sur ce cliché ses caractéristiques d'escargot au corps transparent, avec une belle visibilité sur la radula blanche, l'estomac jaune et les tentacules devant les yeux noirs.
Tiboulen de Frioul, Marseille (13), 20 m, animal mort, trouvé sur le fond.
25/04/2015
Vue sur le mufle
L'animal est pris du dessus.
On voit bien la nageoire "ventrale", en position supérieure lors de la nage, avec la ventouse opaque vers l'arrière. Il montre son mufle relevé, au travers duquel on distingue les pièces buccales blanches.
Comme les autres Héteropodes, la carinaire de Lamarck est probablement un "prédateur visuel", c'est-à-dire qu'il chasse à vue, des proies choisies.
Au large de Nice (06), sous la surface
04/2009
Pleine face !
Sur cette vue de face, les deux yeux sont bien visibles, ainsi que la bouche.
Il s'agit d'un animal mort, trouvé sur le fond, ce qui explique sa présence dans la dictyote, si loin de la surface...
Tiboulen de Frioul, Marseille (13), 20 m. Animal mort.
25/04/2015
La coquille
On voit très bien ici la coquille de l'animal. Elle est détaillée par ailleurs. Mais on remarquera aussi les quelques copépodes (?) qui se trouvent sur ou dans l'animal ! Or, il est dit dans la littérature que ce ne sont pas des proies appréciées des carinaires. Le géant sert-il de protection pour les crustacés ? Ou bien sont-ce d'autres organismes ? Et ont-ils une réelle relation avec le mollusque ?
Beaucoup de choses sont encore à découvrir sur nombre d’espèces pélagiques...
St-Raphaël (83), Méditerranée, 3 m
14/04/2017
Gros plan de la coquille
A la base, l'enroulement de la coquille, avec la logette de la forme juvénile de l’individu.
Au-dessus, les stries d'accroissement visibles en transparence.
La limite de la coquille forme une ligne noir rougeâtre verticale. A droite de cette ligne, les branchies, bien identifiables, sortent vers l'extérieur.
Tiboulen de Frioul, Marseille (13), 20 m
25/04/2015
Anatomie
Sur cet animal mort, ce qui explique l'absence de la nageoire ventrale, mais en position habituelle de nage sur le dos, voilà à quoi correspondent les différentes parties visibles.
La ventouse dont l'emplacement est indiqué sur l'image serait impliquée dans la copulation de cette espèce gonochorique.
Tiboulen du Frioul, Marseille (13), animal mort
25/04/2015
Dans un bocal de musée !
L'animal est ici montré "dans le bon sens", avec la coquille en position dorsale et la nageoire ventrale. Mais sous l'eau, c'est "tête en bas" que vous le rencontrerez.
MNHN de Vienne (Autriche)
10/2005
Rédacteur principal : Thomas CHANGEUX
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Seapy R.R., 1980, Predation by the epipelagic heteropod mollusk Carinaria cristata forma japonica, Marine Biology, 60(2), 137-146.