Silhouette fuselée et symétrique
Bande bleu-noir et bleu clair le long du dos, se prolongeant sur le lobe inférieur de la caudale
Carangue bleue, carangue à pisquettes, carangue comade, camade, cavally
Bar jack, crevalle jack, blue-striped cavalla (GB), Cibi carbonero, civil, cojinua carbonera (E), Jager (D), Xareu-carcoeiro (P)
Scomber ruber Bloch, 1793
Carangoides ruber (Bloch, 1793)
Atlantique tropical Ouest et centre
Zones DORIS : ● CaraïbesCette espèce est très commune en mer des Caraïbes, dans le golfe du Mexique, des Bermudes au nord jusqu'au Brésil au sud.
Elle a été signalée dans l'archipel des Açores (Atlantique Centre-Est).
C'est une espèce des petits fonds qui chasse près des côtes, entre 0 et 30 m de profondeur.
Les juvéniles, pélagiques*, peuvent être observés sous les touffes de sargasses dérivant en surface.
Cette carangue de taille moyenne (une quarantaine de centimètres environ) a une silhouette parfaite, fuselée et symétrique, sans bosse ni rupture de courbe.
Cette perfection des lignes est soulignée par une bande brune ou bleu-noir, plus ou moins marquée, qui commence sur le front, longe la nageoire dorsale, et se termine sur le lobe inférieur de la caudale. La bande sombre est soulignée à son tour par un ruban bleu électrique tout le long du dos, et parfois une fine ligne dorée se voit entre les deux bandes. La livrée est variable selon l'humeur et l'environnement : bleu argenté en pleine eau comme la plupart des pélagiques*, elle devient jaune, bronze, marron clair ou olivâtre lorsqu'elle chasse près du fond.Les juvéniles (entre 2 et 6 cm) ont le corps barré de 6 bandes verticales foncées. Sur les adultes en situation de stress (pêche...), on peut les voir apparaître sous la forme de 6 fines lignes claires plus ou moins discontinues.
L'œil assez gros et rond est placé en arrière et au-dessus de la commissure des lèvres.
Le corps est aplati latéralement. La ligne latérale* s'incurve vers le haut dans sa partie antérieure.
La carène* latérale est peu marquée : à peine quelques écailles en relief sur le pédoncule caudal*.
La première pointe de la dorsale est souvent escamotée. La deuxième pointe et la nageoire anale sont implantées de façon symétrique. Les pectorales sont en forme de longue faucille transparente, parfois teintée de jaune.
Le pédoncule caudal est très fin et la caudale largement fourchue. Deux petites épines dirigées vers l'arrière se voient juste devant l'anus.
La carangue coubali Caranx crysos a presque la même forme, avec une tête un peu plus arrondie, mais a une livrée uniforme, sans bande bleue ou noire.
La carangue jaune, Caranx bartholomaei, a le corps plus allongé et des marques jaunes sur la caudale, le long de la ligne latérale et sur le museau.
La carangue gros-yeux, Caranx latus, a comme son nom l'indique de gros yeux ronds et une queue jaune vif.
La sériole Seriola rivoliana, plus élancée, se distingue par un museau allongé et une trace noire qui va de la lèvre supérieure à la nageoire dorsale en traversant l'œil.
La carangue franche se nourrit principalement de petits poissons (labres, perroquets), mais aussi de crevettes, petits céphalopodes, et autres petits invertébrés qu'elle trouve en fouillant entre les blocs rocheux, dans les prairies de sargasses et les récifs coralliens.
Les juvéniles, pélagiques, se nourrissent principalement de zooplancton*.
La carangue franche se reproduit toute l'année, avec un pic pendant la saison sèche (février à août). A cette occasion elle se rassemble en grands bancs pour frayer.
Les larves* mènent une vie pélagique en suivant les courants avant de rejoindre les côtes.
La carangue franche se signale par son aptitude à profiter de la chasse d'autres poissons. Ses talents de pique-assiette sont incroyablement développés. Elle se "colle" littéralement à un autre poisson chasseur et se jette, avant lui, sur les petites proies que celui-ci débusque. Lorsqu'il s'agit d'un poisson de fond (raie, rouget), l'analyse des contenus stomacaux a montré que le résultat était décevant : la carangue semble avaler n'importe quoi, du sable, des débris de coquillages...
Comme beaucoup de prédateurs, elle prend le temps de la toilette. Ce sont en général les juvéniles du poisson-ange français et du manicou qui assurent ce service. La carangue étend alors sa bouche grande ouverte pour les inviter à déparasiter.
Peu farouche et même curieuse, elle est relativement facile à observer. C'est la carangue la plus commune dans les Caraïbes.
Elle peut chasser en solitaire, en petits groupes de deux à une dizaine d'individus, ou s'associer à d'autres espèces (mérous, poissons-flûtes, sardes queue jaune, etc). Sa nage est extrêmement rapide.
Ce farouche carnivore est aussi la proie des dauphins et de poissons plus gros comme la grande sériole (Seriola dumerili), le thazard barré (Scomberomorus cavalla), et les badèches (Mycteroperca venenosa).
La carangue franche est pêchée occasionnellement mais peu consommée car sa chair, comme celle de nombreux poissons carnivores, peut être ciguatérique*.
Le nom de "carangue franche" n'est pas évident à expliquer, on peut penser que c'est en raison de ses lignes nettes et de sa vivacité ?
Caranx : dérivé de [caranga], mot emprunté à une langue amérindienne, et qui désigne un poisson des Antilles. Ce nom indigène a été recueilli par Plumier, et repris ensuite sous la forme "carangue" par Thomas Corneille dans son "Dictionnaire des Arts et des Sciences", avec une description assez fantaisiste. Le nom caranx apparaît dans l'Histoire Naturelle des Poissons (1802) de Lacepède et Buffon qui ont repris les dessins et notes non publiés de Plumier.
ruber : du latin [ruber] qui signifie rouge. M.E. Bloch a décrit initialement l'espèce sous le nom de Scomber ruber, "Die Rothe Makrele" ! La couleur rouge était probablement due au mode de naturalisation du spécimen.
Numéro d'entrée WoRMS : 302432
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Percoidei | Percoïdes | Une ou deux nageoires dorsales dont les éléments antérieurs sont des épines aiguës. Nageoires pelviennes avec une épine, rayons mous. |
Famille | Carangidae | Carangidés | |
Genre | Caranx | ||
Espèce | ruber |
Présentation
La bande bleue dorsale est soulignée de jaune. La ligne latérale forme une courbe incurvée vers le haut dans la partie antérieure.
La carène est peu marquée : juste quelques écailles en relief sur le pédoncule caudal.
Bayahibe, République Dominicaine, 10 m
18/01/2008
Toutes nageoires dehors
La première partie de la dorsale est presque toujours escamotée : exceptionnellement ce n'est pas le cas ici !
Epave du Franjack, Guadeloupe, 20 m
21/08/2011
Beau portrait de profil
Juste à côté du petit manicou (qui s'est malencontreusement invité dans la photo, sans doute pour une séance de nettoyage), on peut remarquer un détail rarement visible : les 2 épines préanales, juste devant l'insertion de la nageoire.
Cozumel, Mexique, 20 m
08/12/2014
En banc
Magnifique escadrille de fusées bleues.
Le Nahoon, Martinique, 17m
30/03/2007
Carangues roses ?
En se rapprochant du fond, ces carangues s'assombrissent et prennent une couleur rosée qui justifierait presque leur nom latin !
Iles Vierges Britanniques, 20 m
20/04/2009
Chasse aux anguilles
Le photographe a assisté à la capture d'anguilles de jardin par ce trio de chasseurs. Quand on connaît la "timidité" de ces anguilles, on imagine la performance que cela représente !
En fait, la chasse aux anguilles (ou aux murènes) semble être plus un sport ou un jeu pour les carangues. Des séances de harcèlement en groupe ont été observées, sans que la victime reçoive une seule égratignure.
Saint Pierre, Martinique, 10 m
27/07/2008
Intéressée
La carangue marque le rouget "à la culotte" en espérant qu'il va dénicher quelque chose avec ses barbillons !
Saint Pierre, Martinique, 10 m
18/12/2014
Livrée jaunissante
En pleine partie de chasse collaborative, celle-ci hésite entre le bleu acier de la pleine eau et le jaune brun de la tenue de chasse benthique.
Anses d'Arlet Bourg, Martinique, 10 m
27/11/2012
Harceler le manicou
Le manicou (Bodianus rufus) est une victime habituelle. La carangue franche est ici jaune-brun avec une bande bleue dorsale bien contrastante.
Port-Louis, Guadeloupe, 15 m
26/10/2015
Livrée brun olivâtre
Ces deux individus en chasse près du fond ont pris une coloration bronze uniforme.
Saint Pierre, Martinique, 22 m
15/12/2014
Presque entièrement noire
Avec un grondin volant.
Saint Eustache, Antilles néerlandaises, 20 m
16/12/2009
Tout à fait noire
Ici avec une pastenague, on ne voit même plus la bande bleue.
Petite Terre, Guadeloupe, 1,50 m
29/08/2009
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Vérificateur : Jean-Michel SUTOUR
Responsable régional : Anne PROUZET
Afonso P., 2013, New and rare coastal fishes in the Azores islands: occasional events or tropicalization process?, Journal of Fish Biology, 83(2), 272-294.
Wicklund R., 1972, Feeding habits of the bar jack, Underwater Naturalist, 7(3), 31-32.
Le site du Florida Museum of Natural History : Caranx ruber
La page sur Caranx ruber sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page sur Caranx ruber dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN