Taille comprise entre 2 et 3 cm
Corps gélatineux transparent parcouru de taches roses plus ou moins sombres
Allure de cerneau de noix avec des longs prolongements en forme de cornes ou d'ailes
Deux longs filaments pêcheurs rétractiles pourvus de nombreuses ramifications
Arctic comb jelly (GB) (ce qui est surprenant au vu de sa répartition...)
Eschscholtzia cordata Kölliker, 1853
Escholtziai cordata Kölliker, 1853
Gegenbauria cordata (Kölliker, 1853)
Sophia diploptera Péron, 1810
Méditerranée et Atlantique Nord (rare)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]L'espèce est essentiellement rencontrée en Méditerranée, mais sa répartition s'étend également en Atlantique Nord (elle a été photographiée au large des côtes de Floride).
Il s'agit d'une espèce planctonique* pour laquelle on ne dispose pas d'informations sur la répartition dans la colonne d'eau.
La taille des individus est comprise entre 2 et 3 cm. Leur corps gélatineux transparent, de section rectangulaire, peut apparaître parfois rose pâle en raison de taches pigmentaires de cette teinte, disposées en lignes parallèles aux bandes méridiennes qui parcourent le corps. Ces taches pigmentaires peuvent aussi apparaître très sombres.
Ces organismes présentent une symétrie bilatérale et un corps comprimé, atténué du côté antérieur (ou pôle oral*), évoquant un cerneau de noix. La partie postérieure (pôle aboral*) est prolongée par deux "cornes". Ces prolongements aliformes* (en forme d'ailes) sont coniques et aplatis, et ils augmentent proportionnellement de taille avec la croissance de l'individu : chez les adultes, ils peuvent atteindre la moitié du corps.
Le corps de la callianira à deux ailes est parcouru de 8 bandes verticales méridiennes munies de palettes natatoires. Elles ne sont pas présentes sur le quart antérieur de l'organisme, du côté oral, mais elles sont présentes sur les prolongements aliformes. Le mouvement des palettes natatoires est à l'origine de réflexions lumineuses irisées caractéristiques des Cténophores.
Deux filaments pêcheurs (qui peuvent eux aussi apparaître roses) sont capables de s'étendre considérablement de manière latérale. Ils sont pourvus de nombreuses ramifications, les tentilles*, munies de cellules collantes : les colloblastes*. Ces deux filaments pêcheurs sont rétractiles pour rejoindre la gaine où ils sont insérés, dans la partie postérieure (pôle aboral) du corps.
Il faut noter que le vocabulaire descriptif de ces Cténophores présente une ambiguïté : la bouche est située du côté du pôle aboral, ce qui peut être un piège étymologique....
Les prolongements aliformes doivent permettre de distinguer facilement cette espèce des autres Cténophores de nos côtes.
Les callianiras à deux ailes se nourrissent en déployant leurs deux filaments pêcheurs munis de colloblastes sur leurs tentilles. La pêche est "passive" : la capture du petit zooplancton*, notamment des Copépodes, est le résultat de la nage active des proies vers les colloblastes*.
Ces proies sont amenées à la bouche par rétractation des filaments pêcheurs.
Ces Cténophores sont hermaphrodites*, ils produisent les deux types de gamètes*. La fécondation a
lieu en pleine eau et donne une larve* planctonique* caractéristique, la larve
cydippide. Elle se développe rapidement en un adulte
miniature.
Les larves de la callianira à deux ailes ont une allure semblable à celle de l'adulte mais sont fortement pigmentées de violet. Leurs prolongements aliformes peuvent apparaitre très courts.
L'animal nage toujours avec la bouche vers le haut et se déplace d'une manière efficace grâce à l'activité de ses peignes qui sont vivement irisés.
L'ouvrage de référence sur le plancton de Méditerranée (Tregouboff &
Rose, 1957) indique que cette espèce est commune en Méditerranée en automne et en hiver, cependant les observations (récentes) ne sont pas abondantes et la callianira à deux
ailes a été vue également en avril à Port-Cros. Certains auteurs plus récents (Riedl, 1986) indiquent bien que cette espèce est rare en Méditerranée. Ceci semble confirmé par le peu de photos disponibles pour illustrer cette fiche.
Des prises de vues d'Atlantique seraient également les bienvenues !
Callianira à deux ailes : proposition DORIS par francisation du nom scientifique.
Callianira est le nom d'une des cinquante Néréides, nymphes marines filles du dieu marin Nérée et de l'Océanide Doris.
Ce nom de genre a été créé, sans explication du choix, par Péron & Lesueur entre 1808 et 1810. Pour information, leurs écrits montrent qu'ils hésitaient pour cette espèce entre Cténaire et Mollusque...
bialata : du latin [bi] = deux et [alata] = ailé, à deux ailes.
Et pour les synonymes :
Eschscholtzia : nom de genre dédié au médecin naturaliste Johann Friedrich Eschschlotz (1793-1831) par Albert Kölliker en 1853.
Gegenbauria : nom de genre dédié à Karl Gegenbaur (1826-1903), anatomiste et embryologiste par Louis Agassiz en 1860.
cordata : du latin [cordat] = cœur avec le suffixe latin [-ta] qui exprime une qualité : en forme de cœur.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Ctenophora | Cténophores / Cténaires | Organismes carnivores planctoniques (parfois benthiques) transparents à symétrie biradiaire se déplaçant grâce à huit rangées de peignes ciliés et munis le plus souvent de tentacules armés de cellules adhésives particulières, les colloblastes. |
Classe | Tentaculata | Tentaculés | Cténophores possédant des tentacules, qui peuvent secondairement se résorber. |
Ordre | Cydippida | Cydippides | Cténophores sphériques ou ovoïdes, possédant deux tentacules adhésifs bien développés et ramifiés. |
Famille | Mertensiidae | Mertensiidés | Bandes (de palettes natatoires) méridiennes paratransversales plus longues que les parasagittales (qui sont les plus proches du plan sagittal). |
Genre | Callianira | ||
Espèce | bialata |
Deux pointes bien visibles
Callianira bialata montre deux pointes bien détachées en position postérieure, elles sont caractéristiques de l'espèce.
Les tentilles*, ramifications des filaments pêcheurs, sont ici rétractés.
Agay (83), 3 m
04/04/2015
Piège tendu
Les longs tentacules sont bien déployés latéralement.
Port-Cros (83), 2 m
14/11/2015
Forme aplatie
Sous cet angle on remarque bien la forme aplatie du corps.
On distingue bien ici également les deux longs tentacules latéraux caractéristiques d'un grand nombre de cténaires
Port-Cros (83), 2 m
14/11/2015
Dans le courant
Les tentacules sont sur le côté de cet individu en déplacement ou qui subit le courant.
Agay (83), 3 m
04/04/2015
Tentacules emmêlés
Les tentacules de cet individu semblent s’emmêler mais on peut bien distinguer les ramifications latérales.
Port-Cros (83), 2 m
14/11/2015
Corps ponctué
Le corps gélatineux est ponctué de petits points d'une teinte rose pouvant apparaitre très sombre.
Agay (83), 3 m
04/04/2015
Dessin d'un jeune individu
Sur ce dessin on remarque bien 4 des 8 rangées de palettes natatoires.
On peut observer également les gaines dans lesquelles s'insèrent les filaments pêcheurs.
Chez un jeune individu, les prolongements aliformes sont courts.
Dessin extrait de :
MANUEL DE PLANCTONOLOGIE MEDITERRANEENNE
Tregouboff G., Rose M., 1957 Centre National de la Recherche Scientifique, 2 tomes (Textes & Illustrations), Paris.
Reproduction de documents anciens
1957
Dessin de l'adulte
Ce document montre bien les deux filaments pêcheurs pourvus de nombreuses ramifications, les tentilles*, munies de cellules collantes : les colloblastes* et les prolongements aliformes* particulièrement longs.
Dessin extrait de :
MANUEL DE PLANCTONOLOGIE MEDITERRANEENNE
Tregouboff G., Rose M., 1957 Centre National de la Recherche
Scientifique, 2 tomes (Textes & Illustrations), Paris.
Reproduction de documents anciens
1957
Rédacteur principal : Vincent MARAN
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Vincent MARAN
Agassiz L., 1860, Second Monograph in five parts - I. Acalephs in general – Ctenophorae – III. Discophorae – IV Hydroidae – V Homologies of the Radiata, with Forty-six plates, Contributions to the natural history of the United States of America, Vol. III, Boston, Little, Brown and Company, London Trübner & Co, 301p.
Chun C., 1880, DIE CTENOPHOREN DES GOLFES VON NEAPEL, Vol. 1, Wilhelm Engelmann, Leipzig, 313p + 18 pl.
Gegenbaur C., 1856, Studien über Organisation und Systematik der Ctenophoren, Archiv für Naturgeschichte, 22(1), 163-205.
Gershwin L., Zeidler W., Davie P.J.F., 2010, Ctenophora of Australia In, Davie, P.J.F. & Phillips, J.A. (Eds), Proceedings of the Thirteenth International Marine Biological Workshop, the Marine Fauna and Flora of Moreton Bay, Queensland, Memoirs of the Queensland Museum, 54(3), 1-45.
Haddock S.H.D., 2007, Comparative feeding behavior of planktonic ctenophores, Integrative and Comparative Biology, 47(6), 847-853.
Lesson R.P., 1836, Mémoire sur la famille des Béroides, Annales des sciences naturelles, 235-266.
Mills C.E., Internet 1998-present, Phylum Ctenophora : list of all valid species names, Electronic internet document available at http://faculty.washington.edu/cemills/Ctenolist.html. Published by the author, web page established March 1998, last updated (see date at end of page).
La page de Callianira bialata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN