Colonie en touffes flexibles
Ramifications dichotomes
Couleur brun violacé
Common bugula (GB), Paars vogelkopmosdiertje (NL)
Sertularia neritina Linnaeus, 1758
Cellularia neritina Pallas, 1766
Cosmopolite des eaux chaudes à tempérées
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Caraïbes, ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Cette espèce invasive est cosmopolite des eaux chaudes et tempérées ; elle est essentiellement littorale. On la rencontre sur toutes les côtes européennes de la Manche à la Méditerranée, dans l'océan Pacifique (Japon, Hawaï, Californie) ainsi que dans les eaux des Caraïbes, des côtes sud des Etats-Unis au Brésil. Son absence n'est remarquée que dans les eaux froides à partir des zones subarctique et subantarctique.
On la trouve dans les milieux rocheux de la surface jusqu'à cinq mètres de profondeur environ. Elle affectionne cependant les zones portuaires aux eaux chargées en particules, voire polluées où elle se fixe sur les parois des digues, les piliers des quais ou les bouées. Elle colonise également les coques de navires ce qui favorise sa dissémination dans de nombreuses stations du globe.
Des observations de sa présence sur les feuilles de zostères, plantes à fleurs marines, et sur les thalles d'algues brunes du genre Cystoseira ont été faites dans tous les étangs et lagunes littoraux de Méditerranée.
Cette bugule, à l'apparence d'une algue, forme des colonies disposées en touffes buissonnantes, flexibles mais robustes de 5 à 10 cm de hauteur. Les ramifications, quipeuvent prendre parfois l'allure d'un éventail,sont dichotomes*. La colonie se fixe au substrat par un réseau de filaments, les rhizoïdes*, qui s'unissent en faisceaux serrés. Sa couleur caractéristique est brun violacé, parfois pourpre ou violette.
Bugula robusta MacGillivray, 1869 : en Indo-Pacifique.
Bugulopsis peachii (Busk, 1851) : en Manche. Plus petite espèce et de couleur blanche.
Bugula dentata (Lamouroux, 1816) : cette espèce d'Indo-Pacifique a le même aspect, seule la couleur vert-bouteille diffère.
Dans tous les cas seule une observation à la loupe binoculaire permettra de différencier réellement ces espèces.
Ce microphage* suspensivore* se nourrit de particules alimentaires, comme les diatomées ou les bactéries, grâce au battement des cils vibratiles présents sur les tentacules du lophophore*.
On observe deux modes de reproduction : sexuée et asexuée par bourgeonnement*.
Cette espèce est hermaphrodite* protandre* (mâle puis femelle). La reproduction est vivipare* et la fécondation interne. Les œufs, de couleur brun foncé, vont donner naissance à des larves* incubées dans une poche plus ou moins globuleuse et de couleur blanche, appelée oécie* ou ovicelle*. Ces larves ciliées* et nageuses ont une courte durée de vie. Elles sont de couleur rouge sombre et ont la particularité de posséder une paire de taches pigmentaires latérales.
En Manche et en Atlantique Nord-Est, les larves se fixent de mai à octobre. En Méditerranée, Bugula neritina est trouvée ovicellée en mai et de septembre à décembre.
Les principaux prédateurs de cette bugule sont des mollusques gastéropodes nudibranches.
On notera la présence d'un épibionte*, un ver annélide polychète du genre Spirorbis. Les touffes de Bugula neritina servent de refuge également pour de petits crustacés copépodes ou amphipodes.
Elle vit en symbiose* avec une bactérie Endobugula sertula.
Des mollusques bivalves comme les moules ou les huîtres peuvent occasionnellement servir de support de fixation à cette espèce.
La bugule brune a la particularité de ne pas posséder d'épines et d'aviculaires* (observation au microscope).
Les zoécies* sont grandes (0,8 x 0,3 mm environ) et rectangulaires avec une courte soie à l'angle externe et distal* de chacune. Elles sont disposées sur deux rangées de façon alternative.
Le lophophore possède 23 tentacules ciliés.
Les kénozoïdes* radiculaires* (ou rhizoïdes*) sont des zoécies dépourvues de polypide fonctionnel, ils sont unis en un faisceau serré servant à la fixation, le réseau qu'ils constituent est très développé.
On a découvert dans la bactérie symbionte* de Bugula neritina un composé chimique (la bryostatine) qui a montré son efficacité dans certaines formes de cancers.
C'est un des organismes les plus importants des salissures marines car la dissémination de cette espèce est favorisée par les ballasts et le fouling* des bateaux ainsi que par les transports dans l'ostréiculture.
Bien qu'eurytherme*, cette espèce ne supporte pas les eaux trop froides, ce qui expliquerait les fluctuations importantes de population selon les saisons.
Bugule : traduction littérale du nom latin.
brune : couleur la plus fréquente de cette bugule.
Bugula : origine obscure, cependant il est possible qu'elle vienne du latin [bugula] qui est une plante terrestre (Ajuga reptans ou bugle) et qui ressemble, notamment pour la forme de son inflorescence, à Bugula plumosa ou Bugulina turbinata.
neritina : originaire de l'île de Nérite ?
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Anasca | Anasques | La paroi frontale (ventrale) est membraneuse, flexible. |
Famille | Bugulidae | Bugulidés | Colonies érigées et ramifiées. |
Genre | Bugula | ||
Espèce | neritina |
Touffe buissonnante
Cette bugule, à l’allure d’une algue, forme des colonies disposées en touffes buissonnantes flexibles.
Lieu-dit Sydney, Bassin de Thau (34)
16/04/2007
Eventail flexible
Les colonies peuvent prendre parfois la forme d'un éventail. Elles sont robustes mais flexibles.
Notez la présence d'ovicelles* blanchâtres sur cette colonie.
Quai du Brésil, Le Havre (76), 3 m
04/12/2005
Ramifications dichotomes
Les ramifications sont dichotomes*.
Quai Vauban, Le Havre (76), 3 m
31/10/2004
Cosmopolite, fréquente dans les ports
Cette espèce invasive est cosmopolite et essentiellement littorale. Elle affectionne les zones portuaires aux eaux chargées en particules. Ici elle est fixée sur le bryozoaire spaghetti Amathia verticillata.
Port de Los Gigantes, Ténérife, les Canaries, 0,2 m
17/08/2007
Prédateur à Thau : Polycera hedgpethi
Bugula neritina sert de nourriture notamment au nudibranche Polycera hedgpethi Marcus, 1964.
Tables de l'école, Thau (34)
14/04/2007
Petite colonie sur une feuille de zostère
Les ramifications sont espacées sur cette jeune colonie bien pourpre.
Port Leucate, étang Grau (11), 1 m
25/08/2009
Détail des fines ramifications
Les lophophores* bien déployés sont bien visibles sur cette vue rapprochée, ils matérialisent l'organisation des zoïdes* sur les fines ramifications de ce bryozoaire.
Port Leucate, étang Grau (11), 1 m
25/08/2009
Envahi par une éponge ?
La base de cette petite colonie semble envahie par une petite éponge jaune.
Bassin de Thau (34)
04/05/2008
Tentacules des lophophores
Ce microphage suspensivore* se nourrit de particules alimentaires comme les diatomées ou les bactéries grâce au battement des cils vibratiles présents sur les tentacules* du lophophore*.
Hortense, bassin d'Arcachon (33), 12 m
07/08/2007
Colonie brun violacé à Arcachon
Sa couleur caractéristique est brun violacé.
Hortense, bassin d'Arcachon (33), 12 m
04/06/2006
Dans un port de Sardaigne
Bugula neritina est une des espèces les plus disséminées dans les ports en eaux chaudes ou tempérées. En Méditerranée elle fréquente tous les ports du bassin oriental au bassin occidental et du nord au sud.
Sur ce ponton flottant nous pouvons également observer les autres espèces invasives typiques des ports : le bryozoaire spaghetti Amathia verticillata, l'ascidie plissée Styela plicata et l'huître plate Ostrea edulis.
Port d'Arbatax, Sardaigne, Italie
19/07/2010
Couleur brun violacé et ovicelles
Cette colonie, de couleur brun violacé, est fertile ; les larves* sont incubées dans des poches globuleuses de couleur blanche, appelées ovicelles*, bien visibles ici sur les rameaux.
Balaruc-les-Bains, Thau (34), 1,5 m
07/10/2006
Ovicelles blanchâtres et lophophores
Les larves* sont incubées dans une poche plus ou moins globuleuse et de couleur blanche, appelée oécie* ou ovicelle*.
Balaruc-les-Bains, Thau (34), 1,5 m
07/10/2006
Lophophore
Sur la photo de gauche, prise à la loupe binoculaire, le lophophore* est rétracté dans sa logette, sur la photo de droite on distingue parfaitement qu'il est déployé. Il laisse apparaître sa couronne de tentacules ciliés qui collecte la nourriture et qui sert à la respiration.
Port de Frontignan (34), 0,50 m
28/10/2007
Logettes
Chaque logette* présente une ouverture distale* semi-circulaire, fermée par un opercule, et par où sort le lophophore*.
Port de Frontignan (34), 0,50 m
28/10/2007
Couronne ciliée
Le mouvement des cils qui garnissent les tentacules du lophophore détermine un courant d'eau qui entraîne les particules nutritives en suspension dans l'eau vers l'orifice buccal.
Port de Frontignan (34), 0,50 m
28/10/2007
Dessins anciens : anatomie détaillée
D'après Busk, 1852, planche 43
N/A
Reproduction de documents anciens
N/A
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
La page de Bugula neritina dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN