Grosse sangsue (4-5 cm) parasite des raies et des requins
Corps large, brun à noir
Branchies ondulantes sur les bords
Grosse ventouse de fixation à l'arrière du corps
A l’opposé un cou long et fin terminé par une petite ventouse orale
Leech (GB), Sanguisuga delle torpedini (I), Sanguijuelas (E), Blutegel (D)
Atlantique Nord-Est et Est, Manche, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La sangsue des raies Branchellion torpedinis se rencontre en Méditerranée, en Manche et en Atlantique Est de l’Angleterre jusqu’à Afrique de l’Ouest.
La sangsue des raies vit fixée, solitaire ou groupée, sur la peau des requins ou des raies et c'est, principalement pour le plongeur sous-marin, sur la raie-torpille marbrée (Torpedo marmorata) qu'elle sera observée.
Branchellion torpedinis est une sangsue marine qui appartient au groupe des vers segmentés (ou Annélides) dépourvus de soies, les Achètes ou Hirudinées.
Il s'agit d'une sangsue brune à noire mesurant habituellement 3 à 5 cm de long, exceptionnellement plus, jusqu'à 10 cm. Son corps allongé et annelé montre un ventre aplati. Ce corps, pourvu de deux ventouses, une à l'avant et une à l'arrière, est divisé en 2 parties bien distinctes :
Branchellion borealis Leigh-Sarpe, 1933, sangsue de forme semblable à B. torpedinis avec des branchies foliacées au nombre de 31 paires, avec une ventouse antérieure (orale) mesurant les deux-tiers de la ventouse postérieure. La taille de cette sangsue est plus petite (jusqu'à 30 mm). Elle vit également sur des raies (Rajidés) en Atlantique Nord-Est, autour de l'Angleterre essentiellement.
Pontobdella muricata (Linnaeus, 1758), présente en Europe, parasite également des raies. Cette sangsue fait partie, avec Branchellion torpedinis, des plus grandes espèces marines d'ectoparasites*, elle peut atteindre 20 cm de longueur. Elle se distingue de Branchellion torpedinis par sa peau marquée de saillies verruqueuses et ses branchies non visibles.
Branchellion torpedinis fait partie des Hirudinées (sangsues) strictement hémophages* des vertébrés. Sa bouche munie de dents cornées se fixe sur l’hôte, perfore les tissus et suce le sang. Elle peut rester 2 à 3 ans sans nourriture. Les 3 rangées de dents ont une forme semi-lenticulaire et se déplacent en va-et-vient par un mouvement de scie. C’est de cette façon qu’elle tranche la peau de ses victimes.
La sangsue est hermaphrodite* (chaque individu possède 2 appareils reproducteurs complets, un mâle et l’autre femelle). Le sang de son hôte est vital pour la reproduction. Les œufs sont fécondés à l’intérieur du corps avant la ponte. La sangsue des raies colle les œufs à son ventre et protège les embryons avec son corps. Il n’y a pas de stade larvaire (absence de larve* trochophore*), les jeunes à l’éclosion ressemblent aux adultes.
Le lieu de vie de cet ectoparasite* de vertébrés est la peau de son hôte, ou plutôt de sa victime, raie ou requin au gré de ces déplacements. La raie-torpille marbrée (Torpedo marmorata) représente l'hôte le plus connu.
Les sangsues, animaux majoritairement dulcicoles* et terrestres, sont représentées par un petit nombre d'espèces en mer. Ce sont des vers segmentés, comme les polychètes, mais dépourvus de soies.
Notons que les documents de référence divergent sur le nombre exact de paires de branchies foliacées de Branchellion torpedinis, 35 pour les références françaises et 33 pour les références anglaises.
La sangsue respire par la peau et possède 2 cœurs mais pas de cerveau centralisé. Sa durée de vie peut atteindre 27 ans. Sa tête, terminée par une petite ventouse, est aussi un organe de locomotion, cette caractéristique est unique dans le règne animal !
Pour certains auteurs les appendices foliacés ne seraient pas des branchies mais serviraient simplement à la reptation sur le corps des poissons, ou à faciliter les mouvements dans l'eau.
Les ventouses :
Ces organes caractéristiques des sangsues sont quasiment toujours au nombre de deux.
Chez les Piscicolidés (parasites des poissons) la ventouse antérieure s'ouvre dans la bouche et se confond ainsi avec la cavité buccale. Sa conformation lui permet d'exercer une succion à la surface de la peau de son hôte. Chez les sangsues hémophages*, la bouche cachée par la ventouse est munie de trois mâchoires en forme d'étoile à trois branches.
Inclinée ventralement, la ventouse postérieure montre toujours une forme discoïde et le plus souvent un diamètre supérieur à la largeur du corps chez les Piscicolidés. Dans le genre Branchellion, cette ventouse postérieure porte de nombreuses petites ventouses secondaires nettement pédonculées.
Sangsue des raies provient du fait que cette espèce est majoritairement observée sur la raie-torpille marbrée.
Le nom de sangsue vient du latin [sanguis] = sang et [sugo] = sucer.
Branchellion : cette création de Jules-César Savigny (1777-1851) est une contraction de branchiobdellion de Karl A. Rudolphi (1771-1832) avec branchiobdelle du grec [branchio] = branchies et [bdellium] ou [bdedella] = palmier. Donc branchie à l'apparence de palme.
torpedinis : du latin [torpedo] = nom des raies-torpilles et qui signifie "torpeur, engourdissement" en raison de l'état dans lequel se trouve celui qui reçoit sa décharge électrique.
Numéro d'entrée WoRMS : 116953
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Clitellata | Clitellates | Annélides hermaphrodites, dont quelques segments sont enveloppés dans une enveloppe glandulaire. |
Sous-classe | Hirudinea | Hirudinées / Achètes | Annélides aquatiques, principalement d'eau douce, sans soies ni parapodes, mais possédant une ventouse postérieure et parfois une antérieure. Ectoparasites d'animaux aquatiques et de vertébrés terrestres. |
Ordre | Rhynchobdellida | Rhynchobdelliformes | Sangsues sans mâchoires, à trompe dévaginable, marines ou d'eau douce. Appareil circulatoire différencié. Toutes sont aquatiques. |
Famille | Piscicolidae | Piscicolidés | (syn. : Ichthyobdellidae) Corps cylindrique. Ventouse antérieure bien visible en forme de cloche. Habitats marins, parasites de poissons. |
Genre | Branchellion | ||
Espèce | torpedinis |
Une grosse sangsue à la vie statique
La cicatrice laissée par la ventouse postérieure semble indiquer que cette sangsue ne se déplace pas beaucoup.
Branchellion torpedinis est spécialisée dans le parasitage des raies et semble apprécier particulièrement Torpedo marmorata.
Sur cette image et en haut à gauche, la ventouse postérieure large permet à la sangsue de se fixer sur sa victime. A l'avant, en bas à droite, le cou en forme de petit tube se termine par une ventouse plus de deux fois plus petite que la ventouse arrière, cette bouche terminale permet à la sangsue de sucer le sang du poisson parasité.
Cap Gros, Antibes (06), 27 m, de nuit
13/09/2007
En nombre
La sangsue des raies est parfois rencontrée en groupe sur le dos de la raie-torpille marbrée (Torpedo marmorata), ici ensablée. Notez les jolis froufrous de part et d'autre du corps et qui sont des branchies foliacées, mobiles.
Sur l'individu du haut, le tube long et fin terminé par une petite ventouse représente la "tête" de l'animal.
Méjean, Côte Bleue (83), 18 m
02/06/2011
Gros parasite de la raie torpille
Cette très belle photo, prise en Bretagne, met en évidence la taille respectable, 3 à 4 cm ici, de cet ectoparasite* des raies-torpilles (Torpedo marmorata).
Pointe de Brezelec, Bretagne, 11 m
25/08/2011
En Corse
Implantées à la base de la nageoire caudale d'une belle raie-torpille marbrée, deux ou trois sangsues naviguent par petits fonds sur le dos de leur hôte favori.
Bonifacio, sud Corse, 4 m
14/06/2010
Sangsue marine de couleur foncée
Comme sur l'ensemble des photos présentées, cette sangsue des raies est ici fixée sur le dos d'une raie-torpille marbrée (Torpedo marmorata). Celle-ci se trouve enfouie sous le sable, elle n'est donc pas visible.
Méjean, Côte Bleue (83), 18 m
02/06/2011
Dans la posidonie
Une dizaine d'individus de belle taille sont regroupés sur le dos de la raie, les tâches jaunâtres en arrière sont des cicatrices laissées par les parasites.
Les Oursinnières, Le Pradet (83), 10 m
02/08/2013
Comportement grégaire
Un demi-douzaine d'individus gesticulant en permanence sont regroupés de façon serré.
Les Oursinnières, Le Pradet (83), 10 m
02/08/2013
Cicatrices marquées sur le dos de la raie
Le Moulon, Côte Bleue (13), 37 m
14/08/2013
Sur le museau d'une raie en Manche
La sangsue des raies Branchellion torpedinis peut s'implanter sur toutes les parties du corps de son hôte. Les deux yeux légèrement pédonculés de la raie sont bien visibles sur cette photo prise en Manche.
Fort de la Conchée, Saint-Malo (35), 15 m
26/07/2009
Ver segmenté
La sangsue est un ver segmenté (groupe des Annélides), dépourvu de soies.
Fort de la Conchée, Saint-Malo (35), 15 m
26/07/2009
"Tête chercheuse" pédonculée
L'avant de la sangsue se situe au niveau du petit tube libre terminé par une sphère, la ventouse orale, et non du côté de la grosse ventouse d'ancrage. Ce tube "céphalique" mobile est dépourvu de branchies. Ces deux sangsues sont fixées à proximité de la nageoire caudale de la raie torpille qu'elles parasitent.
Côte Vermeille (66)
N/A
Vidéo : sangsues des raies en action !
Plusieurs sangsues des raies se nourrissent ici sur le dos d'une raie torpille.
Iles Medes Estartit, Espagne, 15 m
06/2013
Anatomie détaillée, dessins anciens
Dessins anatomiques :
- en haut, de la partie postérieure du corps avec sa grosse ventouse flanquée de petites ventouses accessoires pédonculées,
- en bas, des lamelles branchiales munies de vésicules contractiles.
in Grassé, 1956, d'après Scriban I.A., Von Apathy St. & Soukatchoff B.W.
Reproduction de documents anciens
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Rédacteur principal : Sabine BOULAD
Rédacteur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ