Coquille solide plus large que haute
Environ 5 cm
Rugueuse et recouverte d’algues brunes
Opercule rose orangé
Turbo méditerranéen, Turbo scabre, "Biou".
Rough turbo (GB), Occhio di Santa Lucia (I), Peonza rugosa (E).
Astraea rugosa Linnaeus, 1758 est encore très utilisé et trouvé dans de nombreuses classifications.
Astralium rugosum (Fischer, 1864),
Astraea rugosum ?
Turbo rugosus Linnaeus 1767
Trochus solaris Brocchi 1814
Méditerranée et proche Atlantique jusqu'à la Côte Basque au Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Méditerranée, mais aussi présent en Atlantique oriental, du golfe de Gascogne au Maroc, aux Açores et jusqu’aux Canaries.
Sur les fonds rocheux et vaseux riches en algues brunes, dans les herbiers de posidonies et dans les zones de coralligène, rencontré entre 3 et 100 m.
Cet escargot de mer possède une coquille solide et massive de 5 cm de haut sur 6 cm (8 cm maximum) de large à sa base, donc plus large que haute. Sa pointe est arrondie. La coquille turbinée est enroulée en spire aplatie à 7 tours convexes, séparés par de profondes sutures*, avec une carène* noueuse chez les adultes, épineuse chez les jeunes. La coquille des adultes est brun gris à verdâtre, rugueuse et recouverte d’algues brunes et autres petits organismes marins (nombreux petits vers et microcrustacés visibles au microscope) ce qui rend son observation difficile dans le milieu marin.
L’ouverture, d’un blanc nacré avec des marbrures orangées vers le centre, est arrondie.
L’opercule* calcaire, plat et très épais, de couleur foncée à l’intérieur (les opercules usés, trouvés en plongée ou sur les plages sont blanchâtres sur cette face), rose orangé à l’extérieur, a une forme ovoïde et un relief qui rappelle l’œil humain. Sur la face interne de l’opercule est dessinée une spirale elliptique dont le dernier tour est très large. L’opercule est appelé « œil de Sainte Lucie », « œil de Vénus », « œil de la Vierge »… et est considéré comme porte-bonheur (voir infos complémentaires).
Les coquilles peuvent être confondues avec certains Trochidae (Troques) mais ces derniers possèdent un opercule corné. La famille très proche des Phasianellida a un opercule calcaire épais, mais il s’agit d’espèces à la taille réduite (inférieure à 1 cm) et à la coquille oblongue, lisse et ornée de dessins variés. Il y a donc peu de confusions possibles après découverte de l’opercule orange caractéristique de notre Turbinidae.
Le turbo se nourrit surtout des parties les plus tendres des algues situées en eaux peu profondes (espèce phytophage*) à l'aide de sa radula à dents nombreuses (rhipidoglosse*).
Entre mars et juillet. Les sexes sont séparés.
La coquille des spécimens adultes est en quasi totalité recouverte d’algues brunes et de petits vers à tubes calcaires.
La coquille vide est souvent colonisée par le bernard-l’ermite géant (Dardanus arrosor). Ce gastéropode est également comestible pour l’homme. Il se retrouve sur les étals des pêcheurs principalement en Sicile et en France sur le Vieux Port à Marseille, où l'on peut également acheter les opercules "porte-bonheur". Il est pêché artisanalement aux filets maillants. Il se consomme cuit au court bouillon (15 minutes) accompagné de préférence d’un aïoli (comme les bulots).
L'œil de Sainte Lucie
Sur le littoral provençal et en Corse, l'opercule ovale nacré et orangé de cet escargot de mer est appelé "œil de Sainte Lucie". Associé à l'argent et à la prospérité, ce porte-bonheur est placé dans les porte-monnaie et les tiroirs-caisses. Il se porte également en pendentif protecteur. En Espagne, l’œil de Sainte Lucie (ojo de Santa Lucia) est plutôt considéré comme une protection contre les troubles oculaires.
Les légendes de Sainte Lucie, vierge et martyre.
Née à Syracuse en Sicile à la fin du IVème siècle de notre ère, l’histoire de Sainte Lucie a généré nombre de légendes.
L’une d’elles raconte que Lucie fut martyrisée après avoir donné sa dot aux pauvres et refusé de se marier. Son fiancé, fâché, l’accusa de violer les édits de César et l’aurait dénoncée au préfet comme chrétienne. Selon les versions, soit elle s'arracha les yeux, les disposa sur un plat et les fit porter à son fiancé qui ne parvenait pas à oublier leur beauté (Sainte Lucie est représentée portant d'une main la palme des martyres et de l'autre un plat où reposent ses yeux), soit elle s'arracha les yeux et les jeta à la mer pour ne pas être détournée de sa foi et éloigner les prétendants (ici, il y a bien un rapport direct avec notre gastéropode et son « œil de Sainte Lucie »).
Les « Bious» désignent de façon plus générale les bigorneaux ou escargots de mer dans la région marseillaise.
Turbo: du latin tourbillon, toupie.
Les juvéniles ont des prolongations épineuses à la base de la coquille qui, vue de haut, leur donnent un aspect d’étoile d’où Astraea = astre, étoile,
rugosa : du latin [rugosus, a, um]= rugueuse.
Bolma : pas de signification connue
Numéro d'entrée WoRMS : 141855
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Vetigastropoda | Vétigastropodes | Coquille de forme très variable, la plupart des espèces possèdent un opercule. La tête possède une seule paire de tentacules céphaliques et le mufle porte la bouche. Des tentacules épipodiaux* (à rôle sensoriel) sont présents sur les côtés du corps. |
Ordre | Trochida | Trochida | |
Famille | Turbinidae | Turbinidés | Coquille grande, solide, turbinée, à surface parfois lisse mais le plus souvent sculptée (bandes spiralées ou tubercules sur la partie saillante des tours), callosité columellaire lisse, intérieur nacré. Opercule calcaire, spiralé, lisse ou sculpté extérieurement, blanc ou coloré (œil de chat), à nucleus central ou excentré. |
Sous-famille | Turbininae | Turbininés | |
Genre | Bolma | ||
Espèce | rugosa |
Opercule orange
Une fois le gastéropode retourné, on découvre son bel opercule rose orangé (Œil de Sainte Lucie), ici une partie du manteau est encore visible. On distingue à gauche de l’ouverture blanc nacré, la structure rugueuse de l’animal sur la seule partie de la coquille qui n’est pas concrétionnée par des algues calcaires et des petits vers tubicoles.
Les Goudes à l’est de Marseille, 13 m
09/1998
Peu concrétionné
Loin de la lumière du soleil, ce gros gastéropode est ici, à 30 m de fond, peu concrétionné. Plus large que haute, sa coquille présente une pointe arrondie et une surface rugueuse. Ce mollusque gastéropode n'est pas sénestre, sauf à de rares exceptions, comme c'est sans doute le cas ici!
Moyade de Mer, Marseille, 30 m
04/08/2004
Opercules
À gauche la face cornée plate interne et à droite la face bombée externe nacrée, calcaire et orangée.
Après l'aïoli...
2005
Jeune Turbo
Chez ce spécimen jeune les sillons sont bien marqués et les prolongations épineuses à la base de la coquille lui donnent un aspect d’étoile d’où son nom : Astrée rugueuse.
La Vesse à l’ouest de Marseille, 8 m, de nuit
09/09/2005
Juvénile et prolongations épineuses
Vu de dessus, ce jeune individu présente encore des prolongations épineuses marquées.
Escala, Costa Brava (Espagne), 15 m
07/2007
Turbo concrétionné
Ici plus près de la lumière du soleil, ce gros gastéropode est bien concrétionné, de nombreuses algues calcaires recouvrent sa coquille. Plus large que haute, sa coquille présente une pointe arrondie et une surface rugueuse. En arrière plan, vous pouvez voir un petit groupe de doris bleus à taches et lignes jaunes et blanches : Hypselodoris tricolor.
Ile du Planier, rade de Marseille, 20 m
03/10/2004
Vue en plongée
Voici l’aspect le plus fréquent de l’Astrée rugueuse, pour le plongeur, dans les eaux méditerranéennes françaises. Son aspect est relativement discret par son camouflage fait d’algues brunes et calcaires.
La Vesse à l’ouest de Marseille, 8 m, de nuit
09/09/2005
Camouflage intégral
Complètement caché sous une épaisse couche d’algues brunes et rouges, notre « biou » ne ressemble plus qu’à un caillou arrondi, seule la présence de son opercule non complètement rabattu, trahit son identité !
Cap Caveau, rade de Marseille, 20 m
12/02/2005
Coquille et nacre
Ces 2 exemplaires ont été bien nettoyés : le plus petit à droite a été débarrassé de sa couche calcaire superficielle, il ne reste ici que la nacre. Notez les côtes bien visibles sur le spécimen de gauche.
Collection publique du M.N.H. de Vienne (Autriche)
10/2005
Mouvement de l'opercule
Observez, en partant du centre et en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre, le déplacement de l'opercule qui viendra fermer hermétiquement la coquille au final.
Cap d'Antibes (06)
28/02/2010
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Christine ROCHE
Responsable régional : Michel PEAN
La page de Bolma rugosa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN