Petite ulve de Bliding

Blidingia minima | (Nägeli ex Kützing) Kylin

N° 3454

Cosmopolite

Clé d'identification

Algue verte
Thalle composé de tubes très fins, souvent d'aspect torsadé, frisé ou boursouflé
Rencontrée en haut de l'estran (Manche-Atlantique) ou dans le médiolittoral (Méditerranée)
Au microscope : cellules relativement petites, présentant un pyrénoïde central bien visible

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Ulva intestinalis var. nana Sommerfelt, 1826
Enteromorpha minima Nägeli ex Kützing, 1849
Enteromorpha micrococca var. tortuosa J.Agardh, 1883
Enteromorpha coarctata Kjellman,1897
Enteromorpha compressa var. minima (Nägeli ex Hauck) Hamel, 1931
Enteromorpha minima f. genuina Schiffner 1938
Enteromorpha nana (Sommerfelt) Sjöstedt, 1939
Enteromorpha minima f. typica Schiffner 1938
Enteromorpha nana var. minima (Nägeli ex Hauck) Sjøstedt, 1939
Blidingia nana (Sommerfelt) Bliding, 1963

Selon Marc Verlaque, l'ordre alphabétique est préférable

Distribution géographique

Cosmopolite

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Cosmopolite.

Biotope

Cette espèce est rencontrée en partie haute de l’estran*, y compris dans l’étage supralittoral* en Manche et en Atlantique, et dans le médiolittoral* en Méditerranée. Celle algue apprécie les zones où ruisselle de l’eau douce et son installation est favorisée par la pollution. On la rencontrera donc plus difficilement sur les côtes rocheuses en milieu purement marin.
Dans les zones portuaires, on la trouvera immédiatement au-dessus de Ulva compressa/intestinalis.
La limite haute de répartition de l’espèce sur l’estran semble être liée à des contraintes osmotiques (effet du ruissellement par l’eau de pluie).

Description

Cette algue verte se présente sous la forme de tubes, cylindriques ou compressés, de très faible diamètre (jusqu’à 4 mm mais en général moins de 2 mm) et d’une longueur pouvant atteindre 25 cm (5-10 cm en Méditerranée) dans des conditions favorables (mais souvent beaucoup moins dans les conditions d’observation classiques), formant des revêtements denses. Les thalles* sont plus longs et plus larges lorsque l’on descend sur l’estran*. Les filaments qui émergent d’un disque basal sont normalement non ramifiés mais peuvent présenter des proliférations basales et, lorsque l’algue se développe en eaux saumâtres, des ramifications. Ces filaments sont souvent torsadés frisés ou boursouflés.
Au microscope, les cellules sont disposées de façon irrégulière. Elles sont de diamètre égal, anguleuses à arrondies, petites (de 4 à 7 µm de diamètre), et contiennent un plaste* unique remplissant toute la cellule avec un pyrénoïde* central bien visible. Les filaments sont monostromatiques*, ce qui permet d’observer facilement l’arrangement des cellules. En coupe transversale, la paroi interne des filaments n'est pas épaissie.

Espèces ressemblantes

En Manche-Atlantique, il existe trois espèces de Blidingia : Blidingia minima, Blidingia marginata et Blindigia chadefaudii.
Ces trois espèces nécessitent une observation au microscope afin de les distinguer.
Chez Blidingia marginata, les cellules sont disposées en files longitudinales, alors qu’elles sont en désordre chez les deux autres espèces.
Blidingia chadefaudii se distingue de B. minima par ses cellules plus grandes (6-9 µm de diamètre) et par la paroi interne des filaments qui est épaissie. Certains auteurs, voir Woolcot & al. 2000, mettent en doute la validité de cette dernière espèce.
Blidingia marginata est rencontrée plus haut que Blidingia minima.

En Méditerranée, les espèces de Blidingia ne sont pas identifiables sur photo ou en fonction du biotope*.
L'espèce Blidingia chadefaudii est souvent épiphyte de Rissoella verruculosa (seul critère discriminant mais pas exclusif).

Outre avec les autres Blidingia, cette espèce peut être confondue avec des espèces d'Ulva tubuleuses (Ulva compressa ou Ulva intestinalis notamment).
Blidingia minima est souvent localisée plus haut sur les rochers, et ses filaments sont plus fins que ceux des Ulva. Une observation au microscope permet de faire immédiatement la différence entre les deux genres. Les cellules de Blidingia minima étant beaucoup plus petites (< 10 µm) que celles des Ulva (> 10 µm).

Alimentation

Comme toutes les algues, Blidingia minima est autotrophe* photosynthétique*. L'algue tire son énergie de la lumière solaire et, grâce à l'absorption d'eau, de dioxyde de carbone et des sels minéraux dissous dans l’eau, fabrique les matières organiques nécessaires à son développement.

Reproduction - Multiplication

La reproduction asexuée apomictique (sans fécondation* ni méïose*) est la plus connue in situ. Celle-ci se produit avec émission de zoospores* quadriflagellées*, plus rarement biflagellées. L’algue est annuelle, avec une succession de générations. Les zoospores, qui cessent d’être mobiles dès qu’elles sont émises par le sporophyte*, se fixent au substrat* puis émettent un tube germinateur dans lequel tout le contenu de la zoospore est transféré, ce qui est réalisé en moins de deux jours. L’extrémité distale* du tube se transforme alors en cellule, fixée au substrat* qui donne naissance à un disque par multiplication cellulaire. De ce disque émergent ensuite, une quinzaine de jours après le début de la germination, les thalles* tubulaires.

La reproduction sexuée de Blidingia minima a été observée in vitro par Masakazu Tawaki et Masafumi Lima (1984). Ils ont décrit 4 modes de développement de cette algue, dont deux faisant appel à une phase sexuée. Les deux phases sexuées observées étaient radicalement différentes, puisque dans l’une d’elle, les gamétophytes* dioïques*, ressemblaient aux sporophytes, alors que dans l’autre, les gamétophytes restaient microscopiques.

Vie associée

En raison de sa présence relativement haut sur l’estran*, Blidingia minima constitue un habitat apprécié par les acariens phytophages*, comme Hyadesia fusca ou Ameronothrus marinus.

Divers biologie

Blidingia minima est une espèce pionnière qui apparaîtra très rapidement sur un substrat* vierge laissé dans sa zone de prédilection.

Les études ont montré que les zoospores* se développant en milieu purement marin donnent naissance à des thalles* sans ramification, alors que des zoospores se développant avec une salinité de 21 pour mille donnent naissance à des thalles majoritairement ramifiés.

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom français rappelle que le genre Blidingia appartient à l’ordre des Ulvales et que le nom d’espèce signifie « petite ». Il rappelle par ailleurs que le nom de genre est un hommage au Professeur M. Bliding éminent spécialiste des Ulvales.

Origine du nom scientifique

Le phycologue suédois Johan Harald Kylin a désigné le genre Blidingia en l'honneur de son compatriote phycologue Carl Vilhelm Bliding (1879-19??).

Le nom d’espèce minima provient du latin [minima] = la plus petite, par référence directe au faible diamètre des thalles* tubulaires par comparaison aux autres Enteromorpha, genre auquel cette espèce était initialement rattachée.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 145950

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chlorophyta Chlorophytes

Embranchement très vaste et hétérogène de plus de 7000 espèces d'algues vertes. Unicellulaires (flagellées ou non), coloniales, filamenteuses, thalles* siphonés* ou non. Benthiques* et fixées ou planctoniques*. Subaériennes, eaux douces, saumâtres et marines.

Classe Ulvophyceae Ulvophycées

Organismes multicellulaires. Zoïdes et spores possèdent généralement 2 et 4 flagelles respectivement. Cycle de reproduction variable. Habitat essentiellement marin et benthique.

Ordre Ulvales Ulvales Espèces majoritairement marines, aux parois cellulaires cellulosiques et aux thalles filamenteux ramifiés ou en lames. Cycle reproductif typiquement digénétique et isomorphe (générations successives morphologiquement identiques).
Genre Blidingia
Espèce minima

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