Panache circulaire gris-bleuté de 32 à 40 radioles
Radioles avec 6 à 8 bandes pigmentées alternant avec des zones claires
Tube grisâtre
Sur substrat dur
Sabelle bleue, Bispire argus (proposition car le nom précédent a été attribué à Bispira fabricii sur BioObs)
Tube Worm (GB), Röhrenwurm (D)(noms génériques pour les annélides polychètes vivant dans un tube), Paarse kokerworm (NL).
Atlantique nord-est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Bispira polyomma serait présente dans l’Atlantique Nord Est. Sa distribution précise n’est pas connue.
Bispira polyomma vit fixée sur des substrats durs à faible profondeur. A Yerseke (Pays-Bas) entre 30 et 70 cm de profondeur et jusqu'à 10 m environ à d'autres endroits de l'Escaut oriental, dans le port du Havre vers 2 m, dans le port de Boulogne-sur-Mer vers 1m à 1,5 m et dans le port de Dunkerque entre 2 et 6 m de profondeur.
Bispira polyomma est une annélide polychète vivant dans un tube dont seul le panache gris-bleuté sort du tube.
Ce panache d’une dizaine de mm de long, semble circulaire mais il est constitué de 2 lobes semi-circulaires de 16 à 20 radioles* chacun. Les radioles portent 6 à 8 bandes pigmentées alternant avec des zones claires. Chaque radiole dorsale est pourvue d’environ 6 à 8 paires d’yeux composés, régulièrement espacés sur chaque radiole et formant des bandes sur le panache. Ces bandes sont plus développées à la base des radioles. Les radioles ventrales, dépourvues d’yeux, ont seulement une pigmentation noire. Certains individus possèdent des yeux sur toutes les radioles, dans ce cas, l'orientation dorso-ventrale de l'animal est plus délicate à déterminer.
Le tube doux et grisâtre, d’un diamètre pouvant atteindre 5 mm, est attaché au substrat dur et formé d’une sécrétion transparente et de particules sédimentaires.
Le corps de l’animal est court et mince, jaunâtre avec des points noirâtres, de 20 mm de longueur et 6 mm de largeur.
Une détermination précise nécessite l’étude des soies*. Il est nécessaire de se reporter à l’article de Giangrande et Faasse (2012).
Dans la zone concernée, seules quelques espèces ressemblent à Bispira polyomma.
- Bispira volutacornis (Montagu, 1804) possède deux panaches (avec 60 radioles* par lobe branchial) enroulés en spirale, bien visibles et sans bandes colorées.
- Sabella pavonina Savigny, 1822, Sabelle paon. Cette espèce, de plus grande taille, est présente plutôt sur des fonds meubles dans lesquels la base de son tube est enfoncé.
- Sabella discifera Grube, 1874, petite Sabelle. Cette espèce, plus petite que la précédente, vit sur des substrats durs ou en épibiose* dans des zones à fort courant. Son panache porte 2 lobes avec chacun 10 à 14 radioles. Toutefois, l’extrémité de chaque radiole porte une tache blanche (un œil composé) bien visible.
- Bispira fabricii (Kroyer, 1856), décrite dans l’ouvrage de Fauvel (1923), a été confondue avec Bispira polyomma avant la description de cette dernière. B. fabricii est présente beaucoup plus au nord (Islande et Svalbard).
Comme toutes les annélides polychètes sessiles*, la sabelle bleue est un animal filtreur* suspensivore*. Les radioles* sont garnies de 2 files de barbules ciliées. Les cils sont recouverts d'un mucus adhérent qui permet la collecte des particules alimentaires. Les battements des cils amènent les particules alimentaires vers la bouche.
Giangrande et Faasse (2012) n’ont pas abordé la reproduction dans leur description. Toutefois, on peut supposer que cette espèce se reproduit comme les autres espèces du genre :
Bispira polyomma peut présenter des populations denses sur quelques décimètres carrés, mais des individus isolés sont également visibles.
Cette espèce a été observée, pour le moment, surtout dans des endroits abrités : parcs de stockage d’huîtres, bassins portuaires (Le Havre, Boulogne-sur-Mer et Dunkerque). Dans l'Escaut oriental, on la trouve exposée aux courants de marée, sur les faces abritées des pierres.
Cette espèce a été observée, par Marco Faasse, pour la première fois, en 2010, à la sortie d’un bassin de stockage d’huîtres près de Yerseke (Pays-Bas). Elle a été décrite par Giangrande et Faasse en 2012.
La première observation en France a eu lieu, en avril 2011, dans le bassin de la Barre, dans le port du Havre (historique des observations dans Ruellet & Breton, 2012), puis en octobre 2014, dans le bassin Napoléon du port de Boulogne-sur-Mer (observation personnelle) et dans la forme 4 du port de Dunkerque en avril 2019 (observation personnelle).
Une confusion apparaît entre les descriptions de Bispira fabricii par Fauvel en 1923 (sous le nom de Sabella fabricii) et celle de Knight-Jones & Perkins en 1998 (Bispira fabricii), car ces auteurs décrivent deux annélides polychètes différentes sous le même nom d’espèce fabricii. Une comparaison des matériels types de ces espèces avec celui de Bispira polyomma serait nécessaire.
Bispire bleue, sabelle bleue : la couleur du panache.
Bispira : du latin [bi] = deux et du grec, puis du latin [spir] = spirale. Le panache branchial est formé de deux parties attachées ensemble par une membrane basale.
polyomma : du
grec [poly] = nombreux et du grec [omma] = œil. Nommé ainsi pour les nombreuses paires d'yeux composés
sur les radioles (le nombre n'est pas explicitement indiqué dans la
description, mais de toute évidence, au moins sept paires par radiole sont
présentes).
fabricii : cette espèce a été dédiée au naturaliste et missionnaire
danois Otto Fabricius (1744-1822) qui a vécu au Groenland, par le naturaliste
danois Henrik Nikolaj Kroyer (1799-1876).
Numéro d'entrée WoRMS : 740848
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Polychaeta | Polychètes | Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles. |
Sous-classe | Sedentaria - Canalipalpata | Annélides polychètes sédentaires - Canalipalpata | Annélides polychètes sédentaires vivant dans des tubes ou des terriers semi-permanents, avec une paire de palpes creusés d'un sillon longitudinal cilié. |
Ordre | Sabellida | Sabellides | Métamérie très altérée, corps divisé en deux régions distinctes, une thoracique à segments peu nombreux et une abdominale, le plus souvent à segments très nombreux, parfois seulement 3 segments chez les très petites espèces. Prostomium indistinct et peristomium faisant une collerette plus ou moins développée, entière ou divisée en lobes, branchies volumineuses (2 lobes semi-circulaires ou spiralés portant de nombreux filaments ou rayons garnis de barbules ciliées) en panache terminal disposé en entonnoir entourant la bouche. |
Famille | Sabellidae | Sabellidés | Dans des tubes de mucoprotéines à paroi mince avec ou sans vase, sable ou débris de coquille, la plupart du temps flexibles. Pas d'opercule. Panache coloré, de grande taille aux radioles en forme de plume formant une couronne symétrique. |
Genre | Bispira | ||
Espèce | polyomma |
Une population de Bispira polyomma
Bispira polyomma peut couvir des surfaces de plusieurs décimètres carrés.
Bassin Napoléon, Boulogne-sur-Mer (62), 1,5 m
18/10/014
Gros plan sur un peuplement
Les panaches sont orientés dans toutes les directions.
Zeelandbrug, Zierikzee, Escaut oriental, Pays-Bas, environ 5 m
26/07/2019
Quelques panaches
Les bandes claires et sombres des radioles sont bien visibles.
Anna Jacobpolder, Escaut oriental, Pays-Bas, environ 5 m
12/12/2020
Le panache vu de face
Les deux rangées de barbules sur chaque radiole sont bien visibles.
Zoeterbout, Escaut oriental, Pays-Bas, environ 5 m
23/07/2019
Un panache vu de côté
Juste sous le panache, un petit bout du tube protégeant l'animal est visible.
De Val, Zierikzee, Escaut oriental, environ 5 m
01/09/2017
Quelques individus près d'une ascidie
Les siphons de l'ascidie japonaise (Styela clava) donnent l'échelle des panaches de notre Bispire.
Bassin Napoléon, Boulogne-sur-Mer (62), 1.5m
06/09/2015
Vue d'ensemble d'une population
Les panaches gris-bleuté sont presque tous épanouis.
Bassin de la Barre, Le Havre (76), 2 m
23/11/2013
Vue d'ensemble d'une autre population
Joli ensemble de Bispires polyomma.
bassin de la Barre, Le Havre (76), 2 m
04/04/2014
Vue rapprochée
Le panache de cette Bispire montre les radioles avec leurs bandes claires et sombres. Les petits points noirs en haut des bandes brunes sont les yeux composés.
En dessous à gauche des tubes de Bispires dont l'animal s'est rétracté. L'ouverture aplatie est caractéristique des Bispires.
A gauche, un peu flou, un panache de Ficopomatus enigmaticus, à droite les cirres d'une balane et juste à sa gauche l'opercule d'un autre Ficopomatus.
L'ouverture orange en bas à droite est un siphon exhalant de moule.
Bassin de la Barre, Le Havre (76), 2 m
17/04/2011
Dans une fissure horizontale
Quelques panaches de Bispires. A gauche de l'ascidie coloniale orange, on distingue des scyphopolypes d'Aurelia aurita.
Forme 4, Dunkerque (59), 6 m
17/09/2022
En gros plan
Le panache en expansion montre la coloration alternée des radioles.
Forme 4, Dunkerque (59), 4 m
19/04/2022
Sous la loupe binoculaire
Hors de son tube, la bispire montre un corps jaune avec des touffes de soies dorées.
Bassin Napoléon, Boulogne-sur-Mer (62), 1,5m
15/11/2015
Détail du panache
Sur les radioles, les petits renflements noirs sont les yeux.
Sous la loupe binoculaire, Bassin Napoléon, Boulogne-sur-Mer (62)
15/11/2015
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Marco FAASSE
Responsable régional : Yves MÜLLER
Baffreau A., Pezy J-P., Rusig A-M., Mussio I., Dauvin J-C., 2018, LES ESPÈCES MARINES ANIMALES ET VÉGÉTALES INTRODUITES EN NORMANDIE, 350p.
Breton G., 2011, Plongée du 17 avril
2011, bassin de la Citadelle, Compte-rendu N°152, Association Port
Vivant, 6p.
Faasse M., Giangrande A. 2012, Description of Bispira polyomma n. sp. (Annelida : Sabellidae) a probable introduction ti the Netherlands, Aquatic Invasions, 7(4), 591-598.
Knight-Jones P., Perkins T. H., 1998, A revision of Sabella, Bispira and Stylomma (Polychaeta: Sabellidae), Zoological Journal of the Linnean Society, London, 123: 385-467, 31 figures
Krøyer H., 1856. Meddelelser af en Afhandling Ormeslaegten Sabella Linn., isaer med Hensyn til dens nordiske Arter [Alternate title: Bidrag til Kundskab af Sabellerne]. Oversigt over det Kongelige Danske videnskabernes selskabs forhandlinger,1-36Ruellet T., Breton G., 2012, Vie introduite dans les ports, Rapport Seine Aval 4. GIP Seine Aval,
La page de Bispira polyomma dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : pas de lien INPN au 08/02/23