Bispire bleue

Bispira polyomma | Giangrande & Faasse, 2012

N° 5765

Atlantique nord-est

Clé d'identification

Panache circulaire gris-bleuté de 32 à 40 radioles
Radioles avec 6 à 8 bandes pigmentées alternant avec des zones claires
Tube grisâtre
Sur substrat dur

Noms

Autres noms communs français

Sabelle bleue, Bispire argus (proposition car le nom précédent a été attribué à Bispira fabricii sur BioObs)

Noms communs internationaux

Tube Worm (GB), Röhrenwurm (D)(noms génériques pour les annélides polychètes vivant dans un tube), Paarse kokerworm (NL).

Distribution géographique

Atlantique nord-est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

Bispira polyomma serait présente dans l’Atlantique Nord Est. Sa distribution précise n’est pas connue.

Biotope

Bispira polyomma vit fixée sur des substrats durs à faible profondeur. A Yerseke (Pays-Bas) entre 30 et 70 cm de profondeur et jusqu'à 10 m environ à d'autres endroits de l'Escaut oriental, dans le port du Havre vers 2 m, dans le port de Boulogne-sur-Mer vers 1m à 1,5 m et dans le port de Dunkerque entre 2 et 6 m de profondeur.

Description

Bispira polyomma est une annélide polychète vivant dans un tube dont seul le panache gris-bleuté sort du tube.
Ce panache d’une dizaine de mm de long, semble circulaire mais il est constitué de 2 lobes semi-circulaires de 16 à 20 radioles* chacun. Les radioles portent 6 à 8 bandes pigmentées alternant avec des zones claires. Chaque radiole dorsale est pourvue d’environ 6 à 8 paires d’yeux composés, régulièrement espacés sur chaque radiole et formant des bandes sur le panache. Ces bandes sont plus développées à la base des radioles. Les radioles ventrales, dépourvues d’yeux, ont seulement une pigmentation noire. Certains individus possèdent des yeux sur toutes les radioles, dans ce cas, l'orientation dorso-ventrale de l'animal est plus délicate à déterminer.

Le tube doux et grisâtre, d’un diamètre pouvant atteindre 5 mm, est attaché au substrat dur et formé d’une sécrétion transparente et de particules sédimentaires.

Le corps de l’animal est court et mince, jaunâtre avec des points noirâtres, de 20 mm de longueur et 6 mm de largeur.

Une détermination précise nécessite l’étude des soies*. Il est nécessaire de se reporter à l’article de Giangrande et Faasse (2012).

Espèces ressemblantes

Dans la zone concernée, seules quelques espèces ressemblent à Bispira polyomma.

- Bispira volutacornis (Montagu, 1804) possède deux panaches (avec 60 radioles* par lobe branchial) enroulés en spirale, bien visibles et sans bandes colorées.

- Sabella pavonina Savigny, 1822, Sabelle paon. Cette espèce, de plus grande taille, est présente plutôt sur des fonds meubles dans lesquels la base de son tube est enfoncé.

- Sabella discifera Grube, 1874, petite Sabelle. Cette espèce, plus petite que la précédente, vit sur des substrats durs ou en épibiose* dans des zones à fort courant. Son panache porte 2 lobes avec chacun 10 à 14 radioles. Toutefois, l’extrémité de chaque radiole porte une tache blanche (un œil composé) bien visible.

- Bispira fabricii (Kroyer, 1856), décrite dans l’ouvrage de Fauvel (1923), a été confondue avec Bispira polyomma avant la description de cette dernière. B. fabricii est présente beaucoup plus au nord (Islande et Svalbard).

Alimentation

Comme toutes les annélides polychètes sessiles*, la sabelle bleue est un animal filtreur* suspensivore*. Les radioles* sont garnies de 2 files de barbules ciliées. Les cils sont recouverts d'un mucus adhérent qui permet la collecte des particules alimentaires. Les battements des cils amènent les particules alimentaires vers la bouche.

Reproduction - Multiplication

Giangrande et Faasse (2012) n’ont pas abordé la reproduction dans leur description. Toutefois, on peut supposer que cette espèce se reproduit comme les autres espèces du genre :

  • une reproduction sexuée. Les sexes sont séparés et les gamètes* mâles et femelles sont certainement libérés dans l’eau de mer où la fécondation doit avoir lieu. Les larves* seraient planctoniques*. Après métamorphose*, les juvéniles se sédentarisent et mènent une vie semblable à celle des adultes.
  • et certainement aussi une multiplication asexuée par scissiparité*, ce qui permettrait d’expliquer ces grandes populations localisées.

Vie associée

Bispira polyomma peut présenter des populations denses sur quelques décimètres carrés, mais des individus isolés sont également visibles.

Divers biologie

Cette espèce a été observée, pour le moment, surtout dans des endroits abrités : parcs de stockage d’huîtres, bassins portuaires (Le Havre, Boulogne-sur-Mer et Dunkerque). Dans l'Escaut oriental, on la trouve exposée aux courants de marée, sur les faces abritées des pierres.

Informations complémentaires

Cette espèce a été observée, par Marco Faasse, pour la première fois, en 2010, à la sortie d’un bassin de stockage d’huîtres près de Yerseke (Pays-Bas). Elle a été décrite par Giangrande et Faasse en 2012.

La première observation en France a eu lieu, en avril 2011, dans le bassin de la Barre, dans le port du Havre (historique des observations dans Ruellet & Breton, 2012), puis en octobre 2014, dans le bassin Napoléon du port de Boulogne-sur-Mer (observation personnelle) et dans la forme 4 du port de Dunkerque en avril 2019 (observation personnelle).

Une confusion apparaît entre les descriptions de Bispira fabricii par Fauvel en 1923 (sous le nom de Sabella fabricii) et celle de Knight-Jones & Perkins en 1998 (Bispira fabricii), car ces auteurs décrivent deux annélides polychètes différentes sous le même nom d’espèce fabricii. Une comparaison des matériels types de ces espèces avec celui de Bispira polyomma serait nécessaire.

Origine des noms

Origine du nom français

Bispire bleue, sabelle bleue : la couleur du panache.

Origine du nom scientifique

Bispira : du latin [bi] = deux et du grec, puis du latin [spir] = spirale. Le panache branchial est formé de deux parties attachées ensemble par une membrane basale.

polyomma : du grec [poly] = nombreux et du grec [omma] = œil. Nommé ainsi pour les nombreuses paires d'yeux composés sur les radioles (le nombre n'est pas explicitement indiqué dans la description, mais de toute évidence, au moins sept paires par radiole sont présentes).

fabricii : cette espèce a été dédiée au naturaliste et missionnaire danois Otto Fabricius (1744-1822) qui a vécu au Groenland, par le naturaliste danois Henrik Nikolaj Kroyer (1799-1876).

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 740848

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Annelida Annélides

Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites.

Classe Polychaeta Polychètes

Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles.

Sous-classe Sedentaria - Canalipalpata Annélides polychètes sédentaires - Canalipalpata

Annélides polychètes sédentaires vivant dans des tubes ou des terriers semi-permanents, avec une paire de palpes creusés d'un sillon longitudinal cilié.

Ordre Sabellida Sabellides

Métamérie très altérée, corps divisé en deux régions distinctes, une thoracique à segments peu nombreux et une abdominale, le plus souvent à segments très nombreux, parfois seulement 3 segments chez les très petites espèces. Prostomium indistinct et peristomium faisant une collerette plus ou moins développée, entière ou divisée en lobes, branchies volumineuses (2 lobes semi-circulaires ou spiralés portant de nombreux filaments ou rayons garnis de barbules ciliées) en panache terminal disposé en entonnoir entourant la bouche.

Famille Sabellidae Sabellidés

Dans des tubes de mucoprotéines à paroi mince avec ou sans vase, sable ou débris de coquille, la plupart du temps flexibles. Pas d'opercule. Panache coloré, de grande taille aux radioles en forme de plume formant une couronne symétrique.

Genre Bispira
Espèce polyomma

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