Anémones encroûtantes minuscules (2 mm environ)
Couleur rouge-marron
Hôte spécifique des éponges Agelas
Zoanthaire de Porto-Rico
Maroon sponge zoanthid (GB), Zoantario de esponjas marron (E), Dunkelbraune Krustenanemone (D)
Parazoanthus puertoricense West, 1979
Atlantique tropical ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesLe genre Bergia est répandu dans toutes les mers tropicales et tempérées. Le zoanthaire-éponge marron est endémique de la zone Caraïbe.
Les zoanthaires apprécient les eaux claires et non stagnantes : il leur faut un courant de renouvellement léger et constant. Ils s'installent sur les éponges, dont l'activité de filtration leur procure ce mouvement d'eau permanent.
Le zoanthaire-éponge marron se présente sous forme de petits polypes coloniaux (de 1 à 3 millimètres) en forme d'anémones minuscules, avec 2 couronnes de tentacules alternées autour de la bouche fendue. La couleur va du marron au rouge foncé, parfois violacé.
Les colonies se développent exclusivement sur certaines éponges, avec une affinité particulière pour les Agélasidés. Les polypes sont régulièrement espacés et parfois groupés en petites plaques et/ou en chaînettes à la surface de l'éponge.
Les polypes d'une même colonie sont reliés entre eux par un socle commun (coenenchyme*), qui forme des stolons*. Ces stolons sont parcourus par des canaux qui font communiquer entre elles toutes les cavités gastriques des polypes.
La bouche, fermée par un sphincter, est munie d'un siphonoglyphe* (gouttière ciliée) en position ventrale. Cette caractéristique est très peu visible en plongée, vu la très petite taille des polypes.
On trouve dans les Caraïbes plusieurs espèces de zoanthaires spongobiontes (c'est-à-dire vivant en association avec des éponges).
Parazoanthus swiftii est d'un jaune orangé brillant, les polypes assez gros (6 mm). Le socle commun, charnu et épais, forme des cordons ou un manchon discontinu sur les branches de l'éponge hôte.
Umimayanthus parasiticus a un pied d'un blanc verdâtre, coloration due à des dépôts siliceux ou calcaires, sur lequel se détachent le disque oral et les 28 tentacules gris ou brun clair. Les polypes de 4 mm environ sont régulièrement espacés à la surface de l'éponge.
Bergia catenularis a des polypes minuscules (3 à 4 mm), gris jaunâtre. Le disque oral est entouré de 20 tentacules, les colonies se présentent en chaînettes d'individus reliés par un stolon bien visible.
Enfin, d'autres zoanthaires vivent sur certains Hydraires, et montrent également une grande spécificité avec leur hôte.
Les Bergia des zones tropicales ont dans leurs tissus des algues appelées zooxanthelles*, qui leur apportent une partie de leur alimentation par photosynthèse. L'autre partie leur est apportée par les petites proies qu'ils capturent dans le courant grâce à leurs tentacules munis de cnidocytes*.
Les Bergia sont ovipares*, les sexes sont séparés. Il y a donc des colonies mâles et des colonies femelles. Le cycle de reproduction est annuel. Les ovocytes* et spermatozoïdes* sont libérés pendant les mois les plus chauds, dans les 3 ou 4 jours autour de la pleine lune, et la fécondation a lieu en pleine eau. Contrairement à ce qui se passe pour les Scléractiniaires ou Madréporaires (coraux à squelette calcaire), les zooxanthelles* ne sont pas transmises dans les œufs : la petite larve* de Bergia devra les capturer dans le milieu ambiant.
Multiplication asexuée : la colonie s'agrandit par croissance horizontale, sur sa bordure où de nouveaux polypes bourgeonnent.
On constate une très nette affinité entre l'espèce du zoanthaire et celle de la ou des éponges hôtes. Ainsi Bergia puertoricense est associé à plusieurs espèces d'Agelas : presque systématiquement l'éponge corne d'élan Agelas conifera, signalée aussi mais plus rarement sur Agelas dispar, Agelas clathrodes.
Elle se trouve aussi assez fréquemment en association avec l'éponge de Zea (Svenzea zeai) et plus rarement avec l'éponge-barrique Xestospongia muta.
L'association est stable, mais pas obligatoire pour l'éponge.
La couleur intense de cette espèce de zoanthaire-éponge est liée à l'incorporation de spicules et de pigments de l'éponge-hôte dans l'endoderme des zoanthaires.
Les polypes des zoanthaires sont profondément incrustés dans leur éponge et le coenenchyme* qui relie les polypes entre eux n'est pas visible, sauf en cas d'infestation massive où les stolons forment de petites chaînettes en surface par groupes de 2 ou 3 polypes. Ces petits groupes peuvent aussi être le résultat d'une multiplication végétative.
Dans la majorité des cas, il semble que tous les polypes colonisant une même éponge sont un même clone : ils proviendraient de la multiplication du premier polype installé sur la jeune éponge et grandissant avec elle.
La systématique actuelle des Parazoanthidés est basée sur des critères anatomiques ou génotypiques non accessibles au plongeur. L'identification visuelle reste donc approximative.
Cependant, le degré élevé de spécificité des associations avec l'éponge-hôte donne des indications fiables.
Le terme Zoanthaire est le nom français de la sous-classe des Zoantharia ou Hexacorallia, regroupant les anémones, les cérianthes, les madrépores, les corallimorphaires et les antipathaires.
Le nom de zoanthaire est cependant passé dans le langage courant pour désigner, de façon restrictive, plusieurs familles appartenant à l'ordre des Zoanthides, c'est donc cette appellation que nous reprenons ici.
Zoanthaire-éponge : à cause de l'association systématique avec une éponge-hôte,
marron : pour la couleur rouge-marron à violacée des polypes.
Bergia : nom créé en hommage à un M. Berg, "gouverneur éclairé de l'île de St Thomas".
Parazoanthus : composé du grec [para-] = à côté de, et [zo-anth -] (comme dans zoanthaires = animaux-fleurs) : signifie "proche de Zoanthus".
puertoricense = de Puerto-Rico, le site où l'espèce a été décrite.
Numéro d'entrée WoRMS : 853593
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Zoanthidea | Zoanthides | Hexacoralliaires coloniaux pour la plupart tropicaux. Polypes de 1 mm à 2 cm de diamètre, souvent reliés par des stolons. Ce sont les anémones encroûtantes, qui peuvent coloniser de grandes surfaces. |
Famille | Parazoanthidae | Parazoanthidés | |
Genre | Bergia | ||
Espèce | puertoricense |
Associés
Sur une éponge du genre Agelas : les petits polypes marron-rouge du zoanthaire de Puerto-Rico.
Le Sous-Marin, Martinique Nord, 12 m
15/05/2008
Sur l'éponge corne-de-cerf
On trouve le zoanthaire de Puerto-Rico très fréquemment associé à Agelas conifera.
Cap Salomon, Martinique Sud, 13 m
27/11/2011
Spectaculaire
Sur cette grande éponge (encore Agelas conifera) les zoanthaires bien installés tendent à former de petites chaînettes d'un orifice à l'autre.
La Coucoune, Martinique, vers 20 m
24/10/2004
Polypes rétractés
Ici sur une éponge de Zea, (Svenzea zeai), les zoanthaires rétractés ont l'aspect de petits boutons régulièrement dispersés sur toute la surface de l'éponge.
Saba, 15 m
13/12/2009
Pas une place libre sur cette éponge !
Tous les orifices sont occupés par un voire deux polypes du zoanthaire. L'éponge (Agelas sp.) n'a pas l'air d'en souffrir...
Saba, 15 m
14/12/2009
Taille comparative
A gauche, les polypes marron-rouge de B. puertoricense. Au fond, les polypes gris-doré de Umimayanthus parasiticus, presque 2 fois plus grands.
Anses d'Arlet, Martinique, 16 m
09/12/2015
Camaïeu
Le rouge sombre des petits polypes se détache sur la surface rose de cette éponge, encore Svenza zeai.
Caye Potyo, Martinique Nord, 8 m
14/05/2008
Sur une éponge-barrique
L'association avec Xestospongia muta est exceptionnellement observée (celle-ci est plus souvent associée avec Umimayanthus parasiticus, de couleur grisâtre).
Pointe Lamarre, Martinique Nord, 18 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
21/01/2012
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Vérificateur : Alain GOYEAU
Correcteur : Frédéric SINNIGER
Responsable régional : Anne PROUZET
Crocker L.A., Reiswig H.M., 1981, Host specificity in Sponge-incrusting Zoanthidea of Barbados, West Indies, Journal of Marine Biology, 65, 231-236.
Lewis S., 1986, Sponge-zoanthid associations : functional interactions, Smithsonian Contribution to Marine Science, 12, 465-474.
West, D.A., 1979, Symbiotic zoanthids (Anthozoa, Cnidaria) of Puerto Rico, Bulletin of Marine Science, 29, 253–271.
La page de Bergia puertoricense sur le site : Hexacorallians of the World