Monocouche encroûtante de couleur brune
Surélevé par des rhizoïdes, comme des échasses, à quelques millimètres du substrat
Lophophores, sur une seule face, longs et bien visibles
Zoïdes non jointifs donnant un aspect de grillage à la colonie
Bryozoaire-échasse
Pour Beania magellanica (Busk, 1852) qui a été confondu avec Beania mediterranea jusqu'en 2019:
Diachoris magellanica Busk, 1852
Diachoris buskei Heller, 1867
Endémique de Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Beania mediterranea n'est connue à ce jour que de Méditerranée.
Beania magellanica se rencontre en Antarctique et dans les eaux tempérées de l'hémisphère Sud.
Le béania réticulé se rencontre sur les fonds coralligènes* et à la base des posidonies, entre 10 et 50 m de profondeur. Il a une prédilection pour s'implanter sur des éponges, des algues calcaires mais également sur d'autres bryozoaires encroûtants ou des ascidies.
Beania mediterranea, comme Beania magellanica, est un bryozoaire encroûtant, en forme de lame constituée d'une monocouche de zoïdes*, et faiblement fixé au substrat* par quelques fins filaments chitineux*, les rhizoïdes*. Les colonies ne sont donc pas encroûtantes au sens propre, mais posées sur ses rhizoïdes, comme sur des échasses, à quelques millimètres au dessus du substrat*. Elles sont plus ou moins circulaires, d'un diamètre de quelques centimètres, de couleur jaunâtre à brune et leurs bords légèrement recourbés vers le haut. Elles se chevauchent souvent les unes les autres, et certaines peuvent même se développer perpendiculairement au substrat.
Les zoïdes laissent des espaces entre eux, ce qui donne un aspect de grillage à la colonie. Les lophophores* sont bien développés et largement visibles à l'œil nu en plongée. Ils sont disposés sur une seule face de la colonie (ou zoarium*), le plus souvent celle dirigée à l’opposé du substrat.
La principale différence entre Beania mediterranea (et Beania magellanica) et les autres membres encroûtants du genre Beania est l'absence d'épines sur le corps.
Il existe de très nombreuses autres espèces de bryozoaires encroûtants mais Beania mediterranea et B. magellanica se distingue principalement des autres par ses colonies surélevées de quelques millimètres du substrat par ses rhizoïdes, ses zoïdes non jointifs, qui donne un aspect de grillage à la colonie, et également par sa couleur brune et ses longs lophophores bien visibles en plongée.
Beania mediterranea, comme tous les bryozoaires, est un filtreur suspensivore* microphage*. Il se nourrit principalement d'algues unicellulaires planctoniques* (diatomées*) et de particules organiques en suspension. Les cils des lophophores* sont capables de créer des micro-courants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche située au centre du lophophore (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).
Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement de l'espèce.
En Méditerranée, la reproduction sexuée à lieu en mai. Au sein d'une même colonie, des zoïdes mâles et femelles existent, mais on connaît aussi des zoïdes hermaphrodites*. La fécondation conduit à la formation d'œufs incubés dans les ovicelles*. Les embryons sont blanchâtres chez Beania mediterranea. Les larves*, qui seront expulsées, ont une vie pélagique* courte permettant la dissémination spatiale de l'espèce. Puis, ces larves se fixent sur un substrat* dur et libre, et se transforment en zoïdes primaires isolés appelés ancestrules*.
Chaque ancestrule forme alors une nouvelle colonie par bourgeonnement* (reproduction asexuée), qui assure la croissance de la colonie. Cela s'accompagne d'une spécialisation de certains individus au sein de la colonie : on parle de polymorphisme* des zoïdes (autozoïdes*, aviculaires*, rhizoïdes*...).
Le béania réticulé se développe souvent en épibionte* sur des éponges ou des algues calcaires foliacées.
En Nouvelle-Zélande, Beania magellanica est la proie du nudibranche Janolus novozealandicus et Caldukia rubignosa.
Description microscopique (correspondant à <em>Beania magellanica</em>):
Les colonies sont faiblement adhérentes au substrat* car seulement reliées par 1 à 4 rhizoïdes chitineux (kénozoïdes*), issus de la face dorsale des cystides*.
Taille des zoïdes : 0,80 mm de longueur environ sur 0,40 mm de largeur.
Chaque zoïde a une forme de barque et est en contact avec 6 autres individus. Il est relié par un très court tubule à celui qui le devance et à celui qui le précède et forme une chaîne. Par contre, il est relié à 2 zoïdes adjacents de chaque côté par 4 (2 de chaque côté) longs tubules d'environ 0,30 mm de longueur.
L'aperture* est semi-circulaire, en position distale.
Le lophophore* en forme de cloche a 25 tentacules* environ.
Les aviculaires* sont grands (environ 0,60 mm), pédonculés et situés près de l'aperture*. Chez les colonies observées en Méditerranée il y a 1 aviculaire par zoïde, toujours du même côté, dans une chaîne de zoïdes. Cependant, il peut y avoir des zoïdes avec 2 aviculaires, un de chaque côté de l'aperture. Les 2 aviculaires par zoïdes semblent être la règle chez les individus observés dans l'hémisphère sud. Ils se terminent par deux mandibules courbes, formant un bec d'oiseau.
Le genre Beania est caractérisé par la présence d'épines sur le corps. Chez B. magellanica, il y a 2 à 4 épines orales mais elles sont à l'état vestigial.
Les ovicelles*, qui sont des poches incubatrices pour les œufs, sont très réduites et peu visibles car elles sont situées à l'intérieur des zoïdes.
Beania magellanica et probablement aussi <em>Beania mediterranea</em> est sensible à la pollution et notamment une augmentation des concentrations en métaux lourds comme le cuivre, entraîne une régression voire une disparition des colonies.
Béania réticulé est une proposition du site DORIS et caractérise l'aspect des colonies, qui avec ses zoïdes espacés les uns des autres, mais quand même reliés entre eux, forment un réseau semblable à un grillage.
Bryozoaire-échasse est également une proposition du site DORIS. Ce bryozoaire encroûtant étant en effet comme porté par des échasses (les rhizoïdes) qui laissent la colonie quelques millimètres au dessus du substrat.
Beania : en hommage à William Bean, 1787-1866, politicien anglais et collègue de George Johnston. Il s'intéressa principalement aux coquillages et à la géologie mais également à tous les organismes ayant un squelette calcaire, y compris les bryozoaires.
mediterranea : de Méditerranée.
magellanica : car le premier individu décrit provenait du détroit de Magellan.
Numéro d'entrée WoRMS : 1308014
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Flustrina | Flustrine | |
Famille | Beaniidae | ||
Genre | Beania | ||
Espèce | mediterranea |
Belle colonie
Les colonies forment de petites plaques de quelques centimètres de diamètre qui se chevauchent. Les lophophores* déployés sont bien visibles, même de loin.
La Ciotat (13), 26 m
26/03/2011
Réseau de zoïdes
Les zoïdes* non jointifs forment un réseau qui donne un aspect de grillage à la colonie. Les fins filaments chitineux* visibles en périphérie de la colonie sont émis par les zoïdes, nommés rhizoïdes* ils permettent l’amarrage de la lame souple au substrat*.
Pointe de la Galère, Port-Cros (83), 14 m
05/06/2006
Lame mince
La colonie est formée d'une monocouche d'individus. L'adhérence au substrat* se fait uniquement par 1 à 4 rhizoïdes* par zoïde*. La colonie n'est donc pas en contact direct avec le substrat, mais surélevée de quelques millimètres par les rhizoïdes, comme portée par des échasses.
Pointe de la Revellata, Calvi (2B), 25 m
24/10/2008
Tête en bas
Le polypide* portant le lophophore* est long et bien visible en plongée, même à l'œil nu. Le lophophore, en forme de cloche, porte 25 tentacules* environ. Notez également les rhizoïdes* (dirigés vers le haut sur cette colonie à l'envers), permettant à la colonie de s'ancrer sur le fond.
Cap d'Antibes (06)
11/04/2010
Tapis brun
Beania mediterranea est un bryozoaire encroûtant de couleur brun clair.
Tiboulen de Maïre, Marseille (13), 12 m
09/07/2011
Pas si encroûtante que ça
Il arrive parfois qu'une colonie pousse perpendiculairement au substrat*, comme c'est le cas ici dans une grotte par petit fond.
Les Deux Frères, cap Sicié (83), 8 m (grotte)
05/08/2007
Biotope
Le biotope habituel de ce bryozoaire en Méditerranée est le coralligène*.
Pointe des Médes, Porquerolles (83), 20 m
02/04/2008
Sur une éponge
Beania mediterranea se développe très souvent sur d'autres organismes comme par exemple des éponges.
Tiboulen, Marseille (13), 20 m
18/05/2008
Sur une gorgone
Les colonies peuvent aussi se développer sur des axes morts de gorgones.
Le Frioul, Marseille, 23 m
25/04/2005
Zoïdes et aviculaires
Observation au microscope optique.
Les zoïdes* ont la forme d'une barque. Ils ne sont pas jointifs mais reliés entre eux par des tubules ce qui donne un aspect grillagé à la colonie. Généralement il y a un aviculaire* par zoïde, toujours du même côté sur une chaîne d'individus (flèches blanches). Parfois, certain zoïdes ont deux aviculaires (flèches rouges).
La Love, cap d'Antibes (06), 15 m (prélèvement)
04/08/2009
Bec d'oiseau
Observation au microscope optique.
L'aviculaire* se termine par une pince aux extrémités recourbées, comme un bec d'oiseau (d'où le nom d'aviculaire du latin [avicula] = petit oiseau). Sur cette photo le bec est grand ouvert et vu de face.
La Love, cap d'Antibes (06), 15 m (prélèvement)
04/08/2009
Dessin original
Busk, 1852. Catalogue of marine Polyzoa in the collection of the British Museum. Part I. Cheilostomata. Planche LXVII (extrait).
Sur ce dessin original, la disposition en réseau (ou en forme de grillage) des zoïdes* est bien visible. Chaque zoïde est relié à 6 autres individus. Il est lié au précédent et au suivant par un court tubule, alors que 2 zoïdes de chaque côté sont reliés chacun par deux longs tubules.
Fig. 1 : face ventrale,
Fig. 2 : face dorsale : le petit point distal marque le départ d'un rhizoïde* non dessiné ici,
Fig. 3 : face latérale d'un zoïde et d'un aviculaire*.
Busk, 1852 - Planche LXVII (extrait)
Reproduction de documents anciens
1852
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Hayward P.J., McKinney F.F., 2002, Northern Adriatic bryozoa from the vicinity of Rovinj, Croatia, Bulletin of the American Museum of Natural History, 270(1), 1-139.
Miller M.C., Willan, R.C., 1986, A review of the New Zealand arminacean nudibranchs (Opisthobranchia: Arminacea), New Zealand Journal of Zoology, 13, 377-408.
Piola R.F., Johnston E.L., 2008, Pollution reduces native diversity and increases invader dominance in marine hard-substrate communities, Diversity and Distributions, 14, 329-342.
Souto J. & al , 2018, Dismantling the Beania magellanica (Busk, 1852) species complex (Bryozoa, Cheilostomata): two new species from European waters, Marine Biodiversity