Ver rubané plat et non segmenté atteignant 50 cm de long
Dos et ventre gris rosé avec une dizaine de lignes longitudinales brunes discontinues et ondulantes
Extrémités du corps arrondies
Tête séparée du reste du corps par un léger étranglement
Némerte rayé
Ribbon worm (GB), Schnurwurm (D) mais ces 2 noms sont des noms génériques pour les némertes, Esca gialla (I)
Polia delineata Delle Chiaje, 1825
Nemertes delineatus (Delle Chiaje, 1825)
Meckelia carmellina Quatrefages, 1846
Baseodiscus curtus (Hubrecht, 1879) souvent encore utilisé dans la littérature
Baseodiscus delineatus var. curta
Baseodiscus delineatus var. curtus
Polia curta Hubrecht, 1879
Eupolia ascophora Bürger, 1890
Eupolia amboinensis Staub, 1900
Eupolia curta
Baseodiscus insignis Punnett & Cooper, 1909
Borlasia carmellina
Nemertes striata
Circumtropical, subtropical et tempéré
Zones DORIS : ● Caraïbes, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française], ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Le ver rubané rayé aurait une distribution tropicale, subtropicale et tempérée mondiale. Il est signalé en Atlantique Nord-Est, en Méditerranée, en mer Rouge, dans l'océan Indien, dans le Pacifique tropical Ouest et central, dans le Pacifique Nord ainsi que dans les Caraïbes et le golfe du Mexique.
Cependant il y a une très grande confusion avec le ver rubané à 5 lignes Baseodiscus quinquelineatus qui lui est présent dans le Pacifique tropical Ouest. On s'aperçoit en effet que de nombreux articles ou sites internet traitant du ver rubané rayé montrent en fait des photos du ver rubané à 5 lignes. La véracité des informations sur ce ver, notamment pour des individus de l'Indo-Pacifique, lorsqu'il n'y a pas de photos de l'animal peut être sujette à discussion.
La présence du ver rubané rayé est attestée par des photos :
C'est une espèce cryptique* que l'on rencontre de la zone de balancement des marées à 50 m et plus, dans de nombreux milieux : sous des pierres et des rochers, sur du sable grossier, détritique*, coquillier ou vaseux et dans des crevasses rocheuses. On la trouve également entrelacée entre des racines de posidonies, ou des crampons d'algues, entre des éponges et autres organismes coloniaux et sur les coraux.
Baseodiscus delineatus est un ver rubané plat et non segmenté. Il peut atteindre 50 cm de long (voir 150 cm sous les tropiques) pour 0,5 cm de large. Le corps mou est de couleur gris rosé, parfois jaunâtre, brunâtre ou verdâtre avec, aussi bien sur le dos que sur le ventre, une dizaine de lignes longitudinales rouges à brunes plus ou moins discontinues et ondulantes. Les deux extrémités du corps sont arrondies. La tête lobée n'est pas séparée du reste du corps par un sillon mais par un léger étranglement. Elle porte jusqu'à 23 paires d'yeux disposées sur sa marge supérieure et non pas en 4 lignes comme chez de nombreux vers rubanés.
Sur les côtes européennes on trouve également les espèces suivantes :
Gibsonnemertes spectabilis a un corps orange avec 5 lignes blanches sur le dos. Sa face ventrale est claire et les extrémités du corps sont pointues.
Drepanogigas albolineatus a également un corps orange mais ne possède que 3 lignes blanches le long du dos.
Baseodiscus quinquelineatus vit dans l'Indo-Pacifique. Il est de couleur blanc pur avec 5 lignes noires sur toute la longueur du dos et 3 lignes noires sur le ventre. Bien que très différent, de nombreuses photos dans la littérature et sur Internet de B. quinqulineatus sont identifiées à tort sous le nom de B. delineatus.
Baseodiscus delineatus a été identifié en Polynésie française dans la collection Biocode Moorea, mais des critères anatomiques ont-ils confirmé cette identification ? En effet, l'individu est très clair, blanc rosé, avec des lignes continues et très parallèles sur le dos, une ligne médiane presque noire sur le dos, et un ventre blanc rosé sans aucune ligne. C'est assez différent des individus observés ailleurs dans le monde qui présentent tous des lignes discontinues et ondulantes aussi bien sur le dos que sur le ventre. On peut logiquement se demander s'il s'agit bien de la même espèce.
Cestoplana rubrocincta a un corps jaunâtre avec 3 lignes rouges sur le dos. Bien que de forme allongée comme un ver rubané, il ne s'agit pas d'un némerte mais d'un plathelminthe (ver plat).
Le ver rubané rayé est un prédateur vorace qui se nourrit de petits crustacés (amphipodes et isopodes) et d'annélides.
Pour capturer sa proie, ce némerte dévagine brusquement sa trompe (le proboscis*) contenant des substances neurotoxiques* et cytolytiques* qui paralysent la proie. Une fois celle-ci immobilisée, le proboscis se rétracte et la ramène vers la bouche. Les proies sont avalées entières.
Les sexes sont séparés (espèce gonochorique*). Les gamètes* sont libérés dans la mer où a lieu la fécondation*. Les larves* (pilidium) sont pélagiques*.
La reproduction peut être également asexuée, par fragmentation. Au Japon, Ikenaga et al en 2019 ont prélevé 40 individus et n'ont trouvé aucune femelle dans ce lot. Ils ont observé que les individus étaient capables de se séparer par autotomie* de leur partie postérieure tous les 2 à 10 jours. Celle-ci régénérait la partie antérieure manquante en 24 à 36 jours. Le ver rubané rayé n'avait pas été observé dans cette région depuis 120 ans. Le fait que seulement des mâles aient été trouvés indiquerait qu'un individu mâle aurait pu survire ou être réintroduit accidentellement et aurait recolonisé la zone par fragmentation, donnant une population de clones* mâles.
Des Grégarines, protozoaires parasites comme Urospora nemertis (von Kölliker, 1845) ont été trouvés dans le tube digestif de ce ver.
Les némertes sont plutôt photophobes* et chassent de préférence la nuit.
Dans la classe des Pilidiophores à laquelle appartient le ver rubané rayé, le proboscis* est un simple tube dépourvu de stylet. Chez d’autres espèces, ces petites épines calcaires servent à capturer les proies.
Lorsqu'il est manipulé, ce némerte est capable de se contracter et s'entortille sur lui-même pour former une pelote.
Le corps de Baseodiscus delineatus est couvert de minuscules cils lui permettant de se déplacer facilement en glissant. Chez les individus de grande taille, c'est principalement la contraction péristaltique des muscles qui est responsable de la locomotion. Sur la partie antérieure du corps, qui correspond à la "tête", de nombreux organes photosensibles sont présents.
Il y a une sécrétion de mucus au niveau de la tête.
Les espèces du genre Baseodiscus sont grandes et ne nagent pas. Leur tête peut largement être rétractée dans le tronc.
Ver rubané : du fait de sa forme très allongée et plate, comme un ruban. Némerte est l'embranchement des vers rubanés.
Rayé pour caractériser les nombreuses lignes visibles sur le corps.
Ver rubané rayé ou némerte rayé sont des propositions du site DORIS.
Baseodiscus : du latin (génitif de) [basis] = base et [discus] = disque. Diesing, en 1850, n’a pas donné d’explication lors de la création de ce nom de genre. Mais Bürger en 1895 indique que la tête en forme de roue est nettement mise en valeur. C’est le seul à le signaler mais cela peut expliquer le genre Baseodiscus. Herrera Bachiller en 2016 parle de tête lobée et Gibson en 1994 de tête bilobée
delineatus : du latin [delineo] = dessiner , esquisser et de [atus] qui marque le participe passé. Donc dessiné, esquissé. Probablement pour les lignes visibles sur le corps.
Numéro d'entrée WoRMS : 122577
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Nemertea | Némertes | Vers marins benthiques (quelques espèces pélagiques, terrestres et dulçaquicoles) rubanés, non segmentés, longs, aplatis dorsoventralement, et recouverts de cils. Ces vers sont d'actifs prédateurs, qui capturent leurs proies à l'aide d'une trompe exsertile. |
Classe | Pilidiophora | Pilidiophores | Bouche s'ouvrant en arrière du cerveau, trompe en tube simple sans stylet s'ouvrant par son propre orifice. |
Ordre | Heteronemertea | Hétéronémertes | |
Famille | Valenciniidae | Valenciniidés | |
Genre | Baseodiscus | ||
Espèce | delineatus |
Aspect général
Le ver rubané rayé se reconnaît à son corps en forme de long ruban, de couleur rosâtre, avec de nombreuses lignes foncées aussi bien sur son dos que sur son ventre.
Callelongue, Marseille (13), 5 m
17/10/2017
En boule
Lorsqu'il est dérangé, ce ver se rétracte et se replie comme une pelote de laine.
La Ciotat (13), 3 m
06/03/2014
Sous les pierres
Cette espèce peut se rencontrer dans la zone intertidale (zone de balancement des marées) ou sous une pierre, comme ici.
La Ciotat (13), 3 m
06/03/2014
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Bürger O.,1895, Die Nemertinen des Golfes von Neapel und der Angrenzenden Meeres-Abschnitte, Fauna Flora Golf Neapel, 22, 1-743.
Delle Chiaje, 1825, MEMORIE SULLA STORIA E NOTOMIA DEGLI ANIMALI SENZA VERTEBRE DEL REGNO DI NAPOLI, vol 2, Stamp. Società Tipografica, Napoli, 284p.
Diesing C.M.,1850, SYSTEMA HELMINTHUM, vol 1,Vindobonae (Wien), 680p.
Friedrich H., 1970, Nemertinen aus Chile report no. 47 of the Lund University Chile expedition 1948–1949, Sarsia, 40,1, 1-8.
Gibson R.,1979, Nemerteans of the Great Barrier Reef. 2. Anopla Heteronemertea (Baseodiscidae), Zoological Journal of the Linnean Society, 66, 137-160.
Gibson R., 1994, BRITISH NEMERTEANS, Synopses of the British Fauna (NS), N°24,224p.
Gibson R.,1995, Nemertean genera and species of the world: an annotated checklist of original names and description citations, synonyms, current taxonomic status, habitats and recordedzoogeographic distribution, Journal of Natural History, 29,2, 271-561.
Herrera Bachiller A., 2016, LOS NEMERTINOS DE ESPANA Y PORTUGAL, Tésis doctoral Universidad de Alacala, 441p.
Hubrecht A. A. W., 1879, The Genera of European Nemerteans critically revised, with description of several new species, Notes of the Leyden Museum, 1, 193-233.
Ikenaga J., Hookabe N., Kohtsuka H., Yoshida M., Kajihara H., 2019, A Population Without Females: Males of Baseodiscus delineatus (Nemertea: Heteronemertea) Reproduce Asexually by Fragmentation, Zoological Science, 36(4), 348-353.
Wirtz P., 2009, Ten new records of marine invertebrates from the Azores Arquipélago, Life and Marine Sciences, 26, 45-49.
La page de Baseodiscus delineatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN