Arbuste jaune à orangé
De petits oscules régulièrement groupés en étoile ou en cercle
Surface légèrement rugueuse
Une forme générale modelée par l'agitation de l'eau, les flux et la force des courants
Axinelle, éponge corne de cerf
Yellow antlers sponge (GB), Fingerschwamms (D)
Méditerranée, Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]L'axinelle commune s'observe essentiellement en Méditerranée, mais se rencontre également en Atlantique.
Sciaphile*, cette éponge se trouve souvent sur des roches plus ou moins envasées et plutôt en profondeur (jusqu'à 100 m), voire sur des surplombs rocheux dès 10 à 15 m.
Cette éponge se rencontre sous forme d'arbuste ou de large éventail pouvant atteindre 60 cm de haut, voire plus (1 m !). Elle est composée d'axes cylindriques divisés, longs et pas forcément très nombreux, sur lesquels se répartissent de très petits oscules* en forme d'ombilic régulièrement répartis en cercle ou en étoile. La surface est légèrement rugueuse et dépourvue de bosses. Sa couleur se décline du jaune pâle à l'orangé soutenu, parfois même presque rouge. La forme générale de cet animal est variable et dépend de l'agitation de l'eau et des courants.
Le squelette interne se compose de spicules* siliceux (grands et petits) et de collagène, dispersés dans le parenchyme* ou structurés en larges fibres de spongine*.
Il reste possible de confondre Axinella polypoides avec d'autres espèces du même genre.
Notamment :
- Axellina verrucosa (Esper, 1794) présente une surface veloutée ainsi qu'un plus grand nombre de ramifications. Les oscules ne s'organisent ni en étoile, ni en cercle. Elle se rencontre plutôt en grotte et sur fonds durs.
- Axinella cannabina (Esper, 1794) est plus petite (30 cm), très ramifiée. Ces ramifications portent crêtes et protubérances irrégulières. Cet aspect "accidenté" est typique de cette axinelle. Les oscules se trouvent au sommet des protubérances.
Cette espèce n'est pour l'instant pas répertoriée dans les eaux françaises.
Il est recommandé de consulter les ouvrages spécialisés en cas de doute. Comme souvent chez les spongiaires, l'examen des spicules est plus qu'utile (parfois indispensable) pour la discrimination.
Comme toutes les autres éponges, l'axinelle se nourrit et capte l'oxygène en créant dans ses chambres internes un courant d'eau. Celui-ci est engendré par le battement des cils de certaines cellules spécifiques aux Spongiaires : les choanocytes*.
Sa nourriture se compose de plancton* (en particulier d'organismes dinoflagellés) et de particules organiques détritiques en suspension. L'ensemble pénètre avec le courant d'eau via de tout petits trous, les ostioles* et est capté par les choanocytes.
La digestion est intracellulaire, les déchets non métabolisables sont évacués via des orifices (ou pores) exhalants : les oscules.
Cette axinelle peut se reproduire de manière sexuée et asexuée. Dans le premier cas, hermaphrodite* et ovipare* comme la plupart des éponges, elle émet ses gamètes* dans le milieu. Ceci donne des œufs d'où éclosent des larves* ciliées. Emportées par le courant, ces dernières s'y métamorphosent, pour venir se fixer au final au substrat* marin. Dans le second cas, la reproduction asexuée, elle forme des bourgeons qui germent et donnent de nouveaux individus. Ce type de reproduction permet l'extension des colonies d'éponges mais ne produit que des clones de l'éponge-mère.
Il est fréquent que l'on puisse observer Axinella polypoides, tout comme sa cousine Axinella damicornis, colonisée par des anémones encroûtantes jaunes Parazoanthus axinellae (Schmidt, 1862). Cette association courante des anémones avec les axinelles donne d'ailleurs son nom d'espèce au cnidaire.
Il semble que si les anémones trouvent ici un excellent terrain d'implantation pour des filtreurs, bien exposé aux courants, bien drainé par les flux -y compris par le courant généré par leur hôte-, leur présence n'amène rien à l'éponge. Néanmoins, les parazoanthus ne semblent occasionner aucun préjudice pour l'axinelle. Cette relation est appelée carpose [H. Göthel 1996] et n'est en rien obligatoire : les deux protagonistes, axinelles et parazoanthus, sont tout à fait capables de vivre séparément.
L'axinelle commune est dotée d'un véritable pouvoir de régénération grâce à des cellules dissociées capables de donner un nouvel individu.
Ce taxon est protégé et soumis à réglementation internationale.
Cette espèce est en effet inscrite :
- en Annexe II de la Convention de Barcelone
- en Annexes I et II de la Convention de Berne.
En France, Axinella polypoides fait partie des espèces protégées par le décret du 7 juillet 1999.
Axinelle : terme directement traduit du nom latin.
Axinella : Du latin [axinella] = petite hache.
polypoides : Les oscules s'organisant souvent en forme d'étoile, on reconnait là une forme ressemblante à des polypes.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Halichondrida | Halichondrides | Squelette sans organisation visible. |
Famille | Axinellidae | Axinellidés | Squelette axial formé de grands spicules monaxones : oxes, strongyles ou styles. |
Genre | Axinella | ||
Espèce | polypoides |
Forme arbustive
L'axinelle est une éponge dont la forme principale est arbustive et qui peut atteindre 60 centimètres de haut. Certaines structures ont été évaluées à 1 mètre.
Pointe Malalongue, Cap Ferrat (06), 35 m
21/09/2008
Jaune-orangée
Cette axinelle arbore une coloration jaune vif à orange. Cette couleur vive et sa forme ramifiée la rendent visuellement attractive et souvent très appréciée des plongeurs.
Sur ce cliché, l'éponge est recouverte des anémones encroûtantes Parazoanthus.
Roche de Porman, Port-Cros (83), 40 m
28/10/2004
Formes improbables...
Photographiée dans une petite grotte, cette axinelle montre des circonvolutions étonnantes !
Site de la télévision, île de Riou, Marseille (13), 10 m
27/09/2010
Vue rapprochée
Une vue rapprochée de l'axinelle montre des oscules regroupés en une forme identifiable. Parfois, étoile, parfois losange comme ici.
Crau de Nao, Rade de Villefranche-sur-mer (06), 34 m, de nuit
02/11/2008
Oscules en étoile
Chez Axinella polypoides, les oscules se présentent souvent en forme d'étoile. Avec une vue si rapprochée, on peut également observer, répartis sur le tégument, les tout petits pores inhalants : les ostioles.
Pointe Causinière, Cap Ferrat (06), 29 m
21/09/2008
Avec des cones autour des oscules
Cet individu montre un caractère un peu atypique dans la mesure où il présente des "mini tubes" autour de chaque oscule.
Des explications ?
Agay (83)
26/10/2013
Sur les pentes du tombant
On peut trouver l'axinelle sur la pente du tombant, pour peu que le substrat s'y prête, à des profondeurs allant de 15 à 100 mètres.
Pointe Crau de Nao, Rade de Villefranche-sur-mer (06), 40 m, de nuit
02/11/2008
Compétition ? Maladie ?
Sous l'eau, une véritable compétition pour l'appropriation d'un substrat de fixation existe. Les places sont chères et les faibles ne résistent pas longtemps... L'éponge de notre cliché est une axinelle dont la base est entourée par une algue du genre Mesophyllum.
L'île d'or, Saint Raphaël, 20 m
26/05/2007
Maladie ?
Cas rare, cette axinelle apparaît visiblement malade...
Une sorte de mousse blanchâtre semble se trouver sur des zones de surfaces "désagrégées" du spongiaire.
L'île d'or, Saint Raphaël, 20 m
26/05/2007
Prédation ?
Maladie ou accident ? Prédation ? Le bout du bras de cette axinelle a perdu le principal de son épithélium. Le squelette interne, charpente de l'animal, est visible.
Crau de Nao, Rade de Villefranche-sur-mer (06), 34 m, de nuit
02/11/2008
Squelette apparent
Cette éponge a été drôlement abîmée ! On voit parfaitement le squelette fibreux qui reste lorsque le tégument disparait.
Gd Boul, Cap d'Antibes (06), 20 m
22/01/2012
Grands spécimens
Spécimen de grande taille au pied d'un tombant corse. Il semble y avoir (au moins) deux départs de ramifications et donc deux "individus". Mais l'un est-il le clone de l'autre ?
Brando, Corse, 36 m
14/11/2015
Rédacteur principal : Aedwina REGUIEG
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Bonhomme P., Boudouresque C.F., Bernard G., Verlaque M., Charbonnel E., Cadiou G., 2001, ESPECES, PEUPLEMENTS ET PAYSAGES MARINS DE LA CIOTAT, DE L'ILE VERTE A LA CALANQUE DU CAPUCIN (BOUCHE DU RHONE, FRANCE), Contrat Ramoge et GIS posidonie, Gis Posidonie publ., 132 p.
La page d'Axinella polypoides dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN