Animal de très petite taille (2 mm maximum), se déplaçant rapidement sur le substrat
Capable de bonds spectaculaires lorsqu’il est dérangé
Couleur gris ardoise sombre avec des reflets bleutés (visibles uniquement sur photo)
Corps recouvert d’une fine pilosité
Tête plus large que longue
3 segments thoraciques et 6 segments abdominaux, le dernier difficilement visible de dessus
Isotoma littoralis, Moniez, 1890
Atlantique Nord-Est, Méditerranée, Atlantique Nord-Ouest, Indo-Pacifique, Caraïbes
Zones DORIS : ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest, ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ○ [Méditerranée française]Axelsonia littoralis est distribuée dans le monde entier. Même si sa découverte semble récente dans certains endroits (Galapagos, Corée du Sud, Pays-Bas, etc.), il est probable que ceci soit davantage lié au fait que cette espèce passe très facilement inaperçue.
L’espèce se rencontre isolément, dans la moitié supérieure de l’estran*, parmi les roches couvertes de balanes ou d’huîtres. Elle est également présente sur des fonds plus fins, mais à proximité de substrat* dur. L’espèce peut également être observée dans les marais salants. Axelsonia littoralis n’apprécie pas les milieux purement rocheux (roches verticales par exemple) ; il lui faut un certain taux de particules fines sur le substrat, probablement en raison de son mode de nutrition.
L'espèce est également signalée comme associée aux récifs de Sabellaria alveolata en baie du Mont Saint-Michel.
Axelsonia littoralis présente l’allure caractéristique des collemboles Isotomidés, avec 3 segments thoraciques et 6 abdominaux (le dernier difficilement visible de dessus) bien délimités et de longueur relativement similaire et des antennes* segmentées nettement plus longues que la tête. Le segment 4 (terminal) des antennes est un peu plus long que le 3, lui-même de longueur identique au segment 2.
La tête est plus large que longue.
Un tube ventral entre les pattes de la 3e paire permet l'adhérence sur des surfaces lisses et aurait aussi un rôle respiratoire.
Le corps est recouvert de poils (soies*) fins très denses qui donnent un effet iridescent.
La couleur du corps est uniforme, gris ardoise sombre pouvant présenter des reflets bleutés (visibles uniquement sur photo).
Tous les segments antennaires ont la même couleur.
Cette espèce mesure 1,5 à 2 mm de longueur.
Il existe un autre Isotomidé qui peut être rencontré dans le même habitat : Isotoma maritima. Chez cette dernière espèce, les segments antennaires 4 sont généralement plus clairs que les autres segments. Le corps peut par ailleurs présenter, sous certains éclairages, des taches claires particulières.
L’observation côte à côte des deux espèces met en évidence une différence dans la longueur respective des différent segments. La séparation certaine des deux espèces nécessite d’observer les griffes des pattes au microscope.
L’observateur peu habitué peut également confondre Axelsonia littoralis avec le collembole marin Anurida maritima de couleur presque similaire, quoique un peu plus bleuté et velouté. La distinction entre ces deux espèces est assez immédiate : outre la taille (Anurida maritima est nettement plus gros : 3 mm), les antennes de Axelsonia littoralis sont plus longues que la tête et apparaissent donc plus fines que celles de Anurida maritima. Ce critère s’observe mieux sur le terrain si l’on dispose d’une loupe, compte tenu de la taille de ces animaux. A. maritima est souvent grégaire et se rassemble par groupes de plusieurs dizaines d'individus.
Les collemboles se nourrissent habituellement de débris organiques (ou d’hyphes de champignons, pour les espèces terrestres). L’analyse du contenu de l’intestin de Axelsonia littoralis montre que l’espèce se nourrit en récupérant les particules organiques déposées sur le substrat, n’hésitant pas à absorber des particules à fort contenu minéral. La bouche de cette espèce est équipée pour mordre et broyer la nourriture.
Les collemboles sont des animaux sexués. Il existe des mâles et des femelles, identifiables aisément à fort grossissement, à la forme de l'orifice génital situé sous le cinquième segment abdominal, en forme de fente étroite chez le mâle et de forme arrondie chez la femelle. La fécondation est interne mais il n'y a pas d'accouplement. Le mâle dépose son sperme sur le substrat* dans des spermatophores*. Les femelles réceptives passant à proximité d'un spermatophore viennent positionner leur orifice génital sur le spermatophore pour le capturer. La reproduction est facilitée par le mode de vie grégaire de ces collemboles. Leur tendance au regroupement est amplifiée par l'existence d'une phéromone* propre à l'espèce (les phéromones sont courantes chez les collemboles et jouent à la fois le rôle d'attracteur pour les individus de la bonne espèce et de répulsif pour les autres espèces de collemboles).
On ne dispose actuellement pas d’informations spécifiques sur la reproduction d'Axelsonia littoralis.
Axelsonia littoralis sera principalement rencontré dans des zones rocheuses qui lui offrent des abris à marée haute. Ces abris sont souvent des murailles de balanes mortes ou des valves d’huîtres.
L'espèce est un épibionte* habituel des tubes de Sabellaria alveolata.
La furca* d'Axelsonia littoralis est bien développée, ce qui n’est pas toujours le cas chez les Isotomidés. Cet organe lui permet d’échapper à une menace en bondissant. Axelsonia littoralis se déplace ainsi d’une bonne dizaine de centimètres lors d’un saut.
Cette espèce se déplace rapidement sur le substrat, en plus des bonds spectaculaires.
Les collemboles sont parmi les hexapodes les plus "primitifs" et les plus anciens, connus dès le Dévonien (Rhyniella praecursor). Autrefois regroupés avec les insectes, ils forment aujourd'hui une classe distincte, comme les diploures et les protoures - autres hexapodes primitifs - ces animaux appartenant à une branche qui a divergé très rapidement de la lignée évolutive des insectes.
La respiration des collemboles est assurée uniquement à travers la cuticule*. La surface du corps d'Axelsonia littoralis présente des microstructures très particulières, que l'on retrouve globalement chez tous les collemboles, qui jouent un rôle déterminant pour la respiration de cette espèce lorsqu'elle est immergée. Ces microstructures rendent le corps du collembole très peu mouillant en emprisonnant de l'air.
A marée haute, Axelsonia littoralis se réfugie dans des anfractuosités de la roche ou dans des murailles vides de balanes, qui abritent de l’air. Il convient donc de qualifier cette espèce - tout comme les autres collemboles inféodés à l'étage médiolittoral* - d'espèce aéromarine par opposition aux espèces eumarines car elle vit en permanence dans l'air.
Francisation de l'ancien nom scientifique (soit Isotoma littoralis).
Carl Börner a dédié le genre Axelsonia au professeur finlandais Walter Mikael Axelson (dont le nom de famille devint Linnaniemi à l’issue de son mariage en 1906), spécialiste des collemboles.
Le nom d’espèce littoralis provient du latin [litoralis] = du rivage, cette espèce vivant sur l'estran. Ce nom d'espèce a été créé par Romain Louis Moniez (1852-1936) professeur de zoologie à Lille.
Isotoma : ce nom de genre a été créé par l'abbé Bourlet en 1839. Ce dernier a distingué plusieurs genres de collemboles à partir de la longueur des 4 articles des antennes. Chez les Isotoma, ces articles sont à peu près égaux (du grec [iso] = égal et du grec [tomos] = partie). Un genre de plantes à fleurs porte aussi le nom d'Isotoma.
Numéro d'entrée WoRMS : 118138
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Hexapoda | Hexapodes | Arthropodes à six pattes. Ce sont les insectes au sens large. |
Classe | Collembola | Collemboles | |
Famille | Isotomidae | Isotomidés | |
Genre | Axelsonia | ||
Espèce | littoralis |
En déplacement sur des coquilles d'huîtres
Les 2 antennes aux segments égaux, les 3 paires de pattes et les soies sont bien visibles, contrairement à la furca qui est sous l'abdomen.
Binic (22), estran
28/11/2021
Vue d'ensemble
Cette vue avec les balanes Austrominius modestus permet d'avoir une idée de la taille de ce collembole
Binic (22), estran
18/12/2021
Axelsonia littoralis à côté d'une balane
La couleur de ce collembole est caractéristique.
Binic (22), estran
18/12/2021
Axelsonia littoralis sur des coquilles d'huîtres.
Les articles des antennes sont bien visibles. Les articles terminaux sont sombres.
Binic (22), estran
18/12/2021
Dessin d'Axelsonia littoralis
Axelsonia littoralis, l'animal est vu du côté droit. De droite à gauche on voit :
- la paire d'antennes dont les 3 articles distaux sont à peu près égaux ("isotome")
- l'œil à facettes,
- les 3 paires de pattes,
- le tube ventral entre les pattes de la 3ème paire permet l'adhérence sur des surfaces lisses et aurait un rôle respiratoire,
- la furca*
Dessin extrait de Cheng L., 1973, page 161, figure 7-12
Reproduction de documents anciens
1976
Le biotope
Il faut se rapprocher afin de débusquer les collemboles.
Binic (22), estran
18/12/2021
Vue au microscope de la griffe d'une des pattes
Cette griffe présente de longues épines sur le bord externe. La flèche indique une de ces épines.
Le cercle noir est une bulle d'air coincée entre la lame, la lamelle et l'extrémité de la patte.
Binic (22), estran, extrémité d'une patte vue au microscope (x 400)
18/12/2021
Vue au microscope du mucro
L'extrémité du bout de la furca* (ou mucro) porte 5 dents (contre 3 chez Isotoma maritima). Une des 2 dents supplémentaires est indiquée.
Binic (22), estran, extrémité de la furca vue au microscope (x 400)
18/12/2021
Vue de la furca
La furca
(organe permettant le saut du collembole) est vue à la loupe binoculaire (x40)
Photographie ex-situ, vue à la loupe binoculaire, Binic-Etables-sur-mer (22)
21/03/2022
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Pierre NOËL
Responsable régional : Yves MÜLLER
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La page d'Axelsonia littoralis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN