Disque central d'où partent 5 bras donnant naissance à quatre branches ramifiées
Accroché à un support
Forme une boule serrée le jour
Déploie ses bras la nuit
Astrophyton géant, ophiure tête de méduse, grande étoile panier
Giant basket star (GB), Gorgonocefalo (I), Cancer de mar, estrella canasta gigante (E), Gorgonenhaupt (D)
Euryale muricatum, Lamarck, 1816
Atlantique tropical et mer des Caraïbes
Zones DORIS : ● CaraïbesOn peut voir ce gorgonocéphale dans la région des Caraïbes, précisément dans les grandes et petites Antilles, en Floride et aux Bahamas, jusqu'aux côtes du Venezuela et du Brésil.
Il évolue entre 6 m et 30 m de profondeur. Dans la journée, il se niche dans les anfractuosités des récifs, les éponges géantes ou barriques (Xestospongia muta), ou s'attache dans les alcyonaires, gorgones ou coraux (Pseudopterogorgia), replié sur lui-même pour former une boule compacte. La nuit il se positionne au sommet d'un support. Les individus de grande taille sont trop larges et trop lourds pour être supportés par des alcyonaires et s'installent au sommet de coraux durs et de roches.
A partir d'un disque central, partent 5 bras se divisant chacun en quatre branches, dont deux sont peu ramifiées permettant à l'animal de s'accrocher à un support ou de se déplacer, et deux sont longues, très ramifiées, et fines à leurs extrémités permettant à l'animal de se nourrir. Les ramifications fines sont disposées successivement de part et d'autre du tronc central.
Sa couleur varie du brun foncé au jaune brun et peut aller jusqu'au crème. Le disque central peut mesurer jusqu'à 8 cm, et ses bras peuvent atteindre 1 m d'envergure. Le jour, il reste en boule, pelotonné sur lui-même. La nuit, il déploie ses bras pour former un filet en forme de panier ouvert face au courant, comme une parabole.
Les juvéniles d'Astrophyton pourraient être confondus avec Schizostella bifurcata, dont le nom vernaculaire est Astrophyton-baguette. Il s'agit d'un petit gorgonocéphale vivant parmi les gorgones de la mer des Caraïbes. Le diamètre de son disque est d'environ 4 mm et il possède sept bras courts qui se séparent en deux vers leur milieu, et éventuellement une nouvelle fois à leur extrémité.
Astrophyton muricatum est un suspensivore*. Juste après le crépuscule, profitant de l'ascension du plancton vers la surface, il quitte son habitat diurne et sort pour se nourrir. Il grimpe sur le monticule le plus proche et déploie ses fines branches très ramifiées face au courant. Ces branches étant armées d'une batterie de petits crochets, constituent un piège à plancton efficace. La proie est retenue par les crochets, et les fines ramifications qui s'enroulent autour d'elle. Elle est transportée jusqu'à la bouche située au centre du disque. Le gorgonocéphale est microphage* et attrape des copépodes et d'autres petits organismes d'une taille pouvant aller jusqu'à 3 cm. Il a été observé que certains spécimens, élevés en aquarium, peuvent attraper des petits vers et même des petits poissons jusqu'à 5 cm de long.
Animal ovulipare* à sexes séparés. Les larves sont d'abord planctoniques puis se fixent.
Astrophyton muricatum abrite la crevette Periclimenes perryae. Il est possible qu'elle capture sa nourriture dans les bras du gorgonocéphale. Détachée de son hôte, cette petite crevette est un piètre nageur. N'ayant jamais été observée en dehors de cet habitat, on peut la considérer comme un "commensal* obligatoire" de Astrophyton muricatum.
L'animal se déplace à l'aide de deux ou trois bras locomoteurs. Les bras servant à capter la nourriture sont enroulés serrés, alors que les autres bras locomoteurs forment une ombrelle autour du disque central. La finalité de cette ombrelle peut avoir plusieurs interprétations : protéger l'animal, agir comme un organe sensitif, maintenir l'équilibre, porter l'animal.
Le gorgonocéphale semble détecter la direction du courant sans avoir besoin de déployer ses bras. Au début des périodes de prise d'alimentation, Hendler (1982) a observé que le disque était "en place" face au courant, avant que les bras ne soient déployés. Par ailleurs, l'auteur signale que l'animal cesse de se nourrir lorsque le courant est trop fort, et finit par retourner dans son refuge diurne.
Il a été observé que quelques spécimens avaient perdu des bras (Davis 1966). Quels seraient donc les prédateurs de cet animal coriace ? Les estomacs de poissons mangeurs d'échinodermes (des Haemulidae), ont été examinés, mais aucun reste d'Astrophyton n'y a été trouvé. Peut-être des crabes ?
Comment deviner l'âge de cet animal ? Il a été estimé que des individus dont la longueur des bras dépasse 50 cm, sont âgés d'environ 7 ans et demi (Wolfe, 1982).
Le mode d'alimentation d'Astrophyton a fait l'objet d'articles de recherche. Hendler (1982), par exemple, a étudié l'activité nocturne du gorgonocéphale à l'aide de caméras. Par ailleurs, les habitudes alimentaires d'Astrophyton muricatum intéressent les paléontologistes, car celles-ci pourraient être analogues à celles de crinoïdes ayant vécu à l'ère paléozoïque qui étaient dépourvus de bras à pinnules* (voir par exemple l'article de Marcuda, 1976).
Selon les observations de plongeurs, Astrophyton muricatum, comme le gorgonocéphale de Méditerranée Astrospartus mediterraneus, réagit à l'éclairage de la lampe de plongée : l'animal déployé la nuit pour se nourrir, se met en boule, dès qu'il est éclairé.
Gorgonocéphale signifie "tête de gorgone". Les gorgones sont dans la mythologie grecque des créatures fantastiques et malfaisantes, représentées sous la forme de femmes dont la tête est couverte de serpents entrelacés. L'une d'elles, Méduse, avait une opulente chevelure. Elle séduisit Poséidon et s'attira ainsi la jalousie de la déesse Athéna qui transforma la belle chevelure de Méduse en un bouquet de serpents. Lorsqu'il est déployé, le gorgonocéphale évoque cette chevelure de serpents.
Astrophyton : du latin [aster] = étoile et du grec [phyto-] = tout se qui pousse et se développe, particulièrement ce qui est végétal. Le centre de l'animal d'où partent 5 bras évoque une étoile qui se ramifie comme une plante.
muricatum : du latin [muricatus] = hérissé de pointes comme le murex. Ce terme est utilisé en botanique pour désigner des plantes dont la tige est granuleuse. On peut penser qu'il fait référence à la peau de ce gorgonocéphale qui est parsemée de petites pointes.
Numéro d'entrée WoRMS : 243214
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Asterozoa | Astérozoaires | Echinodermes de forme étoilée. Les bras, simples et parfois absents, sont en nombre variable, et contiennent des organes. |
Classe | Ophiuroidea | Ophiuroïdes | Echinodermes benthiques, 5 bras à la base, serpentiformes, parfois ramifiés. |
Ordre | Phrynophiurida | Phrynophiurides | Ophiures à bras ramifiés. Ce sont les gorgonocéphales. |
Sous-ordre | Euryalina | Euryales | |
Famille | Gorgonocephalidae | Gorgonocéphalidés | |
Genre | Astrophyton | ||
Espèce | muricatum |
De nuit, le gorgonocéphale s'alimente
Le gorgonocéphale a déployé ses bras face au courant. Il piège ainsi les petits organismes du plancton. A l'aide des bras courts et épais, il est accroché sur une éponge.
San Salvador (Bahamas), 13 m
08/2009
De nuit, posé sur une éponge
Un magnifique spécimen orange, en position de chasse. Dans la partie inférieure de la photo, on distingue bien un groupe de 4 bras partant du disque. Deux de ces bras se ramifient de part et d'autre du tronc, et serviront à s'alimenter, deux autres, en bas à droite, sont dépourvus de ramifications. Ils serviront à la locomotion, et à s'attacher sur les supports.
Guadeloupe
06/04/2007
De jour, en boule
Celui-ci s'est pelotonné dans une éponge pour la journée.
Guadeloupe
07/2006
De jour, entrelacé
Les bras du gorgonocéphale sont entrelacés dans la gorgone.
Martinique, 9 m
23/11/2008
De jour, posé à la verticale
Attitude caractéristique de jour : roulé serré comme une pelote de ficelle.
Rivière Claire, Martinique (972)
17/05/2005
Les couleurs varient du jaune au noir
Petit spécimen posé sur les ramifications de la gorgone.
Pointe Plate, Guadeloupe
12/2009
Détails alimentaires
Les petits crustacés planctoniques sont ici bien visibles ainsi que les crochets situés aux extrémités des bras. On peut voir certaines extrémités des bras qui sont enroulées, certainement sur la nourriture qui vient d'être piégée.
Martinique, 9 m
21/11/2008
Zoom sur la peau et les ramifications
La peau est granuleuse. On voit bien sur cette photo les petits crochets qui permettent de piéger la nourriture.
Martinique (972)
29/10/2005
Zoom sur le disque central
Au centre du disque on voit la bouche de l'animal qui est aussi l'anus. On distingue bien l'émergence des bras : cinq fois deux ramifications partent du disque et se redivisent de suite en deux. Il se forme ainsi cinq groupes de quatre bras. La moitié de ces bras vont s'allonger et se ramifier et serviront à l'alimentation.
San Salvador, 15 m
21/11/2008
Bébé
Ne pas confondre les Astrophyton-baguette (Schizostella bifurcata) avec ce très jeune gorgonocéphale déjà bien ramifié.
Pointe d'Antigues, Guadeloupe (971), 15 m
22/04/09
Une prise de vue originale
Cet individu a été observé de nuit sur un pilier d'un des pontons du port, il était déployé juste sous la surface de l'eau.
Port-Louis, Guadeloupe, surface, de nuit
29/11/2009
Crevette dans les bras de l'Astrophyton
Cette petite crevette (Periclimenes perryae) semble bien à son aise dans les tentacules du gorgonocéphale.
Anse Dufour, Martinique (972), 7 m, de nuit
31/05/2009
Dix bras symétriquement tendus.
Spécimen de près d'un mètre d'envergure agrippé à une gorgone. Le courant modéré fait légèrement fléchir l'extrémité des bras. Au centre, Le pourpre et le marron virent graduellement au crème en gagnant les extrémités.
Media Luna, Île de Roatàn, Honduras. Mer un peu houleuse. Apnée de nuit. 4 m.
21/01/2020
Rédacteur principal : Isabelle PLAS PETRE
Vérificateur : Sylvie HUET
Vérificateur : Anne PROUZET
Responsable régional : Sylvie HUET
Criales M.M., 1984, Shrimps Associated with Coelenterates, Echinoderms, and Molluscs in the Santa Marta Region, Colombia, Journal of Crustacean Biology, 4, 307-317
Davis W.P., 1966, Observations on the Biology of the Ophiurid Astrophyton muricatum, Bulletin of Marine Science, 16, 435-444
Hendler G., 1982, Slow flicks show star tricks: elapsed-time analysis of basketstar (Astrophyton muricatum) feeding behavior, Bulletin of Marine Science, 32, 909-918
Marcuda D.B., 1976, Skeletal Modifications Related to Food Capture and Feeding Behavior of the Basketstar Astrophyton, Paleobiology, 2, 1-7
Wolfe T.J., 1982, Habitats, feeding, and growth of the basketstar Astrophyton muricatum International Echinoderms Conference, Tampa bay, J.M. Lawrence editors, p299-312
La page d'Astrophyton muricatum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN