Teintes variables généralement fauves et très vives
Couleur dominante rouge, pourpre, marron, orangée, verdâtre ou beige
Test très souple, de forme hémisphérique, légèrement aplati sur le dessus
Deux types de piquants, ou radioles :
- épais, courts, avec successions de boursouflures et implantés en faisceaux denses séparés par des zones nues
- longs, fins, souples, de couleur jaunâtre, situés à la base du test
Oursin-cuir venimeux, oursin-feu, oursin de feu du Pacifique
Fire urchin, pacific fire urchin, elusive sea urchin, variable fire urchin, electric sea urchin (GB)
Asthenosoma grubei (Agassiz, 1879)
Asthenosoma urens (Sarens, 1886)
Cyanosoma urens (Sarasin, 1886)
Asthenosoma heteractis (Bedford, 1900)
Indo-Pacifique tropical Ouest
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueL'oursin de feu occupe une zone géographique qui s'étend de la partie orientale de l'océan Indien à la partie occidentale de l'océan Pacifique, incluant notamment la Nouvelle-Calédonie au sud et le Japon au nord. Il peut être localement abondant aux Philippines ou en Indonésie, où il a été décrit pour la première fois. Contrairement à ce qui est écrit dans certains guides, l’espèce Asthenosoma varium n'est pas présente en mer Rouge ni dans l’océan Indien occidental, où l'on trouve une autre espèce assez proche, Asthenosoma marisrubri.
Cet oursin vit au sein des écosystèmes coralliens. On l'observe sur des fonds sédimentaires comportant des massifs de coraux parmi lesquels on trouvera des algues (Halimeda sp., Caulerpa sp., Sargassum sp. ...). Sa présence a été établie entre la surface et 167 m au plus profond. Ce record de profondeur a été reporté lors d'une expédition scientifique en 2014.
L'oursin de feu est un grand oursin régulier qui se caractérise par ses teintes fauves variables généralement très vives. L'animal peut ainsi posséder une couleur dominante rouge, pourpre, marron, orangée, mais aussi parfois verdâtre ou beige. Il a été observé plus terne, voire incolore dans les profondeurs importantes. Son test* très souple, de forme hémisphérique, légèrement aplati sur le dessus, peut atteindre environ 25 cm de diamètre. Les plaques qui le composent ne sont pas soudées (trait typique de cet ordre), ce qui fait que le test s’affaisse à la mort de l’animal, et n’est presque jamais trouvé intact.
On observe deux types de radioles*, ou piquants. Les unes se présentent sous la forme de piquants courts, épais et rassemblés en faisceaux denses. Ces faisceaux sont eux-mêmes séparés par des bandes dépourvues de piquants qui se répartissent selon des directions radiales pour certaines et circulaires pour d’autres. On compte cinq bandes radiales principales partant du sommet de l'oursin, uniformément espacées et caractéristiques de la structure pentaradiée* propre à l'embranchement des Échinodermes. D'autres bandes radiales secondaires, situées sur les ambulacres*, laissent à l'inverse entrevoir de nombreux podia* translucides et flexibles.
Certains symbiotes* peuvent « nettoyer » leur zone d’habitation en les débarrassant de leurs piquants, créant ainsi des zones nues irrégulières sur l’oursin.
Ces piquants comportent des anneaux boursouflés, car ils sont recouverts d’un épiderme régulièrement étranglé. Ils sont généralement de couleur claire à leur base et plus foncée, voire bleutée à leur extrémité. Chaque étranglement délimite une petite capsule à venin sphérique, et le piquant fonctionne comme une seringue hypodermique.
Outre ces piquants courts et épais, d'autres radioles plus longues, souples, fines et jaunâtres sont visibles à la base de l'oursin. Ces dernières, uniquement dédiées à un rôle locomoteur et tactile, ont une pointe émoussée et ne comportent pas de glandes à venin.
Au sein de son aire de répartition, A. varium peut être confondu avec l'oursin de feu d'Ijima aussi appelé oursin de feu magnifique (Asthenosoma ijimai). Bien que très ressemblant, celui-ci est plus rare et s'en distingue notamment par la coloration plus claire de ses piquants principaux et par la présence d'une ligne rouge sombre dans chaque bande radiale dépourvue de radioles.
Une autre espèce, moins ressemblante mais toute aussi magnifique et très abondante, est l'oursin rouge ou faux oursin de feu (Astropyga radiata). Les radioles* sont lisses et très longues chez ce dernier. Vu de dessus, 5 bandes nues forment chacune un Y inversé et sont bordées de petits points d'un bleu très vif.
Il peut également être confondu avec l'oursin collectionneur (Tripneustes gratilla) bien que l'implantation et la physionomie générale des radioles soient très différentes, ou bien encore avec l'oursin fleur (Toxopneutes pileolus) dont les pédicellaires* en forme de petites collerettes l'en distinguent toutefois aisément.
Enfin, il existe une espèce d'oursin toxique que l'on trouve assez communément en mer Rouge et en océan Indien occidental y compris La Réunion. Il ne s'agit pas d’A. varium (contrairement à ce qui peut être noté dans des guides naturalistes) mais d'une espèce baptisée A. marisrubri (oursin-feu de la mer Rouge) en 1998, après qu'elle ait été longtemps confondue avec l'oursin de feu. Cet oursin diffère de A. varium par une seule grosse boule blanche de venin sur les radioles courts.
Omnivore, la nourriture de cet oursin est composée d'organismes encroûtant les coraux morts, comme des éponges par exemple, mais également d'algues, d'ascidies et de détritus organiques.
La reproduction est gonochorique* : mâles et femelles relâchent simultanément leurs gamètes* en pleine eau. Les œufs ainsi fécondés deviendront des larves* planctoniques* à vie larvaire* prolongée (développement lecithotrophique*) qui se déposeront sur le substrat* au bout de quelques mois.
Cet oursin abrite plusieurs espèces qui entretiennent avec lui une relation symbiotique* en nettoyant l'oursin tout en bénéficiant de la protection assurée par la forte toxicité de ses piquants :
Cet oursin est également parasité par l'escargot des oursins de feu Echineulima asthenosomae.
De petits poissons et céphalopodes trouvent par ailleurs refuge à proximité des individus de cette famille d'oursins toxiques. Parmi eux, on trouve notamment de petits poissons cardinaux Siphamia tubifer.
Le venin de cet oursin inflige des douleurs vives extrêmement douloureuses, mais généralement non dangereuses bien que pouvant engendrer des complications allergiques chez les personnes sensibles. Il convient, pour les plongeurs amateurs de muck dive (plongées en milieu très sédimentaire) , et notamment les photographes évoluant sur les fonds sablo-vaseux, d'être extrêmement attentifs sur les zones où il est présent, voire parfois localement abondant. Ce conseil se justifie d'autant plus que ces oursins sont relativement véloces et qu'ils constituent un sujet d'émerveillement et de distraction pour les plongeurs sous-marins qui cherchent souvent entre leurs piquants les espèces symbiotiques très mimétiques.
Sur le sable, en journée ces oursins se regroupent souvent entre eux.
La beauté de cet oursin le rend attractif pour les aquariophiles. Son régime alimentaire et sa venimosité le rendent néanmoins difficile à intégrer au sein des aquariums pour les particuliers. Il n'est d'aucune valeur commerciale et n'est pas consommé pour l'alimentation.
Oursin de feu : ce nom fait référence à sa forte toxicité et à son aspect rouge vif rappelant un brasier.
Asthenosoma : du grec [asthenes] = faible et [soma] = corps, en raison de la flexibilité de son test.
varium : du latin = variable, changeant.
Numéro d'entrée WoRMS : 214654
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Echinoidea | Echinides | Ce sont les oursins. Forme globuleuse ou hémisphérique, squelette qui porte des piquants mobiles, des pédicellaires et des pieds ambulacraires. Pouvoir de régénération limité. |
Sous-classe | Euechinoidea | Euéchinides | Oursins plus ou moins sphériques, dits "oursins réguliers". Plaques ambulacraires composées. Bouche ventrale et anus dorsal. |
Ordre | Echinothurioida | ||
Famille | Echinothuriidae | Echinothuriidés | |
Genre | Asthenosoma | ||
Espèce | varium |
Oursin très venimeux
Cet oursin est superbe, mais très venimeux hélas !
Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 15 m
19/06/2013
Vue de profil
Le côté hémisphérique aplati transparaît nettement sur cette photo. Comme les plaques squelettiques de cet oursin ne sont pas soudées, le bombement dorsal peut être plus ou moins prononcé. Ici, il l'est moins que sur les photos des autres individus de cette fiche. On distingue les deux types de piquants. Ils sont petits, épais et colorés sur le dessus de l'oursin, longs, fins et de couleur jaune à sa base.
Sulawesi, Indonésie, 5 m
18/05/2015
Vue de dessous
Lorsqu’il est retourné, l’oursin de feu laisse entrevoir une face beaucoup plus terne. Les radioles* fines assurent généralement sa locomotion tandis que les autres, plus courtes, épaisses et venimeuses, assurent une fonction défensive.
Sulawesi, Indonésie, 8 m
15/04/2010
Un oursin tout-terrain
Grâce à la souplesse de son test*, cet oursin de feu est capable de se faufiler au sein des anfractuosités et de peupler non seulement les terrains détritiques, mais également les fonds rocheux.
Alor, Indonésie
08/08/2011
Localement abondant
Dans certaines zones, on rencontre l’oursin de feu en concentration assez importante. La prudence est alors de mise !
Alor, Indonésie, 12 m
04/08/2011
Détail des piquants
Cette photo montre le détail des piquants entourés de glandes à venin boursouflées et annelées. Les capsules colorées entourant les piquants n’attendent qu’une pression pour injecter leur venin en direction d’une créature un peu distraite ou trop insistante.
Anilao, Batangas, Philippines
16/02/2020
Implantation des piquants
Cette prise de vue montre le détail de l’implantation des piquants qui sont densément implantés en zones rectangulaires. Ces ensembles sont eux-mêmes séparés par des bandes dépourvues de piquants.
Bali, Indonésie, 20 m
08/04/2009
Détail des podia et d’un pédicellaire
Les podia* translucides permettent à l’animal de se remettre à l’endroit
s’il est retourné accidentellement, ils sont nombreux sur cette photo, apparaissant sous la forme de tubes plus ou moins repliés.
Les pédicellaires*
permettent le nettoyage des radioles. L'un d'entre eux est bien visible ici, il ressemble à une pince à sucre qui serait tournée vers le coin supérieur gauche de la photo. On peut également remarquer ici
les courts piquants munis d’une glande à venin sphérique bleue
sous-apicale*.
Anilao, Batangas, Philippines, 22 m
24/11/2017
Oursin blanc
Cet exemplaire ne présente pas les couleurs chatoyantes généralement observées. La profondeur relativement importante à laquelle il a été photographié explique peut-être cette teinte inhabituellement claire. À moins qu’il ne s’agisse simplement d’A. ijimai ou bien d’une autre espèce encore non répertoriée.
Sulawesi, Indonésie, 27 m
26/10/2009
Oursin brun
Cette variante de couleur tirant vers le brun est inhabituelle. La disposition des radioles, ainsi que la coloration des bandes dépourvues de piquants, laissent néanmoins planer le doute sur le fait qu’il s’agit bien d’A. varium. Peut-être a-t-on plutôt affaire à A. ijimai ou à une autre espèce encore non répertoriée. La disposition des piquants en zigzag fait même un peu penser à Microcyphus rousseaui.
Bangka Pusilan, Sulawesi, Indonésie, 27 m
26/10/2009
Couple de crevettes symbiotiques
Les superbes crevettes de Coleman Periclimenes colemani sont fréquemment rencontrées sur cet oursin. Elles vivent souvent en couple, la femelle étant plus grande que le mâle. On voit assez bien que ce couple a fait place nette autour de lui.
Philippines
07/11/2013
Autre crevette symbiotique
La jolie crevette des oursins Allopontonia brockii vit préférentiellement sur A. varium, se faufilant entre les radioles venimeuses. Entre mimétisme* et camouflage, elle sait se faire discrète !
Anilao, Batangas, Philippines, 15 m
12/02/2020
Crabes-zèbres symbiotiques
Il est fréquent de croiser le crabe-zèbre Zebrida adamsii, symbiotique de plusieurs espèces d’oursins toxiques. En trouver deux sur le même oursin demeure plus exceptionnel.
Komodo, Indonésie, 21 m
08/08/2016
Petit poisson commensal
Les petits poissons-cardinaux Siphamia tubifer trouvent souvent refuge au sein des oursins toxiques, menant une vie commensale*. Ces oursins peuvent alors faire penser à de véritables autobus se déplaçant avec leurs hôtes tranquillement abrités entre leurs piquants. Ce spécimen est clair avec des rayures sombres. Ces poissons peuvent rapidement changer de couleur et devenir uniformément foncés.
Lembeh, Indonésie, 22 m
08/2008
Reproduction d’escargots parasites
Cette espèce d’escargot Echineulima asthenosomae parasite l’oursin de feu. Il semble que ces individus soient en train de se reproduire à la surface de l’oursin.
Anilao, Batangas, Philippines, 22 m
19/02/2020
Espèce ressemblante : Asthenosoma ijimai
En haut : certains critères morphologiques (ligne rouge sombre dans les bandes
radiales dépourvues de radioles) laissent supposer qu’il pourrait s’agir
ici d’Asthenosoma ijimai. Des études plus
poussées devraient être conduites, faisant notamment appel à des
analyses génétiques, afin de de pouvoir établir avec certitude de quelle
espèce il s’agit au sein du genre Asthenosoma.
En bas : cet exemplaire juvénile d’A. ijimai est reconnaissable à la couleur globalement très claire de ses piquants disposés « en carrés ».
île de Komodo et île d'Alor, Indonésie
Patrick RAGOT
Patrick GIRAUDEAU
13/10/2010 & 04/08/2011
Espèce ressemblante : Astropyga radiata
Le faux oursin-feu Astropyga radiata est tout aussi magnifique et dangereux qu’A. varium.
Partageant la même zone, il s’en distingue assez nettement par la forme
en Y inversé, bordée de points bleutés, visibles à sa surface. Les
piquants sont également beaucoup plus longs.
En haut : vu de de dessus
En bas : vu de profil
Lembeh, Indonésie, 7 m
Anilao, Batangas, Philippines, 10 m
08/04/2010 & 12/02/2020
Espèce approchante
L’oursin bonnet de prêtre Tripneustes gratilla peut faire penser à un jeune oursin de feu. Il s’en distingue toutefois assez nettement de par la forme et l’implantation générale de ses radioles. Qui plus est, comme son nom l’indique, il se recouvre de divers objets ce qui n’est pas le cas des représentants du genre Asthenosoma.
Alor, Indonésie
11/2019
Aspect général
L’oursin représenté sur cette photo a longtemps été confondu avec A. varium. Il a fallu attendre une publication de S. Weinberg et C. De Ridder en 1998 pour qu’il soit rebaptisé A. marisrubri, excluant définitivement la présence d’A. varium de la mer Rouge.
Hurghada, Egypte
31/07/2011
Un genou imprudent
Un instant d’inattention et voici un genou qui a percuté un oursin de feu du Pacifique. On constate la réaction allergique et inflammatoire qui s’en est suivie.
Anilao, Batangas, Philippines
16/02/2020
Rédacteur principal : Gaël MODRAK
Vérificateur : Valérie CARO
Vérificateur : Isabelle DROUET
Correcteur : Steven WEINBERG
Responsable régional : Vincent MARAN
Guille A., Laboute P., Menou J.-L., 1986, GUIDE DES ETOILES DE MER, OURSINS ET AUTRES ECHINODERMES DU LAGON DE NOUVELLE-CALEDONIE, Editions de l'ORSTOM, 196p.
Weinberg S., De Ridder C., 1998, Asthenosoma marisrubri n. sp. (Echinodermata, Echinoidea) from the Red Sea, Beaufortia, 48(3), 27-46.
Mooi R., Munguia A., 2014, Sea Urchins of the Philippines, 2011 Hearst Philippine Biodiversity Expedition. California Academy of Sciences, San Francisco, California, USA, 213-235.
Grube A. E., 1868, Asthenosoma varium, Jahresbericht und Abhandlungen der Schlesischen Gesellschaft für vaterländische Cultur, 45(1867), 42-44.