Ascidie sale

Ascidiella aspersa | (Müller, 1776)

N° 1134

Atlantique Nord, Méditerranée (lagunes littorales)

Clé d'identification

Ascidie solidaire
Hauteur de 5 à 13 cm
Fixée par la base
Tunique rugueuse, recouverte de vase
Généralement grisâtre, mais variation du blanchâtre au brun
Siphons en forme de pétales dentés

Noms

Noms communs internationaux

Dirty sea-squirt (GB), Ascidia sucia (E), Spritz-Ascidie (D), Gore zakpijp (NL), Ascidia suja (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

De très nombreux synonymes existent pour cette espèce qui a longtemps été associée à Ascidiella scabra. Ils ne sont pas utilisés dans la littérature.

Distribution géographique

Atlantique Nord, Méditerranée (lagunes littorales)

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest

Cette espèce est originaire d'Europe : en Atlantique Est, on la retrouve depuis la Norvège jusqu'à Gibraltar. Elle est également présente en Méditerranée et en mer Noire.
Elle a été introduite par les coques de bateaux sur les côtes d'Amérique du Nord. La première fut découverte en 1980 et aujourd'hui, elle est présente depuis le Massachusetts jusqu'au Connecticut.
Plus récemment (2009), elle est devenue une espèce invasive des côtes est du Canada.

Biotope

L'ascidie sale se fixe sur de la roche, des crampons d'algues, des cordages et même sur des constructions portuaires, depuis la surface jusqu'à 50 m de profondeur. Elle préfère les eaux calmes, froides et chargées de sédiments : les populations peuvent être alors très denses.
Elle s'adapte bien aux eaux saumâtres des estuaires.
Elle partage souvent les mêmes sites que Ciona intestinalis, une ascidie de taille identique, dont les siphons sont marqués de jaune.

Description

L'ascidie sale est une ascidie solitaire même si elle peut former localement des populations denses.
Sa tunique a la forme d'une poche ovale, de 5 à 13 cm de haut, plus étroite vers le haut. Elle est le plus souvent fixée au substrat par la base. Sur les fonds meubles ou glaiseux, la zone d'ancrage basale peut développer des excroissances de plusieurs centimètres.
La couleur de la tunique est généralement grisâtre mais peut varier du blanchâtre au brun, parfois teintée de rosé et semi-translucide. La surface de cette enveloppe est rugueuse, épaisse, d'aspect cartilagineux et parfois, couverte de petites aspérités. Elle sert de support à de nombreuses espèces fixées. Elle est souvent recouverte en partie de vase.
Le siphon oral est au sommet de l'animal, le siphon cloacal* est situé à un tiers du haut du corps. Ces siphons présentent un aspect de pétales à bordure dentée.

Espèces ressemblantes

Ascidiella scabra, l'ascidie rugueuse, est assez semblable bien que plus petite (5 cm au maximum). Elle est recouverte de pointes et ses siphons sont souvent plus rapprochés. Elle se fixe au substrat latéralement (par une large surface de son côté gauche). Ces deux espèces ont été longtemps considérées comme n'en faisant qu'une.

Alimentation

Comme les autres tuniciers, c'est un animal filtreur. L’eau chargée d'éléments nutritifs pénètre le siphon* buccal. Ce dernier est muni d’une couronne de tentacules sensoriels qui sont capables, par contraction, d'empêcher l’entrée de particules de trop grande taille. L'eau aspirée par l'animal débouche à l’intérieur d’un sac branchial*, puis est acheminée au niveau de fentes que l'on appelle trémas. Elle passe ensuite dans la cavité péribranchiale, puis est expulsée par le siphon cloacal*.

Reproduction - Multiplication

Cette espèce est hermaphrodite* et ovipare*. Les œufs sont libérés et fécondés en pleine eau.
Après une vie planctonique très courte, les larves se fixent sur un substrat solide.
Il n'y a pas de bourgeonnement chez cette espèce.

Vie associée

L'ascidie sale sert de support à de nombreuses espèces fixées (tubes calcaires de petits vers, ascidies coloniales, balanes, ...).
Ascidiella scabra, l'ascidie rugueuse, peut vivre à proximité de l'ascidie sale, et même parfois en se fixant sur la tunique de cette dernière. Il peut alors y avoir confusion entre les deux espèces, l'une passant pour la juvénile de l'autre.
Le pleurobranche Pleurobranchus membranaceus (Montagu, 1803) se nourrit de l'ascidie sale.
Ascidiella aspersa fait partie des espèces qui, au stade larvaire, colonisent les moules sur les cordes suspendues.

Divers biologie

Les ascidies de la famille Ascidiidés se contractent rapidement à l'approche d'un danger, en émettant un petit jet d'eau (voir ci-dessous l'expérience de Lahille).
L'ascidie sale accepte une salinité de seulement 18‰.
Cette espèce peut vivre jusqu'à trois ans.

Informations complémentaires

Expérience sur Ascidiella aspersa et sur les mécanismes de défense, l’origine de l’habitude et des manifestations psychiques chez cet « animal inférieur » (extrait de Fernand Lahille, 1890) :

« Si on irrite très légèrement les lobes buccaux ou les filets tentaculaires d’un individu étalé, on voit celui-ci fermer d’abord l’orifice cloacal. La branchie se contracte ensuite et chasse l’eau par le tube buccal qui se ferme en second lieu. Cette série d’actes est très naturelle puisqu’elle permet de repousser facilement les parasites ou les corps étrangers qui tendraient à s’introduire dans la branchie par le tube buccal. Si on laisse maintenant l’animal s’épanouir de nouveau et si on touche les lobes cloacaux, l’inverse devrait avoir lieu et l’orifice buccal devrait se fermer avant l’orifice cloacal afin de déterminer par celui-ci un courant d’expulsion. Ce n’est pourtant pas ce qui se passe et l’orifice cloacal se ferme avant l’orifice buccal. L’animal étant plus habitué, comme cela se conçoit fort bien du reste, à avoir affaire à des corps étrangers entraînés par le courant respiratoire et s’introduisant plutôt par la bouche que par le cloaque. Si on renouvelle plusieurs fois et consécutivement cette même expérience, il arrive un moment où l’animal semble se rendre compte de l’endroit irrité. La réflexion, pour si rudimentaire qu’on la suppose, semble modifier l’habitude.
L’Ascidielle ferme tout d’abord son orifice buccal, contracte ensuite sa branchie et produit ainsi un courant cloacal. Après quoi le tube cloacal se rétracte et se ferme. »

Origine des noms

Origine du nom français

Sale : car la vase, retenue par la rugosité de l'enveloppe, recouvre souvent cette ascidie.

Origine du nom scientifique

Ascidiella : du grec [ascid] = petit sac et du latin [-ella] = petit,
aspersa : du latin [aspersus] = parsemé.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 103718

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Urochordata / Tunicata Urochordés / Tuniciers Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires).
Classe Ascidiacea Ascidies / Ascidiacés Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde.
Famille Ascidiidae Ascidiidés Espèces solitaires et très répandues.
Genre Ascidiella
Espèce aspersa

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