Ascidie fixée au substrat par son flanc gauche
Tunique translucide rose variable (du blanc au rouge)
Tunique cartilagineuse épaisse et coriace, lisse et mamelonnée
Taille variable, entre 5 et 18 cm
Siphons courts, écartés, bordés de languettes blanches ou rouges
Forte épibiose la rendant souvent peu visible
Ascidie à siphons écartés
Pink sea-squirt (GB), Ascidia rosada (E, P), Stumpen-Ascidie (D), Rose zakpijp (NL)
Ascidia venosa Müller, 1776
Ascidia mollis Alder & Hancock, 1905
Ascidia robusta Alder & Hancock, 1912
Ascidia rubicunda Alder & Hancock, 1912
Ascidia rubrotincta Alder & Hancock, 1912
Ascidia crassa Alder & Hancock, 1912
Ascidia plana Alder & Hancock, 1912
Ascidia alderi Alder & Hancock, 1912
Ascidia rudis Alder & Hancock, 1912
Mer du Nord, Manche, océan Atlantique Nord, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La distribution de l'ascidie rose s'étend sur l'ensemble des côtes européennes, depuis la Norvège jusqu'au Maroc, ainsi qu'en Méditerranée.
L'ascidie rose affectionne les substrats* durs, les parois rocheuses, les tombants, les anfractuosités, la tôle des épaves, les pontons et installations portuaires, depuis la surface jusqu'à environ 200 mètres de profondeur. Localement, la population d'ascidies roses peut être dense.
Cette espèce tolère une salinité de 20 pour 1000 et est fréquemment observée dans les estuaires et étangs marins littoraux.
Ascidia mentula est une ascidie solitaire dont la taille varie habituellement de 5 à 10 cm, et peut exceptionnellement atteindre 18 cm. Fixée au substrat* par son côté gauche, elle est caractérisée par une tunique cartilagineuse épaisse de texture lisse et coriace, et qui peut présenter quelques renflements mamelonnés. La tunique, translucide et mouchetée de petits points rouges, arbore presque toujours une teinte rose variable, qui peut cependant tendre vers le blanc ou le rouge. Le profil de l'ascidie est plutôt courbé.
De nombreux organismes épibiontes* peuvent coloniser la tunique de l'ascidie rose, au point de la rendre totalement invisible (la vase peut également la recouvrir) ; seuls ses siphons caractéristiques trahissent alors sa présence : ils sont courts, évasés, fortement écartés (au moins deux tiers de la longueur du corps les séparent), et sont bordés d'une corolle de languettes blanches, plus rarement rouges. On compte toujours six languettes pour le siphon cloacal, dorsal et postérieur comme chez toutes les ascidies, habituellement huit (parfois davantage) pour le siphon buccal, terminal et presque diamétralement opposé.
On pourra confondre l'ascidie rose avec :
Ascidia virginea Müller, 1776 : cette ascidie possède également une tunique translucide mouchetée de points roses, mais son profil est plus rectangulaire et sa taille n'excède pas les 6 centimètres ;
Ascidia conchilega Moeller, 1842 : cette ascidie adopte le même port couché, mais sa tunique est plus mince, plutôt gris-verdâtre et une agglomération de petits graviers lui confère une texture rugueuse.
Comme toutes les ascidies, Ascidia mentula a un régime filtreur* suspensivore*, et se nourrit de particules organiques et de microorganismes planctoniques*. L'eau est aspirée par le siphon buccal (ou inhalant), équipé de tentacules* qui empêchent le passage des trop grosses particules, filtrée au niveau d'une grille pharyngienne qui accumule les particules nutritives, dirigée vers l'atrium, une vaste cavité péribranchiale, puis rejetée par le siphon cloacal (ou exhalant).
Le bol alimentaire retenu au niveau du pharynx est ensuite aggloméré dans du mucus produit par l'endostyle, une gouttière glandulaire, puis le tout est dirigé vers le raphé dorsal cilié qui permet le transfert des aliments dans l'estomac, via un très court œsophage. Les particules non digérées sont rejetées par un anus qui débouche dans le siphon cloacal, sous forme de filaments bruns caractéristiques.
L'ascidie rose est, comme l'ensemble des ascidies, hermaphrodite*. Cet hermaphrodisme n'est pas simultané, ce qui empêche toute autofécondation. La reproduction est sexuée, l'espèce est ovipare*.
Les spermatozoïdes* des ascidies roses en phase mâle sont émis en pleine eau, puis captés par les ascidies roses en phase femelle au sein de la cavité péribranchiale (fécondation croisée). C'est à ce niveau qu'a lieu la fécondation. Les œufs sont incubés un temps puis émis en pleine eau par le siphon cloacal.
La larve* qui s'en échappe mène une très courte vie pélagique* (quelques minutes seulement) au sein du plancton*. Elle a la forme d'un minuscule têtard, muni d'une queue mobile que soutient une chorde mésodermique. Cette chorde, qui chez les Ascidiacés n'est visible qu'à l'état larvaire, témoigne de la proximité des Tuniciers et des Vertébrés, d'ailleurs récemment regroupés au sein d'un embranchement commun, celui des Chordés.
La larve finit par tomber et se fixer sur un substrat dur ombragé (roche, ponton, épave...) puis elle subit une importante métamorphose, au cours de laquelle chorde et queue régressent, pour finalement donner un jeune individu adulte en forme d'outre.
La reproduction de l'ascidie rose a lieu toute l'année dans les eaux froides.
Si la température est modérée, et lorsque les écarts annuels de température sont accusés, la reproduction est saisonnière.
Si la température de l'eau est trop élevée, la reproduction est stoppée.
Après la reproduction en général, l'ascidie meurt.
En mer du Nord, la croissance est plus rapide la première année, où elle peut atteindre 7 centimètres.
La longévité de l'ascidie rose est estimée à cinq à sept ans.
Une très importante variété d'épibiontes peut coloniser la tunique de l'ascidie rose, ce qui la rend souvent peu visible : algues, éponges, hydraires, bryozoaires, balanes, synascidies trouvent en sa tunique cartilagineuse un support idéal.
A l'intérieur de la tunique on peut également trouver une crevette et une petite moule, Musculus marmoratus (Forbes, 1838), qui profitent du courant d'eau nourricier de l'ascidie (source : ADMS).
Au toucher, l'ascidie rose réagit et se contracte, et ses siphons se referment.
Ascidie rose, en raison de sa couleur caractéristique,
Ascidie à siphons écartés, les siphons de cette ascidie étant séparés des deux tiers environ de la longueur du corps.
Ascidia : du grec [ascid] = petite outre,
mentula : du latin [mentula] = membre viril : la forme de cette ascidie évoquerait un pénis...
Numéro d'entrée WoRMS : 103710
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Phlebobranchia | Phlébobranches | Le sac branchial* a des sinus longitudinaux qui portent ou non des papilles internes mais qui ne sont jamais plissés. Ascidies essentiellement solitaires. Gonades* situées sur l’anse du tube digestif ou à proximité. |
Famille | Ascidiidae | Ascidiidés | Espèces solitaires et très répandues. |
Genre | Ascidia | ||
Espèce | mentula |
Collée par son flanc gauche
Ascidia mentula est une ascidie benthique sessile fixée à la roche ou sur tout autre support solide par son flanc gauche. Le siphon buccal est antérieur (en haut), le siphon cloacal postéro-latéral (en bas).
Elle est très souvent recouverte d'épibiontes, notamment, comme ici, de bryozoaires encroûtants.
Le Four, Trébeurden (22), 25 m
08/2006
Siphons en corolle
Deux ascidies roses côte à côte, dont on ne voit que les siphons buccaux en forme de corolle. Elles arborent ici une belle teinte rose.
Observez sur l'individu de gauche le développement de deux colonies de botrylles étoilés (Botryllus schlosseri).
Ouessant (29), 15 m
05/07/2005
Des siphons écartés
Ascidia mentula est caractérisée par deux siphons écartés. La distance qui les sépare est au moins égale aux deux tiers de sa longueur totale.
Plouguerneau (29), 20 m
19/10/2008
Tunique claire, en Bretagne
Parfois la tunique de l'ascidie rose est blanche, translucide. Elle est ici légèrement piquetée de rose. Observez les languettes du siphon, également de couleur blanche.
Golfe du Morbihan (56), 8 m
10/2008
Rose bonbon
La tunique de cette ascidie rose est plutôt "propre" (dépourvue d'épibiontes), brillante, et arbore une belle teinte rose bonbon. Il est cependant déconseillé d'y goûter !
Ar Veskleg, Trébeurden (22), 10 m
19/08/2005
Tunique rouge, en Méditerranée
Cet individu présente une tunique rouge. Les deux siphons sont bien visibles.
Cerbère (66), 14 m
07/2008
Languettes de la corolle
Le bord du siphon buccal de l'ascidie rose est marqué par la présence de 8 petites languettes blanches, parfois davantage. On en dénombre ici au moins 11.
La Ciotat (13), 10 m
20/05/2008
Epibiose : Hydraires
Les tuniques de ces 3 ascidies roses sont recouvertes de colonies d'hydraires.
Observez le siphon de l'individu en haut à gauche : on aperçoit les petits tentacules qui permettent à l'ascidie de retenir les trop grosses particules.
Golfe du Morbihan (56), 13 m
31/05/2009
Epibiose : Eponges
Cette ascidie rose est complètement colonisée par une éponge encroûtante jaune. Seul son siphon buccal, qui est ici fermé, est visible.
Ouessant (29), 12 m
05/07/2005
Epibiose : Bryozoaires
De nombreux organismes, comme ces plaques de bryozoaires encroûtants, peuvent coloniser la tunique de l'ascidie rose.
Golfe du Morbihan (56), 15 m
31/05/2008
Dans une faille
Les ascidies roses sont des hôtes très habituels des failles et anfractuosités rocheuses. Encore une fois, la vase peut rendre leur tunique peu visible.
Cale de Ploumanac'h (22), 18 m
08/2008
Sur une épave
L'ascidie rose colonise tout type de substrat dur, y compris la tôle des épaves !
Ici au moins 4 individus sont visibles.
Epave de l'Amoco-Cadiz, Portsall (29), 30 m
09/2005
En estuaire
L'ascidie rose tolère une faible salinité (jusqu'à 20 pour 1000) et est de ce fait fréquemment observée dans les estuaires, comme ici, dans le Trieux, à 10 kilomètres de la côte paimpolaise.
Elle est ici lovée au sein d'une population d'ascidies-groseilles, Dendrodoa grossularia.
Lézardrieux, Trieux (22), 12 m
05/2009
Sur un œuf de roussette
Cette ascidie rose s'est fixée sur un œuf de grande roussette (Scyliorhinus stellaris), un endroit plutôt insolite !
Notez, sur cet œuf, la présence de l'astérie naine, Asterina phylactica, et d'un grain de café, Trivia arctica.
Camaret (29), 26 m
11/10/2008
Contractilité
Lorsqu'on touche l'ascidie rose, les siphons se contractent et se ferment !
En haut, le siphon buccal, et en bas le siphon cloacal.
Trébeurden (22), 10 m
08/2006
Sur la Côte d'Azur
Sur ces individus découverts sous une pierre, ont été marqués par des flèches l'emplacement des siphons inhalants et exhalants.
A noter en haut à gauche, le bryozoaire encroûtant Schizobrachiella sanguinea.
Cagnes-sur-mer (06), de nuit
11/02/2011
Individu à trois siphons !
Notez la présence des 3 siphons dont 2 siphons exhalants. Cette anomalie a déjà été observée chez d'autres ascidies, mais elle semble rare. Voir par exemple cette photo d'une ascidie solitaire de l'Indo-Pacifique Polycarpa aurata.
Normandie, Chaussey
21/07/2012
Niolon
Ce spécimen a été observée à proximité du port de Niolon (13).
Port de Niolon (13), 12 m
22/06/2013
De couleur rouge
La tunique est rouge, translucide et mouchetée de petits points rouges.
Port de Niolon (13), 12 m
22/06/2013
De 3/4
Cette ascidie est fixée au substrat par son côté gauche.
Port de Niolon (13), 12 m
22/06/2013
Blanc avec épibiontes
De nombreux organismes épibiotiques peuvent coloniser la tunique de l'ascidie.
Niolon (13), 12 m
22/06/2013
Tunique translucide
Bien cachée dans une anfractuosité, cette ascidie est blanche translucide.
Niolon (13), 12 m
22/06/2013
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ