Aspect de petit disque sombre fixé sur un poisson (tête ou nageoires)
Deux yeux composés visibles sur la tête
Corps terminé par un abdomen à deux lobes pointus, ayant l'aspect d'une queue
Taille maximum 12 mm
Argule
Fish louse (GB), Fischläuse (D), Fiskelus (N), Zee Luizen (NL)
Argulus zei Brian, 1924
Argulus otolithi Brian, 1927
Atlantique Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette espèce est connue de la façade atlantique des côtes françaises. Elle est également signalée en Angleterre, en Norvège et aux Pays-Bas.
Le pou de mer d'Arcachon vit en milieu marin, proche des côtes où vivent ses hôtes. C'est une espèce parasite temporaire externe (ectoparasite*) de poissons : on l'observera donc essentiellement fixé sur des poissons, soit au niveau de la tête, soit sur les nageoires dorsale ou caudale principalement. On peut cependant le voir "libre", posé sur les fonds sablo-vaseux ou nageant à la recherche d'un hôte. L'observation sera favorisée la nuit, sur des poissons "couchés" (immobiles dans cette phase nocturne).
Argulus arcassonensis se présente sous forme d'un petit disque sombre sur les poissons parasités. Ce disque (plutôt ovale) correspond au céphalothorax*. Un sillon sépare l'aire céphalique des ailes latérales de la carapace. Les deux yeux composés forment des petites taches bien rondes sur la tête (l'œil nauplien, petite tache brune à l'arrière de la tête, sur l'axe médian, n'est visible qu'avec une loupe). Sur l'arrière, deux pointes dépassent : c'est l'abdomen, coupé au milieu, dans l'axe médian, par le sinus* anal (cette coupure est plus longue chez la femelle que chez le mâle). De chaque côté du corps, on peut apercevoir (suivant leur position) les 4 paires de pattes thoraciques, qui servent à la nage.
Sur le dos, les pigments noirs forment des dessins très caractéristiques semblables d'un individu à l'autre.
Pour en voir davantage, il faut passer à l'observation d'un spécimen sous une loupe binoculaire.
On peut alors observer le fin dessin dorsal (pigments noirs et jaunes) ou la face ventrale, avec les pièces buccales, les ventouses (formées par des maxillipèdes* modifiés) et les antennes qui ont chez cette espèce un rôle bien particulier : elles permettent au pou de mer de se fixer sur ses hôtes. La première paire d'antennes est composée de 2 articles* (2 segments) et un petit palpe : le premier article, à la base, comporte un fort crochet dirigé vers le bas. Le second a une forme rectangulaire et comporte 3 crochets. La deuxième paire d'antennes comporte une partie basale et un petit palpe*.
La partie inférieure de la tête, sous le bord avant, est couverte de petites pointes triangulaires dirigées vers l'arrière : elles participent à la fixation du parasite.
Entre les ventouses, un stylet perforant est relié à la trompe buccale.
Il existe plus d'une centaine d'espèces du genre Argulus mais la plupart ont une affinité pour les poissons d'eau douce.
En Europe, il y a 3 espèces du genre Argulus en eaux douces, comme par exemple A. foliaceus.
En milieu marin, seulement une autre espèce est citée en Europe : A. vittatus qui serait propre à la Méditerranée. A. vittatus est de couleur rose clair alors que A. arcassonensis est brun sombre.
A. alosae est une espèce marine très similaire mais qui fréquente l'Atlantique Ouest, sur les côtes nord-américaines.
Le pou de mer d'Arcachon se nourrit à partir de ses hôtes à l'aide d'un stylet perforant lié à une trompe buccale qui renferme les mandibules. En tant que parasite, il se nourrit de ses hôtes (peau et sang) ; les premières observations faites par Cuénot vers 1910 font état de ces parasites sur des poissons pêchés : essentiellement des crénilabres, grondins (Chelidonichthys cuculus) et balistes (Balistes capriscus). Une étude de 1963 rapporte la présence de ce parasite sur la petite vive (Echiichthys vipera) et étudie les différences avec les parasites A. arcassonensis sur le rouget-barbet de roche (Mullus surmuletus), sans trouver de caractères distinguant deux espèces.
Plus récemment, le pou de mer d'Arcachon a été observé en plongée sur des rougets de roche, des gobies, des lieux jaunes (Pollachius pollachius) et des balistes (Balistes capriscus).
La reproduction, et donc l'infestation des poissons, est très variable d'une année à l'autre.
Mâles et femelles présentent quelques caractères qui illustrent le dimorphisme sexuel. Outre la différence de taille (les femelles atteignent 12 à 13 mm tandis que les mâles ne dépassent guère les 6 mm) le sinus anal est beaucoup plus long chez la femelle que chez le mâle : comparer la femelle (fig 5, planche II) avec le mâle (fig 1, planche I repère d).
Chez les mâles, les pattes 3 et 4 portent des éléments servant à la reproduction : vésicules séminales (qui produisent du liquide séminal fluidifiant le transport des spermatozoïdes*) sur la 3e et crochets servant à l'accouplement sur la 4e : ces caractères sont visibles par observation en laboratoire sous loupe binoculaire.
Les testicules sont très grands (ils occupent presque tout l'intérieur de l'abdomen).
Chez les argules, les œufs ne sont pas déposés sur les poissons mais collés sur le substrat*.
L'éclosion se fait au stade métanauplius* et ce "jeune" animal mesure alors environ 0,7 mm.
Cette espèce vit en "association" avec les poissons qu'elle parasite (voir la rubrique Alimentation).
On peut penser que les lésions qui en résultent sont très limitées, surtout s'il n'y a en général que 2 ou 3 Argulus par poisson. De ce fait, les risques d'infection semblent faibles.
Si le pou de mer d'Arcachon vit essentiellement en parasite externe sur des poissons, il est aussi capable de survivre libre. Il est alors souvent posé sur le fond, dans l'attente d'un hôte. Il réagit aux variations lumineuses : il suffit qu'une ombre passe au-dessus de lui et il se met à nager très vivement pour tenter de s'accrocher sur un poisson de passage. Vers 1910, des expériences faites avec des spécimens collectés par Cuénot ont démontré ces comportements.
Pou de mer : en référence à son état de parasite et son milieu de vie.
Arcachon : car initialement décrit à partir de spécimens collectés dans la baie d'Arcachon en 1912 par Cuénot.
Argulus : du grec [Argos] et du latin [Argus], géant mythologique dont la caractéristique était d'avoir cent yeux dont cinquante dormaient pendant que cinquante veillaient, en allusion aux ventouses prises initialement pour des yeux et qui
donnaient l'impression que l'animal avait une vision dorsale et ventrale alternée.
arcassonensis : car initialement décrit à partir de spécimens collectés dans la baie d'Arcachon en 1912 par Cuénot.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Sous-classe | Branchiura | Branchioures | |
Ordre | Arguloida | Arguloïdes | |
Famille | Argulidae | Argulidés | |
Genre | Argulus | ||
Espèce | arcassonensis |
Sur un rouget-barbet de roche
Un bel individu s'est fixé sur la tête d'un rouget-barbet de roche Mullus surmuletus.
Ria Etel, Morbihan (56), 6 m
28/10/2010
En groupe sur la caudale...
Le pou de mer se fixe indifféremment sur la tête ou sur les nageoires.
Ici, un groupe s’est fixé sur la caudale d’un rouget-barbet de roche (Mullus surmuletus).
Ria d'Etel, Plouhinec (56), vers 5 m, de nuit
20/09/2014
Infecté !
Sur le sable, ce petit gobie est littéralement infesté par plus d’une douzaine de poux de mer.
Ria d'Etel, Plouhinec (56), vers 5 m
12/08/2010
Sur un lieu jaune
Ce lieu jaune (Pollachius pollachius) est infesté à la fois sur la dorsale et sur la caudale (cette dernière présente des déchirures dues à la fixation du parasite).
Ria d'Etel, Plouhinec (56), vers 8 m
07/08/2011
Nage rapide !
Observé en vue ventrale, ce pou de mer en plein effort nage à vive allure, attiré par les jeux d’ombres et de lumières pour tenter de trouver un nouvel hôte.
Il nage très activement à l’aide de ses 4 paires de pattes.
Ria d'Etel, Plouhinec (56), vers 8 m
16/10/2015
Face dorsale d'un pou de mer mâle
On remarque bien ici que la plus grande partie de cet individu mâle (capturé) est le céphalothorax, quasi circulaire, avec les yeux nettement visibles sur la droite.
Observation à la loupe binoculaire. Photo avec coolpix 4500 sur l'oculaire.
24/09/2014
Face ventrale d'un pou de mer mâle
Derrière les ventouses (cercles bien visibles : maxillipèdes antérieurs transformés), on voit une paire de maxillipèdes postérieurs (très courts) puis les 4 paires de pattes thoraciques natatoires.Tout en arrière, les deux pointes correspondent à l'abdomen (à gauche sur la photo)
Observation à la loupe binoculaire. Photo coolpix 4500 sur l'oculaire.
24/09/2014
Détails de la tête
En avant des ventouses se trouvent de puissants crochets (pointes marron) qui constituent un système de fixation très efficace pour le pou de mer. De même, sur la partie avant (arc de cercle) chaque élément de relief visible sur la photo est une pointe qui améliore encore la fixation...
Observation à la loupe binoculaire. Photo coolpix 4500 sur l'oculaire.
24/09/2014
Détails de la tête : les crochets
Les antennes de ce pou de mer sont très particulières. La première paire compte 2 articles avec de fortes pointes dirigées vers le bas et un petit palpe.
Observation à la loupe binoculaire. Photo coolpix 4500 sur l'oculaire.
24/09/2014
Planche I – description originale de Cuénot, 1912
Fig.1 : Mâle 4mm, face dorsale.
Fig.2 : Partie proximale des 3e et 4e pattes thoraciques (vue ventrale).
Fig.3 : Bordure de la ventouse.
Cuénot, L.
(1912). Contribution à la faune du Bassin d'Arcachon, VI. Argulides,
description d'Argulus arcassonensis, nov. sp. Bulletin de la Station de
Biologie d'Arcachon 14:1-11, pls.1-2.
Reproduction de documents anciens
1912
Planche II – description originale de Cuénot, 1912
Fig.4 : Femelle 12,5mm, vue ventrale.
Fig.5 : Extrémité inférieure du corps. Femelle.
Fig.6 : Région antennaire droite, mâle.
Fig.7 : Ecaille surface ventrale, 2e et 3e articles du maxillipède postérieur.
Fig.8 : Ecaille surface ventrale, segments thoraciques.
Cuénot, L.
(1912). Contribution à la faune du Bassin d'Arcachon, VI. Argulides,
description d'Argulus arcassonensis, nov. sp. Bulletin de la Station de
Biologie d'Arcachon 14:1-11, pls.1-2.
Reproduction de documents anciens
1912
Rédacteur principal : Hervé LIMOUZIN
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Vincent MARAN
Cuénot L., 1912, Contribution à la faune du Bassin d'Arcachon, VI. Argulides, description d' Argulus arcassonensis, nov. sp., Bulletin de la Station de Biologie d'Arcachon, 14, 1-11.