Coquille d'environ 4 cm de longueur sans les digitations et présentant 9 à 10 tours tuberculés
Dernier tour très large avec 2 rangées de tubercules
4 longues digitations palmées en plus d'un long canal siphonal
Coloration pâle, blanchâtre, jaunâtre, orangée ou saumon
Opercule petit, ellipsoïdal et corné
Mediterranean pelican's foot, De Serre’s pelican’s foot (GB), Mittelmeer-Pelikanfuß, Nadel-Pelikanfuß (D)
Rostellaria serresiana Michaud, 1828
Aporrhais macandreae Jeffreys, 1867
Aporrhais serresianus var. crassa Locard, 1891
Aporrhais serresianus var. minor Locard, 1891
Aporrhais serresianus var. ventricosa Locard, 1891
Aporrhais michaudi Locard, 1891
Aporrhais sarsii Kobelt, 1908
Aporrhais serreseanus hexapodus F. Nordsieck, 1968
Les noms suivants sont également rencontrés dans la littérature : Aporrhais serreseanus, Aporrhais serrezianus, Chenopus serresianus. Ces orthographes ne sont pas valides et ne doivent plus être utilisées.
Méditerranée, Atlantique Nord-Est et mer du Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Aporrhais serresiana vit en Atlantique Nord-Est, depuis le nord de la Norvège jusqu'au nord du Maroc. On le rencontre également en Islande, mer du Nord, le long des côtes nord du Royaume-Uni et en Méditerranée.
Le pied de pélican de Méditerranée est une espèce du circalittoral* du large. Il vit sur les fonds vaseux et détritiques* à partir de 80 mètres jusqu'à 600 mètres de profondeur et probablement plus. Semi-enfoui dans le sédiment, il est à même d'y creuser une galerie avec ses canaux inhalant et exhalant.
La coquille présente quatre longues digitations palmées fragiles et parcourues par un sillon. Le canal siphonal* peut être confondu avec une cinquième digitation car souvent allongé. Pointue, la spire* comporte 9 à 10 tours convexes portant chacun une rangée de tubercules allongés, sauf sur le dernier qui en compte deux dans le prolongement de l’axe des digitations. La surface de la coquille est recouverte de fines stries spirales se superposant à une ligne de légers plis s'allongeant transversalement aux tours. L'ouverture est très allongée et élargie aux bords. La columelle* est sensiblement rectiligne et très oblique. Le bord columellaire est recouvert par une callosité qui va de l’extrémité de la digitation antérieure à l’extrémité de la digitation postérieure. Une indentation discrète est présente entre le canal siphonal et la première digitation.
Le pied de pélican de Méditerranée mesure 4 cm de long pour 2,5 à 2,8 cm de large, sans les digitations. Avec les digitations du labre*, l'individu peut atteindre 6,6 cm de long maximum pour 4,5 cm de large. La coloration de la coquille est blanchâtre, jaunâtre, orangée ou saumon avec l'intérieur blanc. L'opercule* est petit, corné et ellipsoïdal, à bord lisse.
Aporrhais pespelecani a une taille légèrement supérieure. Le labre palmé, moins développé, a trois digitations se terminant brutalement au lieu de quatre plus longues. La digitation terminale est moins longue et plus large, et a la forme d'une lame au lieu d'être droite et pointue. Enfin, Aporrhais serresiana vit à des profondeurs plus importantes que A. pespelicani.
Pour les jeunes coquilles qui n’ont pas encore de digitations palmées, on fera la différence entre les deux espèces sur les premiers tours de téléoconque*. A. serresiana a des côtes axiales en forme d'arc de cercle (prosocline) traversées par de fins cordons. A. pespelecani possède déjà de petits nodules.
Le pied de pélican de Méditerranée est un fouisseur qui étend sa trompe dans le sédiment à la recherche de débris organiques (animal ou végétal). Suspensivore* endobionte (qui vit à l’intérieur d’un substrat*), il se nourrit de cette matière organique en la remettant en suspension dans une petite chambre située au milieu d'une galerie creusée avec son canal inhalant et exhalant.
Il est également capable de filtrer l'eau grâce à ses branchies.
L'espèce est gonochorique*, la fécondation est interne. Les embryons se développent en larves* trochophores* planctoniques* puis en véligères* juvéniles et enfin en adultes, acquérant un mode de vie benthique*.
La larve véligère planctonique présente une coquille globuleuse, lisse et transparente avec deux à trois tours de spire. Elle peut atteindre 1,2 mm de diamètre avec une ouverture large.
Cette espèce peut être abondante dans certaines conditions parfois mêlée avec des turritelles.
Le développement de longues digitations fines et pointues est vraisemblablement en relation avec le mode de vie d'A. serresiana. En augmentant la surface porteuse de la coquille, l'animal s'enfonce moins facilement dans la vase molle. Sur un fond graveleux, il montre de grandes difficultés à s'enfouir. Placé sur un substrat vaseux, A. pespelecani, dont les digitations sont moins longues, semble gêné par l'accumulation de vase dans la cavité du manteau et autour du pied et n'essaye pas de s'enfouir.
La famille des Aporrhaidés est voisine de celle des Strombidés des mers chaudes, dont certaines espèces présentent de très grandes digitations. Malgré leur exubérante coquille, ces espèces sont capables de se déplacer sur le sédiment avec une remarquable agilité. En prenant appui sur leur opercule, ils réalisent des sauts saccadés par une vigoureuse détente de leur pied*.
Cette espèce fait l'objet d'une pêche occasionnelle par dragage et chalut de fond. Elle est rarement présente sur les marchés et peut être consommée fraîche.
Aporrhais serresiana peut être abondant dans certaines conditions et caractérise alors un habitat spécifique : le faciès de vase molle à Funiculina quadrangularis et Aporrhais serresiana. Ce faciès se situe dans l’horizon supérieur de l’étage bathyal* entre 200 et 600 m de profondeur, là où la pente continentale est forte et où le substrat est constitué de vases molles à pellicule superficielle fluide.
Ressemblant fortement à Aporrhais pespelecani, cette espèce en a gardé le nom commun français : "Pied de pélican", qui est la traduction exacte du nom scientifique d'espèce pespelecani : pour la ressemblance de la coquille avec les pattes de l'oiseau.
Les plus anciens fossiles de cette espèce proviennent du Pleistocène ancien (ou Quaternaire) de Méditerranée, vieux d'environ 2,5 millions d'années. C'est son origine géologique qui lui a valu son nom.
Aporrhais : du grec [aporràino] = je m’éparpille en éventail. Nom de genre donné par le malacologue anglais Emmanuel Mendes da Costa (1717-1791) en 1778.
serrasiana : en hommage au naturaliste français Pierre Marcel Toussaint de Serres de Mesplès (1780-1862), professeur de géologie et d’histoire naturelle à l’université de Montpellier à partir de 1820. André Louis Gaspard Michaud (1795-1880) était un malacologiste français.
Numéro d'entrée WoRMS : 138761
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Aporrhaidae | Aporrhaidés | Coquille avec des séries de nodosités spiralées, qui se prolongent par des expansions digitiformes au niveau de l'aile du labre. Lindner 2011:77. |
Genre | Aporrhais | ||
Espèce | serresiana |
Dessus dessous...
La coquille d'Aporrhais serresiana présente de longues digitations fines et pointues vraisemblablement en relation avec son mode de vie. En augmentant la surface porteuse de la coquille, l'animal s'enfonce moins facilement dans la vase molle. Malgré une exubérante coquille, cette espèce est capable de se déplacer sur le sédiment avec une remarquable agilité. En prenant appui sur son opercule, elle réalise des sauts saccadés par une vigoureuse détente de son pied.
Note : les collections de coquillages que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Au large du golfe de Saint-Tropez (83), dans les filets d'un pêcheur posés par 300 m, sur un fond de vase.
2017
Coquille
Chaque tour de la coquille porte une rangée de tubercules allongés, sauf sur le dernier qui en compte deux dans le prolongement de l’axe des digitations.
Museo Zoologico di Napoli (Naples, Italie)
26/04/2017
Au large de la Corse
La fréquence d'observations et le mode de vie profond d'Aporrhais serresiana rendent cette espèce discrète. Mais elle peut être localement très commune comme par exemple dans le canal de Corse, en mer Tyrrhénienne, où plusieurs dizaines voire centaines d'individus peuvent être capturés au chalut. Comme on peut le distinguer sur la photo, les individus sont souvent concrétionnés.
Canal de Corse (mer Tyrrhénienne), capturés au chalut entre 380 et 520 mètres de profondeur.
01/06/2019
Aporrhais serresiana vs. Aporrhais pespelecani
Présentes sur la même zone géographique, Aporrhais serresiana et Aporrhais pespelecani sont aisément reconnaissables par la forme de leur coquille : 4 digitations longues et pointues pour A. serresiana et 3 digitations plus courtes en forme de lame pour A. pespelecani.
Note : les collections de coquillages que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
A. serresiana : au large du golfe de Saint-Tropez (83), dans les filets d'un pêcheur posés par 300 m sur un fond de vase (2017).
A. pespelecani : au large du Dramont (83), dans les filets d'un pêcheur posés par 80-100 m de fond (1999).
04/2020
Description originale de Michaud
Dessin provenant de la description originale de Michaud parue dans le Bulletin d'Histoire Naturelle de la Société Linnéenne de Bordeaux en 1828. L'espèce était alors décrite sous le nom de Rostellaria serresiana.
Michaud A.L.G., 1828, Description de plusieurs espèces de coquilles vivantes de la Méditerranée, Bulletin d'Histoire Naturelle de la Société Linnéenne de Bordeaux, 2(10), 119-122.
Reproduction de documents anciens
1828
Dessin ancien
Illustrations des deux espèces d'Aporrhais : Aporrhais pespelecani (Linnaeus, 1758) à droite (4) et Aporrhais serresiana (Michaud, 1828) à gauche (5).
Dessin ancien d'après l'ouvrage de Sowerby G.B. (1859) : Illustrated index of British shells : containing figures of all the recent species, with names and other information.
Reproduction de documents anciens
1859
Rédacteur principal : Jean-Vincent VIEUX-INGRASSIA
Vérificateur : André HOARAU
Responsable régional : Samuel JEGLOT
Carpine C., 1970, Ecologie de l’étage bathyal dans la Méditerranée occidentale, Bulletin de l’Institut Océanographique (Monaco), 2, 1-146.
Cartes J.E., Maynou F., Fanelli E., Romano C., Mamouridis V., 2009, The distribution of megabenthic, invertebrate epifauna in the Balearic Basin (western Mediterranean) between 400 and 2300 m: Environmental gradients influencing assemblages composition and biomass trends, Journal of Sea Research, 61, 244-257.
Fabri M.C., Pedel L., 2012, Habitats particuliers du bathyal et de l’abyssal / SRM MO, Rapport Ifremer, 10 p.
Lozouet P., Maestrati P., 1987, Les Aporrhais (GASTROPODA : STROMBACEA), Xenophora, 38, 21-27.
Michaud A.L.G., 1828, Description de plusieurs espèces de coquilles vivantes de la Méditerranée, Bulletin d'histoire naturelle de la société Linnéenne de Bordeaux, 2(10), 119-122.
Michez N., Fourt M., Aish A., Bellan G., Bellan-Santini
D., Chevaldonné P., Fabri M.-C., Goujard A.,
Harmelin J.-G., Labrune C., Pergent G., Sartoretto
S., Vacelet J., Verlaque M., 2014, Typologie des
biocénoses benthiques de Méditerranée Version 2, Rapport SPN 2014 - 33, MNHN, Paris, 26 p.
Pérès J.M., Picard J., 1964, Nouveau manuel de bionomie benthique de la Mer Méditerranée, Recueil Travaux Station Marine Endoume, 31, 137 p.
Thiriot-Quiévreux C., 1976, Description de la larve d'Aporrhais serresiana (Michaud) (Mollusca Prosobranchia) dans le plancton méditérranéen, Vie et Milieu, 26(2), 299-304.
Thiriot-Quievreux C., 1983, Summer meroplanktonic prosobranch larvae occurring off Beaufort, North Carolina, Estuaries, 6, 387.
Yonge C.M., 1937, The Biology of Aporrhais pes-pelecani (L.) and A. serresiana (Mich.), Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 21(2), 687-703.
La page de Aporrhais serresiana dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN