Petits (2 à 15 mm) lobes irréguliers placés les uns à côté des autres, parfois fusionnés
Couleur jaune vif à jaune sale
Nombreux petits bourgeons cylindriques
Typiquement dans les grottes obscures par très petits fonds en mode battu
Vérongia (nom de la forme typique)
Méditerranée occidentale Nord et Atlantique proche (Portugal et probablement golfe de Gascogne Sud)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Cette Aplysina a été observée à divers endroits du littoral méditerranéen français (Provence et Corse avec certitude). Une publication ancienne l'indique sur la côte portugaise, une autre récente l'indique sur la côte Ligure. Le manque de données ne permet pas de connaître avec exactitude son aire de répartition. Néanmoins nous savons depuis 2020 (Costa G., Bavestrello G., Pansini M., & Bertolino M., 2020) qu'il s'agit d'une forme naine de Aplysina aerophoba (Nardo, 1833).
Cette Aplysina jaune soufre présente un biotope* très spécifique ; principalement celui des grottes semi obscures ou obscures présentes par petits fonds (0-2 m) en mode battu. Elle encroûte les surfaces dures verticales ou horizontales de la roche et peut se retrouver momentanément émergée par basse mer.
Remarque préalable : cette fiche traite de la forme naine de Aplysina aerophoba, jusqu'à 2019 on ne savait pas s'il s'agissant d'une espèce nouvelle ou d'une forme non identifiée d'une éponge du genre Aplysina, voir le § Divers biologie.
Cette éponge du genre Aplysina se présente sous la forme de nombreux petits lobes de forme irrégulière et placés les uns à côté des autres. Dans la majorité des observations ces petits lobes ne se touchent pas, ceci n'exclut pas la présence d'une connexion rampante cachée ou la fusion de plusieurs unités. La taille de chaque lobe est de l'ordre de 2 à 15 mm de diamètre. La couleur de cette éponge est d'un beau jaune vif plus ou moins sale, semblable aux autres espèces connues d'Aplysina (Aplysina aerophoba (forme typique) et Aplysina cavernicola). Elle est le plus souvent recouverte de petits et fins bourgeons cylindriques de quelques mm de long et qui lui confèrent un aspect hispide. Sa surface est percée de nombreux petits cribles correspondant sans doute aux pores inhalants. Les oscules* (pores exhalants) sont le plus souvent discrets et de très petite taille (1 mm voire moins).
Aplysina aerophoba (forme typique) ne se trouve que dans des espaces éclairés et peu profonds. On ne peut donc pas les confondre en plongée car elles ne partagent pas le même biotope. Aplysina aerophoba (forme typique) est d'une couleur jaune soutenu, et porte sur sa base et ses tubulures des excroissances allongées. Sa taille est bien plus grande, de l'ordre de 10 à 20 cm.
Aplysina cavernicola, espèce endémique* de Méditerranée, ne se trouve que dans des espaces à l'ombre. Elle est également jaune vif et porte de grands tubes réguliers de 3 à 6 cm de long. Les bourgeons sont plus rares.
Aplysina spp. de Méditerranée et Atlantique Nord-Est, ces éponges du genre Aplysina non identifiées spécifiquement sont recouvertes de petits et fins bourgeons cylindriques de quelques mm de long et qui leurs confèrent un aspect hispide. On ne sait pas bien s'il s'agit d'une ou de plusieurs espèces non décrites ou simplement de formes particulières des deux espèces connues, suscitées, présentes dans les eaux européennes (Aplysina aerophoba et Aplysina cavernicola).
Les éponges sont des animaux filtreurs* qui se nourrissent de microparticules : bactéries, algues unicellulaires, débris organiques, ne dépassant en général pas 3 microns. Le courant d'eau nécessaire est créé par le mouvement de cellules ciliées spécifiques des éponges : les choanocytes*.
Aplysina une éponge ovipare*.
Comme d'autres membres de la famille des Aplysinidés (anciennement Vérongidés), cette éponge peut dans certaines conditions produire des bourgeons : il s'agit alors de multiplication asexuée.
La petite histoire des recherches sur cette éponge jaune naine des grottes superficielles avant 2020 :
(Nous savons depuis 2020 (Costa G., Bavestrello G., Pansini M., & Bertolino M., 2020) qu'il s'agit d'une forme naine de Aplysina aerophoba (Nardo, 1833).
Les échantillons observés par le professeur Jean Vacelet (La Ciotat 2016, prélèvements Jean-Pierre Miquel) ont bien des fibres d'Aplysina, à moelle de fort diamètre, mais pas faciles à voir ni à isoler. De plus les photos montrent des bourgeons sur plusieurs individus. C'est donc bien une Aplysina, mais qui est en cours d'étude depuis longtemps. On ne sait pas bien si c'est une morphose de Aplysina aerophoba ou de Aplysina cavernicola, ou une espèce différente, à décrire. Comme les Aplysina, les échantillons de cette espèce deviennent violets ou noirs dans l'alcool.
"Aplysina des grottes superficielles" est une proposition des auteurs du site DORIS.
Aplysina : du grec [aplusias] = non lavé, désignait une espèce d'éponge d'un jaune sale
aerophoba: du latin [aerophobus] = qui craint l'air. Lui-même venant du grec [phobos] = la peur.
Cette éponge est dénommée ainsi car c'est une éponge jaune qui noircit au contact de l'air.
Numéro d'entrée WoRMS : 133911
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Verongiida | Vérongides | Eponges à squelette composé de fibres de spongine en réseau. Les fibres ont une écorce et une moelle nettement distinctes. Pas de spicules. |
Famille | Aplysinidae | Aplysinidés | Eponges à squelette de fibres cornées anastomosées formant un réseau de mailles polygonales. |
Genre | Aplysina | ||
Espèce | aerophoba (forme naine) |
Petits coussinets jaune sale
Les lobes en forme de coussinets plus ou moins allongés portent à leur sommet de petits oscules.
La Ciotat (13), 1,5 m
03/11/2016
Cribles inhalants et bourgeons
Les bourgeons sont bien visibles sur cette macrophotographie. La surface de cette éponge jaune est percée de nombreux petits cribles correspondant aux pores inhalants.
Grotte, LaCiotat (13), 2 m
05/10/2016
Petites billes poilues de couleur jaune soufre
La taille de chaque petit coussinet est de l'ordre de 5 mm de diamètre sur cette photo.
Digue du port de Tamaris, Côte Bleue (13), 1 m
27/05/2017
Petites taches jaunes
Aplysina aerophoba (forme naine) se présente sous la forme de petites taches jaunes disséminées sur les roches à l'ombre.
La Ciotat (13), 1,50 m
05/10/2016
Eponge jaune en petites plaques avec des bourgeons allongés
Les échantillons observés par le professeur Jean Vacelet en 2016, dont celui-ci, ont des fibres d'Aplysina, à moelle de fort diamètre. Les photos montrent des bourgeons sur plusieurs individus. C'est donc bien une Aplysina.
Grotte, La Ciotat (13), 1,5 m
18/08/2016
Petites taches jaunes au fond des grottes
Cette Aplysina affectionne les petites grottes sombres peu profondes aux eaux bien brassées. Elle s'installe sur la roche.
Digue du port de Tamaris, Côte Bleue (13), 1 m
27/05/2017
Sur un fond rocheux horizontal
Cette petite Aplysina peut s'implanter sur des surfaces rocheuses verticales ou horizontales comme ici. La taille de chaque éponge est de l'ordre de 2 à 5 mm.
Digue du port de Tamaris, Côte Bleue (13), 0,5 m
27/05/2017
Petits oscules discrets
Au sommet de chaque lobe un petit oscule est visible. Sa taille est inférieure au mm.
La Ciotat (13), 2 m
05/10/2016
Coloration à la lumière
Les lobes exposés à un certain éclairement à la sortie des grottes montrent des colorations verdâtres sans doute liées à la présence de cyanobactéries en nombre dans les tissus de l'éponge.
La Ciotat (13), 2 m
27/08/2016
Fusion de plusieurs petites éponges
Cette éponge a aussi été échantillonnée et identifiée comme une Aplysina.
Grotte à Figuerolles, La Ciotat (13), 2 m
31/08/2016
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Jean-Pierre MIQUEL
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Boury-Esnault N., Harmelin J.-G., Ledoyer M., Saldanha L., Zibrowius H., 2001, Peuplement benthique des grottes sous-marines de Sagres (Portugal, Atlantique Nord-Oriental), Bol. Mus. Mun. Funchal, Sup. n°6, 15-38.
Chevaldonné P. et al., 2006, Molecular phylogeography of Mediterranean and Eastern Atlantic sponges of the genus Aplysina, ed Custodio, M.R. et al., Rio de Janeiro, Brazil, 273p.
Costa G., Betti F., Nepote E., Cattaneo-Vietti R., Pansini M., Bavestrello G. & Bertolino M., 2018, Sponge community variations within two semi-submerged caves of the Ligurian Sea (Mediterranean Sea) over a half-century time span, The European Zoological Journal, 85:1, 382-392
Costa G., Bavestrello G., Pansini M., & Bertolino M., 2020, Aplysina aerophoba (Nardo, 1833) (Porifera, Demospongiae): an unexpected miniaturised growth form from the tidal zone of Mediterranean caves: morphology and DNA barcoding, The European Zoological Journal, 87:1, 73-81