Oscarelle rouge

Aplysilla rubra | (Hanitsch, 1890)

N° 2649

Manche, Atlantique Nord-Est

Clé d'identification

Spongiaire de 5 à 20 cm
Couleur rouge à beige
Consistance légèrement cartilagineuse
Surface grumeleuse et bosselée
Oscules à répartition régulière

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Oscarella rubra (Hanitsch, 1890)

Distribution géographique

Manche, Atlantique Nord-Est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Selon les auteurs, elle est visible en Manche et Atlantique Nord-Est.

Biotope

Elle est visible de 5 à 300 m, sur des roches.

Description

Oscarella rubra est une éponge encroûtante* épaisse formant des colonies de 5 à 20 cm. Sa surface grumeleuse est bosselée par de nombreux petits lobes semi-circulaires s'ouvrant régulièrement sur un oscule*. De forme "chou-fleur", cette éponge est de couleur rouge à beige.
Cette éponge ne présente pas de squelette (absence de spicules* et de spongine*) mais présente toutefois une consistance légèrement cartilagineuse au toucher.
Il est possible qu'elle forme probablement un complexe d'espèces comme l'était O. lobularis.

Espèces ressemblantes

Les espèces du genre Oscarella ont longtemps été confondues les unes avec les autres, notamment à cause d'une absence de spicules* et de fibres de spongine* dans leurs tissus. En particulier, Oscarella lobularis et Oscarella tuberculata ont longtemps été regroupées à tort sous le nom d'Oscarella lobularis. Cependant, des études génétiques récentes (années 90) ont permis de faire la distinction entre les différentes espèces. Fort heureusement pour nous, ces espèces génétiquement différentes présentent des caractéristiques microscopiques très distinctives, mais également des critères précis (couleur, localisation, biotope*) :

Oscarella imperialis Muricy et al., 1996 : l'oscarelle jaune-orange. De surface rugueuse à ridée et de consistance molle, cette éponge présente une couleur orangée en surface et jaune dans les dépressions. Ses cellules présentent des sphérules* cytoplasmiques* très denses et souvent une seule vacuole*. Elle est visible en Méditerranée, vers 15 m de fond, le long des tombants verticaux.

Oscarella lobularis (Schmidt, 1862) : l'oscarelle bleu-violet. De surface lisse et de consistance molle et légèrement gélatineuse, cette éponge est de couleur bleu-violet (voire rose) en surface et violette à crème dans les dépressions. Elle présente des lobes de 1 cm de diamètre et des oscules à répartition régulière. Ses cellules présentent de nombreuses et vastes vacuoles périnucléaires. Elle est visible dans la mer Méditerranée, Atlantique Est, Manche, mer du Nord, mer Adriatique et Atlantique tropical Ouest, de 15 à 35 m, sur des tombants mais jamais à l'entrée d'une grotte.

Oscarella microlobata Muricy et al., 1996 : l'oscarelle marron. De surface rugueuse et de consistance molle et fragile, cette éponge est de couleur marron foncé en surface et marron clair dans les dépressions. Ses cellules présentent des sphérules cytoplasmiques et inclusions intranucléaires paracristallines. Souvent solitaire et faiblement attachée au substrat, elle est présente vers 15 m de fond dans des cavernes semi-obscures. Elle n'est actuellement rapportée que dans une grotte à proximité de l'île Riou, au large de Marseille (13).

Oscarella tuberculata (Schmidt, 1868) : l'oscarelle jaune-verdâtre. De surface granuleuse à ridée et de consistance ferme et cartilagineuse, cette éponge est très souvent uniformément jaune-verdâtre (avec parfois des reflets bleutés). Elle présente des lobes de 0,5 cm de diamètre et des oscules à répartition irrégulière. Elle est visible dans la mer Méditerranée de 5 à 35 m à l'ombre d'un tombant (coloration plutôt verdâtre) ou à l'entrée d'une grotte (coloration plutôt jaune).

Oscarella viridis Muricy et al., 1996 : l'oscarelle vert-pâle. De surface rugueuse et de consistance très molle et fragile, cette éponge est de couleur verte (généralement plus claire dans les dépressions). Ses cellules présentent de nombreuses sphérules cytoplasmiques peu denses. Elle est faiblement attachée à son substrat et est visible en Méditerranée, dans des cavernes semi-obscures, vers 15 m de fond.

Oscarella tenuis Hentschel, 1909 : éponge de couleur rouge à grise, irrégulièrement lobulée, présente au sud-ouest de l'Australie.

Oscarella membranacea Hentschel, 1909 : doré sombre en surface et crème dans les dépressions, régulièrement lobulée, présente au sud-ouest de l'Australie.

Oscarella nigraviolacea : violet très foncé, voire noire, à surface convolutée, présente en Tanzanie.

Oscarella stillans : éponge jaune-miel à reflets verdâtres, de texture gélatineuse, présente vers 12 m de fond aux Philippines.

Alimentation

Comme tous les spongiaires, Oscarella rubra est un animal filtreur* : les flagelles des choanocytes* créent des mouvements d'eau dans la cavité gastrique. Les cellules flagellées captent et digèrent les particules organiques microscopiques et les produits de la digestion sont distribués aux autres cellules de l'organisme.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être réalisée selon 3 processus distincts :

- Sexuée : par production de gamètes* mâles (spermatozoïdes*) et femelles (ovules*). Les éponges sont hermaphrodites*, cependant les gamètes mâles et femelles d'une même éponge ne sont pas expulsés au même moment. La fécondation a lieu de fin juillet à fin août. Elle est indirecte : le spermatozoïde pénètre une cellule annexe à l'ovule (généralement un choanocyte*) puis est injecté dans l'ovule. Après fusion des deux gamètes au sein de la mésoglée*, les cellules de l'œuf ainsi obtenu se divisent activement pour former une larve* nageuse entièrement ciliée et de forme ovoïde. Oscarella rubra est ovovivipare* et n'expulse ses larves que lorsqu'elles ont atteint leur stade de développement final. Lorsque les larves quittent l'éponge parentale (durée de vie pélagique* : 2 jours), elles vont se fixer sur un substrat* et donner une nouvelle éponge.

- Asexuée par bourgeonnement : se déroulant sur une durée de 1 à 4 jours, les bourgeons se forment dans des zones marginales proches de la base de l'éponge selon 3 étapes bien définies. La première étape est caractérisée par la présence de petites protubérances d'ectoderme d'origine parentale. La seconde étape est caractérisée par le regroupement des petites protubérances en structures tubulaires régulières, allongées et mamelonnées. La troisième étape correspond à la formation d'un bouton sphérique comportant une large cavité centrale. Ceci se traduit par le développement d'excroissances en forme de gouttes (ou coulures) ou de filaments non fixés. Ensuite, ce bourgeon (taille : 0,6-1 mm) se détache de l'éponge parentale et peut flotter entre deux eaux (vie pélagique) pendant plusieurs jours consécutifs. Après fixation sur un substrat, ce petit bourgeon va se développer en une petite éponge sous 4-10 jours.

- Asexuée par bouturage : des fragments se détachant de l'éponge mère peuvent aller se fixer un peu plus loin.

Les éponges se reproduisent surtout asexuellement et ont une très grande capacité de régénération.

Vie associée

Contrairement à la plupart des autres éponges du genre Oscarella, les tissus d'Oscarella rubra ne contiennent pas d'endobactéries symbiotiques*.

Divers biologie

Comme tous les spongiaires, cette espèce est un animal très simple ne présentant pas de tube digestif et peu ou pas de cellules nerveuses. Toutefois, elle a la capacité de se rétracter quand on la touche. Elle présente une couche de cellules externes (l'ectoderme) et une couche de cellules interne (l'endoderme), séparées par une sorte de gélatine (la mésoglée*). La cavité gastrique ou cavité interne (atrium*) est tapissée de cellules flagellées (les choanocytes*, caractéristiques des spongiaires) dont les flagelles créent un courant d'eau.

Les espèces du genre Oscarella ne présentent pas de squelette interne : elles n'ont pas de spicules* et pas de fibres de spongine*. L'aspect microscopique de cette espèce en particulier est très caractéristique et une étude en laboratoire permet de faire la distinction entre Oscarella rubra et les autres éponges du même genre. Ainsi, Oscarella rubra comporte une mésoglée (mésohyle*) constituée d'un réseau lâche de fibrilles de collagène.

La respiration se fait par filtration de l'oxygène dissous dans l'eau.

Informations complémentaires

Sur le plan biochimique, Oscarella rubra possède dans ses tissus des métabolites* particuliers pouvant avoir des propriétés cosmétiques et/ou thérapeutiques.

Origine des noms

Origine du nom français

Oscarelle : francisation du nom de genre ;

rouge : traduction littérale du nom d'espèce scientifique. Cette précision de couleur est une proposition du site DORIS permettant de distinguer Oscarella rubra des autres éponges du genre Oscarella (dont par exemple : O. imperialis, O. lobularis, O. microlobata, O. tuberculata, O. viridis).

Origine du nom scientifique

Oscarella : genre dédié au zoologiste, botaniste et mycologue allemand Oscar Schmidt [1823-1886], en l'honneur de son travail sur la détermination des espèces. Il est en particulier l'auteur de l'ouvrage Eponges de la mer Adriatique.

rubra : du latin [rubeo] = rouge.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Homoscleromorpha Homoscléromorphes

Eponges exclusivement marines (une centaine d'espèces). Spicules siliceux (quand ils sont présents) non subdivisés en mégasclères et microsclères. Vivipares, larve typique : cinctoblastula.

Ordre Homosclerophorida Homosclérophorides Structure différenciée de type leucon. Certaines espèces de cet ordre n'ont pas de squelette et possèdent un derme fin. Les larves sont des amphiblastula.
Famille Oscarellidae Oscarellidés

Absence de spicules et de fibres de spongine.

Genre Aplysilla
Espèce rubra

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