Corps mou, long et étroit, vert, brun ou rouge avec des taches claires (5 à 20 cm)
Rhinophores en forme d'oreille de lièvre
Tentacules buccaux enroulés
Parapodes larges soudés en arrière
Pied long, étroit
Pisse-vinaigre, aplysie mouchetée
Dotted sea-hare (GB), Aplisia punteggiata, lepre di mare (I), Liebre de mar punteada (E), Punktierter Seehase (D)
Aplysia rosea (Rathke, 1799)
Laplysia punctata Cuvier, 1803
Aplysia hybrida Sowerby J., 1806
Aplysia nigromarginata Risso, 1818
Aplysia stellata Risso, 1818
Aplysia unicolor Risso, 1818
Aplysia virescens Risso, 1818
Aplysia marginata de Blainville, 1823
Aplysia cuvieri Delle Chiaje, 1828
Aplysia ferussaci Rang, 1828
Aplysia longicornis Rang, 1828
Aplysia dumortieri Cantraine, 1835
Aplysia guttata Sars M., 1840
Aplysia nexa Thompson W., 1845
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]On rencontre Aplysia punctata en mer du Nord, en Manche, dans l'Atlantique et la Méditerranée.
On rencontre cet herbivore dans les algues et les herbiers à faible profondeur (quelques mètres à 20 m), parfois même dans les cuvettes supralittorales (juvéniles), en limite des rochers et du sable.
L'aplysie "à points", mouchetée, est une espèce qui se déplace (espèce vagile*) sur les fonds (espèce benthique*) couverts par des algues, des zostères ou des herbiers de cymodocées et dans les zones portuaires.
Le lièvre de mer fait partie de l'embranchement des mollusques. C'est un gastéropode opisthobranche car les branchies sont situées à l'arrière du corps ([opistho-] en grec veut dire : "arrière" ). Il possède une coquille interne très mince lenticulaire de l'ordre de 15 mm de diamètre. Cette coquille interne est fragile et transparente.
C'est un des grands opisthobranches, avec un maximum de 20 cm mais on rencontre en général des animaux entre 5 et 15 cm de longueur. Sa couleur est rougeâtre à brun-verdâtre avec des taches blanches et quelques points noirs.
La tête porte une paire d'yeux à la base des tentacules* olfactifs ou rhinophores* rappelant les oreilles d'un lièvre (d'où son nom). Elle porte également à l'avant de la tête, une paire de tentacules tactiles et gustatifs : les tentacules buccaux. Au sommet de la tête, les rhinophores, parfois enroulés sur eux-mêmes, dominent les deux petits yeux ronds.
La distinction à vue des trois plus grandes aplysies peut se révéler délicate et parfois, elle nécessite un examen plus approfondi pour discriminer A. punctata des deux autres...
Aplysia depilans Gmelin, 1791 : d'une couleur marron uniforme à vert olive, parfois tachée ou marbrée, cette espèce est généralement un peu plus grande (30 cm) qu'A. punctata. Les larges parapodes sont continus à l'arrière (comme si un seul parapode faisait le tour de l'animal). L'extrémité du pied est court.
Aplysia fasciata (Poiret, 1789) : espèce de couleur noire à brune, parfois unie, parfois tachetée de clair, elle montre le plus souvent une marge orange à rose au bord du manteau, des tentacules labiaux et des rhinophores. C'est la plus grande aplysie (40 cm maximum) et peut atteindre 2 kg. Les larges parapodes ne sont pas réunis à l'arrière. Le pied est pointu sur sa partie postérieure.
L'aplysie naine Aplysia parvula Guilding in Morch, 1863, ne peut, elle, prêter à confusion qu'uniquement avec les juvéniles d'A. punctata. En effet, pouvant se rencontrer dans toutes les mers, tropicales et tempérées (y compris sur les côtes françaises), elle est considérée comme la plus petite des aplysies, ne dépassant probablement pas 6 cm.
Néanmoins, suite à un travail de révisions moléculaires sur A. parvula [Golestani &al. 2019], cette espèce s'avère en faire partie d'un complexe et il n'est plus du tout certain qu'elle soit si largement distribuée et notamment qu'elle soit présente en Méditerranée occidentale !
Il est donc probable que les individus des côtes françaises identifiés comme A. parvula soient en fait des juvéniles d'A. punctata.
Le lièvre de mer mange des algues rouges, vertes, brunes, des cymodocées, qu'il râpe à l'aide de sa radula* cornée qui porte de nombreuses rangées de petites dents.
On le rencontre souvent sur Ulva sp. la laitue de mer ou sur Cladophora sp.
Il s'agit d'animaux hermaphrodites* et qui se regroupent pour la reproduction. On les retrouve souvent accolés l'un à l'autre dans un accouplement caractéristique dit "en chapelet". Plusieurs individus s'accouplant en même temps forment une longue chaîne. L'animal inférieur joue donc le rôle de femelle et l'animal supérieur celui de mâle ; les individus intermédiaires se comportant à la fois comme des mâles et des femelles.
Les œufs forment des rubans en forme de spaghetti rose orangé très facilement reconnaissables. Les larves dites véligères*, sont ciliées, nageuses, planctoniques et se métamorphosent au bout de six semaines pour se transformer petit à petit en adultes.
Les juvéniles sont rougeâtres.
L'animal a peu de prédateurs car dès qu'un ennemi tente de l'approcher, le lièvre de mer émet un nuage d'encre violette (aplysiavioline).
D'autre part le corps de l'aplysie contient une toxine provenant des cyanobactéries qu'elle ingère qui la protège contre les attaques des poissons.
Des crustacés s'attaquent aux aplysies notamment l'étrille Necora puber.
Souvent, la marée laisse ces animaux en grand nombre hors de l'eau et ils meurent par centaines.
Animal sciaphile*
L'aplysie se déplace généralement en rampant sur son pied mais parfois on la retrouve en pleine eau nageant à l'aide des deux replis dorsaux du pied ou parapodes (voir photo).
L'aplysie est un animal de laboratoire : c'est un modèle de choix pour la neurologie car elle possède des neurones géants permettant des études de transmissions synaptiques aisées et des études du comportement.
Ces différents travaux sur les aplysies ont permis l'attribution d'un prix international de l'Académie des sciences de Turin (Dr Vincent Castellucci en 1998) et un prix Nobel de médecine (Carlsson, Greengard et Kandel en 2000).
Les substances bioactives libérées par les aplysies (le "vinaigre") sont également objets de recherches dans le cadre des thérapies sur les tumeurs. En effet, des études récentes ont montré la présence de substances cytotoxiques* (toxique pour les cellules) dans l'encre des aplysies et ouvrent la voie vers la découverte possible de substances anti-cancéreuses.
Lièvre de mer : il doit son nom à ses rhinophores fendus sur la moitié de leur hauteur qui évoquent des oreilles de lièvre.
Pisse vinaigre : il sécrète une substance de couleur pourpre à violette d'où son surnom de pisse-vinaigre.
Aplysia : du grec [aplusias] = saleté
punctata : du latin [punctatus] = couvert de points, ponctué. C'est bien entendu en rapport avec la robe de l'animal.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Ordre | Aplysiida | Aplysides | Coquille petite (ou absente) généralement recouverte par le manteau (parapodes). Présence ou non d’une branchie plissée, tête portant des tentacules et des rhinophores. Cavité palléale située à droite. Mangeurs de végétaux. Tous marins, zones côtières. |
Famille | Aplysiidae | Aplysiidés | |
Genre | Aplysia | ||
Espèce | punctata |
Parmi les algues rouges
Une magnifique aplysie rampe parmi les algues rouges, à quelques mètres sous la surface.
Cale de Ploumanac'h (22), 5 m
07/2008
Nage en pleine eau
Le lièvre de mer sait nager grâce à ses parapodes. Ici un individu en pleine eau est emmené par le courant de marée. La palme d'un plongeur l'a peut-être aidé à démarrer son périple ?
Saint-Cast (22), 2 m
24/05/5010
Couleurs
On peut voir ici deux couleurs de robe rencontrées chez l'espèce.
Agon Coutainville (50), sur l'estran
08/2010
Accouplement et parapodes
Le lièvre semble s'accoupler tout en se déplaçant.
Carantec Le Taureau, 12 m
16/07/2005
Accouplement à trois
La reproduction des aplysies se fait en cascade les unes sur les autres.
Carantec, 8 m
19/07/2005
Ponte
La ponte des lièvres de mer se reconnaît facilement : elle ressemble à des spaghettis roses.
Grève bleue, Le Conquet (29), sur l'estran
15/08/2007
Des ulves au menu
Un lièvre de mer en train de filer d'une algue à l'autre (Ulva lactuca).
Carantec, Taureau, 10 m
16/07/2005
Détail de la ponte
Microscopie optique (x50) de la ponte d'une Aplysia sp.
Paimpol, stage MFB1
18/06/2006
Défense
Les aplysies quand elles se sentent agressées émettent une substance violacée qui contient une substance répulsive.
Trébeurden, Miliau, 16 m
09/06/2006
Nutrition
Un lambeau d'algue est ingéré par un lièvre de mer moucheté.
Triagoz, Trébeurden (22), 10 m
25/07/2009
Branchie
Ce n'est pas habituel, ni vraiment normal, de voir ainsi la branchie dépasser du corps d'une aplysie, mais au moins ici nous avons l'opportunité de voir cette structure ramifiée.
Les Haches, Saint-cast le Guildo, 10 m
14/07/2011
Prédation
Aplysia sp. attaquée par une étrille.
L'animal a été découpé en deux coups de pince par le crustacé laissant apparaître la coquille interne.
Paimpol, 20 m
18/06/2006
Coquille
Détail de la coquille interne appelée trace lenticulaire de ce mollusque
Paimpol, Laboratoire
17/06/2006
Echouage
Les lièvres de mer sont très fréquemment retrouvés échoués en grand nombre sur l'ensemble de notre littoral.
Plage du Croisic (44)
12/2007
Dans l'étang de Salses-Leucate
Différentes robes visible sur l'espèce et dans un même lieu, à la même période.
A. individu de 45 mm
B. individu de 55 mm
C. individu de 75 mm
D. individu de 90 mm
Etang marin de Salses-Leucate (11), Méditerranée
Mai 2013
Rédacteur principal : Denis ADER
Vérificateur : Magali PERRIN
Correcteur : Yves MÜLLER
Correcteur : Jacques DUMAS
Responsable historique : Denis ADER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Golestani H., Crocetta F., Padula V., Camacho-García Y., Langeneck J., Poursanidis D., Pola M., Yokes M.B., Cervera J.L., Jung D-W., Gosliner T., Araya J-F., Hooker Y., Schroedl M., Valdes A., 2019, The little Aplysia coming of age: from one species to a complex of species complexes in Aplysia parvula (Mollusca: Gastropoda: Heterobranchia), Zoological Journal of the Linnean Society, 1-52. 10.