Flocon pédonculé trompette

Aplidium turbinatum | (Savigny, 1816)

N° 424

De la Scandinavie à la Méditerranée

Clé d'identification

Siphon buccal à huit lobes
Pigmentation blanche des huit lobes et de la gouttière ventrale
Zoïdes petits et courts
Stolons encroûtants et enchevêtrés
Bouquet d'environ 6 à 24 zoïdes au sommet aplati

Noms

Autres noms communs français

Ascidie coloniale pédonculée

Noms communs internationaux

Compound ascidian, colonial ascidian, colonial seasquirt (GB), Tunicato (I), Ascidia colonial (E), Koloniebildende Seecheide (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Sidnyum turbinatum
Polyclinum succineum
Circinalium congrescens

Distribution géographique

De la Scandinavie à la Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Aplidium turbinatum est le plus souvent rencontrée sur toute la façade Atlantique, Manche, mer du Nord (dès les côtes scandinaves) et autour des îles Britanniques, mais elle est également présente en Méditerranée occidentale et en Adriatique.

Biotope

Ce sont des animaux que l'on rencontrera à la surface des rochers, des coquilles, des algues ou des phanérogames marines (posidonies, zostères...) dans des zones modérément exposées aux courants marins, mais bien exposées à la lumière. Ils se fixent de préférence sur des surfaces horizontales ou légèrement inclinées. Ils peuvent être localement très abondants (côtes abritées) et présents dès les premiers mètres, plus rarement jusqu'à plus de 200 mètres de fond. Aplidium turbinatum est parfois découvert à marée basse de vive-eau en Atlantique.

Description

Les colonies d'Aplidium turbinatum sont composées de bouquets de lobes pédonculés dont le sommet est élargi et la surface plane. La tunique semi-transparente est nue; elle laisse clairement voir les zoïdes* ainsi que 8 petits lobes aigus aux orifices inhalants. La couleur dominante des colonies, stolons* compris, est jaune orangé, grise ou blanche.
Chaque petit bouquet regroupe de un à trois systèmes. Chaque système regroupe de 6 à 12 zoïdes, petits et courts, autour d'un unique siphon* cloacal* (exhalant), mis en commun. Des zoïdes solitaires ne sont pas rares. Les bouquets de zoïdes sont fixés et se développent tout le long de stolons étroits qui encroûtent le substrat. La hauteur de l'enchevêtrement animal peut atteindre 40 mm. Chaque petit bouquet mesure 20 x 10-15 mm, chaque zoïde fait environ 10 mm de hauteur. A la base de chaque animal, d'autres éléments internes sont bien visibles par transparence, particulièrement des points rouges au niveau de la liaison avec les stolons (voir les photos). Une ligne longitudinale blanche et bien marquée matérialise la gouttière ciliée ventrale (qui mène à l'œsophage). Au sommet se trouve le siphon buccal (entrée de l'eau) bordé de huit lobes bien visibles, car également pigmentés de blanc (pas toujours).

Du point de vue microscopique, on observe que le siphon cloacal possède une languette étroite sur le dessus et que l'estomac est sphérique avec 10-15 plis courts et discontinus.

Espèces ressemblantes

Aplidium elegans (Sidnyum elegans) : Les colonies de taille plus limitée (de 2 à 6 cm) forment des petits coussinets non pédonculés. La couleur est vive, à dominante rose. L'implantation des zoïdes forme des méandres à la surface de la colonie. Les orifices inhalants, surmontés d'une couronne blanche, sont bordés de 8 languettes de couleur blanche similaire à A. turbinatum.

Morchellium argus : colonie regroupant beaucoup plus de zoïdes* avec un simple et large pédoncule, sans stolons, avec une dominante jaune orangé et des ponctuations rouges caractéristiques autour du siphon buccal. Atlantique.

Aplidium punctum : espèce pédonculée, petite, plus claire (blanchâtre), souvent en groupe, et formée d'un amas ovoïde composé d'une quarantaine de zoïdes. Atlantique.

Aplidium pallidum : nettement plus claire et d'aspect cotonneux.

Avertissement : les différentes espèces d'ascidies ne peuvent pas être déterminées avec certitude sur des photos, aussi bonnes soient-elles. Les éléments d'anatomie interne sont absolument nécessaires, même au niveau du genre. Si un plongeur averti, dans une localité limitée, peut grouper des spécimens dans une espèce donnée, cela n'est plus valable pour un autre individu et une autre région. D'où les innombrables confusions dans la littérature et les sites WEB. D'autre part, seul des représentants méditerranéens illustrent cette fiche. Vous trouverez sur le site de Bernard Picton des photos et des descriptions des formes Atlantique (Encyclopedia of Marine Life of Britain and Ireland). Pour voir les photos : => Biomar data => List species => chercher dans la liste : ASCIDIACEA, Sidnyum turbinatum.

Alimentation

Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Les Ascidies créent un courant d'eau (rentrant par les petits orifices inhalants individuels) grâce au mouvement des cils du pharynx pour attraper les particules en suspension (organismes suspensivores*). Ce courant est aussi utilisé pour les échanges gazeux. Les particules sortent par le siphon* exhalant.

Reproduction - Multiplication

La reproduction des ascidies coloniales présente une alternance de cycles sexués et asexués. Ces animaux sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
Les périodes de reproduction sexuée, pour cette espèce, vont d'août à au moins octobre en Bretagne, les larves sont conservées dans l'atrium* cloacal* jusqu'à la fin de leur développement pour probablement créer une nouvelle colonie sur les stolons qui ont passé l'hiver. C'est par la reproduction asexuée que se forme la colonie (bourgeonnement à partir de l'individu souche).

Vie associée

Les colonies sont propres, sans épibiontes*. Aplidium turbinatum, comme d'autres ascidies coloniales proches [Aplidium sp., Morchellium argus] est parasitée par un petit copépode, Haplostoma brevicauda (Cyclopoida, Ascidicolidae).

Origine des noms

Origine du nom scientifique

Aplidium : de [apl-] racine grec signifiant simple, Savigny en créant ce genre à certainement voulu signifier que c'était le plus simple des Polyclinidés (Ascidies coloniales).
turbinatum : du latin [turbinatus] en forme de poire ou de cône renversé rappelant un peu la forme des bouquets de zoïdes.
C. congrecens : nom féminin, du latin [cum], avec, et [crescere], croître. Cet ancien nom provient du terme de "concrescence" qui défini le phénomène de croissance en commun de deux ou plusieurs unités (zoïdes* dans ce cas) qui restent ensuite soudées.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 103670

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Urochordata / Tunicata Urochordés / Tuniciers Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires).
Classe Ascidiacea Ascidies / Ascidiacés Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde.
Ordre Aplousobranchia Aplousobranches Ascidies coloniales.
Famille Polyclinidae Polyclinidés Aplousobranches avec thorax, abdomen et post abdomen (où se trouvent les gonades et le cœur). Tunique sans incrustation calcaire.
Genre Aplidium
Espèce turbinatum

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