Colonie en forme de petite massue
Pédoncule long, grêle, lisse et orange clair
Bouquet d'environ quarante zoïdes
Tache rouge sur chaque zoïde
Orange flake-ascidian (GB), Sinascidia pedunculada anaranjada (E), Orangefarbige Sproß-Synascidie (D), Sinascidia pedunculada alaranjada (P), Oranje vlokkige zakpijp (NL)
Amaroucium punctum Giard, 1873
Morchelliopsis pleyberianus Lahille, 1886 (proposition de Lahille, inusitée)
Manche, Atlantique Nord-Est et Méditerranée occidentale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Présent en Manche, Atlantique Nord-Est et dans une moindre mesure en mer du Nord, le flocon pédonculé orange est principalement abondant au tour des îles Britanniques et en Manche en France. Il est aussi présent en Méditerranée occidentale.
Cette espèce se rencontre depuis la surface jusqu'à 25 mètres de profondeur, dans des zones où les courants marins sont forts. Elle est commune dans les endroits sombres : principalement sous les surplombs, mais aussi sur des pierres et des coquilles vides. A marée basse, on la découvrira sous la voûte des grottes.
Le flocon pédonculé orange est une ascidie coloniale ressemblant une petite massue. Le pédoncule, toujours long et grêle, lisse, de couleur orange clair, non incrusté de sable, peut atteindre 4 cm et renferme des stolons, blanchâtres et opaques, que l'on peut parfois voir par transparence. Un bouquet transparent, ovoïde, d'environ quarante à cinquante zoïdes* surmonte le pédoncule, qui est fixé au substrat. La base de la colonie (le stolon) a une surface rugueuse, plissée, jaune et est parfois très légèrement sablonneuse. La plupart des colonies sont ramifiées. Chaque zoïde, transparent, a une tache rouge, placée à la partie supérieure de l'endostyle* (gouttière ou sillon ventral engluant les particules alimentaires et les conduisant à l'estomac) de l'animal. Cette grosse tache rouge vif bien visible, caractéristique de l'espèce.
Il n'est pas toujours facile d'affirmer s'il s'agit de cette espèce, dès lors qu'il est question d'ascidies coloniales. Seule une dissection des zoïdes sous microscope peut assurer son identification. Ainsi, les clés d'identification externes ne permettent pas toujours une identification précise.
Description microscopique :
Le nombre de rangées de trémas* au niveau du sac branchial est le plus souvent de dix (neuf à douze). L'estomac présente six larges cannelures régulières et pigmentées. Six lobes bordent les siphons buccaux. Ces derniers possèdent seize filets tentaculaires pigmentés et disposés en trois séries. L'orifice cloacal* présente trois grandes languettes, supérieures et égales.
Morchellium argus : espèce pédonculée également, mais le pédoncule est plus petit, d'environ 1 à 2 cm. Le bouquet de zoïdes est de couleur blanchâtre. Quatre taches rouge carmin se distinguent sur le pharynx. On trouve aussi cette espèce sous le nom d'Aplidium argus.
Aplidium turbinatum: chaque "bouquet" ne regroupe que six à douze zoïdes à huit lobes pigmentés de blancs, les stolons (pédoncules) sont encroûtants et enchevêtrés.
Aplidium pallidum : ascidie nettement plus claire et d'aspect cotonneux.
Ces animaux sont des filtreurs microphages*. Les Ascidies créent un courant d’eau (rentrant par les petits orifices inhalants individuels) grâce au mouvement des cils du pharynx pour attraper les particules en suspension (organismes suspensivores*). Ce courant est aussi utilisé pour les échanges gazeux. L'eau filtrée est rejetée par le siphon exhalant.
La reproduction des ascidies coloniales présente une alternance de cycles sexués et asexués. Elles sont hermaphrodites, la fécondation est interne et le développement indirect.
- Reproduction sexuée : les gonades se trouvent dans le post abdomen, où a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire commence après la formation des œufs où il y a différenciation des organes internes, de la chorde* et de la queue pour former une larve nageuse semblable à un têtard. Ces têtards sont libérés dans le milieu par le siphon atrial des zoïdes. La vie pélagique est très courte et les larves se fixent au substrat par les papilles adhésives. A partir de là commence la métamorphose qui donnera un individu adulte.
Pour Aplidium punctum, les larves sont produites tard dans l'année, à partir du mois d'août et au-delà. Les nouvelles colonies apparaissent à la fin de l'hiver sous forme de petits bourgeons. Les larves sont semblables à celles de Morchellium argus, d'abord globuleuses, puis cylindriques.
- Reproduction asexuée : formation de la colonie par bourgeonnement à partir de l’individu souche.
Des épibiontes peuvent venir se fixer sur le pédoncule, mais il n'existe ni associations, ni espèces spécifiques.
L'aspect un peu flou des zoïdes et leur couleur seraient à l'origine du nom flocon.
Aplidium : de [apl-] racine grecque signifiant simple (cf. Aplousobranches par exemple), les plus simples des polyclinidés selon Savigny (auteur du genre),
punctum: du latin [punctum] = piqûre d'épingle, point (car chaque zoïde porte une tache rouge).
Numéro d'entrée WoRMS : 103662
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Polyclinidae | Polyclinidés | Aplousobranches avec thorax, abdomen et post abdomen (où se trouvent les gonades et le cœur). Tunique sans incrustation calcaire. |
Genre | Aplidium | ||
Espèce | punctum |
Aplidium punctum et épibiontes
Un long pédoncule grêle est un bon critère d'identification mais qui, à lui seul, demeure insuffisant. Des épibiontes se sont fixés sur la base des pédoncules. Il n'y a pas d'association : aucune espèce particulière ne se fixe sur l'Aplidium punctum. On peut noter la ramification (division en deux du stolon) de la colonie.
Les deux masses rouges en haut sont aussi des ascidies coloniales : Polysyncraton lacazei.
Saint-Cast, grottes du cap Frehel (22), 8 m
13/10/2007
Sur une surface horizontale
On trouve aussi cette espèce sur des surfaces horizontales.
Ar Goredec, Trebeurden (22), 14 m
09/07/2007
Stolons
On aperçoit le stolon dans le prolongement du pédoncule.
Autour du flocon, des plumulaires, des algues et des comatules.
Rade de Brest (29), 17 m
10/10/2004
Supports variés !
Pour trouver le flocon pédonculé orange, il faut aussi chercher dans les algues... Ici, diverses ascidies ont pris comme point d'appui une queue de poulain, Halidrys siliquosa. Une synascidie blanche (Didemnum fulgens ?) sur laquelle repose nos Aplidium punctum et des ascidioles néons, Pycnoclavella aurilucens.
Rade de Brest (29), 15 m
10/10/2004
Point rouge et stolons
On voit ici parfaitement le point rouge placé sur la partie supérieure de l'endostyle. Cet indice majeur est essentiel pour caractériser cette espèce.
Les stolons blanchâtres sont aussi visibles par transparence dans le pédoncule.
Trébeurden (22)
08/2000
Un jeune exemplaire
Ce jeune spécimen n'arbore pas de couleur chatoyante.
Le bouquet de zoïdes blancs donne un aspect cotonneux.
Rade de Brest (29), 15 m
10/10/2004
Branchies
Le zoïde est principalement constitué d'une branchie et de viscères, que l'on observe ici par transparence.
Ar Goredec, Trebeurden (22), 14 m
09/07/2007
Le point rouge
Ici aussi, on voit bien le point rouge caractéristique.
Trébeurden (22), prélèvement laboratoire
08/2005
Flocons au repos et en activité
Observable au premier plan, le petit flocon est au repos (zoïdes rétractés) tandis que, derrière, le gros sujet se trouve en pleine phase d'alimentation.
Frémur, Saint-Cast (22), 20 m
22/04/2006
Vue d'ensemble
La reproduction asexuée par bourgeonnement a produit son effet ! Notez l'effectif important de ces flocons pédonculés orange qui pendent sous le surplomb. Une synascidie rouge, Polysyncraton lacazei, se développe sur un pédoncule.
Basse-Chrétienne, Saint-Malo (35), 12 m
14/05/2006
Rare en Méditerranée
En compagnie de Pseudodistoma cyrnusense (en bas à gauche).
Tombant Est de la Gabinière, Port Cros (83), 15 m
08/11/2015
Sur les stipes des laminaires
Des regroupements importants de "flocons pédonculés orange" peuvent être observés sur les stipes des laminaires. La confusion avec l'espèce proche Aplidium pallidum, le flocon pédonculé blanc, est facile.
Molène ouest, Trébeurden (22), 14 m
08/08/2006
Sur les stipes des laminaires
Des regroupements importants de "flocons pédonculés orange" peuvent être observés sur les stipes des laminaires. La confusion avec l'espèce proche Aplidium pallidum, le flocon pédonculé blanc, est facile.
Molène ouest, Trébeurden (22), 14 m
08/08/2006
Colonies en dégénérescence (1)
Ces colonies en fin de vie ont perdu leur coloration et leurs ponctuations. Mais l'agencement caractéristique des zoïdes, les longs pieds de chaque colonie et les six lobes de chaque siphon inhalant indiquent bien qu'il s'agit d'Aplidium punctum.
Brest (29), Duc d'Albes, 15 m
17/04/2010
En dégénérescence (2)
Ces ascidies étaient prés de flocon pédonculé orange (Aplidium punctum) en bonne santé mais avec un aspect très différent. Il s'agit bien de la même espèce.
Rade de Brest (29), 18 m
28/10/2009
Rédacteur principal : Sandra SOHIER
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable historique : Sandra SOHIER
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ