Ascidie coloniale en nombreux petits coussinets arrondis ou en grand coussin aplati unique
Couleur café au lait plus ou moins foncée
Base encroûtante commune reliant les coussinets érigés
Tunique incrustée de sable fin, en particulier à la base
Piquetage pigmentaire blanchâtre et/ou marron foncé
Coffee with milk ascidian (GB), Ascidia café macchiato (I), Ascidia cafe con leche (E)
Amaroucium fuscum Drasche, 1883
Aplidium fuscum Herdman, 1886 [préoccupé par Drasche, 1883]
Aplidium leucophaeum Herdman, 1886
Aplidium undulatum Monniot & Gaill, 1978 [il s'agit d'une espèce des Kerguelen mise à tord en synonymie avec Aplidium fuscum Herdman, 1886]
Méditerranée et Adriatique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Aplidium fuscum est présent avec certitude en Méditerranée occidentale, orientale et en Adriatique.
Notez que Aplidium undulatum Monniot & Gaill, 1978, mise à tord en synonymie avec Aplidium fuscum, est présent dans le sud-ouest de l'océan Indien aux îles Kerguelen.
Cette petite ascidie coloniale est rencontrée sur les tombants et autres substrats* durs ou érigés (gorgones, bryozoaires), à partir de 5 à 10 mètres de profondeur en Méditerranée. On la trouvera à l'ombre où le développement des algues s'arrêtent.
L'ascidie coloniale Aplidium fuscum se présente soit sous la forme de multiples petits coussinets arrondis de 2-3 cm de diamètre et relativement serrés entre eux, soit sous une forme plus encroûtante, plus massive, plus grande (5 à 20 cm de long) et avec une surface supérieure aplatie. L'épaisseur des petits ou grands coussinets est de l'ordre de 1 à 2 cm maximum. Les différents lobes d'une même colonie sont unis par une base commune (stolon encroûtant lisse). Chaque coussinet ou lobe est rétréci à sa base, il semble être parfois porté par un large et très court pédoncule*. Dans certains cas, la fusion de plusieurs petits coussinets donne un aspect plus gros et plus massif à l'ensemble de la colonie.
La couleur café au lait (noisette ou terre de Sienne brulée) est caractéristique de l'espèce in situ, les colonies prélevées tournent parfois au rougeâtre. La tunique* commune est incrustée de sable fin, en particulier à sa base. Elle est parfois marquée de points blancs ou de petites plages blanches le long des lignes de zoïdes* ainsi que d'inclusions pigmentées (amas pigmentaires formant un piquetage rougeâtre à marron foncé). La surface des coussinets est parcourue par des canaux cloacaux bien visibles sur les colonies en activité de filtration. Ces canaux débouchent sur un ou quelques siphons exhalants* en forme de cheminée excentrée. Les individus (zoïdes*) sont disposés en lignes parallèles ou en cercles autour des orifices exhalants. Les siphons buccaux et cloacaux ainsi que les canaux ne sont plus visibles chez les animaux contractés qui prennent alors un aspect lisse et résineux.
Sa couleur noisette caractéristique permet de ne pas confondre Aplidium fuscum avec d'autres ascidies coloniales en forme de coussinets.
Ces animaux sont des filtreurs* microphages*. Les ascidies créent un courant d'eau (rentrant par les petits orifices inhalants individuels) grâce au mouvement des cils du pharynx pour attraper les particules en suspension (organismes suspensivores*). Ce courant est aussi utilisé pour les échanges gazeux. Les particules sortent par le siphon exhalant.
Il n'y aurait qu'un seul embryon par zoïde, incubé dans la cavité cloacale. Une fois libérée, la larve* nage librement pendant une très courte période avant de se fixer. Ceci explique sans doute les distributions localisées de cette espèce. Effectivement, Aplidium fuscum est localement abondant sur certains sites (par exemple autour des îles d'Hyères) et absent dans d'autres sites similaires.
La larve présente trois ventouses qui alternent avec quatre papilles dermiques bien nettes.
Description microscopique :
Les zoïdes sont allongés et d'assez grande taille (15 mm de long en moyenne).
La languette cloacale est bien développée, elle se divise en 3 à 5 lobes terminaux pointus, le siphon inhalant possède 6 lobes peu marqués et 6 tentacules fortement pigmentés de sépia.
Le sac branchial possède 12 à 14 rangées de trémas* (stigmates*).
L'abdomen est à peu près de même taille que le thorax. L'estomac cylindrique porte 6 côtes longitudinales.
Les gonades sont présentes dans le long post-abdomen, les testicules sont alignés et l'ovaire placé assez bas.
Cette espèce, sur les sites de références (dont WoRMS jusqu'à début 2021), se retrouvait étonnement en Méditerranée et à Kerguelen sous le même nom de Aplidium undulatum. Il semble certain que nous sommes en présence de deux espèces différentes. Nous n'avons pas non plus d'explications claires sur le fait que l'espèce décrite par Drasche en 1883 et mise en synonymie non valide, ne bénéficie pas de la règle de l'antériorité en ce qui concerne la façon de nommer les espèces. L'espèce méditerranéenne doit logiquement être nommée Aplidium fuscum (Drasche, 1883), nom adopté pour cette fiche (correction sur WoRMS faite dans ce sens le 04/2021).
Aplidium café au lait indique la coloration caractéristique de cette ascidie coloniale, il s'agit d'une proposition des auteurs du site DORIS.
Aplidium : de [apl-] racine grecque signifiant simple (cf. Aplousobranches par exemple), les plus simples des polyclinidés selon Savigny (auteur du genre).
fuscum : du latin [fuscus] = sombre.
undulatum : du latin [undulatus] = ondulé. En référence au fait que les parois latérales des coussinets ont leur bord supérieur ondulé sur les colonies observées à Kerguelen par les auteurs Françoise Monniot F. et Françoise Gaill et mise à tord en synonymie avec Aplidium fuscum. Notez que cela ne se retrouve pas vraiment sur les spécimens méditerranéens de Aplidium fuscum illustrant cette fiche.
Numéro d'entrée WoRMS : 1502183
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Polyclinidae | Polyclinidés | Aplousobranches avec thorax, abdomen et post abdomen (où se trouvent les gonades et le cœur). Tunique sans incrustation calcaire. |
Genre | Aplidium | ||
Espèce | fuscum |
Ascidie coloniale de couleur café au lait et incrustée de sable fin
La couleur caractéristique de cette ascidie est "café au lait" ou terre de Sienne brulée.
Les Mèdes, Porquerolles (83), 16 m
31/10/2007
Habitat ombragé
Ici, la colonie, formée de nombreuses petites boules érigées, couvre une grande surface ombragée sous un petit surplomb. Notez que la limite d'expansion s'arrête là où le tapis algual friand de lumière commence.
Sec du Gendarme, Porquerolles (83), 18 m
20/05/2006
Base commune fine et encroûtante
A l'ombre des gorgones, on distingue bien la base commune qui relie les cormus* (colonies en boules) entre eux (à gauche de la photo).
Sec du Gendarme, Porquerolles (83), 18 m
20/05/2006
Petites boules peu pédonculées
Les petites colonies d'Aplidium fuscum sont souvent rencontrées en groupes plus ou moins étendus et serrés, toujours à l'abri d'une trop forte luminosité.
Sec du Gendarme, Porquerolles (83), 18 m
20/05/2006
Habitants des zones semi-ombragées
L'implantation d'Aplidium fuscum s'arrête là où celle des algues commence.
Les Mèdes, Porquerolles (83), 16 m
31/10/2007
Forme massive
Ces formes massives, relativement étendues, correspondent à la réunion de plusieurs petits cormus* (coussinets) collés les uns aux autres. Notez les plages blanches autour des orifices buccaux.
Montrémian, Port Cros (83), 25 m
02/07/2006
En épibionte d'un bryozoaire
Les petits coussinets "café au lait" sont venus s'installer en épibionte de cette belle dentelle de Neptune (bryozoaire nommé Reteporella grimaldii).
Pointe de la Galère, Port Cros (83), 14 m
05/06/2006
Cratena peregrina sur Aplidium fuscum
L'hervia (Cratena peregrina) est un nudibranche éolidien qui se nourrit des polypes d’hydraires particulièrement du genre Eudendrium, les ascidies coloniales ne semblent pas faire partie de son alimentation.
Sec du Gendarme, Porquerolles (83), 18 m
20/05/2006
Sur une gorgone rouge
L'aplidium café au lait affectionne les supports filiformes comme les gorgones ou les bryozoaires érigés
Impérial du Milieu, Marseille (13), 22 m
22/05/2011
Stolons et colonies pédonculées
Notez le stolon lisse entre les colonies en bas à gauche et l'aspect pédonculé des coussinets.
Pointe de la Galère, Port Cros (83), 14 m
05/06/2006
Au plafond d'un surplomb
L'aplidium café au lait est une espèce sciaphile.
Pointe de Caramassaigne, Riou, Marseille
02/2006
Base rétrécie
La base des masses lobées est légèrement rétrécie et les parois latérales souvent bien verticales.
Notez le piquetage pigmentaire blanchâtre.
Pointe de la Galère, Port Cros (83), 14 m
05/06/2006
Pigmentation blanchâtre
Cette colonie marseillaise nous montre des plages blanches bien marquées entre les lignes de zoïdes.
Cap Caveau, Marseille (13), 10 m
25/09/2004
Autour du tube d'une protule
Le tube central appartient à un ver annélide sédentaire, une protule ou une espèce proche. L'ascidie coloniale s'est installée autour.
Impérial de terre, Marseille (13), 15 m
04/2007
Colonie lisse en phase d'extension
Ces deux jeunes colonies contractées sont sans doute en phase de multiplication. Les zoïdes ne semblent pas "percer" à la surface des colonies et la base commune semble en extension vers la droite. Notez la présence d'épibionte sur ces colonies, il s'agit d'un petit bryozoaire rampant (fin stolon entre chaque "bouquet") nommé Valkeria tuberosa.
Pointe de la Galère, Port Cros (83), 14 m
05/07/2006
Macro sur un petit coussinet
L'orifice commun exhalant en cheminée est souvent excentré.
Les zoïdes en lignes parallèles sont difficiles à distinguer et le piquetage pigmentaire est bien présent.
Sec du Gendarme, Porquerolles (83), 18 m
20/05/2006
Dessin ancien de l'Adriatique
Dessin sous le nom d'Amaroucium fuscum de l'Adriatique sur un bryozoaire érigé (probablement Adeonella pallasii).
Les colonies prélevées tournent parfois au rougeâtre, ce qui explique la couleur du dessin de R. Drasche (d'après F. Lahille).
Planche V, fig. 21 dans : Drasche R., 1883, Die Synascidien der Bucht von Rovigno (Istrien), Ein Beitrag zur Fauna der Adria. Wien: Carl Gerolds Sohn. 41 p.
Reproduction de documents anciens
1883
Anatomie des zoïdes
Dessins réalisés à partir de spécimens collectés à Kerguelen par Monniot-Gaill (Aplidium undulatum, A, B, C) et des spécimens de Herdman (Aplidium fuscum, D,E,F, G).
Les zoïdes sont allongés et d'assez grande taille (15 mm de long en moyenne).
La languette cloacale est bien développée, elle se divise en 3 à 5 lobes terminaux pointus, le siphon inhalant a 6 lobes peu marqués et 6 tentacules fortement pigmentés de sépia.
Le sac branchial possède 12 à 14 rangées de trémas* (stigmates*).
L'abdomen est à peu près de même taille que le thorax. L'estomac cylindrique porte 6 côtes longitudinales.
Les gonades sont présentes dans le long post-abdomen, les testicules sont alignés et l'ovaire placé assez bas.
Françoise Monniot & Françoise Gaill
Reproduction de documents anciens
1978
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Laurent TOULOUSE
Vérificateur : Wilfried BAY-NOUAILHAT
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Drasche R., 1883, Die Synascidien der Bucht von Rovigno (Istrien), Ein Beitrag zur Fauna der Adria. Wien: Carl Gerolds Sohn. 41 p.
Kott P., 1969, Antarctic Ascidiacea, Antarctic research series, American geophysical union, vol.13, 238 p.
Monniot F., Gaill F., 1978, Polyclinidae du sud-ouest de l'Océan Indien, Ann. Inst. océanogr., ed. Masson, 54(2), 139-162.