Ascidie coloniale encroûtante de 0,5 à 2 cm d'épaisseur
Tunique commune translucide gris jaunâtre à la surface irrégulière
Siphons buccaux pigmentés de bleu cendré
Siphons atriaux discrets et nombreux
Aplidium coerulum Lahille, 1890 est un synonyme toujours valide sur WoRMS, mais ne devrait plus être utilisé (voir Vazquez E. & Urgorri V. 1993)
Amaroucium caeruleum Sluiter, 1906
Aplidium caeruleum (Sluiter, 1906) est considéré comme le nom valide par WoRMS bien que Lahille le nomme en 1890 dans son ouvrage Aplidium cœruleum. Il semble bien que nous ayons ici un cas de synonymie source d'erreur, effectivement Aplidium caeruleum (Sluiter, 1906) semble se rapporter à une espèce de l'Antarctique. Nous ne retenons pas, pour cette espèce, le choix de WoRMS.
Notons que le "œ" n'est pas admis par la nomenclature internationale, il doit s'orthographier "oe" ou "ae".
Manche, Atlantique et Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]En Manche et en Atlantique Nord-Est cette espèce est décrite comme commune sur les souches de laminaires. Mais c'est essentiellement sur le littoral catalan et plus précisément autour de Banyuls qu'est le plus souvent observé l'aplidium bleu cendré.
En Manche et en Atlantique Nord-Est cette espèce se rencontre sur les souches de laminaires. Sur le littoral méditerranéen l'aplidium bleu cendré encroûte par petits fonds les surfaces rocheuses, en particulier les faces verticales semi-ombragées.
Aplidium asperum est une ascidie coloniale qui forme des encroûtements translucides d'un gris jaunâtre de quelques millimètres à 2 cm d'épaisseur pour un diamètre de 10 à 20 cm. Les siphons* inhalants sont pigmentés d'un très beau bleu gris caractéristique de l'espèce. La surface de la colonie est irrégulière, effectivement les zoïdes* forment de petits amas reliés les uns aux autres de façon lâche. Les siphons exhalants sont discrets et nombreux.
Mais la plus complète des descriptions reste celle de Ferdinand LAHILLE, en 1890 sous le synonyme de Aplidium coeruleum. La voici à peine revue (notez que les colonies méditerranéennes sont décrites comme plus charnues et étendues que celles évoquées par Lahille dans sa description initiale) :
"Aplidium cœruleum de petites masses de 10 à 20 cm de diamètre, irrégulièrement enchevêtrées dans les souches de laminaires. Les cormus* lobés, sessiles*, ne dépassent presque jamais 5 mm d'épaisseur. Lorsqu'ils se touchent, ils produisent l'apparence d'un cormus unique cérébriforme*, mais la concrescence* est le plus souvent très faible, et les cormus primitifs se séparent aisément les uns des autres. Ils agglutinent très légèrement le sable. La tunique* commune est transparente, présente une sorte d'éclat résinoïde et laisse apercevoir les individus colorés. Ceux-ci sont disposés sans aucun ordre en cœnobies* composées autour d'orifices cloacaux* communs peu visibles. Le tube buccal, très court, présente six lobes arrondis, au-dessous de chacun desquels on aperçoit un filet tentaculaire* coloré en beau bleu cendré. Les six filets tentaculaires apparaissent à l'extérieur sous la forme de six taches. Une est située au-dessus du pavillon vibratile*, l'autre à l'extrémité supérieure du sillon ventral, les deux dernières paires sont latérales. L'orifice cloacal correspond au milieu de la branchie*, et est dépourvu de tube, languette ou lobes.
Les cellules pigmentaires bleues se retrouvent dans toute la cavité générale, principalement dans les côtes transverses de la branchie. L'acide acétique décolore instantanément ces cellules.
Les extrémités supérieure et inférieure du sillon ventral sont très fortement pigmentées en blanc.
La paroi péribranchiale et la branchie sont transparentes.
On compte neuf rangées de trémas*. Ces fentes étant au nombre d'une dizaine par rangée.
L'estomac présente huit à dix grandes cannelures.
Le post-estomac présente deux régions et l'intestin moyen est vertical."
De loin, Aplidium asperum peut faire penser à un didemnidé (Didemnum, Trididemnum ou Diplosoma) mais la couleur bleu cendré des siphons est spécifique.
Ces animaux sont des filtreurs* microphages*. Les ascidies créent un courant d’eau (rentrant par les petits orifices inhalants individuels), grâce au mouvement des cils du pharynx, pour attraper les particules en suspension (organismes suspensivores*). Ce courant est aussi utilisé pour les échanges gazeux. Les particules digérées sortent par le siphon exhalant.
La reproduction des ascidies coloniales présente une alternance de cycles sexués et asexués. Elles sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
- Reproduction sexuée : les gonades* se trouvent dans le post abdomen où a lieu la fécondation. Le développement embryonnaire commence après la formation des œufs où il y a différenciation des organes internes, de la chorde* et de la queue pour former une larve* nageuse semblable à un têtard. Ces têtards sont libérés dans le milieu par le siphon atrial des zoïdes. La vie pélagique* est très courte et les larves se fixent au substrat par des papilles* adhésives. A partir de là commence la métamorphose* qui donnera un individu adulte.
- Reproduction asexuée : formation de la colonie par bourgeonnement* à partir de l’individu souche.
Aplidium bleu cendré est une proposition du site DORIS et une traduction du nom scientifique.
Aplidium : du grec [apl-] = simple et [-idium] = petit,
asperum : du latin [asperum] = âpre, rugeux,
coeruleum/caeruleum : provient du latin [coerul-]/[caerul-] = bleu, bleu ciel, couleur d’azur.
Numéro d'entrée WoRMS : 103637
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Aplousobranchia | Aplousobranches | Ascidies coloniales. |
Famille | Polyclinidae | Polyclinidés | Aplousobranches avec thorax, abdomen et post abdomen (où se trouvent les gonades et le cœur). Tunique sans incrustation calcaire. |
Genre | Aplidium | ||
Espèce | asperum |
Ascidie coloniale aux siphons buccaux bleu cendré
Cet Aplidium à la tunique commune d'aspect résineux est ponctué de bleu ciel ou bleu gris au niveau des siphons inhalants (ou buccaux). Les siphons exhalants communs restent discrets, de la même couleur que le reste de la tunique. Une petite quantité de grains de sable est présente dans les tissus de cette espèce.
Jetée du laboratoire Arago, Banyuls, Côte Vermeille (66), 10 m, de nuit
12/08/2008
Ascidie coloniale encroûtante
Cette ascidie recouvre les substrats durs où elle s'implante.
Vue large de la photo précédente.
Jetée du laboratoire Arago, Banyuls, Côte Vermeille (66), 10 m, de nuit
12/08/2008
Ascidie coloniale encroûtante aux siphons bleus
Discrète, cette ascidie est le plus observée essentiellement autour de Banyuls sur le littoral français, ce qui en fait une espèce très rare pour le plongeur.
Banyuls, Côte Vermeille (66), 6 m
27/03/2010
Espèce peu visible
La couleur de fond jaunâtre à grise rend cette ascidie encroûtante difficile à observer.
Banyuls, Côte Vermeille (66)
N/A
Détail de la surface irrégulière
C'est en examinant de près la colonie que l'on peut se rendre compte de la présence des petits siphons inhalants bleu ciel.
Noter les nombreux petits siphons exhalants.
(Recadrage de la photo précédente).
Côte Vermeille (66)
N/A
Siphons bleu ciel
La pigmentation bleu ciel des petits siphons buccaux irrégulièrement répartis à la surface de la tunique commune est bien visible sur cette photo.
Au centre une très jeune comatule Antedon mediterranea.
A gauche les petites masses rougeâtres appartiennent à une autre ascidie coloniale, Polysyncraton lacazei.
Banyuls, Côte Vermeille (66)
24/02/2010
Sur la Costa Brava (Catalogne espagnole)
Ce gros spécimen charnu mesure 10 x 15 cm environ. De telles colonies sont relativement rares sur le littoral catalan.
La Depuradora, Escala, Costa Brava (Espagne), 3 à 6 m environ
16/02/2011
Rare observation en Provence
Il s'agit de la seule observation dont nous disposons hors du littoral catalan. Les petites unités formées de 10 à 20 zoïdes et regroupées entre elles sont caractéristiques de l'espèce.
Frioul, Marseille (13), 16 m
10/10/2010
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Elisabeth JUAN HORST
Vérificateur : Wilfried BAY-NOUAILHAT
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Brément E., 1912, Sur une variété méditerranéenne de l'Aplidium coeruleum Lahille, Synascidie de la Manche (Note préliminaire), Bulletin de l'Institut océanographique de Monaco, 250, 6p.
Vazquez E. & Urgorri V., 1993, Nuevos datos sobre cuatro especies de Ascidias de la Familia Polyclinidae en la Peninsula Ibérica, Anales de Biologia, 19, 19-27.